Lancelot voit clair dans mon jeu, il garde un air nonchalant qu’il n’avait pas encore arborer depuis mon arrivée dans sa chambre étudiante. Il semble de nouveau à son aise. Et bien que pour moi tout aille de mal en pis, c’était au moins un point positif à la situation que je vivais. « Tu es bien renseigné à ce que je vois. » Les origines vélanes de Soren ne sont pas forcément connu de tous mais… il fallait reconnaître que c’était plutôt évident il me semble ? Je ne sais pas. J’aurais mieux fait de ne pas faire de remarque à ce sujet… Le connaissant, il va se mettre à penser des trucs bizarres sur la relation que j’entretiens avec Diana et je ne saurais plus comment m’en sortir.

« C’est toi Henry…la fenêtre est ouverte depuis tout à l’heure. » Oui pas de doute possible. En passant ma main sur mon front, je me rends bien compte que ce n’est que moi. Espérons qu’il laisse de côté le sujet sur la professeur des potions et j’attends sa prochaine remarque en était plutôt tendu. Même Merlin me fixe étrangement. Le monde entier semble remarquer que quelque chose ne va pas. Il se penche vers moi avec un air sérieux. Je sers les dents, priant de toutes mes forces pour qu’il ne se montre pas trop curieux… « Henry…je…comment dire…je ne suis pas attiré que par les femmes. »

Tellement soulagé qu’il ne me parle pas de Diana, je pousse un petit soupir d’aise et je réplique en souriant. « Ah d’accord… bien bien. » Puis j’assimile ce qu’il vient de me dire et je perds mon sourire en commençant à comprendre. Je préfère répéter pour être bien sûr. « Comment ça tu n’es PAS attiré que par les femmes ? » J’insistais bien sur la négation que je n’avais pas entendu la première fois. J’étais en train de m’enfoncer là, je devais me rattraper illico presto. « Enfin je veux dire… d’accord. Tu… Tu fais ce que tu veux… Je… Ok… J’assimile l’information. »

Déjà que Lizbeth a du m’expliquer qu’elle était gay alors que je comprenais que dalle, me voilà dans la même situation avec Lancelot ! Ce sont des sujets que je connais peu et j’espère vraiment ne pas passer pour un demeuré en demandant des précisions. Mais c’est indispensable pour moi, je me sens trop largué sur le sujet. « Quand tu dis que tu n’es pas que attiré… ça veut dire que tu es attiré par les hommes et par les femmes ? Tu es bisexuel du coup ? Un truc du style ?  » Il… était en train de me faire son coming-out si je ne m’abuse. C’est vraiment pas le moment de jouer au vieux con. « En tout cas, merci de m’en parler. C’est que tu as assez confiance en moi pour le dire… Je suis très touché. »

Peu importe sa sexualité, Lancelot reste Lancelot. J’avoue que je ne serais peut-être pas le premier à l’aise si je le voyais fricoté avec un mec… Mais ! Pour son bonheur, je serais prêt à revoir mes vieux principes poussiéreux. « Tant que tu es heureux, c’est le principal !  » Ajoutai-je en retrouvant mon sourire et ma bonne humeur. En m’asseyant de nouveau au fond du fauteuil, je tentais de me détendre un instant en cherchant un sujet pour détourner son attention.

Si le lancer de dé est paire :



Si le lancer de dé est impaire :

Lancelot me paraît à l’aise avec le sujet, je ne suis pas passé pour un vieux con. Ouf. « Oui, j’aime les garçons et les filles, enfin j’aime c’est un bien grand mot parce que l’amour bon…enfin bref pour faire simple je suis bi en effet. » Sa remarque sur l’amour m’a fait sourire. Je savais bien que ce n’était pas évident pour lui de parler de sentiments. Il était grandement plus à l’aise dans la séduction tout court. Il était très différent de moi sur le sujet mais entendre son point de vue et débattre sur le sujet était toujours intéressant.

Alors que j’étais debout, il se lève à ma hauteur et je vois bien que son regard à changer. Il n’a plus envie de mentir, de m’envoyer promener et je l’en remercie intérieurement. C’était rude pour moi quand il me prenait en punching ball. Au contraire, c’est dans un élan d’affection tendre qu’il vient à mes côtés et me prend dans ses bras. Ravi, je l’accueille. Parfaitement à l’aise avec le jeune homme que je considérais comme mon fils, sans la moindre hésitation. « Merci Henry, tu es la personne en qui j’ai le plus confiance de ma vie. » Voir le grand Lancelot me témoignait tant d’affection me donne du baume au coeur. « La réciproque est vraie mon grand. »

C’est dans cet élan de compassion qu’en me rasseyant, j’ai tout déballé sur mon histoire de paternité caché. Caché malgré moi, un secret dont j’ai été complice sans le savoir et qui était une véritable poids pour moi en ce moment. La réaction du Serpentard ne se fait pas attendre. Les yeux grands ouverts, il laisse échapper ces mots : « Oh putain le bordel ! » Le silence est lourd, je ne sais pas quoi dire de plus. C’est lui qui finit par demander : « Et…elle le sait ? » Un peu honteux, je baisse les yeux pour lui répondre.

« Je n’ai pas encore réussi. Je… je ne sais pas comment m’y prendre. » Je bégaye presque tellement je suis dépassé par ce sujet de conversation. Entre honte, impatience, colère, incrédulité… Toute cette histoire me retourne moi aussi. « C’est… plutôt un sujet difficile. » Ma main tremble, je sens presque les larmes au bord de mes yeux. « J’ai eu des doutes depuis longtemps mais… sans jamais oser… Si je me présentais et qu’elle n’était pas ma fille ? Diana a faite toute sa scolarité alors que j’étais l’apprenti de Madame Pomfresh… J’ai toujours été proche de Skylar qui est prof de divination aujourd’hui et… Je n’ai jamais pu l’approcher. »

Je me sens vraiment comme un idiot fini. Un incapable, doublé d’un couard qui ne sait pas comment prendre ses responsabilités… 28 ans plus tard. « Elle doit tellement m’en vouloir. Je n’ose pas imaginer sa réaction. » Mes mots sont dures, je laisse transparaître une partie de moi que je déteste profondément. Alors que mon poing tremble plus intensément, une larme coule sur ma joue. « On peut vraiment devenir père si longtemps après tu crois ? » J’essuie rapidement l’humidité d’un revers de manche. « Désolé… de te mêler à ça. Je te parle de paternité alors que tu es si jeune… je suis complètement à côté de la plaque. »

Les paroles de Lancelot font mouche et m’aide à prendre du recul.« Pourquoi elle t’en voudrait ? C’est stupide ! C’est a sa mère qu’elle devrait en vouloir. C’est elle qui a menti cette… » Il se lève brusquement, énervé et je suis heureux qu’il n’en dise pas plus. Elle ne mérite pas ça. Mon coeur refuse de l’entendre. Il prend du temps avant de se rassoir et je vois la tristesse dans ses yeux quand je lui pose la question sur ma paternité tardive. Il pose sa main sur mon bras et me répond : « Tu n’es pas a coté de la plaque. Tu es la personne la plus gentil et honnête que je connaisse. Tu n’as rien fait de mal dans l’histoire…sauf oublié de mettre une capote. »

J’étais content qu’il me dise ça. Jusqu’à la fin de sa phrase. Je lui jetais un regard surpris qui réussit à me distraire de ma détresse. Il était fort le petit. Son langage fleuri me surprendra toujours. Il tousse en voyant que son trait d’humour à échouer et reprend : « Excuse-moi. Mais sérieusement, je tuerais pour avoir un père comme toi. » Vraiment ? Cela m’allait droit au coeur à un détail prêt. Je posais ma main à son tour sur la sienne. « Ca me touche beaucoup Lancelot. Mais je t’en prie. Ne tues personne. Même pas pour ça. Je suis très sérieux. » Et voir mon Lancelot à Azkaban ? Et puis quoi encore ! Je ne pourrais plus venir le voir ce serait pire que tout.

Je retire ma main de la sienne ne sachant pas si cela le gêne ou non. Mais ses mots m’aident beaucoup à relativiser. « Merci Lancelot. Ca m’aide ce que tu me dis. Vraiment. Du fond du coeur. » Puis une idée me traversa l’esprit. Une idée folle. J’allais devenir père très bientôt. Par des circonstances étranges. Alors peut-être que… Cette idée pourrait lui plaire ? « J’ai… j’ai quelque chose à te demander… Mais tu peux refuser, je comprendrais parfaitement tu sais. Pas de chichi entre nous. »

Je me tournais vers lui, cette idée folle brillant dans mes yeux. On venait de traverser des choses sacrément étranges et intenses lui et moi aujourd’hui. On était plus à une folie prêt. « Si l’idée te plaît seulement hein mais… » Il baissa les yeux un instant, prit une inspiration pour ne pas perdre courage et avoir peur de se ridiculiser et lui demanda en relevant la tête. « Ce ne serait qu’une histoire de paperasse mais… si tu le souhaites, je pourrais devenir ton parrain ? » Lancelot avait déjà un père, il ne pouvait pas l’adopter en tant que tel. Mais, avoir une vraie place dans sa vie lui ferait plaisir.

La réaction de Lancelot est sans appel, il est vraiment très surpris. Je regrette un instant de lui avoir proposé. Bien sûr qu’il va refuser. Je ne suis qu’un infirmier qui a pris soin de lui, de là à espérer plus… « T…tu te fou de moi non ? Hein ? T’es sérieux ? » Il se lève et tourne dans la pièce, soudainement furieux. Je suis paralysé par la surprise, n’aillant pas pensé une seconde qu’il puisse réagir si vivement. Il se prend la tête dans les mains en s’asseyant sur son lit. Il s’est tellement agité qu’il m’en a presque donné le tournis. « Henry s’il te plait…dit moi que c’est vrai ? Je ne veux pas espérer pour rien. »

Je sors de mon état de choc et me lève à mon tour pour le rejoindre. Je me penche vers lui, posant ma main sur son épaule. « Hé ! Hé mon grand ! Tout va bien... » Je m’assois à ses côtés, doucement pour ne pas que mes genoux ne craquent trop fort… Le grand âge vous savez… « Bien sûr que c’est vrai. Je ne ferais pas de blague sur un sujet si grave ! Et je m’excuse encore pour tout à l’heure... » Sans réfléchir, je passe mon bras autour de son épaule pour l’inviter dans une étreinte chaleureuse.

« Et bien quelle journée ! On sera passé par tous les états aujourd’hui tu ne crois pas ? » Merlin ne tarde pas à nous rejoindre, grimpant sur le lit puis se blottissant sur mes genoux. Je passe ma main sur mon épaule pour le frotter légèrement pour le taquiner un peu. « Je peux t’appeler mon filleule alors ? » Puis en posant ma joue contre sa tête j’ajoute : « On pourrait même aller faire ça à New-York un week-end. Je te montrerais là où j’ai vécu quelques temps. Ca me ferait plaisir. » Je crois que je n’ai jamais été si heureux de toute ma vie qu’à ce moment précis.