Chaperon Mystère ~ [PV : Eleanor Shacklebolt] (Abandonné)

Un long soupir s’échappa de t’entre tes lèvres lorsque tu arrivas à la maison le premier jour des vacances d’hiver. Elle était vide, mais le feu de la cheminée était allumé, te trompant vis-à-vis de l’éventuelle présence de ton père. Sur la table basse du salon, il y avait un mot dans lequel le concerné s’excusait de ne pas pouvoir être là et de ne pas avoir envoyé de hibou : il avait été appelé auprès du ministère pour une affaire urgente qui risquait de prendre assez longtemps… Le connaissant, tu savais que, même s’il avait un creux, il n’allait pas retourner à la maison à temps pour que tu puisses profiter de sa compagnie. Comme à chaque fois qu’il s’absentait depuis ces deux dernières années, il précisait à la fin de ses lettres que tu pouvais te rendre au dojo du village si tu avais besoin de quoi que ce soit, mais ton père ne t’avait jamais expliqué le pourquoi de ces mots. Il écrivait toujours à l’arrache ses lettres, quand il daignait t’écrire, et, généralement, s’il avait le temps de te répondre, il faisait un condensé de la réponse à plusieurs de tes lettres – en retard.

Bien entendu, tu ne lui en tenais pas rigueur, mais tu voudrais bien passer un peu de temps avec lui… Tu ne l’avais pas vu depuis l’été précédant ta sixième année à Poudlard et on ne peut pas vraiment dire que tu aies vraiment pu en profiter : vous avez mangé ensemble deux fois parce que vous aviez eu des invités et le surlendemain, il a dû partir. Tu étais une jeune femme polie, mais tu détestais avoir de la visite chez toi, surtout, quand il y avait ton père. Tu avais juste envie de les mettre à la porte à coups d’Expulso – pour certains cas, même, avec le maléfice Cuisant, tellement qu’ils t’insupportaient. Mais nooon, il fallait que tu fasses bonne mine et que, en plus, tu les laisses parler de leurs trucs.

Bref. Un mot de plus que tu faisais léviter jusqu’à la boîte où tu rangeais toutes les lettres venant de ton père. Tu détestais Noël, comme la grande majorité des fêtes. Non seulement c’était bruyant et hypocrite, mais, en plus, la seule personne avec qui tu aurais éventuellement voulu faire quelque chose n’était pas à tes côtés. Déprimant. Tu espérais vivement que ton père prenne sa retraite, mais, encore une fois, tu le connaissais mieux qu’il ne te connaissait, car tu savais qu’il n’allait pas arrêter de se démener pour aider les gens et qu’il sera quand même occupé. Ton père était comme un requin. Pas parce qu’il était dangereux et imprévisiblement, non, mais parce qu’il ne pouvait pas arrêter de bouger. Il avait besoin de se sentir réalisé, de se rendre utile et de mener à bien convenablement tout ce qu’il entreprenait de faire. C’était quelqu’un de protecteur, sage et déterminé, mais tu as souvent eu le sentiment qu’il te reléguait au second plan… Avait-il confiance en toi au point de ne pas se soucier tellement de ce que tu faisais ? En soi, tu savais qu’il t’aimait à sa façon, que tu étais son petit trésor, mais il ne le montrait pas souvent.

Tu étais trop fatiguée après les derniers cours et l’activité du club de botanique, tu n’avais pas envie de te prendre plus la tête. De ce fait, tu as décidé de laisser de côté les pensées noires qui te titillaient et tu es simplement partie te coucher.

Le lendemain matin, tu t’es assise sur le comptoir qui séparait la cuisine du salon, regardant le feu brûler. Keir s’était installé sur tes genoux et  ronronnait bruyamment pendant que tu le caressais distraitement. Au moins, ton fidèle ami et confident était toujours là. Lui, il ne t’abandonnerait pas. On t’avait laissé les placards pleins de nourriture moldue, mais il n’y avait pas douceurs. Il y avait de quoi en faire, mais tu n’avais pas envie d’en cuisiner – tu n’avais même pas envie d’agiter ta baguette pour. Fronçant ton nez, tu t’es résignée à t’habiller et tu as opté pour quitter la maison pour aller faire un tour à Honeydukes.

Tu ne t’es jamais vraiment posée des questions au sujet du dojo, tu n’as pas eu besoin d’aide jusqu’à présent et ta fierté mal placée te poussait à être aussi indépendante que possible. Toutefois, le soir venu, tu t’es heurtée à une affaire qui était hors de tes moyens : une lettre de tes grands-parents maternels qui te fit rougir de colère. Le contenu, en soi, était déplaisant parce que tu ne t’entendais pas tellement avec eux – même si tu ne détestais pas ton grand-père –, mais, en plus, ils te contraignaient à répondre à leur lettre, sans quoi ils considéreraient que tu étais d’accord pour ce qu’ils te réservaient : des fiançailles avec le fils d’un ami de ton grand-père qui travaille pour le Ministère de la Magie d’Égypte.

NON.
Juste non.

Ton grand-père a été le Ministre de la Magie pendant très longtemps et, actuellement, c’était l’un de tes oncles qui occupait ce poste. C’était bien la seule personne de la branche maternelle avec qui ton paternel et toi aviez quelques affinités. Le fait d’avoir lu que ton père était au courant et qu’il avait déjà refusé à plusieurs reprises t’avait encore plus frustrée, parce qu’il n’avait même pas eu la décence de te le communiquer. Maintenant que tu étais pratiquement majeure, les viocs profitaient pour s’adresser directement à toi et te mettre au pied du mur. C’était difficile de leur donner une raison valable et un refus suffisamment ferme pour qu’ils te foutent la paix. Tu ne savais vraiment pas comment t’y prendre et, pour le coup, même si tu doutais qu’on puisse vraiment t’aider, tu songeas à te rendre audit dojo de self-defense.

Tu n’aimais pas ce genre d’imprévus et tu n’aimais pas non plus devoir demander de l’aide, surtout pour des affaires personnelles. Ça t’énervait et ça assombrissait considérablement ton visage, le rendant plus froid et sérieux. Mais soit. C’était un cas de force majeure, selon toi. Si ton père avait suffisamment confiance en la personne qui tenait le dojo pour te demander de te tourner ver elle – enfin, lui, d’après ce que tu as cru comprendre –, c’est que ça devait vraiment être quelqu’un de fiable. Ne voulant pas déranger le concerné ni être dérangée par les éventuels élèves ou autres, tu t’y rendis peu avant l’heure de fermeture afin de t’assurer qu’il n’y aurait pas grand monde. Tu as observé de loin le cours et tu as attendu à ce que les élèves daignent de quitter les lieux pour aller à la rencontre de la personne qui leur enseignait. Tu n’étais pas très sûr que ce brunet soit la personne que tu cherchais, parce que tu n’avais pas non plus pris la peine de t’informer – tu n’en avais pas vraiment eu le loisir ni l’envie, jusqu’à présent.

— Bonsoir. Êtes-vous le propriétaire du dojo ? demandas-tu poliment, mais d'une voix neutre. D'ores et déjà, tu tentais tant bien que mal de cacher le malaise que tu éprouvais rien qu’en anticipant le fait de devoir parler à inconnu d’une affaire aussi personnelle. Je suis Eleanor Schacklebolt. Mon père m’a dit de me tourner vers lui en cas de besoin… soufflas-tu, visiblement contrariée. Tu regardais ton interlocuteur en face jusqu’à ce que le mot besoin vienne écorcher ta bouche. Tu  regardas brièvement ailleurs, fronçant le nez avant d’ajouter : Je ne veux pas déranger, ni dépendre de qui que ce soit, mais il s’avère que je me trouve dans une impasse...

Effectivement, ce jeune homme à peine plus âgé que toi était le propriétaire du dojo. De quoi pouvait ton père le connaître et lui faire suffisamment confiance pour te dire de te tourner vers lui en cas de besoin ? Était-il le fils d’un ami de longue date ou d’un collègue ? Avait-il fait quelque chose pour ton père ? Tu n’avais jamais entendu parler de lui, mais tu gardas son nom et son visage dans un coin de ta mémoire afin de pouvoir t’informer davantage au moment venu. Tu faisais confiance à ton père, même si vous ne passiez pas beaucoup de temps ensemble, mais tu ne pouvais pas t’empêcher d’être curieuse et soucieuse vis-à-vis d’être… – hm… quel serait le mot correct ? Confiée ? – confiée à une personne dont tu ne savais pas grande chose. Déjà que devoir fréquenter des gens dont tu avais pas mal d’informations, tous les jours, était malaisant et usant, devoir se confier à un inconnu était d’autant plus difficile pour toi. Ce n’était plus une simple question de fierté, non. Tu étais quelqu’un de réservé et tu n’aimais pas parler de toi ou de tes affaires personnelles, même avec les rares personnes qui étaient suffisamment proches de toi comme pour être considérées comme tes amis.

Acceptant volontiers une bonne tasse de thé, tu as simplement et silencieusement hoché la tête avant de le regarder accrocher le panneau fermé sur la porte du dojo puis revenir vers toi. Alors, il t’invita à le suivre jusqu’à l’espace détente qu’il disait avoir aménagé – chose que tu fis. Par politesse, tu demeuras débout jusqu’à ce qu’il serve vos tasses. Tu t’installas poliment sur une chaise, en face de lui et posas sur la table quelques douceurs que tu avais achetées chez Honeydukes – tu n’aimais pas aller les mains vides chez quelqu’un, d’autant plus si ta visite était impromptue.

— Je vous en remercie, M. Schwartz. soufflas-tu, approchant davantage ta tasse de toi, la tournant légèrement afin de la placer avec la hanse à gauche. Ceci est pour vous, même si je ne savais pas si vous aimiez les sucreries. ajoutas-tu, faisant un léger geste pour designer les douceurs. Ce n’est pas grande chose, mais je me voyais mal de ne rien apporter, en plus de vous importuner.

Tu étais ambidextre, mais tu préférais utiliser la main gauche pour pas mal de choses – y compris pour boire le thé. Toutefois, ce geste discret et instinctif était, surtout, un toc. C’était plus fort que toi, comme les gens évitaient de marcher sur les lignes du carrelage ou qui replaçaient des objets pour se sentir plus à l’aise.

— En ce qui concerne ledit souci… c’est un sujet délicat. Très délicat, même. Puisque mon père n’est pas disponible et que je n’ai que quelques jours pour prendre des dispositions, je… je me tourne vers vous. répondis-tu, regardant onduler la surface du thé avant d’oser accrocher le regard de ton aîné. Avez-vous de l’expérience ou des conseils à donner à quelqu’un qui souhaite envoyer diplomatiquement paître des personnes importantes qui n’accepteront pas un refus à des affaires politiques et familiales ? demandas-tu, semblant assez mal à l’aise. Tu essayais de faire abstraction de ce que tu percevais autour de toi, mais ce n’était pas évident. L’avantage était que, désormais, il n’y avait que lui et toi. Les ressentis que tu percevais provenaient d’un de vous deux et, actuellement, tu savais très bien ce que tu éprouvais. Je comprendrais si c’est un sujet qui est en dehors de vos compétences, mais… j’aimerais trouver des arguments et une excuse valable pour décliner, non seulement des éventuelles fiançailles pour un mariage arrangé, mais, également, refuser de rencontrer tous les possibles prétendants. Mes grands-parents maternels sont des personnes influentes et, les connaissant, je sais qu’ils n’accepteront pas un vulgaire « non » et qu’ils ont déjà préparé plusieurs possibles candidats, même s’ils n’ont parlé que d’un seul dans la lettre qui m’est parvenue, ce matin.

En effet, au vu des ressentis de ton aîné, que tu l’appelles par son nom de famille devait lui rappeler des choses pas très plaisantes. Pour toi, ce n’était qu’une formalité, une simple question de politesse, même si tu ne savais que trop bien qu’on n’avait pas besoin de ce genre de protocoles pour faire preuve de respect envers autrui. D’ailleurs, tu préférais largement appeler les gens par leur prénom. Certes, tu étais misanthrope et tu voulais garder tes distances avec ceux qui t’entouraient, mais utiliser les noms de famille était désagréable et trop froid, même pour toi. Sans compter que, d’un autre côté, c’était un moyen facile de discriminer les autres ou, au contraire, de donner l’illusion que certains étaient supérieurs aux autres de par les soi-disant droits de leur sang. Tout le monde n’apprécie pas forcément d’être identifié ou lié à la famille dans laquelle ils sont nés. Toi, par exemple, tu ne voudrais pas qu’on t’appelle Shacklebolt-Daeva, même si c’est ce que tes grand-parents voudraient. Être une Shacklebolt n’est pas une honte pour toi, tu en es même fière, mais tu ne serais pas fière de dire que tu fais partie de la famille de ta mère – même si elle, en soi, était une grande femme. On te traiterait encore plus différemment et tu ne veux pas qu’on te privilégie à cause de ton entourage. Tu ne voulais pas profiter de l’influence de ta famille. Au contraire, tu voulais travailler pour avoir ta propre reptation et influence.


Bref.
Au moins, tu sauras pour la prochaine fois que ton protecteur préférait le salé et qu’il fallait que tu l’appelles par son prénom – Hulrick, donc. Tu lui aurais bien dit de ne pas se forcer, que tu t’en fichais et qu’il n’avait pas besoin de se forcer si c’était juste pour te faire plaisir ou par politesse, mais tu ne voulais pas paraître désagréable. Quand tu étais remontée et mal à l’aise, tu savais que tu manquais encore plus de tact que d’habitude et tu ne voulais pas le froisser.

Par la suite, tu écoutas attentivement les dires du maître du dojo pendant que tu sirotais ton thé et mangeais quelques douceurs – il n’y avait rien de mieux pour te détendre, ne serait-ce qu’un peu. Tu plissas tes lèvres dans un semblant de grimace, tout en haussant légèrement tes sourcils pour lui signifier que, malheureusement, les mariages arrangés sont toujours d’actualité. Même si ça ne se fait plus autant en Europe et aux États-Unis, à moins d’être entre familles nobles ou de sang pur très conservationnistes, il y avait encore des pays où ce genre de pratiques étaient monnaie courante – et encore, entre sorciers, au moins, on n’allait pas vendre la fiancée contre deux chèvres ou un chameau...

Le coup du papa a trouvé avec qui te caser ne marchera pas parce que ton père n’était pas comme ça et, même s’il l’avait été, il risquait d’y avoir conflit d’intérêt et ça pourrait partir TRÈS loin et très vite avec ta famille maternelle. Tu étais la seule enfant de leur unique fille. Ils n’avaient que deux autres petites-filles parmi leurs petits enfants et les deux étaient déjà mariées depuis un bail. Par contre, son autre idée était beaucoup plus intéressante. Tu ne voulais pas le mêler directement à cette histoire, mais son idée en avait fait jaillir bien d’autres dans ton esprit et ton regard à la fois pensif et malicieux pouvait déjà trahir que tu machinais déjà. À moins de te connaître un minimum, on n’aurait pas pu deviner que tu étais quelqu’un d’aussi manipulateur qu’ambitieux, et l’idée que celles de ton interlocuteur t’avaient inspirée risquaient d’être délicieusement amusantes et rentables, même si ça impliquait éventuellement le fait de devoir rencontrer certains prétendants et tes grands-parents… S’ils mordaient à l’hameçon, ce qui pouvait être le cas, ça pouvait leur rapporter aussi et te laisser beaucoup de marge pour finir tes études et faire ce que tu voulais. Ce n’était même pas sûr qu’on puisse trouver et faire tout ce qui te venait à l’esprit.

— Mon père n’attenterait jamais contre ma liberté et mes propres ambitions. Et, entre nous, demander à des sorciers de vous affronter à mains nues, alors qu’ils ont certainement étudié dans des écoles telles que Uagadou, où on leur apprend à user de la magie sans baguette, ça ne va pas le faire. Mais, ne vous en faites pas : vos propositions sont intéressantes et vous m’avez donné une toute autre idée qui pourrait vraiment marcher... répondis-tu, posant silencieusement ta tasse. Tu regardas le brun, esquissant un petit sourire en coin. Dites-moi, Hulrick… Connaissez-vous le conte moldu de l’Empereur chinois et ses enfants, ou bien sa variante moyen-orientale – qu’elle soit moldue ou sorcière ?

Avec cette question, ton sourire s’élargit et s’il connaissait les histoires auxquelles tu faisais allusion, ce ne serait-ce pas difficile de suivre le fil de tes pensées. Il n’y avait pas beaucoup d’histoires du même genre, mais il y en avait quelques-unes et, dans toutes, il était question de régler un souci avec une compétition et des preuves. Dans celle de l’Empereur chinois, il fallait régler les droits de succession au sein d’une très grande fratrie sans qu’il n’y ait d’effusions de sang. Le vieil homme fatigué et sage avait opté pour mettre à l’épreuve ses enfants ET ses propres frères, afin de déterminer qui pourrait accéder au trône. Pour ça, il leur avait demandé de réussir trois ou cinq épreuves différentes – selon les versions – et d’en apporter les preuves, sans tricher, car il possédait un talisman de jade d’origine divine qui lui permettrait de le savoir aussitôt.

La version que ton grand-père te racontait quand tu étais enfant était juste un tantinet différente, parce qu’il s’agissait d’un sultan qui demandait à tous ceux qui voudraient prétendre à la main de sa fille de lui apporter une liste d’objets sans tricher. Il y avait des objets uniques ou bien disparus ou trop difficiles à obtenir pour que les prétendants puissent les obtenir, car il ne voulait pas que sa fille soit mariée au premier venu. Elle était son trésor le plus précieux et, d’ailleurs, il y avait dans la liste une énigme qu’aucun des riches prétendants n’avait pu élucider et qui permis à un simple marchand de soie d’avoir directement la main de sa fille : réussi à gagner son affection, car le rare et unique joyaux dont il parlait était en fait le cœur de la princesse. En gros, il voulait que ce soit quelqu’un qu’elle aime et qui soit aimée en retour. Pas uniquement un bouffon de bonne famille qui voulait ses privilèges.

— Je vais exploiter une histoire que mon grand-père risque de regretter de m’avoir raconté autrefois : on va partir sur le fait de mettre les prétendants à l’épreuve. Ils auront tous une liste d’affaires à me rapporter en personne. Je ferai l’effort d’être avec mes grand-parents à ce moment là pour éviter les tricheries, car je sais qu’ils risquent de les tuer s’ils font un pas de travers. Au moins, ils sont loyaux quand il est question de négocier ou de signer un contrat, quel qu’il soit. Surtout mon grand-père. expliquas-tu, marquant une courte pause, tout en tapotant du bout des ongles le bord de la table avant de jouer avec un biscuit au chocolat. Je m’engagerai à honorer ma part du marché auprès de celui ou ceux qui emporteront cette compétition sans tricher. Mais, d’ici-là, j’aurais certainement le temps de finir mes études et, me connaissant, je doute que quiconque parvienne à obtenir le dernier item. lanças-tu, croquant le biscuit avec un petit air suffisant et confiant. Certes, c’est un piège, mais je suis une femme de parole et ce n’est pas entièrement impossible. Ce sera juste TRÈS compliqué, pour eux. Peu m’importe qui sera la, le ou les vainqueurs et s’ils ne sont pas humains, ne serait-ce qu’en partie, tant mieux. ajoutas-tu, regardant de nouveau ton interlocuteur dans les yeux. Et, quitte à me montrer aussi exigeante, je tiens absolument à garder mes noms de famille après l’éventuel mariage, car si j’inclue celui de mes grand-parents, je sais que ça ajoutera des possibilités qu’ils acceptent toute cette histoire. De toute façon, au point où j’en suis… précisas-tu, soupirant légèrement. Qu’en dites-vous ?

En plus, tu comptais garder TOUT ce qu'on allait t'apporter.
Il n'y avait pas de doute : tu étais une vraie serpentard !

Bien que tu n’avais pas encore décidé de ce que tu allais exactement mettre dans la liste, tu avais déjà quelques idées. Tu tenais absolument à ce que ce soient des ingrédients rares ou difficiles à obtenir, des trophées de créatures magiques et des plantes rares ou ayant carrément disparu. Tu n’avais que faire des choses chères, des reliques ou des trésors pour lesquels les mortels s’entre-tueraient. Non. Tu voulais juste des choses dont tu pourrais avoir besoin et/ou qui pourraient durer longtemps et… que demander de mieux que quelque chose qui réunissait tes deux principales passions ? Bien entendu, tu comptais laisser très clair que tu ne prendrais rien qui aurait été acquis ou prélevé chez une créature ou une plante ayant été blessée ou tuée pour l’acquérir, y compris pour les objets que ces abrutis tenteraient d’obtenir via le marché noir ou des achats à l’étranger. D’ailleurs, tu comptais préciser que tu ne voulais rien qui ait été acheté sans en connaître l’origine exacte et qui suive les autres consignes – sinon, ce serait trop simple pour les sorciers péteux et fortunés.  

En tout cas, même si la raison qui t’avait poussée à rencontrer ton interlocuteur n’était pas géniale et que tu ne le connaissais pas, à force de parler avec lui, tu te sentais presque en confiance. Aucune hostilité ou intention déplacée n’émanait de lui, tout comme aucun mépris à ton sujet, ni jalousie ou autres. C’était plaisant d’être en sa présence, contrairement à celle de pas mal des personnes qui t’entouraient et que tu croisais au quotidien – si bien à Poudlard, comme à l’extérieur. Être doué d’empathie est quelque chose de très difficile à gérer quand on vit en société, notamment lorsqu’on se trouve dans une situation et dans un milieu tel que le tien. Même si, il fallait bien l’avouer, c’était bien pire les rares fois que tu as eu l’occasion de te promener parmi les moldus. Tu étais encore moins à l’aise, surtout en présence d’une bonne partie des hommes.

— Merci du compliment~♪ Et, si vous tenez tant que ça à refaire le portrait de ces malotrus, je peux toujours vous en envoyer quelques-uns, s’ils se montrent trop envahissants. lanças-tu en gloussant, avant de lui adresser un sourire sincère. Bien sûr que je compte tout garder, voyons. Comme vous dites, quitte à me faire enquiquiner et à ce que l’on empiète sur ma vie privée, autant avoir une compensation. Mes grand-parents, quant à eux, n’auront que l’assurance que je puisse éventuellement me marier avec quelqu’un de leur convenance, ainsi que la fierté d’admettre que leur petite fille a bien fait tourner en bourrique ses prétendants pour obtenir ce qu’elle désirait – comme tout bon Daeva qui se respecte, j’aimerai dire. Contrairement au sultan de l’histoire, je ne compte pas demander des trésors et des reliques à ces gens-là. continuas-tu, avec un sourire en coin. Je ne sais pas avec précision ce que je vais noter dans la liste, mais vous pouvez être sûr et certain que ce seront des ingrédients pour des potions et des plantes rares, entre autres. Par exemple, j’ai toujours voulu avoir une Mimbulus Mimbletonia. Si vous ignorez ce qu’est-ce, il s’agit d’une plante extrêmement rare et originaire de l’Assyrie. Le liquide qui est à l’intérieur de leurs pustules et les racines sèches sont des ingrédients encore plus rares et utiles pour des potions.

Expliquant ceci, tu bus une dernière gorgée de thé, finissant ta tasse. Tu arboras un petit air pensif, réfléchissant à d’autres choses que tu pourrais demander aux possibles prétendants. Certaines pourraient sembler plus faciles à obtenir, mais ça ne le serait pas tellement, au final.

— Oh, je sais ! Je vais aussi demander des crottes de Veaudelune et des graines de plantes disparues ou quasi-disparues, peu importe si elles sont communes ou magiques. ajoutas-tu, prenant un autre biscuit avant de regarder de nouveau ton aîné, t’accoudant sur le bord de la table. Pour ce qui est du dernier item demandé, ce n’est pas quelque chose que de physique et on ne pourra point acheter. précisas-tu, tout en arborant un air aussi confiant que sérieux. Alors, tu lui fournis une réponse plus explicite : Mon affection, qui va de pair avec ma confiance. Et, bien entendu, je ne le marquais pas explicitement et cela implique pas forcément le fait de susciter un quelconque intérêt romantique chez moi, même si ce sera un point décisif, si jamais ça venait à avoir lieu. Sans quoi, ils repartiront bredouilles... Je n’en ai que faire du physique, du statut, de sa race, son ascendance et autres…

Alors, tu croquas ton biscuit avec un une pointe de frustration. En soi, tu ne demandais pas grande chose. Selon toi, il y a beaucoup de formes d’amour. Tu ne demandais même pas à ce que ce soit l’Amour, avec un grand A. Juste quelqu’un qui te respecte un minimum, dont tu supporterais la présence et que tu n’aurais pas envie de tuer – chose que tu risquais fortement de faire, si l’on vient à t’imposer quelqu’un qui t’insupporte.

— Entre nous, Hulrick : je préférerais finir vieille fille, habiter dans un endroit isolé et être convenablement entourée d’animaux et de plantes, plutôt que m’engager avec des humains. Hélas, dans le monde où on vit, on ne peut pas faire autrement. Par ailleurs, dites-moi… C’est hors sujet, mais pourquoi avez-vous choisi de vous installer à Pré-au-lard ? La plupart des jeunes sorciers préfèrent les grandes villes aux petites bourgades comme la nôtre.

Là où certains aurait préféré éviter la maison Serpentard, toi, tu étais fière d’en faire partie. De ce fait, tu ne pus t’empêcher de sourire quand il supposa que tu faisais partie de verts. En soi, il fallait bien admettre que faire partie d’une école de magie aussi prestigieuse que Poudlard était une fierté, déjà, mais Serpentard était une grande maison. Ce n’était pas une question de dire vainement que c’était la meilleure, non. Tu n’étais pas stupide au point de t’accrocher à ton orgueil de façon aussi… stérile et irréfléchie. Si on te posait la question, tu n’hésiterais pas à dire que toutes les maisons de Poudlard sont glorieuses et importantes. Chacune d’entre elles avait ses qualités et ses défauts qui, malgré tout, sont principalement reflétés sur la mentalité et les actions de ceux qui les composent. Ceci dit, à tes yeux, il y avait d’autres petits ‘pour’ et des ‘contre’ qui s’ajoutaient à la liste de choses qui faisaient que tu préférais de loin ta maison et que tu ne changerais pour rien au monde si tu pouvais passer de nouveau par le choixpeau – et, sans doutes, il t’aurait encore envoyé à Serpentard pour les mêmes raisons : tu n’aimais pas les hauteurs et il y avait trop d’escaliers pour arriver aux tours de Serdaigle et Gryffondor. Tu n’avais rien contre la salle commune de Poufsouffle, tu trouvais amusant l’endroit où elle se trouvait et la façon d’y entrer, mais la maison du blaireau n’était pas faite pour toi. Tu avais beau être travailleuse et acharnée, tu étais loin d’être le reflet de la maison jaune.

En tout cas, en ce qui concernait les éventuels pots-de-colle, tu n’allais vraiment manquer de leur suggérer de faire un tour au dojo pour que ton protecteur s’amuse un peu avec eux. Contrairement à beaucoup de moldus, sang-mêlés et nés-moldus, les sorciers n’étaient toujours habitués à la violence physique. Beaucoup n’avaient jamais pris une claque ou une fessée puisque votre mode de vie était très différent. Tu n’étais pas adepte ni ne défendais la maltraitance physique ou la violence, en soi, mais, parfois, un ou deux coups bien placés pouvaient arranger plus de problèmes que tout un discours qu’on ne prendrait même pas la peine d’écouter. Tu étais bien placée pour savoir qu’il y avait des gens avec qui on ne pouvait pas parler. Des gens avec qui les mots et une attitude passive-évasive ne marchaient pas.

Adressant un hochement de la tête quand il supposa que tu étais adepte de potions, tu confirmas les dires d’Hulrick sans l’interrompre. Même s’il disait que tu n’aurais pas vraiment eu besoin de lui pour trouver cette idée, il n’était en tort, mais il fallait bien admettre qu’il t’a été d’une précieuse aide puisqu’il t’a épargnée de stresser davantage et de perdre un temps précieux pour préparer et ficeler correctement ce plan. Si tu n’étais pas venue lui parler, tu serais certainement bloquée à cause du coup de stress jusqu’au dernier délai où jusqu’à ce que tu aies pensé à l’histoire que tu avais mentionnée.

La parenthèse sur les origines de ton interlocuteur te fit sourire.
Ton père faisait toujours de son mieux pour aider autrui, même des gens que tu estimais qu’ils ne méritaient pas une telle attention de sa part. Contrairement à toi qui ne tendais d’aider que ceux que tu estimais être dignes de cette aide, ton père était plus du genre à tendre la main même à des enflures qui étaient susceptibles de la frapper. Ces pensées te firent repenser aux événements qui eurent lieu durant Halloween… S’il avait été à Pré-au-lard à cet instant-là, tu étais sûre et certaine qu’il serait intervenu pour faire barrière contre ces tarés de l’Otium. Tu avais confiance en ton père, il était fort, mais les victimes de l’attaque l’étaient, elles aussi – surtout, ceux qui avaient essayé de contrer les attaquants.

Si ton aîné n’avait pas repris la parole pour soulever plusieurs points très pertinents au sujet de tes possibles prétendants, tu n’aurais pas réussi à chasser l’attaque de ta tête et tu aurais certainement broyé du noir en t’inquiétant pour quelque chose qui était déjà passée. Tu étais tentée d’essayer de t’informer davantage auprès de lui, pour voir s’il n’avait pas été touché par ce malheur, mais tu préférais saisir cette chance pour changer rapidement de sujet.

— Je n'exclue pas le fait de trouver quelqu'un parmi les prétendants. Bien qu’il y ait autant de chances que de venir ami avec un troll : c'est possible, mais peu probable. Et je ne risque pas de céder si ce quelqu’un n’est pas quelqu’un de suffisamment compréhensif et tolérant. répondis-tu, croisant les bras devant toi avant de t’appuyer sur le bord de la table. Pour les contre-coups, de même, ce n'est pas impossible. C'est très probable que certaines familles et prétendants se vexent, mais s’ils ont accepté de participer à cette compétition, ils devront faire avec, au risque de créer un incident diplomatique et déshonorer toute leur famille. Il y a beaucoup de petits-fils et d'arrière-petits-fils dans ma famille maternelle, mais on n'est que trois petites-filles et, mes deux cousines sont déjà mariées. expliquas-tu, marquant une courte pause, fronçant le nez et plissant légèrement tes lèvres avant de poursuivre – pensive. Je trouve ça plus que stupide et désuet, mais, apparemment, ça a toujours été une loterie de pouvoir se marier avec une femme de ce côté de la famille. D'autant plus que, jusqu'à très récemment, les unions étaient strictement réservées à l'environnement familial, si tu vois ce que je veux dire ? Ça se fait encore aujourd'hui, mais ce n'est pas expéditif, comme avant. ajoutas-tu, haussant un peu les épaules. Même sans la compétition, ils savaient à quoi s'attendre.

Oui. La consanguinité faisait encore monnaie courante dans certaines familles. Jusqu’à la génération de ta mère, c’était très rare que les Daeva acceptent des étrangers, surtout, des gens d’autres milieux que le leur. Il arrivait qu’il y ait des mariages par compromis, des mariages politiques, mais l’amour et la liberté de choix n’étaient pas vraiment présentes, sauf dans certaines exceptions et situations qui pouvaient mettre l’honneur des personnes à marier et la réputation des familles en jeu. Tu n’avais rien contre leurs pratiques, du moment que tu avais ton mot à dire et que ça ne nuisait pas à ta liberté personnelle, mais, malgré les apparences, tu étais quelqu’un d’assez romantique. Te marier par intérêt n’est jamais entré dans tes perspectives d’avenir. Te marier, tout court, en fait. Pour toi, ce n’était qu’une éventualité, une possible évolution d’une relation à long terme qui se passerait bien. Et, même ainsi, tu te voyais mal avec une bague au doigt.

Tu ne pus t’empêcher de repenser au fait que ton aîné t’avait dit que, en cas de besoin, il était là. Pas uniquement en tant que protecteur, mais plutôt en tant qu’ami. L’amitié était quelque chose dont tu te languissais et qui, pourtant, t’effrayait. Tu n’avais pas beaucoup d’amis, à vrai dire, actuellement, tu avais surtout des potes et des connaissances, mais pas d’amis, en dehors de quelques animaux. Tu aurais aimé terminer sur une note positive, le remercier pour sa bienveillance, tout ça, tout ça. Mais, c’était une autre situation à laquelle tu ne savais pas vraiment comment réagir. Tu n’étais pas habituée à pouvoir faire suffisamment confiance à quelqu’un pour tiser un lien digne d’être appelé amitié.

— D’ailleurs, je vous remercie pour tout, Hulrick. soufflas-tu, lui adressant un léger sourire. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à me le faire savoir. Même si mon père n’est pas disponible, si vous avez un souci que nous ne puissions pas régler ensemble, je peux toujours essayer de vous mettre en contact avec d’autres personnes qui seront en mesure de le faire. Si je ne suis pas à la maison, vous pouvez toujours me faire parvenir un message au château. Vous pouvez, même emprunter un hibou de notre volière.