Another Day in Another World
I wake up every evening ♪ With a big smile on my face ♫ And it never feels out of place ♪
Imaginez-moi, là, à danser comme une dératée, ma brosse dans la main comme un micro, chantant haut, fort, alors que je viens juste de me réveiller à l’aide de ma sonnerie habituelle, motivante. Oh ! Je ne fais pas que ça car moins de deux minutes après, je chante encore pire sous la douche alors que j’entends les *boum boum* juste en dessous, depuis la chambre de ma tante, malheureusement obligée de sortir de son sommeil alors que je suis si… “bruyante”. Mais qu’elle se rassure ! Dès ce soir, je ne dormirais plus que les week-ends chez elle, le reste du temps, je serais avec les autres… Les autres quoi ? Poudlarien ? Poudlarois ? Oh zut ! Et j’ai hâte, tellement hâte que je ne tiens plus en place. Il faut dire que tout est allée très vite, depuis que j’ai quitté la Bulgarie. Je sors de la douche tout aussi précipitamment et en observant la robe de sorcier de l’école, sur le lit, j’hésite. Je dois m’habiller comme ça pour leur… répartition ? Ou juste pour les cours ? Dans ma tête, ma liste de questions s'agrandit. J’enfile la robe sans attendre, place le chapeau sous mon bras et ma sacoche sur l’autre. Je viens sérieusement, alors que je dois aller manger, de m’habiller avec la robe neuve ? Une incitation à la première tache de beurre de cacahuète ? De chocolat chaud ? De confiture ? Les trois peut-être ? Hum… Je récupère mon bonnet -il fait frais, il bruine, et en plus, le soleil n’est même pas encore levé ! Comment ça je me suis levée TROP tôt ?- et dévale les escaliers pour rejoindre la cuisine où erre, sans âme, Eryn, une tasse de café fumante entre ses mains. Quand bien même cette dernière ne compte plus les années depuis qu’elle a rejoint l’Angleterre, elle ne s’était jamais mise au thé, darling. J’étouffe un rire en y songeant et dépose sur sa joue un baiser avant, d’un coup de baguette, faire réchauffer mon propre mug.
”Grmbledl dkg…
“Je sais, mais je voulais te voir avant que tu ailles nourrir les chats. Hors de question que je te rejoigne dans la salle. Le gros noir me regarde bizarre à chaque fois…”
Que je réussisse à la comprendre tient du miracle. Ou alors de l’habitude, au choix. J’installe les tranches de brioches confortablement dans un lit d’oeuf et de lardons : déjeuner typiquement La Rivière, comme aurait dit… Maman. Secouant la tête, je me pose sur l’une des chaises dépareillées de la cuisine et arrive à manger sans en laisser une trace sur mes vêtements. Pas forcément un exploit mais je me satisfais aisément des petites choses. Finalement, je regarde ma tante partir dans la salle (de réception des clients, où les chats vaquaient à leur bon plaisir) et je préfére vider les caisses, rapidement et rendant la pièce propre comme un sous neuf. Tant que les chats ne s’y trouvent pas, ça me va, alors je profite toujours qu’Eryn les nourrisse pour le faire, histoire d’être sûre de ne pas voir un de ses petits monstres griffus pointer le bout de son museau. Une fois fait, je retourne dans la cuisine pour préparer le repas du midi avant de comprendre que… Et bien que je ne serais pas là. Une bouffée d’appréhension me saute à la gorge et je grimace.
”Ça se passera bien.”
Je sursaute pour voir tata posée contre la chambranle de la porte, à m’observer un doux sourire aux lèvres. Je fais une mou un peu décontenancée et marmonne :
”Comment tu peux en être si sûre ?”
Et à elle de rire avant de me tendre une serviette sur laquelle est griffonné un plan maladroit. Quand elle comprend à mon regard que je suis perdue (et il faut le voir pour connaître l’étendu de ses “talents” de dessinatrice) elle se penche vers moi pour m’expliquer, plus maladroitement encore que son plan (si c’est possible) le trajet entre Pré-Au-Lard et Poudlard. N’y a-t-il donc aucune navette ? Où quelque chose qui s’y rapproche ? Après tout… La bâtisse où je dormirais se trouve ici… Non ? Nouvelle question et je n’écoute déjà plus Eryn qui finit par se redresser, fière d’elle.
”Tu vois, ce n’est pas si compliqué !”
Je me retrouve à la rassurer alors que, pire que tout, j’ai oublié la moitié de ses indications. J’espère secrètement que son plan sera plus clair lorsque je serais sur la route.
Pourtant, lorsque quelque temps après je me retrouve sous une pluie un peu plus lâche et un vent qui empêche mon parapluie de trouver son utilité, je regarde le misérable morceau de serviette se déliter sous l’humidité ambiante, toute l’encre bavante et illisible. Relevant la tête, je vois bien le château en face, mais entre lui et moi se trouve un lac, un bout de forêt pas avenante et je ne sais même pas par où passer ! Et le téléphone qui ne passe pas… Je décide à m’engager le long du lac, de l’autre côté que celui de la forêt, lorsque des remous à sa surface me font bondir. Ah non ! Pas encore une bestiole !
@Chizu Huang