Une rencontre chanceuse ? - Rajani

Il scrutait le fond de son verre vide. Il était déjà tard et les clients se vidaient peu à peu. Durant les deux heures précédentes, il c’était entretenu avec un expert de la voyance. Il avait pu poser pas mal de questions. Pourtant les réponses étaient loin d’être satisfaisante. Plus il en apprenait, plus il s’apercevait que le potentiel de son propre don était énorme. Certainement le pourquoi ses parents avaient prévu ce plan étrange dont il ne revenait toujours pas. C’était une danse qu’il connaissait bien. Il y avait une forme d’excitation produite par l’idée qu’il puisse trouver un moyen de scelle son don et puis la désillusion. Parce que jusqu’à lors aucun Sorcier ne semblait avoir eut la brillante idée de vouloir s’en débarrasser. C’était une course contre lui-même, contre ce qu’il était. Eh bien que l’expert eût dû se douter de quelque chose face à ces questions il n’en avait rien montré. L’ambiance était chaleureuse et certains s’étanchait dans la soif ou dans le partage. Lui fixait son verre, plongé dans ses réflexions.

Son regard était rivé sur le fond de son verre vide. Comme s’il allait pouvoir y trouver des réponses. Il y avait aussi Milla. Merde, et remerde. Soupirant il bascula sa tête légèrement en arrière. Il n’avait quasiment rien bu. Tout du moins pas assez pour perdre quoique ce soit à ses facultés. Ça aurait pu être une échappatoire. Azel n’aimait cependant pas l’idée. Perdre ses facultés de réflexions était toujours un problème. Enfin c’était surtout que son don devenait incontrôlable. Il en avait fait les frais une fois, ça lui avait passé l’envie de recommencer. Faisant rouler sa bille de son piercing à la langue sur son palet, il songeait à tout ce qu’il avait appris. Peut-être un nouveau schéma ? Il allait devoir potasser. Ces derniers essais n’avaient pas été concluant. Une potion ? Trop de contraintes en termes d’ingrédients et de tenu. L’effet n’était jamais total et il suffisait d’une erreur pour causer de véritables problèmes. L’option sortilège était certainement la meilleure piste. Il s’inquiétait quand même des répercussions d’un tel sort.

Soupirant de nouveau, il observa l’heure sur une horloge au fond de la pièce. Il ferait mieux de rentrer et de voir à la résidence. Il reposa son verre sur la petite table à laquelle il se trouvait. Elle était un peu excentrée et loin du bar. Après tout il l’avait choisi exprès. Il avait opté pour une tenue sobre, jean noir, bottine noire et un pull à col roulé gris. Son look général attirait les regards de temps à autre, surtout ses piercings mais il en avait tellement l’habitude que ça ne le dérangeait plus et il n’y prêtait plus attention. Il avait cru reconnaitre un universitaire, mais ce n’était pas possible. La chance lui avait déjà fait défaut avec Milla, et elle avait largement cassé son compteur à ce niveau. Il ne lui restait donc plus qu’à rentrer.

La nuit était tombé tôt ce soir là. L’automne reprenait ses marques. Le prince n’en pouvait plus de ce château mais il s’habituait doucement à revivre son enfer émotionnel quotidien. L’arrivée de Winifred dans sa vie l’aidait grandement. Bien qu’il gardait encore ses balades nocturnes et solitaires pour lui. Malheureusement, cela commençait à tourner à l’insomnie. Donc plutôt que de ressortir en douce de la résidence à trois heures du matin, ce soir, il avait décidé de faire sa grande marche avant d’aller se coucher. Rabattant la capuche de sa robe noir, on ne pouvait voir que les dorures de ses bijoux et des pourtours de sa tenue qui brillait dans la nuit. Il n’était jamais habillé sobrement Rajani. On pouvait le voir arriver de loin même s’il se voulait discret. Sans être le plus grand, il avait de l’allure et une démarche souple. Si son visage n’était pas constamment fermé et son regard gris méprisant toutes les personnes aux alentours, il pourrait vraiment être un prince aimé par son peuple. Mais ce n’était pas le destin qu’il avait choisi. Son perroquet rouge, Iago, l’avait rejoint il y a quelques minutes alors qu’il traversait Pré-au-Lard à la lueur des réverbères magiques. Un autre message, Iago était toujours porteur des nouvelles de sa famille en Inde. Depuis des semaines, sa grand-mère était malade et il s’attendait à tout moment à ce qu’on lui annonce sa mort. Mais ce n’était pas le cas.

Le message annonçait l’arrivée de son parrain. Qui était son oncle également. Un brillant Auror que Rajani respectait profondément. Le petit frère de sa mère, qui les couvrait, lui et sa soeur, de cadeaux à chaque fois qu’il les voyait. La bonne nouvelle avait reboosté l’humeur du préfet, ce qui était plutôt rare ces derniers temps. Quand il croisa un étudiant de Poudlard qui sortait des Trois Balais, Rajani posa son regard sur son aîné. Sa tête lui était familière, il était de la première génération d’étudiant sans doute, les premiers à inaugurer la 12ème année donc aux côtés du très détestés Saint Lucas et de Avery que Rajani ne pouvait pas supporter non plus. Impossible de se rappeler de son nom cependant, il put lire une infinie tristesse en lui. Une espèce de désespoir intense et palpable ainsi que des préoccupations profondes. L’indien fut intrigué. Il ne rencontrait pas de personnes dégageant des émotions si intenses d’ordinaire. Peut-être est-ce porté par la bonne nouvelle ou parce que cela se déroulait en dehors de Poudlard ou des résidences, il marcha vers lui, attiré l’aura du jeune homme.

Pour ne pas paraître pour un malotru, il retira sa capuche en se dirigeant vers lui. Son fidèle perroquet, plus intelligent qu’un perroquet ordinaire, décida de lui prêter main forte et s’envola pour voler tout prêt du jeune homme. « Bonnnnsoir ! Boonnnnsoir !  » Déclara l’oiseau pour l’arrêter. Rajani arriva deux secondes après, levant le bras pour rappeler le volatile, plutôt gêné de l’aborder de la sorte. Il chercha une idée dans ses excentricités qu’il disait tout le temps pour ne pas perdre la face. « Bonsoir. Je te prie de pardonner Iago, c’est un perroquet indiscipliné. » L’oiseau se tenait sur la main de son maître mais fixait l’individu tout vêtu de noir avec insistance. « Je suis Rajani Dhawan, préfet universitaire de la maison Gryffondor, je ne crois pas que nous nous soyons déjà rencontré. »Annonça le préfet d’un ton des plus inhabituels pour lui. Pourquoi ne voulait-il pas contrarier le jeune homme ? La curiosité ? Possible.

« Je ne me balade pas comme préfet ce soir, tu peux bien faire ce que tu veux, je ne suis pas là pour t’en empêcher. » Déclare solennellement le gryffondor en inclinant la tête pour engager une conversation de la manière la plus polie possible. Planter devant lui, son perroquet à la main, l’étudiant essayait de lire dans son interlocuteur mais n’y vit que des pensées plus sombres encore. Bien sûr, il ne pouvait pas l’interroger comme ça. Ce n’était pas dans les habitudes du préfet que de se mêler de ce qui ne le regardait pas. Mais comment faire pour initier une conversation sans crier sur quelqu’un ? Il lève la tête, voit les étoiles et repense à sa petite soeur qui sait si facilement aller vers les gens sans les brusquer. Que ferait-elle ? « On peut marcher un peu si ça ne te dérange pas ? » Surtout que les gens à la sortie du bar commence à les regarder bizarrement. Il faut dire qu’aucun des deux n’avaient le look attendu d’un étudiant en sortcellerie.

Il marchait, ses idées occupant ses pensées. Le froid était là et lui rappelait qu’il était en vie en un sens. Prisonnier de son état. Cet absolu vindicatif. Et plus ça allait dans ses recherches plus la portée de son don était démontré. Il savait dans le fond que ça avait un rapport, il se refusait juste de l’admettre. Ça serait l’accepter. Les mains dans les poches il marchait tranquillement vers sa résidence, ses pensées l’absorbant totalement.  Alors qu’il marchait, un perroquet se mit à parler survolant l’espace au-dessus de lui. Azel s’arrêta dans sa marche pour fixer l’animal. Bonsoir ? C’était une blague d’un élève ? Ça ne devait pas être pour lui. Il se préparait à reprendre sa marche quand l’animal rejoignit son maitre. Il scrutait l’animal et son maitre en arquant un sourcil. Il avait déjà vu cet air suffisant quelques fois. C’était… Comment s’appelait-il ? Il le sauva en se présentant. L’oiseau tout autant que son maitre paraissait hors du temps en l’instant.

Il l’écoutait, le visage fermé et le regard éclairé. Gardant les mains dans les poches, ce n’était pas vraiment le moment. Dhawan ? Ça lui disait quelque chose. La voyante. C’était une blague n’est-ce pas ? Fallait toujours que ça le poursuive ? Milla puis maintenant lui. Ils ne s’étaient pas rencontrés, croisés, mais disons qu’Azel évitait le contact. Merde. C’était bien sa veine, surtout aujourd’hui. Il ne se baladait pas comme préfet ? Ça ne changeait pas grand-chose. Il semblait l’étudier. Comme s’il était un animal de foire. Ce n’était vraiment pas le moment. Et qu’est ce que c’était que ça ? Franchement. Azel soupira. Ce n’était pas question que ça le dérangeait ou pas, ils étaient tout deux différents. Trop différents. Et en soit-il ne faisait que retarder la mise au point qu’il voulait réaliser. Dans les faits il n’en avait pas grand-chose à faire.

Sa réponse aurait pu être moins sèche dans d’autres circonstances, voir même parce que Rajani était Préfet. Seulement le Sorcier n’était pas comme ça. « Cher Préfet, non, nous ne sommes jamais rencontrés, peut être croisés et même si c’est le cas, je n’y ait pas prêté attention. Aucun souci pour ton animal. Je suis un peu surpris. Ecoutes… » Il soupira de plus belle avant de reprendre. « Je suppose que tu dois avoir l’habitude qu’on se pli à tes demandes. Je te mets bien quelques points pour ton look précieux, mais entre nous on est trop différents. J’aurais bien pris des pincettes dans d’autres circonstances, là je suis juste fatigué. » Son ton n’était pas agressif. Ce n’était pas un jugement, il exposait des faits. Peut être que la discussion avec l’expert l’avait plus affecté qu’il le semblait. Il aurait pu en rester là. Seulement il fuyait les gens comme la peste. Car tous le monde avait son lot de malheur qu’il trainait et emportait avec lui. Et il suffisait qu’il le touche pour le voir. Quelle vaste blague.

Il reprit de plus belle. « On est foncièrement différent ou peut être pas tant que ça. Je n’en sais rien et pour être honnête ça ne m’intéresse pas. Je ne sais pas pourquoi tu m’as interpellé, j’imagine une déformation professionnelle lié à ton poste de Préfet. Mais ce n’est pas nécessaire. » Encore une fois il exposait sa logique sans ciller. Ce n’était pas contre Rajani en lui-même. Son ton, son maintien et la posture d’Azel démontrait qu’il n’était ni agressif ni exposé à une émotion vive. Il donnait simplement sa pensée. Il ne comprenait pas. Ne comprenait pas pourquoi cet individu était venu vers lui. La probabilité était tellement minime. Il se détourna de Rajani. Puis arrêta son mouvement. « Ca ne t’empêche pas de m’accompagner ou de marcher avec moi. Mais je préférais être clair. Ce n’est pas contre toi, simplement nous ne vivons pas dans le même monde selon moi. »

L’étudiant ne semblait pas d’humeur à discuter. En voyant son air contrit, le prince resta sur ses gardes, haussant un sourcil hautain en entendant enfin le son de sa voix. « Cher Préfet, non, nous ne sommes jamais rencontrés, peut être croisés et même si c’est le cas, je n’y ait pas prêté attention. Aucun souci pour ton animal. Je suis un peu surpris. Ecoutes… » Le Gryffondor hocha la tête mais croisa les bras au moment où son aîné soupira. Iago s’envola quelques instants pour suivre le mouvement et se reposa sur son épaule, gardant le silence pour une fois. « Je suppose que tu dois avoir l’habitude qu’on se pli à tes demandes. Je te mets bien quelques points pour ton look précieux, mais entre nous on est trop différents. J’aurais bien pris des pincettes dans d’autres circonstances, là je suis juste fatigué. »

En l’écoutant, le prince constatait que c’était effectivement la vérité. Rare était les gens si honnête sur leurs sentiments. Cela piqua encore plus intensément la curiosité de l’empathe. Ce n’était pourtant vraiment pas dans les habitudes de l’étudiant d’aller vers les autres de manières amicales. Cela lui arrivait de mener l’enquête, toujours dans le but de retirer des points ou de remettre du bon côté de la morale des menteurs ou manipulateurs puisque cela outrepassait ses précieux principes. Mais là, sa motivation était clairement différente. Et il ne s’offusqua pas des termes “ look précieux “ qui aurait pu être blessant mais il sentait le jeune homme tout à fait neutre donc il pencha simplement la tête pour écouter la suite. « On est foncièrement différent ou peut être pas tant que ça. Je n’en sais rien et pour être honnête ça ne m’intéresse pas. Je ne sais pas pourquoi tu m’as interpellé, j’imagine une déformation professionnelle lié à ton poste de Préfet. Mais ce n’est pas nécessaire. »

Encore une fois, il resta attentif, observant en profondeur l’homme qui lui répondait. Sans lui avoir rendu les présentations d’ailleurs. Il se détourna de lui et le prince hésita à répliquer mais il revint sur ses pas pour ajouter : « Ca ne t’empêche pas de m’accompagner ou de marcher avec moi. Mais je préférais être clair. Ce n’est pas contre toi, simplement nous ne vivons pas dans le même monde selon moi. » Voilà une proposition intéressante. Il pinça légèrement les lèvres, comme pour retenir un sourire intéressé, une lueur d’amusement brilla dans ses yeux gris même dans la pénombre ambiante. « Je ne voulais pas t’importuner. Mais la moindre des choses serait de me retourner la présentation en me déclinant ton identité non ? J’ai beau être préfet, je ne suis pas omniscient. » On aurait presque pu entendre de… l’amusement dans sa voix ? Le prince était décidément de très bonne humeur ce soir là. Qu’avait-il en tête exactement ?

« Je t’accompagne volontiers. Nous allons vers les résidences universitaires tous deux après tout. » Et il lui emboîta le pas, sans demander son reste. Le perroquet fit quelques claquements de bec et Rajani poussa un léger soupir avant de plonger sa main dans sa poche intérieure. « Mais oui, je te donne ta récompense, je n’ai pas oublié. » Il sortit bientôt quelques miamhibous et les mit en morceaux pour que son compagnon puisse picorer dans sa main. « Pourquoi es-tu si sûr que nous sommes différents ? Déjà, nous sommes tous les deux à nous balader seul alors que le couvre-feu est déjà passé depuis quelques temps. Et… nous semblons apprécier la solitude. Bien que je vienne la troubler ce soir. Et je m’en excuse encore. » Les gâteaux furent rapidement terminés et l’oiseau prit son envol. « Meeeerciiii. Bonne nuit les petiiits. »

Le préfet… pouffa un instant de rire ? Il cacha son sourire dans sa manche, balaya d’un revers de la main le volatile qui disparut dans la pénombre et il ajouta : « Ma petite soeur adore lui apprendre des imbécilités. A moins que ce ne soit notre mère ? Je ne serais pas étonné non plus. Bon retour en Inde, Iago. » Pour la dernière phrase, il mit ses mains en porte-voix pour s’adresser à l’animal. Il ne sentait aucun jugement dans le regard et dans les mots du jeune homme. On était en dehors de Poudlard, il n’avait pas son rôle à jouer. Il avait le sentiment qu’il pouvait être lui-même, aucune crainte ne vint le contraindre à rester sur ses gardes. Ce n’était pas désagréable de se montrer sous un autre jour pour une fois.