Premiers pas de fonction [Soren] [TERMINE]

Comme cela devait se faire dès le premier jour de prise de fonction en tant que nouvelle préfète, Deryn alla se présenter au bureau du directeur des Serpentards. Elle vint, de fait, se présenter... Seule, car son camarade préfet, lui, avait manifestement plus à faire à se vanter dans la salle des Serpentards que de faire son travail en bonne et due forme, ce qui ne manquait pas d'agacer Deryn. Non pas qu'elle ne comprenait pas ce besoin de se mettre en avant : elle ne s'en était pas privée elle non plus, bien sûr, terrorisant gentiment les premières années pour bien se faire respecter et qu'ils comprennent bien qui ils avaient en face. Mais elle aurait tout de même apprécié qu'il aille jusqu'au bout des choses, et qu'il n'utilise pas leur statut commun pour lui refiler quasiment tout le travail. Toutefois, Deryn ne s'inquiéta pas sur ce point : elle saura le lui faire payer, à un moment ou un autre, pour qu'il comprenne bien que ça ne va pas fonctionner comme ça.

Quoi qu'il en soit, Deryn comptait bien faire bonne impression sur Soren en faisant son travail de préfète comme cela se devait d'être fait. Non pas par excès de zèle, mais bien pour montrer qu'elle était à la hauteur de la tâche, et qu'on pourrait lui confier en temps et en heure la direction des préfets sans que cela ne puisse être contesté. Aussi avait-elle pris la peine de préparer une liste de nom des élèves s'étant montrés récalcitrants aujourd'hui chez les anciens Serpentards, et une autre liste reprenant les observations qu'elle avait pu relever sur les nouveaux Serpentards. Après tout, elle était au plus près du terrain, cela lui serait sans doute utile de savoir ce qu'il en était.

Toquant alors poliment à la porte du directeur et attendant son autorisation d'entrée, Deryn se présenta donc au directeur avec tout le respect qu'il se devait. Attendant qu'il lui donne la parole, elle formula donc la raison de sa venue de manière très formelle.

"Bonjour, professeur Hastein. Je viens vous faire mon premier rapport pour la rentrée des élèves Serpentards. Quelques élèves des classes supérieures se sont particulièrement fait remarqués, je peux vous fournir une liste de leurs méfaits si vous souhaitez y adjoindre une punition supplémentaire particulière."

Sa propre liste était en réalité très courte car elle s'était montrée juste, jouant son rôle de préfète à la perfection en remettant les points sur les i aux élèves qui avaient envie de tester son autorité. En réalité, seuls trois élèves pouvait réellement faire l'objet d'une attention plus particulière - et encore, cela restait, selon elle, de l'ordre de l'avertissement disciplinaire actuellement. On était que le premier jour de la rentrée après tout.

D'un ton plus lent et moins formel, Deryn ajouta ensuite doucement.

"Je peux également vous fournir une liste des problèmes rencontrés chez nos premières années et une première idée de leur comportement, si cela peut vous aider. Les quelques... Moldus-nés ont été quelque peu chahutés par certains, et même quelques sangs-mêlés, mais une forte remise à sa place des chahuteurs a réglé le problème, au moins temporairement."

Elle avait failli les nommer "sangs-de-bourbe", pour reprendre le surnom péjoratif communément utilisé chez les Serpentards, elle comprise, mais Deryn s'était reprise au bon moment. Elle savait parfaitement que leur directeur ne plaisantait pas à ce sujet, se montrant particulièrement sévère avec les élèves qu'il prenait à faire cette "erreur". Et si Deryn ne voyait pas vraiment en quoi c'était si grave, elle respectait cette décision et la faisait appliquer à la lettre. Cela risquait d'être difficile et sans doute les dérapages seraient nombreux, mais tant que cela restait dans une certaine limite et ne tournait pas mal, cela devrait se tasser, comme d'habitude. Mais il était évident que cela n'allait pas se faire facilement.

Toutefois, si Deryn présentait impeccablement, il était évident que quelque chose la tourneboulait actuellement. Et pour cause : elle avait enfoui dans sa tenue le petit bout de serviette que lui avait passé Nayla, l'enjoignant à la rejoindre derrière un passage secret après le couvre-feu. C'était immanquablement une entorse au règlement, et ce depuis le premier jour, qui plus est. Et Deryn était fortement partagée entre son devoir de préfète qui l'enjoignait de la dénoncer, preuve à l'appui, son envie de la revoir dès ce soir pour discuter longuement avec sa meilleure amie et l'envie de la tancer pour prendre de telles risques la nuit.

Dernière édition par Deryn Slughorn le Ven 14 Aoû - 17:02, édité 1 fois

Soren s'offrait une pause bien méritée dans son bureau. Une tasse de thé à la main, son journal de la semaine dans l'autre, il se tenant au courant des dernières nouvelles du monde du duel lorsque l'on frappa à la porte. S'il faisait ça ici et non pas dans ses appartements au château, c'est pour être disponible pour les autres. Il replia donc son journal sans soupirer, le rangeant dans son bureau, avant de déclarer :

Entrez.

La porte s'ouvrit sur la nouvelle préfète du cursus classique de cette année. Soren n'avait pas encore eu l'occasion de l'entretenir sur son nouveau rôle, et il était donc heureux qu'elle vienne le voir d'elle-même. Il lui fit signe de s'asseoir de l'autre côté de son bureau.

Oh, c'est vous Miss Slughorn. Installez-vous je vous prie. Il attendit qu'elle s'exécute, en profitant pour finir son thé, et lui demanda : Que puis-je pour vous ?

L'écoutant, il tendit la main pour voir les fameuses listes dont elle parlait. Décidément, ses élèves aimaient bien les listes cette année. Il les lut en souriant. De ce qu'il voyait là, le choix d'en faire une préfet avait été judicieux. Il la complimenta, pour encourager ses efforts :

Vous prenez votre nouvelle fonction très à cœur Miss Slughorn. C'est tout à votre honneur. Continuez ainsi.

Il n'y avait rien d'inhabituel dans son rapport. Les bêtises habituelles de début année, saupoudrée d'un peu de la discrimination anti-moldu, spécialité de la maison vert et argent. Soren n'avait pas envie de sévir aussi vite, il savait que dans pour la plupart des cas, cela se calmerait rapidement. Pour ceux et celles qui ne rentraient pas dans le rang, il serait toujours temps de sévir.

Inutile de les punir plus, nous ne sommes qu'en septembre. Mais je passerai en salle commune pour rappeler ce qui est toléré, et ce qui ne l'est pas, dans notre maison.

Hors de question que la maison Serpentard soit de nouveau le vecteur d'une nouvelle guerre. Soren était le premier à reconnaître que les moldus étaient inférieurs aux sorciers, mais ce n'était pas une raison pour vouloir les réduire en esclavage ou de les détruire, et encore moins pour maltraiter les sorciers et sorcières qui avaient eu la malchance de naître parmi eux. Le directeur des Serpentard serait intraitable à ce sujet. L'ère des Mangemorts était finie, certains allaient devoir en faire leur deuil. Et ça passait par la formation des préfets. Soren reprit donc fermement son élève, inconscient de ce qui tourmentait la jeune fille. S'il s'en était soucié, il n'aurait sans doute pas cherché plus loin qu'un problème de coeur, courant chez les demoiselles de cet âge.

Par contre, Miss Slughorn, le terme correct est né-moldu. Et inutile de faire cette tête lorsque vous le prononcez, ce n'est pas un gros mot. Vos camarades d'hérédité moldue sont sorciers avant tout, ne l'oubliez pas. En tant que préfète, vous devez montrer l'exemple.

Un petit ange passe, et Soren se demanda un instant si la jeune préfète avait aussi mal prise que ça sa remontrance. Mais visiblement, ce n'était pas qui occupait son esprit. Lorsqu'elle ouvrit la bouche, c'est pour poser une question si stupide que le directeur ne répondit pas immédiatement, pas sûr de ne pas avoir bien compris. Mais non, sa préfète venait bien de lui demander s'il fallait décourager le fait que de plus en plus d'élèves enfreignent le règlement. Incroyable. Soren inspira avant de répondre de la façon la plus posée possible. Avoir à faire à des jeunes gens n'étaient pas facile tous les jours. Il en regrettait presque son compliment précédent.

Bien évidemment. Le règlement est le règlement, et à part cas de force majeur, il n'y a aucune raison justifiant de brûler le couvre-feu. Si les élèves de différents maisons veulent se retrouver, qu'ils le fassent en journée. Entre les clubs, la grande Salle, la bibliothèque, le parc et Pré-au-Lard, il y a bien assez de place pour ça.

Il croisa ses mains et darda un regard perçant sur son élève. Elle paraissait bien trop gênée d'un coup, et sa question était beaucoup trop spécifique et étrange pour qu'elle ne cache pas quelque chose. Et si sa préfète, à peine en fonction, avait déjà des cachotteries et des envies d'abus de sa position, ça n'allait vraiment pas le faire. Soren n'aimait pas sévir contre ses élèves, encore moins ceux de sa propre maison, mais il n'hésiterait pas si il n'avait pas le choix. Il laissa cependant une chance à la jeune fille de confesser ses potentielles fautes en lui demandant :

Auriez-vous quelque chose à m'avouer, Miss Slughorn ?

L'explication de sa préfète ne l'avait pas convaincu, tant celle-ci semblait nerveuse. Il se promit donc de garder un oeil sur elle pour découvrir ce qu'elle avait en tête, mais ne cherche pas à pousser l'interrogatoire plus loin. Quoi qu'est en tête la jeune fille, il doutait de la faire parler à moins de lui faire perdre tous ses moyens, et il n'avait pas très envie d'en arriver là.

Aucune tolérance à ce sujet. Si vous trouvez réellement que cela se multiplie, j'en toucherai un mot aux préfets-en-chef et à mes collègues. Merci d'avoir porté ce sujet à ma connaissance.

La suite lui fit lever un sourcil dubitative. Certes, faire de la lèche était dans les manières de la maison, mais de façon aussi peu subtile... Soren était habitué à ce genre de compliments, depuis qu'il était un riche et célèbre champion, et surtout de la part des jeunes femmes qui apprenaient qu'il était veuf, et donc disponible sur le marché. Il en fallait bien plus pour le faire gonfler, lui qui savait parfaitement ce qu'il valait. Les flatteries maladroites ne lui firent ni chaud ni froid, à peine l'amusèrent ou l'agacèrent-elles. Le directeur soupira, avant de secouer la tête.

Il n'y a pas de maison plus noble que les autres, Miss Slughorn. Le courage des Gryffondor vaut autant que l'intelligence des Serdaigle, qui est aussi importante que la loyauté des Poufsouffle, qui égale l'ambition des Serpentard. C'est des gens pensant comme vous qui ont été responsables des deux guerres qu'ont récemment connu votre pays. La noblesse n'est pas une question de naissance, mais d'état d'esprit, d'éducation. Cela m'ennuie de le reconnaître, mais j'ai vu des né-moldus se conduire plus noblement que certains de mes pairs sang-purs.

Il marqua une pause, avant de reprendre plus doucement, souriant à son élève. Son but n'était pas de la braquer, ou de la disputer, mais du lui faire comprendre qu'elle s'engageait sur un mauvais chemin avec ce type de pensées. L'éducation de ces jeunes gens faisait partie de ses devoirs à présent, et en tant que sang-pur aristocrate, il devait faire de son mieux pour montrer la voie à suivre.

Vous êtes encore jeune Miss Slughorn, bien trop pour avoir un esprit aussi fermé. Plutôt que de vous enivrer avec la prétendue supériorité des Serpentards, vous feriez mieux de vous inspirer de la tolérance des Poufsouffle, et de l'ouverture d'esprit des Serdaigle.

En la voyant se raidir sur sa chaise, Soren se dit qu'il y était peut-être allé un peu fort. Si c'était nécessaire parfois, cela pouvait aussi avoir l'effet inverse en la braquant. C'était dur de bien savoir doser, notamment avec des personnes aussi jeunes, rendus bouillonnants par l'adolescence. Mais le professeur n'allait pas s'excuser pour sa dureté. Déjà parce qu'il avait dit été vrai, et que même si la jeune fille le cachait bien, il devinait qu'elle partageait les préjugés propres aux Serpentard. Et ensuite parce qu'il ne s'excusait presque jamais, et qu'il n'allait certainement pas le faire lorsqu'il était dans son bon droit !
A la place, et comme elle semblait sensible de lui plaire, il hocha la tête, l'air confiant. S'il pouvait faire en sorte que l'influence qu'il avait sur elle soit bonne et la conduise sur le droit chemin, il en serait vraiment satisfait.

Je n'en doute pas. Je fonde de grands espoirs en vous, Miss Slughorn. Je sais que vous saurez faire honneur à votre maison et à votre famille.

Après tout, le portrait d'un de ses ascendants trônait dans leur salle commune. Horacle Slughorn avait encore aujourd'hui la réputation d'être un des meilleurs profs de potions et directeurs de Serpentard que l'école ait connu. Vivre avec une telle ombre derrière soit ne devait pas être facile, mais la jeune fille devait y faire honneur. Même si malheureusement, toute la famille était loin d'être aussi exemplaire. Et comme il avait la jeune fille sous la main, Soren décida d'en profiter pour lui toucher deux mots sur ses cadets, deux incontrôlables garnements à qui leur statut étaient montés à la tête. Il ne pouvait pas continuer à les laisser semer la pagaille, ils ternissaient l'image de leur maison et des sang-purs. Peut-être écouteraient-ils leur grande sœur.

Une dernière chose. J'entends beaucoup entendu parler de vos frère et sœur, et ce n'est pas en bien, malheureusement. J'espère que vous saurez leur montrer l'exemple, en tant qu'aînée, et en tant que préfète.

Là, il était clair que Soren avait exagéré en lui demandant de gérer de tels petits démons. En la voyant s'affaisser devant lui, avant d'essayer de faire bonne figure, le professeur fut pris de pitié. Il temporisa donc ce qu'il venait de dire, souriant d'un air compréhensif :

Faites de votre mieux. J'ai un frère cadet aussi, je sais que la place de l'aîné n'est pas toujours facile.

Son but n'était pas que son élève fasse un burn-out, ou s'évanouisse sous la pression. Mais il était vrai que si beaucoup voyait le prestige de la position de préfet, peu voyait le travail et l'exigence demandés derrière. Et le professeur Hastein ne le cachait pas, il attendait beaucoup des élèves de sa maison, surtout de ceux venant de grandes familles sorcières. Cependant, il ne les laissait pas non plus se débrouiller seuls avec ce qu'il attendait d'eux. Il mettait un point d'honneur à être le plus accessible possible pour les Serpentard et ses élèves du cours de Duel. S'il était connu pour sa sévérité, le directeur de la maison vert et argent était aussi connu pour sa disponibilité.
L'entretien touchant à sa fin, il se leva, et mit beaucoup de cœur à assurer à son élève qu'il ne la laisserait pas tomber.

Si jamais vous rencontrez le moindre problème dans vos nouvelles fonctions, que vous avez d'autres interrogations, h'hésitez pas à me solliciter. Ma porte vous est ouverte. Faisant signe à la jeune fille de le suivre, il la raccompagna poliment jusqu'à la porte de son bureau, qu'il ouvrit. Au revoir Miss Slughorn. Merci pour ce rapport. J'attends le prochain avec impatience.

Sur ces mots, il referma la porte derrière elle, et se rassied à son bureau, reprenant la lecture de son journal là où il s'y était arrêté. Lui-même allait sans doute participer aux rondes prochainement, histoire de voir s'il était véridique que de plus en plus d'élèves grillaient le couvre-feu pour se retrouver. De plus, il était bien décidé à découvrir ce que sa jeune préfère lui cachait. Malgré la bienveillance qu'il avait affiché devant elle, il restait persuadé qu'elle lui cachait quelque chose. Et il comptait bien découvrir quoi.

Bon, si il était exigeant, au moins le directeur de leur Maison essayait de se montrer compréhensif. Et même si Deryn comptait bien faire de son mieux, il y avait des choses que même un professeur ou la directrice de Poudlard ne pourrait empêcher. C'était ça, la vraie difficulté d'être du "bon" côté de la barrière : il fallait respecter les règles, les procédures. Toutes ces choses que les personnes visées pouvaient s'affranchir beaucoup plus facilement, même s'il fallait bien jauger les risques. Tout était toujours une question de subtilité, sur les conditions de la limite à ne pas franchir. Deryn, en ce qui la concernait, en avait bien conscience, en tout cas.

"Tout l'honneur est pour moi, professeur Hastein. Je vous les ferai parvenir aussi régulièrement que possible, professeur Hastein. Bonne soirée à vous, professeur Hastein."

Se levant puisque celui-ci lui donna congé, elle le salua avec une certaine raideur tout en quittant la pièce d'un pas mesuré. Mais sitôt partie, Deryn respira un bon coup. Voilà qui allait être compliqué! Reprenant le mot de Nayla dans sa main, la décision de Deryn était désormais prise : il fallait qu'elle la sorte d'ici avant qu'elle se fasse attraper. Ca et tout un tas d'autres problèmes à gérer, bien sûr. Mais sa priorité de la nuit était d'ores et déjà arrêtée.

[Fin du rp]