Retenue à l'ancienne / Thorkellsson (Abandonné)

Roxanne soupire de soulagement en s’écrasant contre le dossier de la chaise de cette salle de classe où elle n’a jamais mis les pieds. Enfin la sainte paix. Pour une raison qui lui échappait totalement, sa retenue était sous la supervision du professeur d'étude des Magies anciennes cette fois-ci. Précisons l’emploi du terme « cette fois-ci », très important en la situation, puisque la Weasley collectionnait allègrement les retenues, c’était presque un jeu pour elle. Clairement, si elle était collée, c’était parce qu’elle l’avait voulu, ce n’était plus drôle sinon… Elle était devenue si douée pour faire ses coups sans se faire prendre que ça commençait à lui manquer de passer du temps en tête à tête avec des professeurs, donc elle avait fait exprès de se faire prendre… Oh, et surtout, ça avait permis à son frère de filer en douce et s’en sortir sans punition. Il avait si bien collectionné les colles cette année que, s’il se faisait prendre une fois de plus, il risquait de se faire retirer son poste de capitaine adjoint de l’équipe, et ça, sa sœur ne pouvait se le permettre!

M’enfin, elle était visiblement la seule étudiante en retenue avec Thorkelsson, du coup Roxanne avait apporté son cahier de Quidditch, avec ses notes et tactiques, bien décidée à faire semblant de s’attarder à ses devoirs alors qu’en vrai, elle préparait son prochain match. C’était sans se douter que le vélane avait prévu quelque chose pour elle, bien sûr. Il faut dire qu’elle ne connaissait rien du personnage, n’ayant pas choisi la matière l'année dernière, n'y voyant pas vraiment d'intérêt, et considérant que son nombre maximal de matières permises était déjà atteint. Sa curiosité n'avait juste pas été assez grande, en fait.

Cahier et plume en main, Roxanne griffonnait en attendant, son heure de retenue n’était pas encore commencée, et même si le professeur de surveillance était arrivé, il ne lui portait pas plus attention que cela encore. Et oui, elle arrivait régulièrement en classe en retard, mais ironiquement, elle était à temps pour sa colle… Faut dire qu’elle appréciait ses moments de calme et de solitude pour réfléchir. Même lorsqu’on lui avait fait récuré à la brosse à dent tout le plancher de la Grande Salle, Weasley en avait profité pour rêvasser. Tout en travaillant, des plans de matchs géniaux s’étaient dessinés dans sa tête, visualisés sur le sol même qu’elle nettoyait à la dure, puis elle avait pu retracer sur papier plus tard. C’était comme si le boulot contraignant l’aidait à mieux libérer son cerveau, du coup, on pourrait presque croire qu’elle aimait ça… Pas étonnant qu’elle s’était organisée pour se faire prendre.

-Hey Monsieur Thorkellsson? lui lance-t-elle et, malgré la politesse de la formule, son ton garde son habituelle nuance crâneuse. Comment je suis collée par vous au fait? C’est Miss Montgomery qui m’a pincée, pourtant. Pas que je sois indignée de votre adorable compagnie, je me questionnais, tout simplement… ajoute-t-elle avec une très légère pointe de sarcasme, suffisamment subtile pour qu’elle puisse être considérée comme de l’innocence.

Pas qu’elle se sente le moindrement attirée par le professeur vélane, bien entendu. Contrairement à bon nombre de jeunes femmes, elle ne ressent même pas la plus petite admiration, qui est pourtant habituelle avec les gens de cette origine. Les blondinets ne sont simplement pas son genre. Mais sa réelle absence d’intérêt pour les vélanes tient certainement du fait qu’elle a été élevée entourée de quatre descendants de ce sang, soit sa tante, deux cousines et un cousin. Peut-être a-t-elle été immunisée par leur proximité? Un peu comme on ne peut pas être allergique aux chats si on a soi-même possédé un félin toute son enfance? Weasley n’avait jamais pris la peine d’étudier le phénomène.

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Ah parce qu’il trouvait qu’elle faisait de l’attitude? Il la connaissait bien mal, pour l’instant, elle n’était encore pas si mal. Si elle avait vraiment voulu être arrogante, elle aurait posé ses pieds sur le bureau en se balançant sur les pattes arrières de sa chaise. En fait, parce qu’elle était réellementcurieuse de savoir ce qu’elle faisait ici, avec lui, elle s’était conduite de manière… bah, « exemplaire » pour ses habitudes, disons.

S’il pensait l’impression avec son ton froid comme s’il l’analysait, il ne fit que tirer un sourire en coin à la jeune femme, qui pencha légèrement la tête sur le côté, feignant un air innocent à la perfection.

-Quelle attitude? ose-t-elle répliquer en remarquant qu’il n’a même pas répondu à sa question, l’air sincèrement de ne pas saisir à quoi il faisait allusion. Non, je sais pourquoi je suis en retenue. Je me demande juste pourquoi c’est vous qui me la donnez, et pas Miss Montgomery.

Faut dire qu’elle préférait, et de loin, l’attitude de la nouvelle professeur de Soins aux Créatures Magiques. C’était marrant être collée par elle, certes c’était un peu salissant de récurer les enclos de hippogriffes, mais c’étaient des bêtes fascinantes à regarder de près. Quant à Thorkellsson, bah… Il ne lui inspirait rien de bien joyeux. Oh, certes, Roxanne n’était pas du genre à être intimidée par ce genre d’hommes qui se pensent certainement au-dessus de tous par son « âge vénérable », du coup c’était davantage de l’animosité qu’elle ressentait en le regardant, une antipathie naturelle, quoi!

Et c’était quoi cette pipe qu’il osait lui allumer dans la figure? N’étions-nous plus au vingt-unième siècle? Les professeurs (ni qui que ce soit) ne devaient plus avoir le droit de fumer dans un établissement scolaire depuis… bah… au moins les années 1980, au minimum non? Est-ce que McGonagall était seulement au courant de ce manque flagrant de respect que Thorkellsson avait pour la jeunesse? C’était d’une tristesse! Oh… peut-être… ouais… peut-être qu’elle irait s’en plaindre, tiens. Enfin, ça dépendait à quel point il la faisait chier avec cette retenue.

Puis, elle écouta les instructions… et fronça les sourcils, n'ayant réellement rien compris. Et comment était-elle supposée faire apparaître des éléments sans sa baguette, au juste? Pas un Einstein ce Øystæin, visiblement! Il n’avait pas réalisé encore que Roxanne ne faisait pas partie de ses cours? C’est vrai qu’avec toute la fumée qu’il devait projeter dans sa classe, possible que l’air était si floue dans ses cours qu’il était incapable d’identifier ses élèves.

-D’accord, réplique-t-elle pourtant en haussant les épaules et en posant son carnet de note sur son bureau, avant de se lever et s’approcher du foyer. Et j’imagine que vous m’expliquez comment avant? C’est une espèce de cours privé en accéléré de magie élémentaire? Parce que vous n’êtes pas sans ignorer que je ne suis pas inscrite à ces cours, bien sûr, ajoute-t-elle comme si ça allait de soi, d’un air de celle qui n’a pas peur d’un défi… À condition que le défi ne consiste pas à un attrape-nigaud qui le rend impossible à réaliser, comme elle soupçonnait que cette épreuve le soit.

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