Le temps commençait à se rafraîchir, et Usui profitait des dernières soirées de beau temps avant plusieurs mois en restant dehors jusqu'au couvre-feu. S'il n'y avait pas la mer à deux pas, le parc était magnifique, avec ses arbres et son océan de vert. Iel aimait bien se caler contre un arbre, près du lac, et faire ses devoirs en écoutant les oiseaux. Et bien sûr, iel emmenait son chat avec lui. Quand Yorû ne se prélassait pas au soleil, iel essayait d'attraper des insectes, avec plus ou moins (plutôt moins) de succès.

Ce soir-là, Usui était plongé.e dans un livre sur l'histoire des tentatives et échecs de contre-sorts des sortilèges Impardonnables, pour un devoir de DCMN. Comme le texte utilisait beaucoup de vieux mots anglais, voir latin ou grecque ancien, quand ce n'était pas juste des traductions de runes, et iel avait mis tout sa concentration dedans, sourcils froncés et tout. Iel ne surveillait donc pas Yorû, qui ne s'éloignait jamais bien loin de toute façon.
Sauf ce soir-là précisément. Le gros chat avait vu un très joli papillon, qui voletait tout autour de lui. Son instinct de dangereux chasseur s'était alors réveillé, et iel s'était lancé à sa poursuite, jusqu'à la serre. Là-bas, il y avait d'autres insectes, des tables où grimper, des plantes contres lesquelles se frottaient ! Il y avait même un autre humain à qui réclamer des friandises et des caresses ! C'était donc un endroit très très cool. Mais d'abord, il devait attraper ce papillon. Yôru bondit sur la table, faisant tomber au passager l'encrier. Yorû bondit aussi de surprise, ce qui lui fit perdre le papillon. Comprenant qu'il avait fait une bêtise, il s'enfuit se cacher parmi les plantes, miaulant plaintivement en réponse aux appels de l'humain femelle. Il allait encore se retrouver dans les airs, il en était aussi sûr qu'un chat pouvait l'être !

Lorsque la luminosité naturelle eut suffisamment baissée pour gêner la lecture, Usui referma son livre. Iel le remit dans son sac, se leva, et chercha Yorû du regard. Comme celui-ci n'était nulle part, lae Serdaigle regarda dans l'arbre, puis autour. Comme iel était nulle part, Usui commença sincèrement à s'inquiéter. Tout pleins de scénarios lui traversèrent l'esprit, dont les pires étaient que le kraken géant l'avait attrapé, ou que son chat était allé se perdre dans la Forêt Interdite. Peu probable certes, maiiiiis le risque zéro n'existait pas. Usui songea à lancer des sorts de repérage, mais il y avait tellement de passages d'animaux et d'humains ici qu'ils ne seraient pas concluants. Maudissant son inconscience, iel se mit à parcourir le parc, marchant d'abord, puis trottant. Ellui qui répugnait à parler, et encore plus à hausser la voix, se retrouva à crier son nom. Tant pis pour le couvre-feu ou sa santé, iel maitrîsait très bien le sort Lumos, et iel resterait toute la nuit à passer tout l'extérieur au peigne fin s'il le faut. Iel ne retournerait pas au château sans son chat !

Y a un très gros chat dans la serre!

Nayla n’avait pas encore eu le temps de constater que la noirceur avait doucement pris la place du soleil dans le parc, trop concentrée sur son travail, et elle n’avait aucune idée de l’heure qu’il était, ayant travaillé si fort à son devoir jusqu’à s’en oublier. Puis, distraite par le chat, elle n’avait pas non plus pensé à regarder par les fenêtres (pourtant nombreuses) de la serre, trop attirée par cette magnifiques (mais étrange) bête. Celle-ci avait tenté de se cacher dans les plantes, craignant peut-être le courroux de la propriétaire de l’encre renversée, mais c’était bien mal connaître la douce Poufsouffle qui, si elle était certes un peu agacée, ne déverserait jamais la moindre once de colère sur un animal aussi superbe.

Un petit miaulement lui parvint en retour de ses appels destinés à le rassurer, mais il lui fallut s’accroupir pour le trouver sous une table bien garnie de toutes sortes de végétation. Tendant prudemment une main vers le félin, Nayla garda tout de même une distance sécuritaire, au cas où l’animal n’apprécierait pas qu’on «perce sa bulle», lui susurrant à nouveau des mots gentils pour lui assurer qu’elle ne lui ferait rien et voulait juste vérifier s’il appartenait à quelqu’un. Bientôt toutefois, une voix inquiète se fit entendre à l’extérieur de la serre, appelant fortement le nom «Yôru», et le chat redressa ses oreilles et sa tête en direction de la porte.

-Bon, eh bien j’imagine que j’ai la réponse à ma question, tu as bien un maître. Et il te cherche. Viens, on va le retrouver ? Il a l’air bien inquiet.

Il ou elle? Bizarrement, Nayla avait du mal à mettre un genre sur la voix qui lui parvenait, mais elle avait aussi l’impression de l’avoir déjà entendue. Quoi que, ce ne serait guère étonnant, au vu du nombre de personne résident dans ce château, ça pouvait être n’importe qui. Comme le minet ne voulait pas sortir de sa cachette malgré les appels à l’extérieur, la jeune Drew abandonna sa tentative et mis le nez à la porte pour essayer de trouver le maître plutôt. C’est là qu’elle remarqua la noirceur tombée et s’inquiéta d’être en retard pour le couvre-feu…

-Lumos… chuchota-t-elle en agitant sa baguette, n’arrivant pas à trouver l’individu dans la pénombre naissante. Oh! Ishig… heu… Usui! appela-t-elle soudain plus fort en reconnaissant son/sa collègue du Club d’Astronomie. Par ici Usui! C’est toi qui appelle comme ça? Y a un très gros chat dans la serre, tu le cherches?

Pas question de commencer à ellui faire des reproches maintenant concernant son encrier, iel devait être mort.e d’inquiétude.

(Nathanaël étant officiellement supprimé, ce sera juste nous deux !)

Yoru avait vite oublié qu'il était censé se cacher d'une humaine pas contente et il se mit à fureter parmi les plantes. Heureusement pour lui, celles dans la serre n'étaient pas dangereuses, mais certaines n'aimaient tout de même pas être embêtées. Le chat se frotta d'un peu trop près, littéralement, d'un champifleur, qui en représailles produit une fumée de spores qui se mit à faire tousser le gros félin, de ses adorablement petits éternuements qu'avaient les chats. Mais y avait-il une chose qu'ils faisaient qui n'étaient pas adorable ? De l'avis d'Usui, non, clairement pas, sauf lorsqu'il s'agissait de ramener triomphalement des cadavres d'animaux. Heureusement, son paresseux Yoru avait vite arrêté de faire ça.

Pendant ce temps là, Usui avait entendu, puis vu grâce à leurs Lumos respectifs, une petite silhouette à côté de l'entrée d'une des serres. S'approchant au pas de course d'elle, iel ralentit à peine lorsqu'elle lui confirma que Yoru était bien ici, et entra dans la serre.
Chose rare, Usui avait donc sa baguette à la main, comme elle lui servait pour le sort Lumos (qu'iel avait fini par sortir, la luminosité ayant bien baissé). Et si iel avait moins l'habitude de s'en servir que de ses mains pour lancer un sort, iel restait redoutable avec. De plus, iel était déjà très stressé, après tout ce temps à avoir chercher son chat adoré sans savoir si iel le retrouverait. Alors, lorsqu'iel vit Yoru, attaqué par les spores d'un champignon qui aurait très bien pu être toxique, iel ne réfléchit pas. En prenant deux secondes de réflexion supplémentaire pourtant, il aurait reconnu l'inoffensif champifleur, plante courante qui poussait aussi dans son pays, et dans le reste du monde. Mais Usui n'avait clairement plus le temps, et d'un regard assassin venant de cette peu impressionnante personne, un jet de lumière bleue surgit de la baguette, filant droit vers le champignon. Celui-ci fut proprement réduit en cendres. Usui était un.e puissant.e sortceleureuse, même si iel n'en avait pas forcément l'air au premier abord, et lorsqu'iel ne se contrôlait pas, ses sortilèges de Réduction étaient redoutables. Et là, iel n'avait pas cherché à se retenir.

Rangeant sa baguette dans sa poche, encore tout ébouriffé.e de sa recherche, iel attrapa son chat, qui louchait, surpris que la méchante plante est soudainement disparu. Iel serra Yoru si fort que celui-ci en miaula de protestation, Usui desserra donc sa prise. Iel frottait sa joue contre le crâne de son chat, qui finit par ronronner, pendant que saon propriétaire le grondait gentiment en japonais. Iel avait eu trop peur, et était trop soulagé.e de l'avoir retrouvé, pour être vraiment en colère contre lui, malgré la belle frayeur qu'il lui avait causé.

Ne recommence pas, tu m'as vraiment fait peur.

Se rappelant que quelqu'un l'avait aidait, lae Serdaigle se tourna alors vers Nayla. Iel avait reconnu sa jeune kohai du club d'Astronomie, et iel s'inclina profondément devant elle, son chat toujours contre lui, symbole de la grande reconnaissance qu'iel éprouvait pour elle à cet instant.

Merci.

PEUT-ETRE avait-iel légèrement suréagi. Peut-être. Mais il y avait plein de plantes dangereuses dans les serres et entre l'inquiétude et la vision amoindrie par l'obscurité, iel n'avait même pas cherché à comprendre, même si maintenant iel reconnaissait les inoffensifs champifleurs. Ce n'était qu'une plante commune, parmi toutes celles de la serre, alors que Yoru, lui, était unique. Iel estimait donc sa réaction parfaitement légitime, et iel n'allait certainement pas s'excuser. Iel était très entêté.e.

Elle a embêté Yoru.

Iel voyait que ça semblait toucher sa kohai, et ça le dérangeait quand même un peu. Certaines personnes étaient très attachées aux plantes. Mais bon, ce qui était fait était fait, même avec toutes ses connaissances iel n'aurait pu ressuscité un être vivant.
Maintenant que lae Serdaigle avait retrouvé son chat, iel sera bien parti.e. Il y avait du chemin à faire jusqu'à Pré-au-lard. Mais après ce qu'iel avait fait, et comme elle l'avait aidé, iel ne pouvait tout simplement pas partir en laissant Nayla plantée là. Iel lui répondit donc, la trouvant tout de même très gentille.

Je ne sais pas. Ma mère l'a ramené d'un refuge lors qu'il était chaton. Mais il n'était pas aussi gros avant. Désolé.e s'il t'a embêté.

Rajouta-t-iel en avisant la fiole brisée et l'encre renversée. La délicatesse légendaire de Yoru avait encore frappé apparemment. Iel posa son chat sur la table, qui alla renifler Nayla afin de voir s'il y avait moyen de gratter des caresses ou un peu de nourriture. Lea japonais.e sortit sa baguette, et d'un geste de celle-ci, reconstitua la fiole, qui eut l'air comme neuve. Et d'un autre geste, l'encre se décolla du sol et de la table, retrouvant sa forme liquide, et guidée par la baguette, retourna dans son contenant. Iel ne pouvait rendre le temps perdu à Nayla pas sa faute. Mais lui rendre ses affaires en bon état, ça c'était dans ses cordes.
Son devoir accompli, Usui reforma son chignon, qui tenait grâce à sa baguette savamment plantée dedans, et dit, en reprenant Yoru dans ses bras.

C'est bientôt l'heure du couvre-feu. Rentrons.

Comme il était tard et que le parc n'était pas très bien éclairé, iel la raccompagnerait au moins au château. C'était le rôle du sempaï de veiller sur le kohai.

Les sorts utilisés pour récupérer l'encre n'avait rien de bien compliqué. Un simple changement d'état de la matière, la passant du solide au liquide, suivi de lévitation pour la remettre dans l'encrier. La seconde partie était plus délicate, car il fallait être précis et concentré pour garder la matière liquide concentrée sans en mettre partout et la remettre dans un si petit objet.

Pendant que Nayla terminait son devoir, Usui s'assied à côté d'elle, reprenant Yoru sur ses genoux pour le caresser. Iel avait arrêté la botanique après ses buses, et de toute façon les plantes qu'iel avait étudié étaient asiatiques, iel ne pouvait donc pas l'aider. Et si iel ne comprenait pas pourquoi la jeune fille voulait absolument finir son devoir ici, quitte à risquer une retenue ou une perte de points si elle arrivait en retard, iel était décidé.e à attendre qu'elle eut fini. De toute façon, le couvre-feu était moins sévères pour les étudiants universitaires. Iel secoua donc la tâte lorsqu'elle lui dit de ne pas l'attendre. Yoru ronronnait comme un bienheureux sur ellui, iel pouvait donc bien attendre quelques minutes supplémentaires.

Lae Serdaigle ne tarda cependant pas lorsque Nayla lui signifia qu'elle avait fini. Iel se leva, son chat dans ses bras. Usui avait bien une fine montre à son poignet (indispensable pour bien s'organiser et ne pas arriver en retard à un cours, un entraînement ou à un rendez-vous), mais iel n'eut pas le temps de lire l'heure que l'on entendit au loin sonner la grande horloge du château. Bien, ils étaient officiellement en train de griller le couvre-feu à partir de maintenant. Usui soupira, et lui fit signe de passer devant de la tête.

Tu es en retard. Viens.

L'obscurité rendait plus difficile de se promener dehors, même si elle évitait qu'ils soient trop facilement vu. Mais il n'avait pas plu, et le chemin était facile d'accès, ce n'était pas non plus pénible. La nuit était fraîche, et Usui espéra qu'il n'allait pas s'enrhumer. Cependant, la nuit était claire, et les premières étoiles apparaissaient dans le ciel. Malgré la situation, lae japonaise pressait à peine le pas. Inutile de se tordre la cheville dans un trou. Iel pouvait donc les admirer, levant le nez en l'air de temps à autre. Iel finit par confier à sa kohai du club d'Astronomie :

Le ciel est encore très beau ce soir. C'est dommage que le couvre-feu nous empêche d'être dans le parc la nuit. A Pré-au-Lard, la lumière des... lampes de rue gâchent un peu le ciel.

Ellui ne se lassait pas de regarder le ciel britannique, différent de ce qu'iel pouvait observait au Japon. Et si le toit de la Grande Salle était très beau, rien ne valait de pouvoir regarder les astres célestes au plein air.

Usui n'avait pas eu l'intention de l'accompagner à l'intérieur du château. Iel savait pertinemment qu'iel n'avait pas le droit d'être dans l'enceinte de Poudlard après le couvre-feu, et iel n'avait aucun intention de perdre le précieux temps qui lui servait à étudier en retenue.
Arrivés devant la porte du château, lae Serdaigle s'arrêta donc. Nayla était arrivée entière, à elle de se débrouiller maintenant pour ne pas se faire attraper. Elle n'était pas si en retard que ça, elle ne devrait pas non plus avoir beaucoup de problèmes si elle se faisait prendre, mais dans tous les cas ça dépendait d'elle.
A nouveau, Usui s'inclina légèrement devant elle, autant pour lui dire au revoir que pour s'excuser une dernière fois pour toute la gêne occasionnée à cause de son incapacité à surveiller son chat, et de la curiosité de celui-ci.

A bientôt au club alors, Nayla-san. Désolé.e que l'on ait perturbé tes devoirs, avec Yoru.

Celle-ci n'avait pas l'air de lui en tenir rigueur cependant, et encore moins au chat. Il est vrai que les gens avaient tendance à facilement pardonner à ce gros mais attendrissant maladroit. Une magie féline sans doute, bien plus puissante que ce que l'on pourrait penser. Celui-ci ronronna, content d'avoir des gratouilles. Comme beaucoup d'animaux, il adorait celles derrière l'oreille. Usui trouva la scène très mignonne (il faut dire que sa kohai était vraiment adorable) mais sérieux.se jusqu'au bout, iel secoua la tête en la reprenant avec bienveillance :

Pars, ou tu vas te faire attraper.

Et pour soustraire la tentation à ses yeux, ellui-même tourna les talons, empruntant le chemin pour Pré-au-lard. Au bout de quelques minutes, iel lâcha Yoru pour qu'il trottine tranquillement autour de ellui. Bon, ça l'avait mis en retard cette histoire, et ellui aussi avait des devoirs à faire. Iel avait bien peur de devoir sacrifier un peu de son temps de sommeil, mais bon, c'est pas comme si iel n'avait pas l'habitude !