Les meilleurs pour perdre

Enfin, le matin du premier entraînement! La semaine de cours avait été pénible pour Roxanne, qui n’avait presque pas été capable de suivre quoi que ce soit pendant ses longues heures assise sur ses fesses à écouter ses professeurs parler. Son cerveau n’était capable de se concentrer que sur son sport, et elle avait passé des heures à réfléchir aux prochaines tactiques qu’elle allait enseigner à ses camarades.

Pourtant, une véritable mauvaise surprise l’attendait lorsque, accompagnée de ses coéquipiers, elle débarqua au stade, toute parée pour jouer, et découvrir qu’arrivait en même temps l’équipe bleue de l’école. Maugréant à haute voix, la capitaine des Gryffondor se détacha de son groupe et s’avança vers celui des Serdaigle, avec un air clairement féroce.

-Vous vous moquez de nous ou quoi? J’ai réservé le stade le jour-même de la rentrée, c’est notre période d’entraînement.

Un long débat affronta la capitaine et le capitaine adjoint de l'autre équipe pendant plusieurs minutes, les deux affirmant avoir été le premier à demander sa place en ce joyeux dimanche matin ensoleillé. Roxanne en était presque à y mêler les poings lorsque, probablement apeuré telle la mauviette qu’il était face à Weasley, le capitaine adjoint des bleus céda.

-Parfait, on vous laisse le terrain, pour cette fois… Mais à la condition que tu avoues devant tout le monde que c’est parce qu’on est meilleurs que vous et donc… qu’on a moins besoin d’entraînement… précisa-t-il avec un petit sourire moqueur au coin des lèvres.

Même si ses collègues Gryffondor s’étaient mit à s’insurger d’une telle manipulation, Roxanne était restée de marbre, ayant même le culot de rendre son sourire à son adversaire.

-Bien sûr… roucoula-t-elle malicieusement en cachant sa main droite dans son dos, croisant les doigts de celle-ci de façon à ce que seuls les membres de son équipe puissent voir qu’elle «conjurait» tous les mots qu’elle allait prononcer. Je reconnais sans le moindre doute que vous êtes meilleurs que nous, c’est pourquoi je suis si pressée de m’entraîner pour pouvoir bientôt vous casser la gueule sur le terrain… Dégagez maintenant.

En rigolant, les bleus s’étaient éparpillés et étaient rentrés à l’école, certains restant dans les gradins pour assister à l'entraînement des rouges, pendant que Roxanne se retournait vers son équipe, où plusieurs sourires amusés avaient fini par se dessiner. Faisant signe à l’un de ses équipiers de déposer le coffre de balles qu’il avait porté jusque là, la capitaine lança un souaffle à un autre poursuiveur et croisa les bras sur sa poitrine.

-C’est vrai qu’ils sont bien meilleurs que nous quoi… meilleurs pour perdre. Allez, on commence, à vos balais messieurs dames, on a du pain sur la planche…

On c’était endormi ensemble, encore. Pas de notre faute, l’habitude faut croire. Malgré le fait que les préfets nous faisaient la chasse, ça ne fonctionnait pas vraiment. Pas qu’on ne voulait pas, juste l’habitude et pour le coup ça ne changeait pas. Elle c’était levée et avait littéralement fusée. Entrainement pour elle ce matin. Bien sur ça me réveilla, j’observais d’un œil à moitié endormi ses bonds et sa super vitesse pour se préparer. Faut dire que ça m’était arrivé aussi. Plus d’une fois. Puis c’était pour le Quidditch, donc encore plus compréhensible. Je me levais après qu’elle est disparue ses affaires sous le bras. Elle avait oublié pas mal de trucs. Et le premier truc c’est que je passai derrière elle pour ramasser ses affaires et rangés un peu. Résultat des courses elle avait oublié la moitié de ses affaires et son encas que je lui avais préparé. Super. Je m’habillai donc à mon tour. Hors de question de la laisser sans ce que je lui avais préparé.

Bon, ils avaient entrainement. Je me préparais après avoir rangé un petit peu. Non ma sœur n’était pas bordélique, un peu envahissante, mais ça m’allait. Puis quelque part j’aimais prendre soin de ses affaires. Pas vraiment le temps de réfléchir et de ranger plus, une fois satisfait et habillé je récupérai ses affaires et fila. Direction le stade. J’arriva assez vite, bon j’avais couru quand même mais ça me faisait un petit footing matinal et ça me mettait en jambe. Je scrutai les silhouettes déjà en formation. Roxanne, Hiro, Liolio et ma sœur. J’avais posé ses affaires dans son vestiaire. Ah. J’hésita un peu et me dit que tant qu’à faire autant le faire un coucou et la prévenir. Quoi ? Oui, oui c’était un prétexte pour voler un peu mais qui s’en souciait ? Puis ce n’est pas comme s’ils n’avaient pas l’habitude. Que ce soit moi qui m’incruste ou ma sœur hein.

J’enfourcha mon balai et m’envola dans les airs. Je fis plusieurs figures et joua un peu dans leurs formations. Je riais. Parce que ça me faisait rire. Mes cheveux voltaient dans le vent. Salut les rouges ! Je fis un coucou de la main en jouant le slalome entre eux. Je me positionnai au niveau de ma sœur en formation. Je t’ai posé tes affaires dans ton vestiaire. Je fis un clin d’œil à Hiro et un autre à Liolio. C’est quoi votre entrainement aujourd’hui ? Malgré moi je scrutai Roxanne d’un air contrit. Oui je n’avais rien à faire ici. Oui elle n’était jamais contente. Eh oui on ne rigolait pas avec le Quidditch. Mais bon ce n’était pas un crime lésé majesté non plus. Quoi ? Tu vas me dire qu’un pauvre bougre comme moi perturbe les vaillants Gryffondors durant leurs entrainements ? Il en faut si peu ?


Je souriais à pleine dent. Et de base c’était comme ça. Je ne voulais pas vraiment les perturber, mais j’aimais bien taquiner Roxanne. Et qui sait peut-être qu’elle accepterait que je participe… Ou pas hein. Y avait quand même du monde dans les gradins et j’aperçus une partie de l’équipe des Serdaigles. Ça me fit penser à Zouzou, puis à Logan, puis à Hiro. Je compatissais tellement pour lui. Mais bon là ce n’était pas le moment. Je regardai de nouveau Roxanne. Alors le programme Chef ? Bon y avait une chance qu’elle me foute illico presto dehors. Mais c’était quand même cool.

Club de Quidditch

Assurément un peu par moquerie, nombre de ses compagnons de jeu s’exclamèrent fortement leur obéissance en l’appelant, probablement ironiquement, « Chef », certains même avec une simagrée de salut militaire qui fit sourire Roxanne. Étant elle-même peu portée sur les courtoisies et l’étiquette, ce genre d’attitude la faisait marrer d’avantage que l’enorgueillir, même si elle ne détestait pas voir les gens lui obéir au doigt et à l’œil. Surtout Lionel, puisqu’il avait déjà été son capitaine, avant qu’une blessure ne le force à se retirer pour un an et lui céder sa place.

-Ouais surtout toi Blake, tu retardes le groupe! le moque-t-elle en lui administrant une bourrade amicale, avant d’enfourcher son balais à son tour et rejoindre dans les airs les membres de son équipe qui avaient daigné arrivé à l’heure. Ce qui n’était pas le cas de Lionel, bien au contraire, il était même l’un de ceux étant arrivé le plus tôt, et il le savait!

De son haut perchoir, Roxanne ne manqua pas l’arrivée tardive de son attrapeuse, secouant la tête de gauche à droite d’un air ennuyé. Ce n’était pas avec ce genre d’attitude qu’ils remporteraient la coupe de Quidditch cette année! Les quelques Serdaigle curieux de l’équipe adverse qui étaient restés dans les gradins pour les regarder semblaient bien se bidonner là, devant le retard de Callandra.

-On s’excuse pas, on ne recommence pas, Reed! l’invectiva Weasley sans pourtant que sa voix ne soit vraiment dure, étant d’un naturel plutôt sympa et légère. Tant que tu n’es pas en retard pour attraper le vif d’or lors du match contre ces agaçants de bleus, je te pardonne. Ils se croient tous si géniaux, mais à part leur mignonne Capitaine, je ne vois pas ce qui les avantage, maugréa-t-elle dans sa barbe, tirant des sourires de la part de quelques un de ses joueurs qui l’avaient entendu. Je parle de quand elle est sous sa forme animagus, heho, les filles ne m’intéressent pas! proteste-t-elle soudain en réalisant que des chuchotements se sont élevés dans son équipe.

Trêve de petite discussion, il était temps de s’entraîner. Heureusement, comme tout le monde était (enfin) arrivé, incluant les quelques remplaçants, qui avaient bien besoin de s’entraîner eux aussi, ils étaient assez nombreux pour pouvoir faire deux équipes et s’affronter entre eux. Elle se jumela donc avec Lionel comme poursuiveur dans la première équipe, mais mis Hiroshi comme gardien de la seconde, parce qu’elle voulait elle-même tirer au but contre lui afin de s’assurer que son numéro un à la défense l’était toujours! Callandra était également dans la seconde.

Sifflet entre les lèvres, Weasley s’apprêtait à déclarer le début du match lorsqu’une autre arrivée impromptue la fit grogner d’agacement. Heureusement, il n’y avait que Lionel d’assez près d’elle pour entendre les jurons mal camouflés par Roxanne.

-D’abord des Serdaigle, maintenant un Poufsouffle! se mit-elle à soupirer, même s’ils avaient tous théoriquement l’habitude de voir le jumeau de leur attrapeuse dans les parages de celle-ci. Quelqu’un a déclaré un Club de Quidditch ouvert et je ne suis pas au courant? Vous n’avez pas invité de copains chez les verts j’espère? Mon pauvre cœur ne le supporterait pas… se plaignit-elle en feignant une douleur à la poitrine, telle une vieille dame fragile, son petit jeu d’actrice tirant quelques sourires amusés de ses comparses qui l’avaient entendue.

De toute façon, il y avait peu de chances que ça arrive… car les rouges amis avec des verts, c’était extrêmement rare. Bon, pas complètement impossible hein, mais disons que la rivalité était si bien ancrée dans les principes fondamentaux de l’école que c’était presque tabou rien que d’en parler!

-Non Reed, ça va, tu perturbe pas, justement on manquait de cible pour nos cognards, mes batteurs ont besoin de pratiquer! s’exclama-t-elle à l’intention de Conor, un sourire carnassier aux lèvres. J’avais tous les joueurs dont j’avais besoin, mais si c’est ce qu’il faut pour réveiller un peu ta sœur, je te mets deuxième attrapeur de mon équipe. Tu ne vas quand même pas te laisser te faire piquer le vif d’or par ton jumeau, hein Callandra?

Mais qu’est-ce qui lui prenait de lui faire cette faveur? Entraîner Conor était un peu stupide : elle lui permettait de s’améliorer au détriment de sa propre équipe, c’était bête! Mais… ce serait marrant. Et puis piquer comme ça son attrapeuse de prédilection sur son retard était tellement rigolo!

Roxanne m’offrit la rampe, au lieu de me jeter dehors, elle me proposait un face à face avec me sœur. Oh eh bien ce n’était pas un souci. Hiro m’envoya un clin d’œil en baiser. Ça m’amusa. Tout le monde semblait d’accords sur le fait que ma sœur allait se donner à fond. Même Liolio. Ils semblaient oublier que moi aussi j’allais me donner à fond. Les rouges voulaient de l’entrainement, ils allaient en avoir. Je scrutais ma sœur. Bon les jeux étaient faits. Les enjeux de taille. Hors de question de laisser ma sœur gagner. Ce n’était pas une question de force et malgré notre lien, on parlait de Quidditch là. Je la vis virevolter, crier pour se galvaniser et aller se positionner. Je fis un hochement de tête à Roxanne et partit me mettre en position dans l’équipe adverse. Je sentais l’excitation de ma sœur, sa volonté, son envie de vaincre. Cela me donnait l’envie de gagner, galvanisé par sa propre envie à elle. Je positionnai mes lunettes, abaissa mon centre de gravité sur mon balai et prit la mesure du jeu.

Pas question de les laisser gagner. J’étais à leur entrainement mais j’étais un jaune, un Poufsouffle. Et malgré le fait que je les appréciais tous, personne n’était ici pour blaguer. On était dans le stade, pour jouer, entrainement ou pas. A l’autre bout du terrain je croise le regard de ma sœur. Elle sait que je sais. Peu importait les joueurs qui fuseraient autour de nous ou les cognards nous frôlant. Il n’y avait que la trace dorée qui filait sur le terrain qui nous intéressaient. Je respirais et me concentrais, mon regard faisait des allers retour entre ma sœur et la boite qui renfermait les différentes balles. J’aimais cette sensation, cette tension. L’adrénaline provoquée par la poursuite, par le besoin d’arriver avant l’adversaire. Que ce soit ma sœur ou moi, un sourire flottait sur nos visages malgré le sérieux de nos regards. Parce que c’était bon, que c’était bon cette sensation folle. En l’instant je me demandais si on ne devait pas donner l’impression de bêtes sauvages prêtes à fusées sur leur proie. Parce qu’on était clairement avide de victoire.

On se connaissait bien, on s’entrainait beaucoup ensemble et on allait se coller aux trains. Je jugeai rapidement l’équipe autour de moi, les rires et autres avaient cessés. Tous le monde se concentrait et les expressions devenaient tendus. C’était un entrainement mais tous le monde semblait à fond. Et j’étais bien content d’être là même si c’était au milieu des rouges. J’espérais que la Muraille et Alixou m’en voudraient pas. Puis même je pourrais les acheter avec de la nourriture. Et là ce n’était pas le moment que je me perde dans mon esprit. Ma sœur et moi on avait les crocs. Je me vidai la tête et me prépara au coup de sifflet, concentré. Mes lunettes sur le nez, j’étais prêt. Ma sœur avait un avantage au départ, parce que plus petite, elle gérait mieux son centre de gravité, mais en termes de vitesse de pointe, aucun souci. Allez bordel, lancer le début du match !

Belle façon de commencer la saison

Impatient, Hiroshi les encourageaient à commencer en ne lui donnant pas de pitié, ce que Roxanne n’avait pas eu l’intention de faire, de toute façon : son gardien avait besoin d’être au top pour le premier match qui aurait lieu. Au moins, il n’avait pas tort, avec tous les délais occasionnés par la présence des bleus et l’arrivée d’un vert, ils avaient perdus énormément de temps, et s’ils voulaient bien travailler, il fallait s’y mettre immédiatement.

Heureusement, sa tactique avait semblée faire effet et motivé les troupes. Tous les joueurs se mettant en position, incluant les remplaçants pour combler deux équipes équitables et l’intrus Reed, lequel avait effectivement requinqué sa sœur et motivé celle-ci à mettre toute la gomme. Sifflet entre les lèvres, Roxanne se mit à rire lorsque Lionel l’appela « Boss » de façon qui lui semblait bien ironique, de sorte qu’un petit sifflement sorti de l’objet sans être assez strident pour lancer le match, mais suffisamment pour attirer tous les regards sur elle. Plongeant vers le sol, la capitaine ouvrit la boîte d’entraînement, libéra le vif d’or de pratique et attendit qu’il disparaisse de leur vue avant de détacher à leur tour les cognards et remonter vers le ciel avec le souaffle sous le bras.

Elle remonta juste à temps pour entendre le défi un peu stupide que Blake lança à Huang, la faisant rouler des yeux vers le ciel tout en lui tirant un sourire amusé. Elle se leva elle-même debout sur son propre balais, sifflet entres les lèvres, et lança le souaffle haut dans le ciel en soufflant dans le petit objet, annonçant le début du match et le début du mouvement de ses autres poursuiveurs.

Sauf qu’elle avait momentanément oublié avoir attribué deux batteurs à l’équipe adverse, alors que la sienne n’en comptait qu’un seul. Le sifflement du cognard la surpris, et elle n’eut le temps que de se pencher rapidement sur le côté pour esquiver le boulet qui filait dans sa direction. EN OUBLIANT MOMENTANÉMENT QU’ELLE ÉTAIT DEBOUT SUR SON FICHU BALAIS! Le match commença donc en beauté avec la capitaine qui tombait stupidement de sa fidèle monture, se rattrapant in extremis d’une main au manche alors que les poursuiveurs de l’équipe numéro deux s’emparaient déjà du souaffle pour foncer vers les buts, protégés par le gardien remplaçant, à l’autre bout du terrain.

-Merde! Lionel!!

Belle façon de commencer la saison.