Café chaud
Bon, Ariana devait reconnaître que qualifier Argus de « sympathique » était un peu tiré par les cheveux. Elle avait eu beau avoir une excellente (et rare) relation avec lui, elle n’avait pas été aveugle au point de ne pas voir à quel point il pouvait être aigre avec les autres élèves, voir détestable. L’étonnement de Shaun l’a fit donc rigoler à nouveau, et elle secoua la tête en croisant ses bras sur sa poitrine.
-Eh bien, tu l’avais sûrement cherché! se moque-t-elle lorsqu’il mentionne ses retenues imposées par l’ancien concierge. Sans rire, je sais qu’il n’était pas un ange, il n’a pas été plus tendre avec moi non plus lorsque je suis arrivée en première année. C’est quand la rumeur concernant mon absence de magie a commencé à circuler qu’il a changé d’attitude avec moi. Ça a commencé par des petites choses, comme fermer les yeux sur mes erreurs, me parler moins rudement, me saluer sans raison… Puis ont suivis les conversations, et en apprenant à mieux le connaître…
L’historienne soupira, empreinte de nostalgie aux souvenirs de sa jeunesse avec cet homme étrange et détesté comme guide au travers… cette difficulté que très peu de sorciers avaient à subir.
-Il est comme sa vieille chatte, en dessous de tout ce poil hérissé, quand on savait l’amadouer, on trouvait quelqu’un qui avait un cœur. Un peu rabougrit, je l’admets, mais un cœur tout de même. Et il m’a surtout aidé à savoir ce que je ne voulais pas devenir en tant que sorcière presque cracmolle.
Pas question qu’elle termine sa vie aigre et remplie de haine envers tous, ça non! Et elle avait bien fait tout en son pouvoir jusqu’à maintenant pour ne pas se laisser freiner dans ses ambitions malgré ce que certains qualifieraient « d’handicape ».
-Amère? s’étonna-t-elle, revenant à la réalité alors qu’elle s’était égarée dans sa tête. Non, pas du tout. Peut-être un peu nostalgique, mais pas amère. Il était plus que temps qu’il accroche sa serpillère, à mon avis, il a travaillé assez longtemps, et puis… c’est vrai qu’il n’était pas réellement fait pour ça, hein, être entouré de jeunes… se doit-elle d’admettre avec un sourire en coin.
Certes, elle avait été chanceuse de l’avoir quand elle en avait réellement eu besoin, au plus profond de son doute, mais… si un autre jeune passait par les mêmes difficultés, il ne serait pas seul. Ariana serait là à son tour.
Tout en discutant, elle avait laissé ses pas la guider jusqu’à la salle des professeurs, sans même s’en rendre compte. Les habitudes reviennent rapidement au galop à la rentrée. Elle en ouvrait la porte pour dévoiler la confortable et chaleureuse grande pièce munie d’une table de style « réunion » et quelques causeuses et fauteuils confortable, en plus d’un grand comptoir que les elfes de maison s’assuraient de garder bien garni de collations et breuvages. Un café fraîchement infusé reposait dans une grande carafe, sous un feu magique qui ronflait doucement pour le garder au chaud.
-Eh oui, les plus chanceux pourront rester pendant douze ans ici, c’est assez incroyables, j’aurais aimé avoir cette chance! Quoi que… dans les circonstances qui ont entourées la fin de ma septième année…
Encore une fois, elle eut un geste vague de la main pour chasser le sujet. Si elle avait eu le choix, en vérité, elle ne serait pas restée en huitième année, puisque c’était la guerre alors, et elle n’aurait surtout pas voulu avoir ses aînés comme professeur, quelle que soit la matière!
-Les universitaires vivent dans des résidences situées à Pré-au-Lard, les salles communes n’ont donc pas énormément grandi, elles ont juste été un peu réaménagées avec la reconstruction d’après-guerre. Sinon, tout est à peu près comme avant, le bureau de conciergerie est au même endroit, et tu pourras déposer toutes tes frasques dans l’appartement qui y joint. Je crois savoir où est cachée la porte qui y mène, j’ai déjà vu Argus en sortir. Je n’ai toutefois aucune idée de quel genre d’endroit il habitait, j’espère pour toi que ce sera conviviale… Et sinon, bah, les elfes se feront un plaisir de t’améliorer tout ça pour que ce soit plus à ton goût. En tout cas, ils ont fait beaucoup pour moi!
Il faut dire qu’elle était très gentille avec eux, aussi, ce qui n’était pas le cas de tous les sorciers. Disons que Carrow appréciait beaucoup pouvoir compter sur ces créatures magiques là où elle-même était déficience en magie, ça lui rendait un grand service… Comme là, elle se servait une tasse de café qu’elle n’avait pas été obligée de se préparer elle-même à la façon moldue, et pour elle, ça valait tous les gallions de Gringotts!
-Tu le prends avec du sucre et du lait? demande-t-elle en servant aussi une tasse à son nouveau collègue.