Alors c’était le grand jour. Celui où elle pourrait mettre un visage et un nom sur son fameux fiancé. La nuit avait été mauvaise, le stress l’ayant dévorée. Elle se leva avant le soleil, passant une main dans ses cheveux en soupirant avant de regarder la lune se couchant, par sa fenêtre. Il lui était inutile d’essayer de dormir, Morphée semblait l’éviter. Un soupir s’échappa de ses lèvres alors que la jeune femme se leva pour aller se regarder dans le miroir. Elle était horrible. Ses yeux étaient fatigués, elle avait des cernes et le manque de sommeil avait – semble-t-il – asséché sa peau. Aux grands maux les grands moyens, Eva fera sa princesse toute la matinée pour prendre soin d’elle et avoir l’air parfaite à son rendez-vous. Elle doutait qu’ils seraient vraiment seuls, sa mère, trop à cheval sur les convenances enverrait un chaperon discret, histoire de s’assurer que sa fille reste pure. Comme une marchandise sur laquelle on ne veut aucune tâche. Un sourire mauvais apparut sur les lippes de la blonde. Elle avait la sensation d’être vendue…

Les heures passèrent, et la préparation d’Eva avançait : elle avait enfin l’air aussi fraiche que la rosée du matin, avec une légère couche de maquillage pour lui donner un teint éclatant. Elle jugea du regard la robe que sa mère lui avait fait livrer la veille, pour ce rendez-vous. En soit, elle était très belle, rien à dire, mais il n’y avait aucun endroit, à Près-au-Lard, où elle passerait inaperçu avec une telle toilette…

La robe dénudait ses épaules, couvrant ses bras d’un simple tissus en voile noir, le tissu couvrant son corps d’un vert proche de celui de Serpentard, avec quelques broderies… Et évidemment, tout lui allait à la perfection… elle natta ses longs cheveux pour les faire passer sur son épaule et se regarda. Elle n’était pas moche, mais ne faisait-elle pas … Trop princesse prétentieuse ainsi ? LE vert n’était clairement pas la couleur lui donnant un air doux… Elle avait l’impression de voir sa mère en blonde ainsi.

Quand il faut y aller….

Enfilant son manteau, Eva alla directement au trois balais, en avance et s’installa à la table même où elle avait revu Lum. Autant qu’elle soit là où elle se sentait bien, non ? Un discret sourire illumina son visage alors qu’elle sentait une certaine chaleur se rependre lorsque ses pensées dérivèrent vers lui. Elle avait déjà hâte de le revoir… Elle commanda un thé, puis sortit un livre, celui de Lum qu’elle n’avait pas fini. Ainsi, elle passa le temps, ne s’offusquant pas de ne pas voir son fiancé apparaitre. Au contraire, cela lui allait parfaitement s’il décidait de ne pas se montrer.

Hélas, le ciel ne semblait pas avec Eva, car un jeune homme prit place devant elle et se présenta. En soit, elle se fichait pas mal de savoir s’il allait lui plaire ou non, mais sa façon de faire…. Elle ferma son livre pour le ranger dans son sac avant de relever la tête vers lui, neutre pour l’observer. Ah ! Celui était toujours avec Lancelot ! Seigneur… Avait-elle été une personne horrible dans son ancienne vie pour que le karma soit contre elle ? Elle offrit alors son plus beau sourire de façade, celui qui faisait illusion. Celui que sa mère lui avait appris depuis son plus jeune âge.

C’est un plaisir de vous rencontrer, Monsieur Black. Je vous recommande le thé, il est excellent ici.

Elle ne pouvait se permettre de l’envoyer chier, mais honnêtement, elle le trouvait insupportable. LA première impression n’était-elle pas la plus importante ? Surtout au vu de leur relation et de la promesse d’un mariage entre eux. Et il faisait quoi ? Le clown. Un clown imbu de lui-même. Cela la dégoutait, elle avait presque envie de vomir. Et c’est avec lui qu’elle allait devoir passer sa vie … ? La belle blonde bu un peu de thé pour se calmer avant de le regarder sérieusement.

Puis-je savoir ce que vous attendez de ce mariage et quelles sont vos exigences ?

Un soupir m’échappa en l’entendant enchaînée. Je levais un sourcil en le regardant, penchant doucement la tête sur le côté. Hm. Quel jeune homme étrange. Venant de Mère, je m’étais attendue à tout, sauf à ce… Rigolo ? Si tant est que ce mot lui corresponde. Elle qui voulait un mariage de prestige, elle avait tablé sur les Black, ce que je pouvais comprendre – sans l’accepter, il s’agissait de ma vie tout de même ! – mais de là à ce que je doive finir ma vie avec un homme qui n’a même pas la délicatesse d’attendre que je puisse finir mon thé…

Monsieur Black, est-il possible que vous teniez en place le temps que je finisse mon thé ? Je ne supporte pas le gâchis. De plus… Je suis de votre avis, les regards sont pesants. Cependant, si nous partons comme des voleurs, cela ne fera qu’accentuer les possibles rumeurs futures, choses dont je me passerais volontiers. Dix minutes, c’est tout ce que je vous demande. Et promis, nous iront où vous le voulez. Tant que cela reste raisonnable.

Un sourire. Pas factice, mais pas vraiment heureux. Plus comme si je lui demandais une faveur. Réajustant une mèche de cheveux derrière mon oreille, je bus une gorgée de thé, remarquant la facilité avec laquelle il avait snobé ma question. Et si ma réaction devait le vexer, soit. La porte était ouverte et je n’étais pas femme à retenir un homme. Encore moins lorsque celui-ci s’avérait être celui avec qui je devais me marier, contre mon gré.

De plus, je ne pouvais nier que j’étais assez réticente à faire connaissance avec lui. Qu’il était puéril de le tenir responsable de cette situation, qu’il devait subir lui aussi, alors qu’il n’avait rien demandé à personne. Finalement, je repris une gorgée de thé, un peu plus longues, pour reposer une tasse presque finie.

… Je suis désolée de me montrer peu avenante. La situation ne me plaît guère et j’ai bien conscience de me montrer malpolie avec vous. Comprenez, j’ai appris l’existence de ce mariage il a quelque mois, et je découvre aujourd’hui que vous êtes mon promis. Je ne peux qu’avouer avoir du mal à aborder la situation. Je me sens prise dans un piège monté par ma mère, et ce, depuis longtemps. Je ne suis sans doute pas assez mature pour accepter cela, et vous en faites les frais. Je vous présente mes excuses pour vous montrer une partie peu gracieuse de ma personne.