Certes, si le ciel avait était voilé par les nuages, il aurait pu aller les cueillir un autre soir. Mais c'était pour aujourd'hui qu'il avait collé le jeune Blake. Il avait surpris le garçon avec un objet illicite, venant du célèbre magasin Weasley, sur le lieu d'une 'farce' qui avait transformé un des couloirs les plus fréquentés du château en un marécage impraticable. Ce genre de méfaits étaient plus propres aux jumeaux Slughorn qu'à Alexander, et le directeur des Serpentard était prêt à parier que celui-ci c'était juste fait piéger, mais il n'avait pas eu d'autre choix que de le punir. Même si la punition en soit était tranquille. Malgré la réputation inquiétante de la Forêt, s'y promener la nuit était toujours plus agréable que de récurer les chaudrons ou décrire des centaines de lignes répétitives. Soren aurait bien sûr pu s'y rendre seul en fait, mais y aller accompagné rendait la chose plus sympathique. Alexander avait juste eu la malchance de tomber au mauvais endroit au mauvais moment, il ne méritait pas une punition trop sévère, Soren ne lui avait même pas enlevé de points d'ailleurs.
Comme le professeur de duel le lui avait demandé, le rouquin l'attendait devant l'entrée du château à 22h. Il lui avait aussi dit de s'habiller chaudement. Il ne pleuvait pas, mais un vent très frais soufflait. Lui-même avait revêtu une de ses espèces capes à col de fourrure qui lui avait sauvé la vie en Russie (bien que né dans un pays froid, Soren pouvait être plutôt frileux), ainsi que des gants en cuir. Après s'être assuré que la tenue du jeune homme était suffisante pour la température (il ne tenait pas à ce qu'il tombe malade par sa faute), le brun le salua en souriant.
Bonsoir Mister Blake. Nous pouvons y aller.
Il tenait à la main une lanterne en fer forgé, qu'il tendit à l'élève pour qu'il la prenne, avant de se mettre en route. Alors qu'il prenait la direction du parc, qu'ils n'allaient que traverser sans s'arrêter, Soren lui expliqua la teneur de sa punition. Il avait bien entendu trouvé un mensonge pour justifier le fait qu'il avait besoin de ces plantes. L'aquarelle était son petit jardin secret, et il voulait qu'il le reste.
Nous allons nous rendre dans la Forêt Interdite. Miss Croford a besoin de fleurs qui y pousse pour une de ses potions. Elle ne pousse que là où broute les licornes, elles sont donc difficiles à trouver ailleurs, et chères sur le marché. Votre retenue consiste à me suivre en tenant la lanterne. Les fleurs brillent à la lumière des étoiles, nous les reconnaîtrons facilement.
Alexander pourrait même en garder une en souvenir, si le coeur lui en disait. Il voyait bien, grâce aux reflets que le feu magique envoyait sur le visage du Serpentard, que celui-ci n'était guère enchanté par ce qui l'attendait, ce que Soren trouvait dommage. C'était peut-être sa seule occasion de pénétrer dans ce lieu interdit, riche en créatures et plantes rares, il devrait en profiter au contraire ! Sans se laisser atteindre par le manque d'enthousiasme du garçon, le plus vieux continue :
Normalement, nous ne devrions pas rencontrer de problèmes ce soir. Cependant, je vais vous demander de rester près de moi, car nous allons longer le territoire des Acromentules, et les centaures n'aiment pas que les humains s'approchent trop près de celui des licornes. Enfin, ils n'aiment pas que l'on pénètre dans la Forêt tout simplement, mais cela m'étonnerait qu'ils nous attaquent. Il s'interrompit en voyant la tête du collé, et conclue en riant. Ne vous inquiétez pas, dans tous les cas, ils ne s'en prennent pas aux jeunes. Ce sont de trop nobles guerriers pour ça.
Tout en parlant, ils étaient arrivés près de l'orée de la forêt, qui se faisait de plus en proche et visible à chaque pas. Elle formait une masse sombre et inquiétante, aux formes à peine discernables. Cela promettait un souvenir mémorable au jeune Blake ! A cette vision, plutôt que de ralentir, Soren hâta le pas, pressé d'y entrer et de trouver ses précieuses fleurs. En plus, le vent froid lui fouettait le visage, asséchant ses lèvres et sa peau. Heureusement que ses cheveux longs protégeaient ses oreilles ! Malgré la gaieté affichée devant le cinquième année, et qui était réelle à l'idée d'avoir bientôt une très jolie peinture, le jeune comte n'avait pas envie de s'attarder plus que nécessaire. Une envie qu'il devait sans nulle doute partager avec son compagnon.