Littéralement se tomber dans les bras. Feat Rafaella

Tous les ans c’était la même chose. Depuis qu’elle était entrée à Poudlard Rafaëlla vivait le mois de septembre entre deux sentiments : la joie de revenir à l’école, retrouver ses amis, et la douleur de la séparation avec sa famille et l’Italie. Le temps était d’ailleurs à l’unisson de ces sentiments car si l’air doux était encore chargé de la chaleur de l’été il sentait déjà les feuilles mortes et se rafraichissait de jour en jour.

C’est ainsi que la jeune fille laissait ses pas la guider dans Pré-au-Lard sans prêter grande attention à ce qui l’entourait. Son esprit était loin, dans un autre pays, au cœur des vignobles qui en ce moment même devaient fourmiller de saisonniers. C’était l’heure de la récolte du raisin. Rafaëlla n’avait plus participé aux vendanges depuis neuf ans, depuis qu’elle passait son mois de septembre loin de l’Italie, et une bouffée de souvenirs d’enfance remontait dans son esprit, lui apportant l’odeur du raisin mûr et du mou qui fermente dans les cuves. De la part des anges dont les saisonniers se délectaient et des rires qui animaient le domaine quand le soir tout le monde posait les outils pour un repas bien mérité.

Plongée dans ses pensées, Rafaëlla ne regardait pas où elle mettait les pieds. Arriva donc ce qui devait arriver : elle se prit les pieds dans… un camarade ! Un juron italien qui aurait fait bondir sa mère au plafond accompagna la chute de la jeune fille dont la dignité disparut soudain comme elle s’affalait sur le jeune homme. Les cheveux et les vêtements en bataille, Rafaëlla se redressa tant bien que mal pour tenter de libérer sa victime de l’oppression de son poids tout en se répandant en excuses.

“Pardon ! Je suis vraiment désolée ! Excuse-moi !”

Réussissant enfin à se démêler du jeune homme, elle rajusta sa jupe sur ses cuisses et ramena ses jambes contre elle avec un peu plus de dignité.

“Est-ce que tu vas bien ?”

Remettant également ses cheveux en place, Rafaëlla nota alors la présence d’un renard qui avait sans doute lui aussi subit sa chute. Mince !

“Ho je suis désolée” s’excusa-t-elle encore, en regardant l’animal cette fois.

Tendant une main amicale vers le familier, elle essaya de voir s’il était blessé.

Le garçon ne se montra pas le moins du monde gêné par l’irruption de Rafaëlla dans ses rêves au pays de Morphée. La jeune fille n’était pas moins mal à l’aise pour autant. Elle se confondait en excuses, ne sachant plus où se mettre. La gentillesse de son camarade ajoutait presque au malaise. Le renard lui-même ne lui en tenait pas rigueur. Ce fut lui qui remporta même le premier rire de Raë en se tournant sur le dos pour lui réclamer des caresses.

- Je… Oui je vais bien, bafouilla-t-elle. Merci.

Timidement elle caressa le renard, se demandant si elle en avait le droit, si son condisciple n’en prendrait pas ombrage. Ses doigts se figèrent dans la fourrure du renard et Rae rougit de plus belle lorsque le garçon lui avoua ne pas s’être attendu à sombrer dans le sommeil, pas plus qu’à en émerger aussi brutalement. Il riait. Se moquait-il d’elle ? Elle ne savait plus où se mettre et retira précipitamment sa main du renard lorsqu’il glissa lui-même les doigts dans la fourrure de l’animal. Apparemment, les deux, maitre comme familier, étaient joueurs. Alors Rae sourit, timidement. Elle essayait de se montrer agréable pour se faire pardonner sa maladresse.

- Il est mignon. Je suis sûre qu’il en a beaucoup, des papouilles.

Nul besoin pour lui de la faire culpabiliser, même si cela fonctionnait.

Rae ne voyait pas bien quoi dire d’autre dans la situation actuelle. Le renard n’avait d’ailleurs rien à faire pour qu’elle culpabilise, elle le faisait déjà très bien elle-même.

C’est alors que Rae se rendit compte que le bras du jeune homme était orné d’un dessin. Sa manche remontée laissait apparaitre un avant-bras bronzé autour duquel s’enroulait une queue couverte d’écailles. La fascination prit soudain le pas sur la timidité.

- Oh ! C’est un tatouage ? demanda-t-elle en montrant le dessins qui serpentait sur le bras du jeune homme.