Dormir ou étudier? Telle est la question! | Logan (Terminé)

Année après année, c’était toujours la même histoire. Même que ça empirait avec le temps, puisqu’il y avait de plus en plus d’étudiants avec la nouvelle université. D’avril à juin était nécessairement la période de l’année où la bibliothèque était la plus populaire chez les élèves pour étudier leurs examens… en particulier ceux qui devaient se préparer pour les évaluations ministérielles.

Ça devenait tellement routinier que ça ne l’énervait plus vraiment. À partir de maintenant et jusqu’à la fin de l’année, elle devrait chaque soir mettre dehors les élèves du cursus régulier dix minutes avant le couvre-feu, parce qu’ils ne voyaient pas l’heure passé. Pour les universitaires, elle se permettait d’étirer d’une heure son horaire, mais elle ne pouvait pas se permettre de faire plus, même si elle l’avait voulu, sans s’attirer elle-même des problèmes, parce que même les étudiants devaient avoir quitté l’école passé le couvre-feu. Heureusement, il y avait plus de laxisme sur les règles pour ces jeunes adultes qui avaient beaucoup de pression sur les épaules en cette période de l’année.

Comme chaque jour, donc, Sheireen annonçait aux élèves mineurs qu’ils devaient quitter les lieux, et aux étudiants restant qu’il ne leur restait qu’une heure, après quoi ils devraient revenir le lendemain. Après tout, elle aussi devait dormir parfois. Lorsqu’elle ferma la porte sur le dernier jeune élève à quitter les lieux, la bibliothécaire compta mentalement jusqu’à cinq, sourit en voyant un Serdaigle paniqué réaliser qu’il était en retard, rouvrit la porte pour le laisser sortir, et soupira. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à faire la tournée des rayons et des tables pour ramasser le désordre laissé derrière la jeune cohorte…

Et vérifier que personne ne s’était endormi en révisant…

Parce que ça aussi, ce n’était pas hors norme. Elle en trouvait au moins un ou deux par semaines ces derniers temps, la tête dans ses cahiers, à ronfler doucement. Il lui fallait alors le réveiller et le mettre dehors avec toute la douceur dont elle était capable.

Voir le Poufsouffle endormi dans ses travaux la fit presque rire, mais elle se retint. Ses soirées étaient tellement prévisibles dernièrement que c’en était rigollot. Parce qu’elle n’avait aucune mémoire des noms, outre ses chers Serdaigle, elle ne pouvait pas l’appeler pour le réveiller. Elle marcha donc tout doucement, à pas de souris, et entreprit d’ouvrir ses livres de cours pour chercher l’endroit où tout bon élève notait habituellement son nom, en cas de perte. Ça n’avait pas été très difficile. Prévisible.

-Monsieur Winchester? chuchota-t-elle en espérant ne pas le faire sursauter. Pssstt… Monsieur Winchester?

Aucune réaction. Elle allait se résoudre à le secouer un peu par l’épaule lorsque Jarvey décida de s’en mêler à sa façon, un peu moins douce, beaucoup moins gentille. L’espèce de furet géant équipé de cornes sauta brutalement sur la table de l’étudiant, et l’assomma d’injures d’une vulgarité exceptionnelle, ce qui fit nécessairement sursauter Winchester.

-Hey toé! J’te parles grand épais! Miss Lestrange te parle, t’écoute dans c’temps-là, criss!

-Jarvey arrête! Non, va-t’en je te dis. Maintenant!

Se râclant la gorge pour masquer sa honte envers ce sal animal, Sheireen se pinça le nez pour reprendre contenance. Ça lui apprendra d’adopter un Chartier, reconnus pour leurs mauvaises manières. Pire, un Chartier dont l’élevage était au Québec, et qui avait donc appris des jurons très colorés et peu ragoûtants. Heureusement, la moitié du temps, la créature parlait français, si bien que presque personne à Poudlard ne le comprenait, sauf la bibliothécaire, même si elle aurait préféré ne rien pigé elle aussi!

-Excusez mon… ouf, je pensais que c’était une bonne idée d’avoir une Créature magique parlante, qui pourrait me raconter ce qu’il se passe ici quand je ne suis pas là, mais… Je n’ai pas encore réussi à lui apprendre la politesse à celle-là. Je voulais juste vous aviser qu’il ne reste que cinquante minutes avant que je sois obligée de fermer, je me suis dit que vous préféreriez utiliser ce temps en études plutôt qu’à faire la sieste.

L’ombre d’un léger sourire qu’elle se permet rarement se dessine sur le visage de Lestrange. Le seule temps où elle parle autant aux étudiants (ou qui que ce soit en fait) c’est pour faire son travail, soit donner les informations, guider dans les méandres de la bibliothèque, faire les réservations…

-Quoi que le repos est tout aussi important pour réussir ses examens, vous ne voudriez pas vous endormir en pleine évaluation. Ah, au fait, vous avez un peu d’encre dans le front, juste là, pointa-t-elle en lui montrant sur son visage à elle où se trouvait le dégât.

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S’il n’avait pas été aussi jeune, Sheireen aurait craint que l’étudiant soit au bord de la crise cardiaque vu sa réaction lorsque Jarvey avait bondit sur sa table. La main sur le cœur, l’air perdu, Logan avait l’air encore enfoui dans son rêve, seulement à moitié dans la réalité. Gênée par l’attitude de son animal, la bibliothécaire se sentit au moins un peu soulagée de réaliser que le Poufsouffle avait probablement été trop dans les vapes pour saisir un traître mot prononcé par la bestiole cornue. Le temps pour aller de chasser le Chartier, Winchester avait repris ses esprits, la remerciant de l’avoir réveillé (malgré la méthode peu délicate) puisqu’il avait beaucoup d’études à faire, puis lui disant qu’en demandant de l’aide à son amie Montgomery, elle ne finirait pas apprivoiser le terrible Jarvey. Si elle n’avait pas été aussi coincée, Lestrange aurait gloussé, mais il allait falloir se contenter d’un maigre sourire pour l’instant.

-Ah, mais c’est déjà fait. Elle m’a aidé. Ça, c’était la version améliorée de Jarvey, croyez-moi, il a déjà été bien pire.

Fin observateur, ce Poufsouffle, pour avoir remarqué… quoi que, ce n’était pas comme si Sheireen cultivait un grand nombre d’amitié, du coup à la moindre proximité avec une collègue, ça devenait de notoriété publique. Elle n’aurait même pas été surprise si elle avait découvert que des paris étaient lancés à savoir quand quelqu’un réussirait enfin à s’approcher d’elle intimement, et surtout qui.

Évoquant que l’idée d’aller se coucher était probablement meilleure que de rester debout à essayer d’étudier sans succès, Logan parut toutefois embarrassé en apprenant qu’il avait de l’encre sur le visage. Et Sheireen aussi était embrassée, parce qu’il échoua à l’enlever, empirant plutôt la situation. Hors, si elle était capable de s’adresser aux élèves lorsqu’il était question de faire son travail (donc les empêcher de dormir et baver dans ses bouquins…) faire la conversation était bel et bien hors de ses compétences. Encore pire lorsqu’il était question de rassurer quelqu’un d’aussi embrassé qu’elle.

-Pas tout à fait, non… Je vois que vous étudiez Sortilèges… Vous pourriez utiliser ces notions pour vous… débarrasser de tout ça convenablement, précisa-t-elle en lui pointa le visage d’un air gêné. Quant à se rendre à votre lit, c’est… probablement ce qu’il y a de plus sage. Est-ce qu’il y a des livres dont je peux vous libérer pour ce soir? Je faisais ma tourner pour ramasser derrière les plus jeunes de toute façon, demanda-t-elle en désignant, cette fois-ci, le fouillis de documents qui trônaient sur la table utilisée par Winchester.

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Visiblement, l’étudiant était embarrassé de ne pas avoir songé lui-même à utiliser la magie pour nettoyer son visage. Pourtant, il n’y avait pas de raisons de l’être, il manquait de sommeil, par conséquent il n’était probablement pas entièrement dans sa tête. Au final, il usa sa baguette pour régler son problème, et Sheireen se contenta d’un hochement de tête et un sourire maigre pour lui confirmer qu’il avait enfin réussi son coup.

Toutefois, lorsqu’elle lui offrit de le débarrasser des livres dont il n’avait plus besoin, l’étudiant se leva en affirmant qu’il s’en occuperait lui-même, ce qui fit tiquer la bibliothécaire. D’abord parce qu’elle devait maintenant lever la tête pour le regarder, ce qui n’était pas nécessaire lorsqu’il était assis. Ensuite parce qu’elle était un peu… perfectionniste, et n’appréciait pas vraiment que les élèves rangent eux-mêmes leurs bouquins. Les trois quarts du temps, ils se trompaient de place, du coup ça lui rajoutait du travail plutôt que de lui en enlever. Sauf qu’elle n’avait pas le cœur de contredire Winchester et son air tout perdu à cause du sommeil, elle feignit donc un sourire en lui indiquant de la suivre.

-Par là… se contenta-t-elle de dire en s’enfonçant dans les innombrables rayons de l’immense temple du savoir.

Sur leur chemin, Sheireen trouva de nombreuses tables vides d’élèves, mais pleines de bouquins laissés derrières par ces derniers. Elle n’avait pas besoin de prononcer la moindre formule, agitant seulement sa baguette et les manuels s’envolaient pour retrouver leur place respective sur leur tablette, changeant parfois carrément de ranger pour s’insérer entre ses deux voisins habituels. Elle avait remis en place plus d’une trentaine de bouquins sans jamais avoir besoin de ralentir le pas ou dire une seule incantation par le temps qu’ils atteignent la section Anatomie, tout au fond de la bibliothèque.

-Le trou laissé par le livre devrait toujours être là, mais sinon il y a des chiffres sur sa reliure, ça vous indique où, dans l’ordre séquentiel, il est supposé se trouver. Puis, elle pointa quatre rayons plus loin, vers leur gauche. Les Créatures magiques, c’est par là.

-Parles-tu d’moé encore? J’t’ai entendu Shei, fait pas semblant! grogna le chartier qui prenait souvent refuge dans le rayon des bouquins traitant de lui-même lorsqu’il se faisait invectiver par la bibliothécaire, parce qu’il était terriblement narcissique et aimait consulter des images de son espèce.

-Hmhm… se racla-t-elle nerveusement la gorge en tendant la main pour prendre le manuel de Soins aux Créatures magiques de l’étudiant. Peut-être est-ce mieux que je m’occupe moi-même de ranger celui-là, si vous me permettez, Monsieur Winchester?

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-De resquoi? avait maugrée Sheireen pour elle-même, faignant ne pas reconnaître le mot « respect ».

Sauf qu’elle se ressaisit plutôt rapidement. Elle ne voulait pas passer pour la vieille bibliothécaire pet sec et grognonne comme l’avait été jadis Irma Pince, sa prédécesseur. En fait, au début de sa carrière à Poudlard, les élèves faisaient plus attention à ce qu’ils faisaient dans le Temple du Savoir. Parce qu’ils avaient peur d’elle. C’était une « Lestrange » après tout, elle devait être folle comme sa tante? C’était, bien sûr, en oubliant qu’elle n’était pas liée par le sang à Bellatrix, née Black. Puis, ils avaient tous réalisés qu’elle était gentille, au fond, peut-être un peu trop, au point que certains avaient fini par en profiter.

-Ça ne me dérange pas, ce n’est pas autant de travail que ça en à l’air, et je préfère cela à des livres aux mauvaise endroits.

Sheireen rougit, ne sachant toujours pas comment réagir correctement aux compliments, se contentant donc d’hausser les épaules comme si ce n’était rien alors que l’étudiant s’étonnait de sa grande connaissance du labyrinthe de bouquins et de son système de rangement impeccable.

-Ce n’est rien voyons, juste l’habitude, marmonna-t-elle toujours à mi-voix, ne parvenant pas à cacher son embarras.

Ne voulant visiblement pas affronter à nouveau le « terrible » Jarvey, Winchester tendit ses manuels dédiés aux Créatures magiques à la bibliothécaire, qui retrouva un peu de sa « normale », c’est-à-dire… à peine moins rouge et l’air de savoir ce qu’elle faisait.

-En voilà une sage décision, je comprends tout à fait, moi aussi, parfois, il y a des jours où j’essaie de l’éviter, soupire-t-elle en tirant de peine et de misère un sourire, s’emparant des livres tendus pour aller les ranger à leur place.

Mais avant de tourner le coin du rayon approprié, elle se retourner pour vérifier que l’étudiant ne se trompe pas d’endroit. Ouf, au moins, lui, il savait identifier une cote, ce n’était pas un imbécile. Soulagée, l’épouvantable perfectionniste plaça manuellement les deux bouquins qu’elle avait entre les bras, avant de se faire moquer par Jarvey du ridicule de son geste, pour une sorcière. Elle régla finalement le compte des autres livres abandonnés dans ce rayon de quelques coups de baguette, tira la langue à son Chartier accompagné d’un regard assassin, et revint vers le centre de la bibliothèque où la plupart des gens s’installaient pour étudier, simplement parce qu’il y avait là plus de tables.

De loin, elle vit le Poufsouffle en train de ranger ses affaires, l’air d’un zombie fraîchement tiré de sa tombe. Les pauvres étudiants manquaient tous cruellement de sommeil, ces évaluations de LAMA et MASTER étaient encore pires que les BUSE et ASPIC qu’elle avait prise jadis.

-Si vous pensez revenir demain… proposa-t-elle en sachant qu’il le ferait, parce que les études ne pouvaient pas attendre. Vous pouvez juste laisser tout cela là, je ne déplacerai pas, et vous pourrai reprendre où vous l’avez laissé aujourd’hui. Ça ne me dérange pas.

Et puis ça lui ferait un espace de moins à nettoyer… Quoi que, au vu des comportements de Winchester, il ne semblait pas être le genre d’étudiant dégoûtant qui laissait un véritable saccage derrière lui.

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Sheireen n’avait pas particulièrement besoin d’un étudiant pour tirer les oreilles des élèves qui lui manquaient de respect. Elle avait (malheureusement) Jarvey pour les (cruellement) remettre à leur place. Son commentaire lui tira quand même un sourire, alors qu’elle songeait qu’au moins, les bonnes valeurs n’étaient pas complètement disparues. Et oui, si en effet son boulot sera (un peu) moins long si les bouquins revenaient tous au même endroit au départ… qu’ils soient éparpillés lui donnait une bonne raison de se balader dans les innombrables rayons de la bibliothèque, sans passer juste pour une rate en manque de bouquins. Pour elle, c’était un peu un mal pour un bien.

-Je ne m’en plains pas… chuchota-t-elle simplement en haussant les épaules.

Puis, embarrassée par la myriade de compliments, elle cessa de parler, se contentant de faire son boulot, songeant qu’elle n’aurait jamais pensé un jour être qualifiée de « courageuse », ce qui ne la définissait pas particulièrement, à son avis. Enfin, ils reviennent plus vers le centre de la bibliothèque où étaient réunies le plus grand nombre de tables.

-Ce n’est pas bête comme technique, je devrais peut-être changer mon propre bureau d’endroit de temps à autre aussi, pour me donner l'impression que ça ne fait pas cinq ans que je fais la même chose... s’étonne-t-elle lorsque Winchester lui assure qu’il préfère ne pas laisser traîner et qu’il allait de toute façon choisir une autre table le lendemain. Oh, mais non, c’est mon trav… bon d’accord… Merci.

Elle avait essayé de protester en voyant le jeune Poufsouffle tout ramasser et nettoyer comme un bon petit (géant) elfe de maison, mais il ne lui avait pas permis de l’en empêcher et avait déjà fini de toute façon.

-Eh bien, bonne soirée alors Monsieur Winchester, à demain, souffla-t-elle toujours un peu embarrassée, avant de se tourner vers ses quelques étudiants restants pour leur rappeler l’heure. Plus que trente minutes, après je vous envoie Jarvey pour qu’il vous escorte jusqu'à la sortie, lança-t-elle d’un ton pourtant doux et innocent, mais cette simple remarque suffit à convaincre plusieurs de quitter précipitamment les lieux. Après tout, les examens n’étaient pas pour demain…

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