Ménage à trois avec McGonagall
Juste pour lui faire plaisir? Qu’est-ce qu’elle avait bien pu envoyer dans l’univers pour s’attirer un karma aussi positif que celui-là? Après avoir foutu le bordel dans Poudlard pendant neuf ans, disons qu’elle s’attendait plutôt à ce que la vie lui fiche quelques doigts d’honneur, pas qu’elle ait le bonheur de fréquenter un mec qui… se fendait en quatre pour lui faire plaisir? Qu’est-ce que ça allait être alors, à son anniversaire, s’il se donnait autant de mal juste pour une fête aussi stupide et inutile que la Saint-Valentin?
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Tu réalises que tu as maintenant mis la barre beaucoup trop haute, et que je vais toujours avoir des attentes insurmontables pour toi? le taquine-t-elle avec une rapide œillade en sa direction, un sourire amusé scotché sur son visage, mais rapportant vite son attention vers le match dont elle ne voulait pas manquer une seule miette.
Malgré son attention portée sur le terrain, Roxanne entend quand même la remarque suivant de Lionel et se met à rire, sans pourtant se tourner vers lui et y répondre. Si c’était pour lui la première fois qu’il organisait quelque chose pour la Saint-Valentin à quelqu’un, c’était pour elle la première fois qu’elle recevait quelque chose… enfin officiellement. Puisqu’à chaque année où elle avait eu un petit copain dans le passé, elle s’organisait vraisemblablement pour rompre avant la mi-février… ou pour que son mec rompe, de façon à ce qu’elle soit célibataire le quatorze et puisse passer la journée à haïr les fleurs convenablement. C’était la première fois, donc, qu’elle ne faisait pas en sorte de ruiner sa relation juste pour éviter la fête des amoureux et ses ridicules cupidons. Mais les cupidons de cette année étaient en fait des pros du balais, soit les Flaquemare et les Holyhead, et leur match était purement jouissif à regarder.
Et puis à un moment, elle la voit vraiment. Cette poursuiveuse extraordinaire qui avait effectué tout un tas de pirouettes pour semer ses poursuivants et marquer des buts, Roxanne l’avait suivie des yeux depuis le début, mais ce ne fut que lorsqu’elle passa réellement près d’eux que la jeune capitaine la reconnu enfin. Son visage extatique se figea en une surprise flagrante. Sa tante avait l’air beaucoup plus jeune qu’elle ne l’avait jamais vue, mais c’était bien Ginevra, là, qui cumulait les points. Elle n’avait que très peu de souvenirs de sa tante sur le terrain, puisqu’elle avait cessé le sport plusieurs années auparavant pour devenir mère à son tour, du coup, les matchs qu’elle avait joués pour les Harpies et auxquels la fille de George avaient pu assister étaient très loin dans la mémoire de celle-ci.
Hébétée, ce fut Lionel qui la sortie de sa transe en la faisant pivoter légèrement pour qu’elle remarque des gens dans les gradins à qui elle n’avait pas fait attention. Ces gens, c’était sa famille à elle, son père et sa mère, avec deux petits mulâtres de trois et deux ans sur leurs genoux, qui applaudissaient leur Tatie Ginny. Ce n’était pas n’importe quel match, c’était son tout premier. Pas étonnant qu’elle ne se souvenait de rien. Alors que Blake semblait presque s’excuser de détails qu’il n’avait pas pu fixer faute de connaître l’information exacte, Weasley elle ne parvenait pas à émettre le moindre son, sa bouche ouverte en un grand « O » surpris lui donnant certainement l’air débile. Et pour que Roxanne n’ait rien à dire, ça en prenait beaucoup quand même!
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Ce… n’est pas comme si je pouvais te reprocher cette absence de précision, finit-elle par articuler avec l’air aussi étonné que s’il lui avait avoué qu’il souhaitait à tout prix faire un ménage à trois avec McGonagall.
Parce que si tu n’avais rien dit, je n’aurais pas su. Je ne me rappelle vraiment de rien. Je sais que j’y étais, car nous n’avons jamais raté de match de Tatie Ginny, mais… je ne me rappelle que très vaguement des derniers, pas celui-là!Et c’était franchement réussi! Son père avait même plus de cheveux dans cette version rajeunie, le pauvre ayant perdu quelques plumes dans les dernières années (il faut dire qu’avec l’adolescence de ses deux petites terreurs, il en avait bavé, et s’était même excusé à Molly pour les troubles occasionnés lorsque lui-même lui avait fait vivre le même calvaire). Quelque chose d’un peu humide qu’elle ne souhaitait pas reconnaître se fit sentir un peu dans son regard, mais pas assez longtemps pour qu’elle rate le but marqué par Ginevra, faisant lever la foule en délire. Et Roxanne avec, les bras en l’air pour participer à la « vague » déclenchée par… Ben, par son père, plusieurs rangées plus loin.
Puis, aussi soudainement que tout avait commencé, le match c’était terminé avec une victoire des Harpies, et les gradins, bien que toujours présents dans la Salle sur Demande, étaient désormais vides puisque… la rediffusion du souvenir était terminée, comme tout bon film a une fin. Roxanne avait été tellement emportée par la frénésie du match qu’elle n’avait pas constaté à quel point le temps était passé vite. L’adrénaline du moment ne s’étant pas encore totalement estompé (ILS AVAIENT GAGNÉS!!!) dans sa tête, la jeune femme s’était levée pour s’asseoir sur les genoux de Lionel et l’embrasser.
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C’est la plus belle Saint-Valentin de ma vie… s’extasie-t-elle en relâchant ses lèvres juste le temps de lui chuchoter cette phrase, les yeux toujours clos et son nez touchant encore le sien.
Et tu es le mec le plus formidable qu’il m’ait été donné de connaître. Lionel, je t’aime à la folie, te l’ai-je déjà dit?De tels mots valaient beaucoup plus, de la part de Roxanne, qu’un simple « Merci ».