Au risque de vous arracher un haussement de sourcil, si Hiroshi avait décidé d’aller voir du côté du terrain de quidditch ce jour là ce n’était pas pour disputer une séance de son sport favori. Quelques semaines plus tôt, en rentrant à la résidence, le japo-chinois était tombé sur une petite affiche dans la salle commune. Une affiche suffisamment colorée et bien présentée pour réussir à attirer son regard azure. Il y figurait la date, l’heure et le lieu de rendez-vous de la première séance découverte du club de Quodpot, géré par Diana Croford. En neuf ans d'études à Poudlard, Hiroshi n’avait pas eu beaucoup d’occasions de converser avec la professeure de Potion, mais cela ne l’empêchait pas de reconnaître ses talents en tant que tel. Il était donc curieux de découvrir la jeune sorcière en dehors de ses cours, sans doute dans un contexte un peu plus décontracté.

Ce matin-là il avait quitté la résidence un peu en retard, vêtu de la tenue de quidditch qu’il portait pour les entraînements (pas au top de la classe mais confortable à souhait et surtout qu’Hiroshi se fichait bien de salir ou d’abîmer). Dès qu’il eu passé le hall du bâtiment il avait hissé son balai au-dessus de ses épaules et avait fait tout le chemin ainsi, en profitant de l’occasion pour se délier un peu le haut du corps tout en adoptant une position décontractée. Les bras rejetés par-dessus le manche de son balai. S’il cru être arrivé à la bourre il s’étonna du nombre de personnes présentes sur le terrain de quidditch quand il arriva sur place. On pouvait dire qu’il n’y avait pas foule. Lui, il était venu uniquement par curiosité. Il était impatient de pouvoir voir les différences entre ce jeu et le quidditch, même s’il ne doutait pas qu’elles soient nombreuses. En vérité, plus que les différences notoires, Hiroshi était surtout intrigué de voir les ressemblances entre ces deux jeux/sports. Puis il aimait tant volé que toutes les occasions étaient bonnes à prendre selon lui. En revanche il ne fut pas étonné une seconde de constater la présence de le(a) dernier(e)-né(e) Fawley ainsi que celle de sa capitaine d’équipe de quidditch.

« Evidemment, j’aurai dû parier là-dessus. »

Marmonna-t-il dans sa barbe en accusant le coup.

« Bien le bonjour ! Je pensais être le dernier mais est-ce qu’il manque encore du monde ? »

S’étonna-t-il en haussant la voix pour que miss Croford puisse l’entendre même du haut de son perchoir.

Pando

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’entendis la professeure de potion passer un savon à notre préfet légendaire, alias Rajani. J’haussais les épaules en accusant le coup puisqu’après tout, lorsqu’on connaissait le personnage, sont air détaché n’était pas nouveau d’aujourd’hui. Je le soupçonnais même d’en faire usage uniquement en guise de façade sociale. Ce qui ne faisait pas de lui un mauvais bougre, pour peu qu’on prenne le temps d’apprendre à le connaître. Ceci dit cela n’expliquait pas sa présence sur le terrain aujourd’hui. Autant pour Roxanne, en digne capitaine de quidditch, et Alix et moi, tous deux joueurs de quidditch pour nos maisons respectives… Cela tombait déjà un peu plus sous le sens. Mais, Rajani ? Non, vraiment, je ne me l’expliquais pas. La cousine Fawley serait apparu sur le terrain à sa suite que j’aurais un peu mieux cerné ce qui aurait pu le motiver à faire parti des nôtres aujourd’hui… Bah, après tout, plus nous serions nombreux, mieux ce serait. Et puis, peut-être qu’on jouait au quodpot, dans le pays d’origine de Dhawan ? Qui sait ?

J’en étais rendu là dans mes réflexions frivoles lorsque Diana se retourna vers nous pour nous passer un savon à notre tour. Un air un peu surprit se peignit sur mes traits avant que je ne me renfrogne en délogeant mon balai de mes épaules pour le poser au sol brosse vers le ciel. Je l’enlaçais de mes bras et l'utilisais comme béquille, et cherchais mon point d’équilibre en reposant de tout mon poids contre lui. Miss Croford poursuivit son monologue et je me contentais d’hausser les épaules aux mots de la jeune professeure. Ses explications avaient le mérite d’être claires aussi je ne pipais pas un mot lorsqu’elle nous demanda si nous avions des questions à lui soumettre. Elle enchaîna. En apprenant que la balle était faite de caoutchouc je ne pu m’empêcher d’hausser un sourcil perplexe. D’expérience je savais pertinemment qu’une balle en caoutchouc lancée avec suffisamment d’élan pouvait faire très mal. Au moins autant qu'un cognard. J’attendis que miss Croford nous laisse la parole pour me lancer en levant la main, bien studieusement.

« — Dites, est-ce qu’on peut se faire passer la balle entre nous ? Je suis assez surpris d’apprendre sa consistance et j’aimerais bien pouvoir la soupeser avant de me la manger dans la gueule, si vous voyez ce que je veux dire… »

Je me penchais un peu en avant pour déposer mon balai au sol et tandis les mains pour avoir la balle.

« — D’ordinaire il faut être combien par équipe pour disputer un match en bonne et due forme ? Si le club a du succès, est-ce que vous allez nous apprendre des tactiques de jeu ? A vrai dire, je suis curieux de voir les différences entre les formations de quidditch et de quodpot. »

Pando

Madame Croford me fit une passe avec la balle et j’en profitais pour la lancer, la soupeser et l’ausculter sous toutes les coutures. A première vue il n’y avait rien qui sortait de l’ordinaire, il s’agissait d’une simple balle, et Croford nous avait bien signifié que celle-ci n’était pas programmée pour exploser. En tout cas pas durant cette séance-ci. Je hélai Alix en lui faisant une passe digne d’un joueur de quidditch à un.e autre et me retournais vers notre professeur attitré pour écouter ses conseils. Je me fis la réflexion qu’il fallait quand même avoir de bonnes bases en vol, ou tout du moins une certaine dextérité pour réussir à se faire la passe avec une balle pareille, sans se faire intercepter par l’équipe adverse. Ce qui induisait sans doute de progresser en rangs serrés. Rien à voir avec le Quidditch qui permettait au contraire de développer des formations sur quasiment l’entièreté du terrain. Je fis la moue en attendant que Croford nous donne le feu vert pour nous lancer. Au moment même où Diana nous enjoignit à nous élever pour la rejoindre sur le terrain, une furieuse envie d’aller pisser me pris…si fort que je me voyais mal disputer quoique ce soit dans ces conditions. J’entendis vaguement Roxanne poser une question à Diana tandis que je pesais le pour et le contre, mais au moment ou le manche de mon balai effleura mon intimité quand je voulu l’enfourcher, je compris que c’était une très mauvaise idée. Je cru intercepter un regard de la part de Roxanne, qui était déjà en position, mais je préférais ne pas trop m’attarder sur la question et hélais à mon tour l’assemblée pour m’exprimer :

« — Euh, m’dam, je crois qu’il faut que j’aille faire une escale technique…je reviens tout de suite ! »

M’expliquais-je sans demander mon reste et en m’éloignant à grandes enjambées vers le vestiaire réservé à la gente masculine. On n’aurait pas pu rêver mieux -ironie- comme timing mais je sentais que c’était urgent. Je déposais mon balai à l’entrée des vestiaires et allait me soulager dans les WC un peu plus loin.

En moins deux huit minutes, j’étais à nouveau au milieu du terrain, frais et pimpant, prêt à en découdre. Mais peut-être avais-je raté la répartition des équipes ?

Pando