Je faisais bim bam boum - cette chanson rentre dans la tête, c'est horrible, pire qu'un Endoloris j'suis sûr, si j'avais su qu'elle se vengerait comme ça jamais j'aurai autant emmerdé sœur n°3, promis, je regrette et je recommencerai dès que j'peux - dans mon sac de boxe lorsqu'on frappa à ma porte. Ce qui était franchement bizarre, car les gens venaient pas me voir sans que je les invite d'habitude. Faut dire que j'ai des horaires qui changent d'une semaine à l'autre, et que j'bosse surtout le soir, et un jour du week-end sur deux. Y a de la chance que j'sois là d'ailleurs, la semaine dernière il ou elle aurait attendu comme un con devant ma porte pendant que j'servais des bierraubeurres à des étudiants plus ou moins frais. C'que j'adore mon job, c'est le même que ma maman en plus, cœur sur elle <3
Sans prendre la peine de me rhabiller, profitant du double-standard de cette société patriarcale qui fait qu'il est socialement acceptable pour un homme de se balader torse nu - ouais, j'avais bien profité des cours de sœur n°2 - j'allais ouvrir. J'pensais avoir reconnu la voix, ce qui faisait que j'avais un sourire idiot sur la gueule, et celui s'agrandit encore lorsque j'vis que jm'étais pas planté. Eliavres avait quitté sa tour d'ivoire pour m'honorer de sa visite. Quel honneur pour le vil manant que je suis.
Mais c'est ma Princesse ! Avec des pizzas !!! Dieu existe donc !
J'éclatais de rire à ma propre connerie, et je pris les pizzas, en profitant pour lui déposer un rapide baiser sur la joue avant de me sauver avec. Ouais, c'est pas parce que le blond s'obstine à pas vouloir couch... sortir avec moi que j'peux pas profiter des fois ! J'espérais qu'en prenant de l'âge, les quatre années qui nous séparaient aurait été gommées, mais j'crois que j'me suis fait friendzoner. C'est nul, c'est la vie.
N'empêche que j'étais très content de le voir ! Vraiment ! Maintenant que j'pouvais plus aller à Poudlard, je le voyais pas souvent. Contrairement à Lance, la princesse est pas trop soirées et bar. Et j'suis pas du genre à insister perso, trop prise de tête. Je posai les pizzas sur la table basse, à côté du cendrier plein de cendre froide et de mégots de cigarette. Je me tournai vers Eliavres, toujours tout sourire. J'avais pas prévu de la visite, et entre ma moto que j'ai, j'étais pas très propre et plutôt plein de sueur. Connaissant les goûts d'Eliavres en matière d'homme pour avoir parcouru en long, en large, et en travers les livres qui planquaient sous son lit, pas sûr que ça le dérange, mais vu qu'il s'était fait tout beau, j'pouvais bien enfiler un T-Shirt. Y a pas beaucoup de personnes qui s'font tout beau pour venir me voir 'près tout.
Fais comme chez toi, j'vais prendre une douche. Tu peux venir si tu veux ? Non ? T'es sûr ? Tu sais pas ce que rates ! Y a des bières dans le frigo si tu veux.
Par contre, c'était vraiment le bordel. J'vivais au premier et dernier étage d'une maison, et déjà, tous les toits étaient en pente dans ce fiche village, donc même si on était pas très grand, on pouvait facilement s'éclater la tête. Passé le minuscule vestibule (tout était petit chez moi, ça m'allait, le monde est suffisamment grand dehors), on arrivait dans le salon, et euh, bah la rangement c'est pas mon truc. La table à manger était surchargée de trucs électroniques en tout genre, dont un ordinateur éventrés en tout genre, et d'outils. Sur et autour du vieux canapé défoncé (tout était d'occas et retapé par moi-même à l'aide de la bonne vieille huile de coude sous-estimé par ces feignasses à baguette) se trouvait canettes et sachets de malbouffe en tout genre. Et des habits traînaient ici et là. Y avait que le meuble télé qui était correct, car c'est là où j'rangeais mes consoles de salon et mes jeux. Et certains étaient vraiment chiants à trouver maintenant, donc j'en prenais soin ! Pour couronner le tout, une odeur de tabac froid régnait dans la pièce. J'avais beau aéré souvent, elle avait fini par imprégner le canapé. Perso, ça me gênait pas, j'avais grandi dans ce genre d'odeur, je me sentais même chez moi quand je la sentais.
La cuisine, c'était pas franchement mieux. L'encadrure près de la table donnait dessus. Petite, sombre, son évier débordait de trucs à laver, et hum, à part les fameuses bières, on trouvait pas grand-chose dans le frigo. J'utilisais pas de magie chez moi, pour pas détraquer mes appareils électroniques. Déjà que pour internet, c'était mort, j'allais pas bousiller le reste en prime. L'autre encadrure du salon donnait sur un ridicule couloir, avec au bout, la salle de bains toilettes, et sur le coté, ma chambre.
C'est dans la salle de bain que je disparus, ramassant au passage un T-Shirt avec le symbole Playstation (le beau de la PS1 en couleur, pas le laid tout blanc là) qui traînait sur l'accoudoir du canapé. Lui je l'avais porté qu'une fois, ça ferait l'affaire. J'y restais 10 minutes chrono, et lorsque j'en ressortis, j'avais toujours mon bon vieux jean troué au genou gauche qui me tombait sur mes pieds nus, et tenu par ma bonne vieille ceinture noir à trous argenté, et mon beau T-Shirt.
En arrivant de le salon, je restais quelques secondes, adossés à l'encadrure, pour regarder mon invité impromptu mais très très désiré. Eliavres était vraiment beau et classe en toute circonstance. C'était ce qui m'avais sauté aux yeux la première fois que je l'avais vu, car c'était pas le type de gens que j'avais dans mon entourage. Je l'appelais pas Princesse pour me moquer, enfin si, un peu quand même, mais c'est vraiment ce qu'il m'inspirait. La beauté froide, et hautaine, inatteignable, qu'on avait l'impression qu'un rien pourrait abîmer. Et ces manières n'aidaient pas, mais sans ça, il serait pas Eliavres, et surtout, il serait pas aussi drôle à embêter !
Lorsque celui-ci finit par tourner la tête vers moi en se sentant observé, je lâchai l'air de rien :
Dis vu que t'es là avec ton gros cerveau plein d'O, j'me demandais tout à l'heure, tu crois que j'pourrais me transplaner jusqu'à la France sans me désartibuler ? J'suis sûr que j'serai toujours magnifique avec la moitié du corps en moins, mais ça risque d'être chiant pour vivre, tout ça... Mais j'ai trop envie d'aller voir sœur n°1. J'l'imagine, rentrant crevée de ses cours, elle allume la lumière et là bim, surprise ! Bon, j'me ferai sûrement défoncé la gueule, mais, hé, pour la beauté du geste quoi ! T'en penses quoi Princesse ?
Tout en parlant, je me pris une bière dans la cuisine, et m'assied à côté d'Eliavres. Je la décapsulai avec le briquet qui me quittait jamais et porta le goulot à mes lèvres pour une longue gorgée. De la bonne bière moldue, autre chose que leur truc sucré de sorcier là ! J'avais fait un petit effort de déco dans le salon quand même. J'avais accroché des photos de ma famille au-dessus de mon canapé. Beaucoup de mes soeurs et de maman, peu de mon père. La sac de boxe contre lequel j'étais en train de frapper était dans un coin de la pièce, accroché au plafond. Et j'avais réussi à chopper dans une brocante des affiches promotionnelles des vieux Final Fantasy, qui décoraient maintenant le coin télé. Franchement, j'étais pas peu fier de mon premier appart' !