Dans la vie, il y a des choses qui nous tiennent à cœur. Et aller à la bibliothèque pour se vider l’esprit est une des choses auxquelles tiens énormément Evangelyn. S’imprégner de l’odeur des livres, du bois et du silence… Quoi de mieux pour se plonger dans un bon roman, confortablement installée à une table près de la fenêtre ? Pour la jeune Crawford, cette sensation de réconfort en un tel lieu remonte à son enfance, lorsqu’elle fuyait un peu la pression que ses parents mettaient sur ses épaules, avec leurs attentes et leur éducation.

Elle ne sut combien de temps passa lorsqu’elle releva le nez, mais elle perçut une présence qui la troubla au plus haut point. La pauvre blonde se sentit prise au dépourvu lorsqu’elle aperçut le garçon qu’elle aimait, endormi. Bien qu’il fasse silence, elle ne doutait pas que les plus jeunes ne tarderaient pas à venir et qu’il reviendrait à lui. La jeune demoiselle se mordilla la lèvre hésitant entre partir et l’admirer encore un peu.

Son choix fut vite fait et elle resta là, le regardant de temps à autre par-dessus son livre. Puis elle l’entend, ce léger ronflement qui lui tire un sourire, qui la fait le regarder. Il lui fait moins peur ainsi, ayant l’air plus humain, moins… Moins inaccessible. C’est alors qu’elle remarque quelque chose d’étrange. Enfin, étrange était un bien grand mot pour une feuille par terre. Mordille une énième fois sa lèvre, la belle blonde se leva en silence pour aller la ramasser et la poser non loin de lui. Elle remarqua alors qu’il travaillait sur ses devoirs et ne put s’empêcher de se dire qu’il ne réussirait pas s’il ne prenait pas une bonne nuit de sommeil. Mais qui était-elle pour faire la moindre réflexion à un tel homme ? C’est donc à pas feutré qu’elle se dirigea vers la place qu’elle avait délaissée quelques secondes plus tôt.

Ses efforts pour rester discrète et ne pas le réveiller furent vint lorsqu’un groupe de première année arriva en paillant comme des oies. Evangelyn se figea en lâchant un discret soupire. Elle fit demi-tour pour aller à leur rencontre, un sourire avenant sur le visage mais ce fut d’un ton dur, bien qu’à voix basse, qu’elle les apostropha.

Je vous prie de bien vouloir baisser d’un ton, nous ne sommes pas dans la cour ou le réfectoire, mais dans un lieu de travail et de réflexion.  Loin de moi l’idée de vous empêcher d’apprendre, mais le faire dans le silence, le calme et le respect d’autrui serait grandement apprécié.