Un livre pour deux [Land Ferlet] (Abandonné)

C'était la panique. La bonne grosse panique, en effet. Land parcourait les couloirs du château en longues enjambées rapides, celles qui criaient " je ne cours pas, mais je suis tout de même pressé ".  Son but ? Rejoindre le quatrième étage et l'immense bibliothèque de Poudlard, où il était plus tôt avec Alec. Alec. Ce fauteur de troubles qui lui servait de meilleur ami. Tout ça était à cause de lui.

Ils s'étaient retrouvés plus tôt lors d'un instant de pause pour étudier tranquillement dans la bibliothèque. Land s'était évidemment précipité vers les sections de botanique, attrapant avec plaisir plusieurs livres qu'il n'avait pas encore lu sur le sujet. Il avait souvent les yeux plus gros que le ventre lorsqu'il s'agissait de bouquins - et surtout dans la bibliothèque de Poudlard - et pour une dizaine de livres acheminée jusqu'à sa table, il n'avait eu le temps d'en étudier que le contenu de deux. Evidemment. Mais il avait tout de même pris note des références, histoire de revenir les voir plus tard.

Et heureusement qu'il avait noté les références. Il avait oublié qu'il avait un véritable démon à ses côtés, toujours prêt à sauter sur l'occasion de faire des blagues et des bêtises à son ami. Celle-là consistait à glisser dans un des livres de sa pile une photographie dont Land voulait oublier l'existence. Là, c'était lui qui avait été bête. Il avait fait ce qu'Alec attendait de lui, il avait été embarrassé, avait pris le livre pour le mettre sous celui qu'il lisait. Mais comme un idiot, il ne l'avait pas retirée toute suite d'entre les pages où elle était coincée. Grave erreur. Tête en l'air comme il était, quand leur temps de révision fut fini, il avait remis les livres sur les étagères. Oui. En oubliant la photographie. Et en n'ayant pas regarder le titre du livre dans laquelle elle était.

Il devait maintenant chercher dans une dizaine de livres celui qui contenait la maudite photo, en espérant que personne ne l'avait déjà trouvé. Mission à moitié impossible, donc. Alors, dès qu'il arriva à la bibliothèque, il n'attendit pas une seconde. Il sortit la liste qu'il avait faite, et se mit à sortir les livres pour les feuilleter rapidement à la recherche de l'image.

Tout se passa bien pour la majorité des livres, mais malheureusement aucun ne contenait l'artefact maudit. Il n'en restait plus qu'un: Le Vert, le Jaune et les Feuilles d'Averly D. Capacapic.  - comme de par hasard........ -

Si la photo n'était pas dans celui-là, alors quelqu'un l'avait prise. Land fut pris d'un frisson d'effroi rien qu'à cette possibilité.

Il alla donc chercher le fameux livre sur les étagères. Il allait dans cette direction, lorsqu'il vit une jeune fille descendre des plus hautes rangées avec un livre dans la main. Il n'y prêta pas attention alors qu'elle allait s'installer, puis monta à son tour. Il n'était pas là. Le livre était absent, un trou là où il devrait être. Oh. Non. Là, il en était sûr. C'était la jeune fille qui venait de le prendre. Il ne pouvait en être autrement. Sinon, il mourrait. Tout simplement.

Le grand poufsouffle descendit à toute vitesse, et se dirigea avec empressement jusqu'à la table de la chevelure verte. Paniquant en voyant le livre déjà ouvert sous ses yeux acerbes, il trottina la distance qui le séparait de la table puis étala soudainement sa main sur la page qu'elle lisait:

" NOOooon... commença-t-il en criant puis en se rappelant soudainement qu'il était dans une bibliothèque, chuchotant la fin. "

Sa grande paluche ne bougea pas de la surface du livre et son regard se posa à nouveau dessus, reconnaissant bien la couleur et la taille du livre. C'était bien celui-là. Il ne venait pas à moitié d'agresser une étrangère - qui avait l'air plus jeune que lui - pour rien. Ouff. Maintenant, il devait absolument la convaincre de lui rendre avant qu'elle ne puisse voir quoi que ce soit.

" J'aurais vraiment besoin de ce livre.  Genre vraiment. Extrêmement. S'il te plaît. Si ça ne te dérange pas."

Il avait parlé d'une traite, se laissant à peine le temps de respirer alors que tout sortait de sa bouche en un flot presque incompréhensible.

La jeune femme qui avait emprunté le livre était décidément beaucoup plus vive d'esprit que lui, puisqu'elle eut l'intelligence de lancer un Sourdidam. Land n'arrivait jamais à associer les sorts aux situations, en dehors des cours. C'était d'ailleurs ce qui le rendait complètement inefficace dans toutes situations où il fallait être rapide, comme les cours de duel.

Cependant, si elle avait eu une bonne idée en le lançant, la manière dont elle s'exprimait et ses paroles lui firent l'effet d'une Beuglante. L'humiliation publique en moins, ceci dit. Et elle criait un peu moins. Alors qu'elle lui lançait sa longue tirade, il essaya de se justifier, mais écrasé par sa présence et son ton autoritaire, il ne réussit qu'à sortir des petits " mais... " ou des " je... " sans pouvoir s'expliquer.

Il devait absolument récupérer le livre. Elle avait l'air si décidée à le garder, pensant qu'il voulait se servir de son statut d'aîné pour s'acquitter de l'attente. Tout ce qu'il voulait, c'était récupérer cette stupide photo et la sceller à tout jamais dans une dimension parallèle, ou la lancer dans un trou noir ou... Quelque chose de pire encore. Il retira sa main rapidement, mais n'abandonna pas pour autant de lui substituer le livre.

" Euh bonjour oui, désolé, mais je dois vraiment le récupérer, je le jure, c'est urgent. "

Ses mains maintenant libres se serrèrent contre le bord de la table alors qu'il ne pouvait s'empêcher de remuer inconfortablement.

" Deux heures, c'est vraiment trop long. Il me faudrait juste deux minutes. Non, même deux secondes. Hop là je le prends je te le rends, tu ne verras même pas qu'il a disparu. "

Voyant la sévérité dans l'attitude de la jeune fille - et son apparence de Serpentard, en soit -, il ne lui laissa pas le temps de répondre avant de répondre tout aussi rapidement:

" Si tu veux, je fais quelque chose pour toi. Tu t'intéresses à la botanique? Je peux t'aider dans tes leçons. " Mais un regard à la jeune fille et il douta que cet argument tienne la route. Pourquoi une serpentard voudrait-elle des cours d'un poufsouffle? Ridicule. Elle le prenait probablement pour un gros débile. Il changea alors aussitôt d'argument: " Je peux te porter des trucs lourds si tu as besoin, comme des... piles de livres. "

De parfaits arguments, décidément. Il n'était toujours pas sûr que cela marcherait pour la convaincre, mais au moins il aurait essayé. Si c'était définitivement mort, il n'hésiterait pas à rester à côté d'elle alors qu'elle lisait pour plonger sur la photographie lorsqu'elle tomberait dessus au détour d'une page. Elle serait probablement surprise, mais pas grave. L'honneur serait sauf.