Le bureau du professeur Hastein était très simple. Des rideaux de velours verts ornaient les fenêtres, et les seules décorations murales étaient des photos et des articles sportifs encadrée de ses exploits de duelliste. Il ne les avait pas accroché là pour éblouir les élèves qu'il recevait de ses incroyables capacités, mais pour rappeler qu'il connaissait son affaire, malgré son jeune âge. En effet, à peine quelques années le séparait de ses élèves les plus âgés. L'étudiant qu'il allait recevoir dans son bureau par exemple, Lancelot Avery. Soren était en 7ème année lorsque Lancelot venait d'entrer à Poudlard. Il se souvient d'un petit garçon solitaire, mis au ban à cause de son père, un des sbires de Voldemort. Soren avait été surpris de voir à quel point les plaies causée par cette guerre était encore vivace en Grande-Bretagne, même si ça n'avait rien de surprenant. Beaucoup d'élèves y avaient perdu des membres de leur famille. Mais c'était le cas pour les deux camps, et les enfants n'en étaient pas responsables. Ainsi, se sentant uni à lui par cette solidarité qui unissaient les vieilles familles sorcières, et écœuré par cette lâcheté de s'en prendre à cette cible facile qu'était un premier année, Hastein l'avait défendu autant que possible, ne tolérant pas la moindre insulte devant lui. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était tout ce qu'il avait pu faire à l'époque. Et lorsqu'il l'avait retrouvé, en tant que professeur, Hastein avait gardé un oeil sur lui, d'autant plus que Avery suivait ses cours et faisait parti de la maison dont il avait la charge. Mais jamais n'avait été évoquée cette année commune entre eux deux. Et ce n'était pas pour en parler que Soren l'avait convoqué aujourd'hui.

Comme il l'avait l'année dernière et l'année d'encore avant, le directeur des Serpentard avait convoqué tous les douzième années de Serpentard à des rendez-vous personnels. Quoiqu'il se passe, c'était leur dernière année à Poudlard, et s'était son rôle de s'assurer que tous avait un projet post-diplôme, et au moins une idée de comment le réaliser. Comme il avait 15 minutes de battement entre deux des rencontres, il avait demandé à Dana, son elfe, de lui apporter du thé et quelques scones. Il fit prestement disparaître tout ça lorsqu'Avery frappa à la porte.

Entrez.

Contre les murs se trouvaient des petites bibliothèques en noyer massif. On y trouvait des livres en rapport avec la matière de Soren, collection personnelle qu'il avait grossi au fil des années, mais ses coupes et médailles exposées. Au milieu trônait un délicat bureau, dans le même bois que les bibliothèques. Soren était assis derrière, dans un luxueux fauteuil, du même tissu cette fois que ces rideaux, tandis qu'un siège en bois et tissu rembourré, moins imposant mais très confortable aussi, faisait face. D'un gracieux signe de la main, le professeur fit signe à son étudiant de s'y asseoir

Installez-vous, je vous prie.

Pendant qu'Avery obtempérait, le dannois parcourut les notes qu’avait obtenue l’élève à ses BUSES, ASPICS et LAMAS. Des résultats honorables, qui devrait permettre sans problème à Avery de faire carrière dans ce qu’il souhaitait, sans compter que le Serpentard n’avait jamais posé de problème à l’école. A vrai dire, ce n’était pas vraiment le dossier de Lancelot qui posait problème à Soren, mais plus les problèmes familiaux de celui-ci. En plus d’avoir un nom difficile à porter, Avery avait été blessé à l’oeil par sa mère. Celle-ci était hospitalisée, mais pourtant le jeune homme préférait passer ses vacances à Pré-au-lard plutôt que dans la demeure familiale. Soren voulait que son étudiant (et le petit garçon solitaire qu’il avait connu autrefois) prenne le meilleur départ possible après avoir quitté Poudlard, et il était donc prêt à écouter tout ce que le plus jeune lui confierait pour pouvoir l’aider au mieux.
Reposant les résultats scolaires sur le bureau, le professeur de Duel entama la discussion :

Comme expliqué dans la lettre que je vous ai envoyé, je souhaitais vous rencontrer afin que nous parlions de votre orientation. Cette année sera votre dernière parmi nous, et je veux m'assurer que vous êtes autant que possible préparer à votre entrée dans le monde. Il marqua une pause, lui souriant autant que le caractère formel de cet entretien prof/élève lui permettait. Avant que nous ne commencions, avez-vous des choses que vous aimeriez faire porter à ma connaissance, Mr Avery ? Soyez assuré que rien de ce que vous direz ici ne quittera ce bureau.

Rendez-vous avec Lancelot Pas-du-Lac

C’est allongé dans le salon de la maison des Serpentard que je bouquine en attendant l’heure de mon entretien avec notre directeur de maison. La majorité de mes camarades l’ont déjà vu. Je n’ai pas trop voulu échanger avec eux sur les sujets abordés. Car s’ils me racontent, je serais obligé de faire la même chose. Concrètement, je n’en ai pas envie. Déjà que cela m’agace de devoir parler de mon avenir avec mon professeur, alors j’en ai encore moins envie de le faire avec les élèves. L’horloge dans la pièce sonne. Je lève la tête et soupire avant de me lever. Je prends un sac à coté du canapé et sort de la maison des vert et argents.

Je m’avance vers Poudlard, en espérant que cela va passer vite. J’ai un grand respect pour tout mes professeurs, mais cela me fait toujours bizarre de voir le professeur Hastein, l’ayant connu élève. Il n’a pas trop changé d’ailleurs et ma vision de lui non plus d’ailleurs ; enfin un peu quand même. Quand j’étais en première année, je l’idolâtré lui qui était en 7e année et c’était soucier du sors du pauvre garçon que j’étais à l’époque. Maintenant, je ne suis plus le petit, première année fragile qu’il a connu, mais un jeune homme sur de lui et de sa valeur. Ce n’est plus mon idole, mais mon professeur pour qui j’ai un respect justifié et mesuré.

Je monte les marches du château en soupirant de plus belle. Mon avenir…est ce que je vais parler de mon rêve de gosse qui ne pourra jamais se réaliser ? Être un joueur professionnel de Quidditch. Non, il n’a pas besoin de le savoir pour s’apitoyer encore plus sur mon sort. Je n’ai pas besoin que l’on me prenne en pitié. J’arrive devant la porte et frappe. La voix de l’homme résonne. Sur le moment, je frisonne et j’ai de nouveau l’impression d’être le petit garçon de 11 ans que j’étais. Cette impression disparaît des le moment ou je passe la porte.

De mon œil valide je regarde le professeur et referme la porte derrière moi avant de le saluer en hochant doucement la tête.

Bonjour Professeur Hastein.

Je m’avance et m’installe sur le fauteuil en face de son bureau. Je me permets de jeter un coup d’œil dans son bureau. Il y a énormément de récompense. Sa réputation n’est plus à faire c’est sûr. Je suis toujours surpris de voir que cette école arrive à s’entourer des meilleurs pour ses élèves. Je reporte mon attention sur mon professeur qui m’explique la raison de cette entrevue. Je replace mes cheveux noirs sur les épaules et m’assure que mon œil droit soit bien caché.

Je sors de mon sac une chemise en carton, avec plusieurs papiers à l’intérieur. Je la pose sur le bureau et l’ouvre devant moi.

Et bien professeur, contrairement à certain de mes camarades, j’ai déjà mon idée. Je souhaiterais devenir journaliste sportif. D’ailleurs, voici la liste de plusieurs journaux et magazines avec qui j’ai des contacts pour la suite. Et je pensais aussi à prendre un an pour m’intéresser au sport moldu. Je me dis que cela peut être un plus et je voudrais votre avis là-dessus.

Je ressors un petit dossier, comprenant une liste de sport moldu avec des annotations sur l’intérêt ou non de chacun d’eux. Je ne laisse rien au hasard, plus jamais.

Dernière édition par Lancelot D. Avery le Lun 27 Juil - 18:54, édité 1 fois

Eh bien, cet entretien promettait d'être rapide. Peut-être s'était-il fait du soucis pour rien. Le jeune Avery avait bien grandi, et était visiblement capable de se débrouiller par lui-même. Il n'était pas rare que des douzième années viennent aussi bien préparés, mais cela surprenait toujours agréablement Hastein. Il tendit la main vers le dossier de journaux qu'avait réuni son élève.

Puis-je ?

Après avoir eu son autorisation, Soren le consulta avec attention. La plupart ne lui était pas inconnus. Durant sa carrière du duelliste, il avait eu l'honneur, sinon le plaisir, de faire partie de leurs pages, et plus d'une fois. Et il avait toujours était friand des journaux de Quidditch, prenant plaisir à y suivre la carrière de ses anciens camarades, comme ça avait été le cas notamment avec Diana. Le professeur reposa le dossier avec un sourire appréciateur.

Si jamais vous avez besoin de lettres de recommandation... J'ai gardé contact avec certains journalistes. Souhaitez-vous vous spécialiser dans un domaine sportif en particulier ?

Le dossier scolaire d'Avery était excellent, et il n'avait jamais eu à se plaindre de sa conduite, en dehors et durant ses cours. Cet œil manquant que Lancelot se donnait tant de mal à cacher ne paraissait nullement le gêner lors des exercices de duel. Ce serait vraiment un plaisir pour Hastein de recommander un garçon aussi prometteur et visiblement passionné.

Par contre, Hastein ne comprenait pas d'où venez cette idée saugrenue de vouloir étudier les sports moldus. Certes, Avery suivait assidûment leur étude depuis sa troisième année, mais de là à vouloir les fréquenter... C'était assez surprenant, au vue du milieu et de la famille d'où il venait, et de sa maison. Le sang-pur danois était bien placé pour savoir qu'à Serpentard, on s'intéressait assez peu aux gens non-dotés de magie, ou alors pour les dénigrer. Lui-même ne voyait pas ce qu'il y avait de passionnant à étudier ceux que les américains appelaient les non-maj et leur vie tristement dénué de la beauté qu'apportait la magie.
Soren attrapa le deuxième dossier constitué par son élève avec une petite moue qui ne cachait pas son avis sur la question. Il était curieux d'entendre les arguments de son élève à ce sujet. Après tout, ses décisions avaient l'air mûrement réfléchi, et sans doute Avery avait pensé à des aspects de la question qui n'était pas venu à l'esprit de Hastein.

Je ne comprends pas ce que vous pensiez apprendre auprès des moldus. Je ne me suis guère penché sur la question, mais de ce que je sais, leurs sports ne sont guère différents des nôtres, excepté bien sûr l'absence de magie qui les rend... terriblement terre-à-terre. Je doute aussi que leurs méthodes journalistiques soient très différentes des nôtres. Qu'est-ce qui vous a amené à cette idée ?

Soren avait raison. Lancelot avait non seulement envisagé le problème d'un point de vue qui ne lui était pas venu, mais il avait en plus creusé jusqu'à pouvoir convaincre un sorcier normalement récalcitrant. Les cours de rhétorique étaient vraiment très utile. Le dossier de son élève étant en béton, et celui-ci ayant pensé à tout, Hastein n'avait donc rien à lui opposer. Après avoir fait mine de s'intéresser à la liste des sports moldus, alors qu'il n'avait parcouru la feuille que d'un oeil distrait pendant leur discussion (Soren ne ferait sans doute jamais parti des sorciers s'intéressant aux non-maj), il la lui rendit. Sa remarque sur sa mère valut à Lancelot un regard censé être réprobateur, mais qui ne cachait pas vraiment l'amusement du plus vieux devant la fougue du jeune homme. Soren n'avait aucune compassion pour une femme capable de mutiler ainsi son propre fils pour une simple divergence d'opinion. Et cela lui permettait d'ailleurs de rebondir sur le domaine privé, qu'il comptait toujours abordé avec son élève. D'un ton détaché, il lui répondit :

Vous avez vraiment réfléchi à tout à ce que je vois. Votre mère est-elle toujours hospitalisée ?

Alors que Lancelot lui répondait, des grattements se firent entendre à la porte, suivi d'un miaulement. Soren soupira. Morana était aussi belle qu'adorable, mais elle choisissait toujours très mal ses moments. Il interrompit la réponse du Serpentard en levant sa main, avant de se lever. Le devoir l'appelait.

Je vous prie de m'excuser un instant.

Il quitta son bureau pour aller ouvrir la porte, et se pencha pour prendre sa chatte dans ses bras. Celle-ci venait très récemment de franchir la limite floue qui séparait le statut de chaton à celui de chat, et si elle avait rapidement pris son indépendance dans le château, elle restait encore très demandeuse d'attention. Il se réinstalla à son bureau, posant la chatte dessus. Il se mit à la caresser tranquillement, déclenchant des ronronnements heureux, et reprit leur discussion comme si rien ne l'avait interrompu :

Désolé pour l'interruption. Reprenons, je vous prie. Je me demandais, pourquoi n'avez-vous pas rejoint l'équipe de Quidditch de notre maison ? A moins que je me trompe, je ne pense pas que vous vous soyez présenté aux sélections ces dernières années. Jouer à un sport est le meilleur moyen de le connaître.

Oh, Soren n'était pas né idiot, et ne l'était pas devenu au fil des années. Il se doutait bien que l'oeil blessé de son élève avait joué un rôle là-dedans. Avec un oeil, on appréhendait moins bien la profondeur et les distance, ce qui était handicapant dans un sport basé en grande partie sur ça. Mais le duelliste s'était battu contre certains sorciers bien plus marqués que ça, et il ne voulait pas qu'un regrettable accident prive à vie Lancelot d'un sport qu'il semblait apprécié au point de vouloir lui dédier sa carrière. Beaucoup d'équipes amatrices seraient contentes de compter un homme de cet valeur dans leur rang.

Soren était bon observateur. C'était une qualité indispensable lorsqu'on avait été duelliste à un aussi haut niveau que lui. Pouvoir prévoir les potentielles réactions de l'adversaire à sa façon de bouger, à tenir sa baguette, à son regard... Ça n'avait donc pas échappé au professeur que parler de la mère de son élève avait tendu celui-ci, pour une raison ou une autre. Malheureusement pour celui-ci, il ne venait que de commencer à aborder les questions personnelles.

Le directeur des Serpentard avait donc enfoncé le clou, et il avait l'impression qu'il avait presque manqué de faire se décomposer Lancelot. Mais là-dessus, les deux se ressemblaient beaucoup, avec cette fierté propre aux sang-purs. Le plus jeune continua donc à ne pas laisser paraître que les questions de son professeur le déstabilisait. Soren, lui, ne se priva pas de laisser paraître qu'il trouvait la force et la résilience de son étudiant admirables. C'est un des moments qu'il aimait beaucoup en tant que prof, quand il éprouvait une sincère fierté devant ce qu'accomplissait ses élèves. Et voir comment le petit Avery de première année qu'il avait connu avait bien grandi rendait la chose encore plus savoureuse.

Je comprends. Ce n'est jamais facile de renoncer à ses rêves, mais vous avez su admirablement bien rebondir.

Et ce n'était pas des paroles toutes faites. Soren, malgré son parcours professionnel brillant, comprenait réellement. Lui aurait aimé devenir peintre. Pas un de ses peintres spécialisés dans la peinture de personnes, ce domaine ne laissant aucune place à l'imagination ou la créativité. Non, lui aurait voulu parcourir le monde pour immortaliser des paysages, des scènes de vie. Mais ce n'était pas une façon de vivre digne de l'aristocrate sang-pur qu'il était. Ses parents l'auraient sans nulle doute déshérités et retirés sa rente s'il avait suivi ce chemin. Et vivre dans la pauvreté, très peu pour le comte Hastein, habitué à un certain niveau de vie depuis l'enfance. Ce n'était pas pour ça qu'il n'avait pas une nostalgie de ce qu'aurait pu être sa vie, ou qu'il avait hâte d'avoir atteint l'âge où ce genre de passe-temps devenait suffisamment acceptable pour y consacrer une grande partie de son temps.
En tout cas, Lancelot lui donnait vraiment envie de lui donner des points, et il n'allait pas s'en priver. Il méritait bien une petite récompense immédiate pour tous les efforts qu'il avait fourni.

Je donne 20 points à Serpentard pour le sérieux et la rigueur avec lesquels vous avez préparé cet entretien, et votre avenir professionnel.

Morana choisit ce moment pour se retourner sur le dos, et essayez d'attraper ses mains avec ses pattounes, signe qu'elle avait envie de jouer. Cela fit sourire Soren, qui commença à lui grattouiller le ventre. L'entretien aurait pu se finir ainsi, sur cette jolie note, mais le professeur avait encore quelque chose à demander à Lancelot.

J'avais une dernière question. Je sais que vous ne rentrez jamais dans votre demeure familiale, même pendant les vacances. Y-a-t-il une raison particulière à cela ? Comprenez-bien que mon but n'est pas de m'incruster dans vos histoires familiales. En tant que Directeur de votre maison, il est de mon devoir de m'assurer que vous étudiez dans les meilleures conditions, et que votre situation familiale n'est pas un frein pour vous.

Il ne comprenait pas ce qui l'empêchait de retourner chez lui, vu que sa mère était toujours à l'hôpital. A part peut-être qu'elle lui en interdisait l'accès de son lit de malade. Si c'était ça, le comte Hastein rendrait une petite visite de courtoisie à Madame Avery.

Dernière édition par Soren Hastein le Mar 4 Aoû - 15:02, édité 1 fois

Oh, Soren ne se faisait pas de soucis pour ça. Il savait que Lancelot ne le décevrait pas. Il eut un sourire lorsque le jeune homme lui parla d'honneur. S'il avait su que simplement recevoir des points de sa part le mettait dans une telle joie, peut-être aurait-il dû lui en donner plus souvent.

Le professeur ne chercha pas à s'appesantir sur ce qui s'était passé pour créer un tel rejet chez Lancelot, au point que celui-ci ne se sentait pas à sa place où il avait grandi. Ça ne le regardait pas, et le plus jeune lui en parlerait seulement si il le voulait. De plus, il avait eu la réponse, qui appelait à d'autres questions.

Vous êtes majeur. Si la situation vous convient, je n'ai pas mon mot à dire. Savez-vous où allez-vous vivre lorsque vous n'aurez plus accès à la résidence universitaire ?

A vrai dire, le garçon lui faisait de la peine, même si il ne lui montra pas, par égard à son ego. Il se retrouva projeter, l'espace d'un instant, à quelques années plutôt, lorsque le septième année qu'il était sentait son cœur se serrer en voyant le petit premier année tenter de retenir ses larmes devant la haine que susciter son nom de famille.
Sa chatte se lassa bien vite de ses gratouilles, et se remit brusquement sur ses pattes avant. D'un pas élégant, elle se dirigea vers l'interlocuteur de son maître. Elle renifla les doigts de Lancelot, avant de frotter sa tête contre sa main. Soren n'est pas le seul à apprécier Lancelot, signe qu'il ne se trompait pas.

Elle doit sentir que vous aimez bien les chats. Elle est belle n'est-ce pas ? Je l'ai trouvé dans mon jardin, un jour, un minuscule chaton caché dans les buissons. Comme mon hibou s'appelle Zoraya, qui est le nom de la déesse slave de la beauté, je l'ai appelé Morana, du nom de la déesse slave de l'Hiver et de la Sorcellerie. De la Mort aussi. Un nom bien adapté pour la boule de poils noirs qu'elle est, vous ne trouvez pas ?

Laissant Morana mendiait des caresses à son élève, celui-ci étant de façon visible absolument pas contre, Soren reprit. Il n'avait pas eu au début l'intention de pousser aussi loin les questions personnelles, mais apparemment, c'était plus de ça qu'il avait à se soucier que de l'orientation professionnelle de son élève. Et le directeur des Serpentard n'aurait pas eu la conscience tranquille s'il avait laissé l'entretien qu'il avait initié se finir ainsi.

Vous savez Mr Avery, quitter Poudlard marquera réellement pour vous l'entrée dans la 'vie d'adulte'. Ici, vous êtes choyé, ce qui ne sera pas le cas dehors. Et le changement peut être dur à vivre. Alors que vous ne puissiez pas compter sur un soutien familiale m'inquiète un peu pour être honnête. A défaut de votre mère, avez-vous des adultes dans votre entourage pour vous épauler ? Avez-vous au moins le droit à un soutien financier de la famille Avery ?

Soren compris que ça ne servait à rien d'insister. Soit Lancelot avait des problèmes, et celui-ci ne comptait pas les partager, soit il n'en avait pas, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Dans les deux cas, continuer à le harceler de questions était inutile. Le professeur hocha la tête, nullement amusé par l'humour noir de son élève.

D'accord. Mais si jamais vous rencontrez un problème quelconque concernant votre situation familiale, mon bureau vous est ouvert.

N'ayant plus rien à rajouter, il jeta un coup d'oeil à sa montre, qui ne quittait jamais son poignet, excepté pendant les duels bien sûr. Un cadeau pour ses 17 ans de la part de sa mère, et elle semblait aussi neuve qu'au premier jour. Il faut dire qu'il en prenait grand soin,et que la magie, c'était tout de même très pratique. Bien, il était dans les temps, mais il valait mieux ne pas tarder plus s'il voulait ne pas avoir de retard. Et Soren détestait le retard, encore plus quand il en était l'auteur. Ne pas être à l'heure à son propre rendez-vous était le comble de l'impolitesse.

J'ai encore deux de vos camarades à recevoir, je ne vais donc pas plus abuser de votre temps. Je veux bien récupérer ma chatte par contre, si cela ne vous dérange pas. Je vous enverrai vos lettres de recommandations prochainement.

Heureusement, il n'avait pas beaucoup de cours à assurer, et même s'il devait reprendre le club de Duel en l'absence de Malphas, il était toujours loin d'être surchargé. Il devrait donc pouvoir s'en occuper assez rapidement. Soren se leva, tendant les bras pour récupérer sa précieuse Morana. Même si elle s'est rajoutée de façon imprévue à sa petite famille, elle avait rapidement conquis son cœur. Et il avait entendu une rumeur de catnapping, hors de question d'en être victime !

Merci pour cet entretien. Je compte sur vous pour continuer vos efforts, Mr Avery. Passez une bonne journée.

Il raccompagna Lancelot jusqu'à la porte, lui ouvrant de sa main libre, sa chatte dans l'autre bras. Avant de refermer la porte derrière son élève, il lui sourit gentiment. Il avait remarqué que l'oeil blessé du jeune sang-pur paraissait être source de complexe pour lui, ce qu'il trouvait dommage. Cette blessure représentant son histoire douloureuse avec sa famille, qui avait contribué à faire de l'homme déterminé qu'il était aujourd'hui. Autant la porter fièrement, plutôt que d'en faire une chose honteuse.

Une dernière petite chose. Vous êtes un beau garçon Mr Avery, et c'est un semi-vélane qui vous le dit, vous pouvez donc le croire. C'est dommage que vous vous cachiez ainsi derrière vos cheveux.

Et sur ses mots, il ferma la porte. Ça avait été un entretien très intéressant, qui le confortait sur la nécessité de ce qu'il faisait en recevant ses élèves. Et il avait été content de pouvoir échanger ainsi avec le garçon qu'il avait connu. Il espérait que la dernière année de Lancelot se passerait bien. Quant à lui, il allait se charger le plus vite possible de l'aider à entrer dans le monde professionnel de la meilleure des façons qui soit. Il ne lui serait pas de grand utilité pour rejoindre un journal moldu, mais les journaux sorciers, il en faisait son affaire !