Tutorat | Léo Kouran (Terminé)

La surprise sur le visage de Nayla lorsqu’elle apprit qu’elle avait été choisie pour faire du tutorat auprès de plus jeunes élèves de sa maison n’avait pas été feinte. Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi on la choisissait elle, exactement. Certes, elle réussissait bien la plupart de ses cours, mais elle n’était quand même pas si merveilleuse que ça? Avouant à sa Directrice qu’elle ne se sentait pas l’étoffe de prendre quelqu’un sous son aile, celle-ci lui avait souris, en lui assurant qu’au contraire elle était exactement la personne dont elle avait besoin.

Toute cette histoire rendait Drew plutôt nerveuse. Elle était la première à avoir été soulagée de ne pas avoir été choisie comme préfète parce qu’elle trouvait que c’était trop de responsabilités et qu’elle voulait se concentrer sur ses BUSEs… Hors, maintenant, on lui en donnait quand même, sous une autre forme! Soupirant, l’adolescente se dirigea vers les serres, où l’attendait supposément son élève. Mapple lui avait dit de commencer par la botanique, puisque c’était la matière dans laquelle Nayla excellait le plus, et que ça allait l’aider à prendre confiance. Ce n’était pas faux, mais elle n’arrivait pas à se calmer pour autant, surtout que son élève était de sexe masculin, et qu’elle n’avait jamais réussi à être totalement à l’aise avec les garçons.

Enfin, au moins, Léo était son cadet de deux ans, c’était bien moins intimidant qu’un de son âge… mais la jeune fille ne parvenait toujours pas à comprendre pourquoi c’était elle qu’on avait choisi. La seule chose qu’elle avait comprise, c’était que Kouran était plutôt renfermé sur lui-même, ce qui nuisait à son succès scolaire. Certes, elle avait été plus ou moins dans la même situation ,pendant ses trois premières années d’études, et aurait probablement été dans le pétrin si ça n’avait pas été de Deryn… Est-ce que leur Directrice espérait qu’elle soit capable d’accomplir le même miracle avec lui en l’ouvrant aux autres? Qu’elle devienne la « Deryn de Léo? »

Soupirant, Nayla ouvrit la porte de la serre contenant les plantes étudiées par les troisièmes années, où Léo se trouvait déjà. Il avait probablement un devoir à remettre bientôt à Mapple. Bien sûr, Drew pourrait le lui faire à sa place les yeux fermés, mais ce n’était pas vraiment le but du tutorat. Elle était supposé lui apprendre à s’améliorer par lui-même… et surtout accepter de demander de l’aide.

-C’est toi Léo? demanda-t-elle bêtement au seule garçon présent dans la serre, comme si ça avait pu être quelqu’un d’autre. Je suis Nayla Drew.

Une autre évidence qu’elle n’aurait pas dû avoir besoin de nommer, mais elle était toujours incapable de se comporter de façon intelligente devant les garçons. Ils étaient définitivement son talon d’Achilles.

-Tu as apporté ton devoir pour Professeur Mapple? J’ai… Je n’ai jamais fait ça, du tutorat, avant… je… je vais essayer de t’aider, ok? Mais tu vas peut-être… avoir besoin d’être un peu patient avec moi, est-ce que tu penses que ça ira?

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Elle qui pensait avoir atteint le sommet en matière de timidité à Poudlard dans ses premières années de scolarité, elle découvrit assez vite que Léo avait de loin écrasé son record. Certes, elle ne serait probablement jamais à l’aise avec les garçons, mais en rencontrer un encore plus anxieux qu’elle l’aidait à se durcir. Elle n’allait pas s’écraser devant ce pauvre gamin effrayé, quand même? Il bredouillait à tout… enfin… exactement comme elle, et c’était probablement ce qui fit en sortes qu’elle cessa (presque) de bégayer à ce moment précis. Parce qu’il fallait que quelqu’un, entre les deux Poufsouffles, prenne le rôle de « Leader »… Bref soit sa « Deryn ».

Lorsqu’elle arriva face à lui, constatant stupidement qu’elle ne le dépassait probablement pas de plus de deux centimètres (Nayla était terriblement naine et était souvent confondue pour une deuxième ou troisième année!), elle décida de s’assoir sur l’un des tabourets placé devant la grande table où étaient posés les pots remplis de spécimens étudiés par les troisième années. Elle prit alors l’intitulé de son devoir, qu’il n’avait toutefois pas commencé, demandant de décrire les particularités du haricot magique et ses différences avec le haricot vert ordinaire.

-Pourquoi penses-tu que tu « foirerais » tout? demanda-t-elle, le regard empli d’empathie et désormais exempt de sa propre nervosité. Si.. si tu te mets, dès le départ, en tête que tu n’y arriveras pas… mettras-tu vraiment les efforts pour réussir, ou… ou baisseras-tu les bras sans avoir essayé? ajouta-t-elle, l’air un peu trop sérieuse, s’efforçant donc de sourire doucement, pleine de sympathie, pour atténuer cette impression trop fausse d’elle. Co… commence par me donner une chance, d’accord? Je vais essayer de t’aider à comprendre la matière, sans te donner toutes les réponses gratuitement, bien sûr. Puis on essaiera de formuler tout ça dans ton devoir pour impressionner Miss Mapple. Mais pour ça…

Se mettant au travail avec la passion qui l’habitait toujours lorsqu’il était question de botanique, Nayla fouilla ses poches à la recherche de ses petites pinces à cheveux décorées de licornes (ouioui…) pour attacher le devant de sa tignasse vers l’arrière, afin de ne pas être embêtée par quelques mèches dans ses cheveux.

-Va falloir que tu essaies de me faire confiance? Et… fais-toi confiance, toi aussi. Le succès scolaire…

Drew hésita. Elle avait l’impression de parler comme une professeur, ce n’était pas l’impression qu’elle voulait donner. Pourtant, elle avait entendu ce genre de phrase si souvent qu’elle y croyait maintenant. Sa scolarité n’avait pas toujours été facile, sauf pour ses matières fétiches, d’ailleurs elle ne l’était pas toujours encore aujourd’hui, et elle s’était souvent sentie comme si elle était l’erreur.

-Ce n’est pas juste d’étudier. Si tu ne t’en crois pas capable, si tu continues à penser que tu ne peux pas y arriver…

Peut-être valait-il mieux qu’elle ne termine pas sa phrase? Ça risquait de sonner un peu trop pessimiste. Elle se secoua plutôt, sourit et s’approcha un plant d’haricots magiques, puis extirpa ce propre manuel de botanique niveau trois, qu’elle avait conservé comme tous les autres, et qui était bourré de notes manuscrites… comme tous les autres.

-Oublie ce que je t’ai dit tout à l’heure. Je ne veux pas que tu sois patient avec moi… Je préférerais que tu le sois avec toi-même, au moins pour aujourd’hui, peux-tu essayer ça?

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Nayla n’aurait pas eu l’air plus surprise si Léo lui avait annoncé qu’il était son petit frère secret et que leur père était encore en vie. Est-ce qu’il venait vraiment de la vouvoyer? ELLE!? Une adolescente de quinze ans! Quand même, elle voulait bien être un peu plus vieille, d’accord, mais il ne fallait pas trop en mettre non plus, elle était encore elle-même une gamine. Mais il la traitait comme une professeur, et non comme une collègue dédiée à lui donner un coup de main. Était-ce parce qu’elle avait trop parlé comme un adulte en croyant que ça le mettrait en confiance? Visiblement, elle avait eu tort.

Elle se mit à rire doucement, ne voulant pas paraître moqueuse ou hautaine, mais sa nervosité transparaissait dans son rire. Maladroitement, elle ébouriffa ses propres cheveux, cherchant à s’occuper les mains afin de reprendre ses esprits. Drew remarqua d’ailleurs que Kouran semblait également avoir un petit tique nerveux, celui de se gratter, du coup, il allait falloir chercher à lui occuper ses mains à lui aussi.

-Hey, j’ai deux ans de plus que toi Léo, pas vingt. Ne me vouvoie pas s’il-te-plait, c’est trop bizarre.

Puis, elle décida de jeter un œil au sujet du devoir de botanique, parce que c’était la seule chose pour laquelle elle pouvait réellement lui être utile, en fait. Comment une névrosée anxieuse pouvait-elle en réchapper un autre? C’était l’infirmier que Léo devrait aller voir pour de l’aide à ce sujet, pas une collègue de classe. Mais si elle pouvait au moins l’aider à remonter un peu la pente au niveau de ses devoirs pour lui redonner un peu de confiance en lui-même, ce serait un bon départ. Ouvrant son propre manuel de troisième année au chapitre dédié Champifleurs.

-« Dessinez un champifleur en indiquant chacune de ses composantes, puis décrivez ses propriétés en minimum dix lignes ». Bon, ce n’est pas pénible tout ça, on va commencer par le dessin, c’est la partie la plus amusante, d’accord? Je peux aller en chercher un pour te l’apporter comme exemple, afin que tu bases ton dessin dessus, même s’il n’est pas si dur à reproduire. J’ai toujours trouvé qu’il ressemblait à un œuf de dragon reposant sur un vieil arbre mort.

Puis, Nayla pris la plume et l’encrier de Léo et les lui mis entre ses mains. Pour qu’il arrête de se gratter. Parce qu’elle commençait à se dire qu’il se ferait mal à la longue, et ne savait pas trop comment l’en empêcher. Il ne lui était jamais arrivé de rencontrer quelqu’un d’aussi nerveux en sa présence et… du coup… elle commençait à réaliser ce qu’elle avait fait subir à tout son entourage pendant ses trois premières années de scolarité.

-Moi aussi j’ai eu du mal, tu sais… commença-t-elle malgré sa volonté de se tourner uniquement vers le devoir, incapable de résister à l’idée de comparer leurs situations. À m’intégrer ici, je veux dire… J'étais une née-moldue, tout m'intimidait, je ne réussissais pas très bien dans la moitié des matières. J’avais peur de tout le monde, surtout les garçons… Heu… J’ai encore peur des garçons… marmonna-t-elle en rougissant et en fixant le plafond translucide de la serre. Mais ça va mieux maintenant. Tu te feras des amis de ton âge, Léo, et ils t’aideront à passer au travers, comme mes amies m'ont aidées. C’est sûr. Bon, on s’y met?

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Il était resté terriblement silencieux, de ce calme pas du tout apaisant, lourd de nervosité, qui n’aidait vraiment pas Nayla à se sentir à l’aise non plus. Mais on lui avait confié la responsabilité de tutrice, et elle allait faire son gros possible pour aider son pupille, même si ça ne devait s’arrêter qu’à une seule rencontre parce que… ben, visiblement, il la détestait? Elle irait en glisser un mot à Mapple dès leur petit cours privé terminé, pour voir ce qu’elle en pensait, puisque Drew ne parvenait tout simplement pas à voir ce qu’elle avait fait exactement pour que tout se passe de travers. Léo n’aurait pas dû être plus nerveux qu’elle! C’était elle qui avait la pression du succès maintenant, au travers Kouran.

En voulant tremper sa plume pour commencer son dessin, le pauvre garçon mit de l’encre partout, et s’excusa en bafouillant pour le dégât… Nayla était confuse, et ne savait plus si elle devait parler pour le rassurer, vu que chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, il semblait pire qu’avant. C’était son parchemin et son matériel qu’il ruinait, pas ceux de sa tutrice, alors il n’avait pas à être désolé.

-Ça va, c’est juste ton brouillon de toute façon, quand on aura tout terminé, on refera une copie au propre. La deuxième fois, c’est toujours plus facile, voulut-elle le rassurer alors que le garçon commençait son dessin de façon assez réussie…

Mais ça se transforma assez rapidement en désastre. Il était trop nerveux, ça main ne cessait de trembler, ses lignes étaient floues et l’encre coulait dans tous les sens. Le garçon se mit à pleurer en s’excusant, comme s’il l’avait profondément insultée elle avec sa tentative de dessin et qu’elle en avait quoi que ce soit à faire. Étant elle-même terriblement sensible à pleurnicher pour rien, Nayla eut tout le mal du monde à ne pas être influencée par la peine évidente de Léo et se mettre à pleurnicher à son tour. Son instinct lui dictait de le serrer dans ses bras pour le consoler comme elle aurait aimé que quelqu’un le fasse si elle avait été à sa place, mais elle s’en sentait incapable. Toucher un garçon, c’était trop dur pour elle, même un cadet. Et puis il réagirait probablement mal de toute façon.

-Mais non… c’est pas grave Léo… bredouilla-t-elle, toute aussi mal à l’aise que lui en sortant un mouchoir en tissus blanc décoré de petites fleurs roses et en lui tendant pour qu’il s’essuie les yeux. Ce n’est qu’une première tentative, on va réessayer, c’est tout, ne te mets pas dans tout tes états pour un simple dessin, s’il-te-plait…

Sa voix se faisait presque suppliante, alors qu’elle extirpait de sa robe sa baguette qu’elle ne pensait pas avoir à utiliser pour un simple devoir de botanique, mais qu’elle avait apportée quand même.

-Récurvite… chuchota-t-elle en pointant la table où ils travaillaient, et les gouttelettes d’encre éparpillées sur la table s’envolèrent pour retourner dans leur flacon.

D’ailleurs, son sortilège fut assez réussi pour que même le dessin s’améliore un peu. Toutes les coulisses involontaires disparurent également du parchemin, ne laissant que le tracé, brouillon et maladroit certes, mais qui ressemblait un peu plus à ce que Léo avait voulu représenter.

-Ah, bien… tu vois, il n’est pas si mal, ton dessin! Si tu… tremblais un peu moins et que tu heu… mettais un peu moins d’encre sur ta plume, tu y parviendrais sûrement. Peut-être que tu devrais faire ta copie au propre seul? Quand tu n’auras personne pour te déranger et que tu seras calme? hésita-t-elle en se voulant encourageante. En attendant, on va continuer ton brouillon? Le dessin est fait, on peut faire la partie dissertation maintenant… et puis, quand on aura terminé, si tu veux, on peut essayer de pratiquer le sortilège que je viens de faire! s’exclama-t-elle avec un enthousiasme soudain en se rappelant qu’elle l’avait appris en troisième année, justement. Tu l’as probablement déjà vu, non? Ça te serait bien utile de le pratiquer. Il a changé ma vie celui-là, je suis assez maladroite aussi, je faisais toujours plein de dégâts aussi… avant… Non. C’est pas vrai. J’en fais encore. Mais maintenant, je peux les nettoyer rapidement, c’est sympa.

Drew parlait trop, encore, beaucoup trop, parce qu’elle était nerveuse, et qu’elle n’avait que deux façons de répondre à cette situation : s’isoler dans le silence, ou au contraire débiter une tonne de mots. Mais si elle ne parlait pas avec Kouran, qui allait le faire?

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Après quelques secondes pendant lesquels Léo eut l’air typiquement ébahi des moldus devant la magie, une expression qui se peignait encore régulièrement sur le visage de Nayla malgré cinq années à Poudlard, il finit par « débuguer » et parler. MAIS PARLER! Ce fut au tour de la tutrice d’avoir l’air surprise, puisqu’il venait de déballer la plus longue phrase qu’elle l’ait entendu dire depuis le début de leur rencontre. En fait, en seulement deux phrases pour expliquer qu’il aller réessayer tout de suite le dessin afin d’être certain d’y arriver en temps d’examen, Kouran avait prononcé plus de mots que dans tout le reste de leur conversation. Drew n’était pas certaine de ce qu’elle avait bien pu dire ou faire pour opérer un tel changement dans sa relation avec son jeune élève, mais elle était définitivement soulagée. Parce qu’elle avait commencé à penser que c’était elle le problème et qu’elle ne parviendrait pas à accomplir quoi que ce soit…

-Si… si tu veux, pratiquer ne peut jamais faire de mal, lui répondit-elle, toujours un peu étonnée, alors que le troisième année reprenait sa plume pour recommencer son dessin sur un nouveau parchemin.

Après avoir confirmé qu’il voulait bien essayer d’apprendre Récurvite un coup le devoir de Botanique terminé et avoir essuyé ses larmes, Léo se remit au travail. Il y avait certes largement place à l’amélioration, mais Nayla avait envie de sauter sur place en tapant des mains tellement elle était soulagée de voir qu’il pouvait y arriver. Elle se retint tout de même d’afficher un comportement aussi exagéré pour les circonstances et se contenta d’un soupir soulagé et satisfait.

-C’est beaucoup mieux, protesta-t-elle, tout sourire, en attirant le parchemin vers elle pour revérifier son travail. Tu ne peux qu’avoir une bonne note avec ça, c’est largement suffisant pour réussir, du moins, la partie dessin. Je savais que tu pouvais y arriver, s’exclama-t-elle en lui redonnant son devoir. Il faut juste essayer de… croire un peu plus en toi. Bon, maintenant, les propriétés du champifleur? Mon truc, avant de me mettre à rédiger et risquer écrire des bêtises et gaspiller du bon parchemin, c’est de nommer à voix haute ce que je veux écrire, pour m’assurer que ça se tient, avant de le coucher sur papier. Tu veux essayer? Ou alors… proposa-t-elle en songeant que ça pouvait être embarrassant devant quelqu’un d’autre qui l’écoutait, puisqu’elle faisait normalement ça seule dans son devoir, ou dans un endroit assez bondé pour qu’elle ne puisse être entendue. Tu peux aussi le faire dans ta tête, en fermant les yeux, comme si tu écrivais le texte dans le vide, tu vois? fit-elle en mimant sa main vide qui prétendait tenir une plume, et qui traçait des lettres et des mots imaginaires dans l’air. Ça a peut-être l’air idiot… mais heu… moi ça m’aide à réfléchir. Ça s’appelle être kinesthésique, apprendre par les gestes.

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Cette fois-ci, il n’y avait pas de raison de retenir son rire, elle n’était plus inquiète à l’idée que Léo puisse le prendre de travers, pas de la façon dont il venait lui-même de crier de joie. Nayla était soulagée de le voir prendre un peu de confiance en lui-même, sans quoi elle n’aurait plus su comment l’aider. Être tutrice était un travail encore plus difficile qu’elle ne se l’était imaginé, parce que partager ses connaissances, c’est une chose, mais avec quelqu’un d’aussi renfermé, c’est presque impossible. Soudain, elle plaignit ses enseignants lors de ses première années d’études, comprenant ce qu’elle leur avait fait subir!

Par la suite, Léo resta un moment silencieux, utilisant le truc de Nayla pour se préparer à écrire. Ça pouvait avoir l’air un peu étrange de l’extérieur, mais l’adolescente ne dit rien, ne voulant briser sa concentration, et attendit patiemment, en songeant qu’elle-même devait souvent avoir l’air aussi étrange dans ses propres examens. Puis, il rouvrit les yeux et se mit soudain à écrire quelques lignes. Sans un mot, Drew lut par-dessus son épaule, voulant d’abord voir ce dont il était capable de se souvenir de lui-même. Le contenu n’était pas aussi long que demandé dans l’énoncé de travail, et Kouran c’en était rendu compte. Après une hésitation, celui-ci tenta de se concentrer à nouveau, mais visiblement, rien d’autre ne lui vint. La tutrice eut un léger sursaut lorsqu’il se donna lui-même une claque, comme pour se punir de ce qu’il s’apprêtait à dire, avant de simplement énoncer qu’il lui semblait manquer quelque chose. Il était déçu, cela était évident.

-Tu as déjà couvert l’essentiel, c’est très bien! Tu pourrais préciser que c’est une plante de type champignon, c’est évident avec le nom, mais c’est un détail qui te rajoutera un peu de longueur à ton texte, et ça montre que tu as bien compris. Et puis, au moment où elle « éclot », justement, elle produit des fleurs, tu peux parler de leur forme, leur couleur. Et il y a les gousses que renferment ces fleurs aussi, avec leurs …

Soudain, elle s’interrompit. Elle n’était pas censée lui donner toutes les réponses, pas plus qu’étaler son grand savoir en Botanique pour faire son intéressante (ce qui n’avait vraiment pas été son but!). C’était toujours plus fort qu’elle, dans sa matière préférée, elle devenait une vraie pipelette qui ne pouvait arrêter de parler.

-Mais tu sais, c’est qu’un devoir, tu peux consulter ton manuel aussi, pas comme un examen. Le seul but de ces travaux, c’est justement de t’aider à mieux absorber la matière vue en classe pour que tu aies plus de chances de t’en rappeler à la véritable épreuve. Mais… mais c’était très bien ce que tu avais écrit aussi, hein!

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-Et nos professeurs moldus, lui répondit-elle du tac au tac, sachant qu’il avait dû entendre les mêmes discours lorsqu’il était au Primaire en école Moldue, nous racontaient le même truc. On devait apprendre ces fichus tables de multiplications parce que… « vous n’aurez pas toujours accès à une calculatrice ». On sait aujourd’hui que c’est faux, évidemment, tous les moldus en ont une dans leur téléphone. Les sorciers n’ont pas ça, mais nous avons autres choses, des sortilèges qui permettent de transformer un sac visiblement minuscule à l’extérieur, mais immense à l’intérieur. J’ai lu ça quelque part. L’adolescente esquissa un sourire en penchant la tête sur le côté. Donc oui, en théorie, tu pourrais traîner tes manuels partout, ça ne serait pas un problème. Tout apprendre par coeur, c'est bon que pour les examens, n'angoisse pas tout de suite pour "plus tard", tu as treize ans, Léo. Tu as encore largement le temps.

Sauf que là n’était pas vraiment la question, elle le savait bien. Nayla comprenait le véritable problème, elle avait surtout voulu faire de l’humour et… enfin, lui rappeler qu’elle aussi était une née-moldue. Mais Léo semblait voir la situation comme s’il devait parfaitement réussir, et être comme tout le monde. Il lui manquait juste la compréhension qu’être lui-même pouvait ne pas être mauvais.

-Tu n’as pas besoin d’être un génie qui sait tout. Tu aurais probablement eu un A à ce devoir, en le rendant tel quel. Tu as retenu l’essentiel, connaître tous les détails n’est pas nécessaire, à moins d’ambitionner à devenir Botaniste. Est-ce ton rêve de devenir Botaniste Léo? insista-t-elle avec un léger sourire. De toute façon, je suis certaine que les vrais Botanistes ne se baladent jamais sans leurs manuels, se mit-elle à rire.

Tout ce qu’il devait faire, c’était repérer les matières qui l’intéressaient vraiment, celles qui le rendaient heureux et pour lesquels il avait le moins de mal à réussir, et concentrer ces efforts dans celle-là. En sixième année, il n’aurait qu’à abandonner celles qui étaient trop difficiles pour lui et qui ne faisaient que lui ajouter une pression inutile. Exploiter ses qualités, plutôt que d’essayer de corriger ses défauts et ainsi perdre du temps précieux qui serait mieux investi ailleurs, quoi.

Nayla tiqua une fois lorsque Léo lui parla encore comme à une adulte, et mis donc un instant à répondre à sa question, une hésitation, non pas parce qu’elle trouvait la question indiscrète ou quoi que ce soit, elle lui avait même déjà dit que ça n’avait pas été facile pour elle au début, elle non plus. Mais Kouran avait déjà changé de sujet, de nouveau nerveux, en lui demandant plutôt quel était le sortilège qu’elle voulait lui apprendre.

-Récurvite. Si tu veux ranger ton devoir on peut le pratiquer. Mais pas tout de suite. D’abord… s’il-te-plait… tutoie-moi. Ça me rend mal à l’aise que tu me parles comme à une professeur, avoua-t-elle en rougissant violement, croisant les bras sur sa poitrine en signe de nervosité. Ensuite… je vais répondre à ta question. Oui, j’ai eu du mal au début, beaucoup. J’ai encore souvent du mal, à vrai dire. Je suis une plaie en Défense contre les Forces du Mal, peu importe les efforts que j’y mets, je reste dernière de classe. Mais il semble que j’ai un talent naturel pour les plantes. Donc je travaille sur mes forces, plutôt que de me décourager de mes faiblesses. Trouves tes forces Léo.

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Toujours aussi silencieux, Léo rangea toutes ces affaires, ne gardant que sa baguette. Il n’avait répondu à rien de ce que lui avait dit Nayla, ce qui aurait dû décourager celle-ci, lui faire penser qu’elle avait parlé dans le vide… mais non. Elle était convaincue qu’il avait écouté, absorbé un peu, ou du moins elle l’espérait. Parce qu’elle aussi, à son âge, ne faisait qu’écouter les autres parler et ne pipait mot, mais ça ne voulait pas dire qu’elle n’enregistrait rien et ne suivait pas les conseils. Dans le cas contraire, elle ne se serait jamais rendu là où elle était aujourd’hui.

-Alors, c’est quand même un sortilège de troisième année, ce qui veut dire que ça devrait t’être accessible, mais il ne faut pas non plus que tu te décourages si tu n’y arrives pas du premier coup.

Bien sûr, techniquement, il savait ça. Très peu de gens parvenaient à exécuter un nouveau sortilège dès le premier essai, ou même le dixième. La magie était complexe et capricieuse, et c’était chose connue, il fallait beaucoup de patience pour la maîtriser. Mais même si Drew savait que Kouran était déjà au courant (lol) de ça, elle préférait le rappeler, juste pour qu’il ne se flagelle pas mentalement devant l’échec.

-Alors, le geste avec ta baguette, c’est ceci, commença-t-elle simplement en se plaça debout à côté de Léo, afin qu’il voit le geste dans le bon sens et non en effet miroir, ce qui risquait de le confondre sur la gauche et la droite du mouvement. Et la formule, Récurvite, tout simplement, conclut-elle sans faire le mouvement cette fois-ci… puisqu’il n’y avait rien que son Sortilège aurait pu nettoyer.

Regardant autour d’elle, elle chercha d’ailleurs à résoudre ce problème. Kouran ne pouvait pas pratiquer si tout était propre autour d’eux. Drew trouva enfin un tout petit pot d’engrais, dont elle renversa une minuscule quantité au sol… Elle voulait surtout être certaine que, si Léo n’apprenait pas à maîtriser le sort dans les prochaines minutes, le dégât serait au moins à la hauteur de ses capacités à elle!

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Bon, ça ne s’était pas exactement passé comme prévu, mais ce n’était pas une raison pour s’affoler, pas vrai? Si ce n’était que le premier essai de Léo, il fallait s’attendre à… devoir s’armer de patience. Non seulement il n’avait pas très bien recopié le geste produit par Nayla, mais il avait aussi mal prononcé le sortilège, ce qui avait eu des conséquences assez impressionnantes. Au bord de la panique en voyant les dégâts qu’il avait causés, le pauvre garçon ne put que bredouiller des propos peu intelligibles… Est-ce qu’il venait d’avouer l’avoir fait exprès, ou avait-il tenté de dire le contraire? Bien qu’un peu secoué par l’explosion, Drew s’efforça au calme en prenant quelques longues respirations avant de réagir, parce que si elle se mettait à s’énerver, elle perdrait le peu de contrôle qu’elle avait sur la situation, et Kouran n’arriverait plus à lui faire confiance.

-Récurvite.

Calmement, elle parvint donc à recréer le sortilège sans se tromper, nettoyant les dégâts, rebouchant le trou, bref, ramenant tout à l’état où il devait l’être. Puis, elle reprit depuis le début en renversant une petite quantité d’engrais au sol, avec une patience et une détermination exemplaire.

-Ce… ce n’est pas grave, Léo, il n’y a eu aucun mal irréparable, t’inquiète… Personne ne peut tout réussir du premier coup, d’accord? veut-elle se faire encourageante… bien que, honnêtement, il était plutôt facile à maîtriser ce sortilège.

Sauf que voilà, comment l’aider à mieux réussir autrement que de la façon dont elle s’y était prise à l’instant? Nayla n’était pas une vraie professeure, tutrice depuis… ce jour même seulement! Elle n’avait donc pas d’autres aptitudes pédagogiques que de répéter jusqu’à ce que ça fonctionne. Mais même si elle lui remontrait le bon geste de sa baguette, comment s’assurer qu’il le referait correctement à son tour?

-Heu, Léo… tu permets que je te touches? demande-t-elle en s’empourprant elle-même à cette idée, mais elle ne voyait pas de meilleure solution. Je veux juste prendre ta main, celle qui tient ta baguette, pour répéter le bon mouvement avec toi… pour que tu comprennes mieux. Tu me permets? précise-t-elle d’une voix hésitante en tendant simplement la main vers Kouran, mais n’osant pas s’exécuter sans son accord.

Drew ne pouvait pas penser à meilleure technique que celle qu’utilisaient les professeurs lorsqu’un gamin avait du mal à tenir correctement son crayon lorsqu’il apprenait à tracer les lettres… Après tout, si ça fonctionnait avec un enfant de cinq ans, pourquoi ça ne marcherait pas avec un de treize?

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