Rencontre livresque | Hulrick (Terminé)

Sheireen failli s’étouffer avec sa bouchée de gâteau. Elle, participer aux cours d’Hulrick? Elle ne tiendrait pas deux minutes. Disons que les sports n’avaient jamais été son truc, elle était tombée un nombre incalculable de fois de son balai lors des cours de vol de sa première année à Poudlard. Depuis, elle n’avait jamais essayé le moindre sport, encore étonnant qu’elle avait toujours la forme. Comme il devait lui-même songer que ce n’était pas une bonne idée, le professeur de Self-défense lui demanda donc où elle pensait qu’ils pourraient se rejoindre, alors, si ce n’était pas à ce salon de thé. Ce à quoi Lestrange se contenta d’hausser les épaules, parce que sincèrement, elle n’en savait rien.

-Aucune idée. Partout, transformons cette aventure littéraire en voyage à travers le village et essayons chaque endroit de Pré-au-Lard? improvise-t-elle antre deux bouchées de gâteau. Oui, même le dojo… peut-être, ajoute-t-elle de façon hésitante, pas franchement intéressée par le lieu, mais juste pour lui faire plaisir.

La bibliothécaire fini par rire réellement lorsqu’il se moque en prétendant qu’elle lui demande de lire le résumé seulement pour qu’elle puisse se goinfrer. C’était drôle parce que c’était vrai. Pendant ses quelques minutes sans parler, la jeune femme eut le temps de vider son assiette et boire la moitié de son thé, savourant pleinement chaque bouchée et chaque gorgée sans être dérangée (sauf par la très agaçante serveuse qui venait s’enquérir de leur bien-être pratiquement à chaque 75 secondes). Lorsque Schwartz revint à la conversation après une bref plongée dans l’univers d’Hervé Gagnon, Lestrange est prête à faire face à la conversation.

-Hmm, si je t’en dis trop, je risque de te divulgâcher des éléments du premier. Alors je vais simplement ajouter que certaines enquêtes concernent des sociétés secrètes, détruisent un peu… non beaucoup la religion catholique, au plus grand bonheur des sorciers et malheur des moldus, bien sûr… Ah, et il y a des implications politiques, bref, beaucoup d’éléments ficelés au travers ces enquêtes sombres. Éventuellement dans le premier tome, le duo des Laflamme sont rejoint par de l’aide venant d’Europe : un inspecteur de Scotland Yard, rien de moins, et il y reste pour les tomes suivants, ça ajoute un brin de « chez nous » à cette série d’outremer, ça m’a bien plut. Mais je ne peux pas t’en dire plus, il va falloir que tu les lises… Donc, je te laisse avec celui-ci et je te rapporte les suivants à notre prochaine rencontre? demande-t-elle, se sentant soudainement pressée de le revoir, simplement pour avoir son opinion sur sa lecture.

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Mais ne ressemblaient-ils pas justement un peu à des aliens? Pas au sens propre, évidement, aucun d’entre eux n’avait la peau verte ou grise avec des yeux exorbités, mais au sens figurés… Ils « clashaient » disons, en compagnie l’un de l’autre. L’intello du village avec ses robes sages et le « fighter » à l’allure vaguement sauvage, ça ressemblait à une rencontre du troisième type.

Certes, l’envie ne manquait pas d’essayer une autre saveur de ces délicieux gâteaux, mais comme l’avait précédemment souligné Hulrick, ils risquaient assez vite de faire le tour des enseignes où ils pourraient se poser pour lire et discuter, donc ils allaient probablement revenir bientôt au Salon de Thé, ils auraient alors tout le luxe de tester le menu dans son entièreté. Et bien que Lestrange avait adoré son gâteau, elle savait que si elle continuait de se goinfrer de la sorte, elle dormirait mal… Il lui faudrait des trucs plus digestibles pour combler son estomac en cette fin de soirée. Elle allait certainement faire un détour par la cuisine, où un Elfe de Maison était toujours réveillé, avant de se coucher. Par conséquent, quand la serveuse passa à nouveau près d’eux, elle signala qu’elle ne désirait rien d’autre, se contentant de simplement finir sa tasse de thé.

-Bah… surtout lorsqu’ils me plaisent, comme celui-là, répond-t-elle humblement lorsqu’il lui dit qu’elle sait vendre un livre. Ce Monsieur Gagnon a écrit beaucoup d’œuvres historiques qui sont superbes, mais commence déjà par le découvrir lui, et quand je saurai ce que tu en as pensé, ça m’aidera à orienter mes recherches à l’avenir. Mais je suis contente d’avoir trouvé un truc qui te plait, et surtout qu’on a en commun, ajoute-t-elle franchement avec un sourire en terminant son thé d’une dernière gorgée.

La bibliothécaire rougit un peu à sa remarque suivante, elle n’était pas habituée de recevoir compliments et éloges, donc elle savait toujours mal y réagir, elle détourna donc un peu le regard, comme intéressée par ce qui se déroulait de l’autre côté de la fenêtre, bien qu’ils n’y voyaient presque rien puisque c’était désormais plutôt sombre dehors.

-Je le penses aussi… chuchote-t-elle quand même, légèrement embarrassée. C’est moi qui te doit des remerciements, de ne pas me tenir rigueur de notre petit… accident, de tout à l’heure, précise-t-elle en haussant les épaules avec un très léger sourire innocent. Veux-tu aller marche un peu, quand tu auras terminé? Il nous faudra digérer ce gâteau si on veut être capable de dormir, et puis on a un petit bout de chemin à faire dans le village avant de se séparer pour rentrer chacun chez soi.

L'air frais du soir ferait assurément le plus grand bien aux rougeurs agaçantes sur ses joues. Puis, franchement, bien que leurs pâtisseries soient délicieuses, l'ambiance de ce Salon de Thé était un peu étouffante au goût de Sheireen.

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Oh, elle avait déjà bien compris qu’il allait la surprendre, ça ne faisait aucun doute, du coup elle avait vraiment hâte de savoir ce qu’il avait pensé de Joseph Laflamme, ils auraient assurément une discussion intéressante sur le sujet la semaine prochaine. La seule idée d’être aussi prompt à penser à leur rencontre suivante la déstabilisait, et pourtant cela s’était naturellement implanté entre eux. Ça avait certes quelque chose d’un peu étourdissant pour l’éternelle Ermite qu’elle était, mais certainement agréable.

Lorsqu’il commente un peu sa timidité, Sheireen lui jette un regard curieux. Était-il légiliment ou empathe et il avait négligé de la prévenir? Heureusement il passe rapidement à autres choses, faisant oublier ce dernier sujet à la bibliothécaire, lorsqu’il file régler la facture auprès de la serveuse. Elle allait faire de même en sortant sa monnaie de son sac lorsqu’elle réalise qu’il avait déjà réglé pour les deux, ce qui l’embarrasse encore plus. Ils étaient amis, pas petits-amis, il n’avait pas à lui acheter des gâteaux ou du thé. Surtout qu’elle n’était assurément pas sans le sous, avec son salaire d’employée de Poudlard et son absence de dépenses puisqu’elle résidait directement au château, où elle était logée et nourrie, enfin.

Lestrange dévisagea un peu Schwartz quelques instants. Elle avait franchement envie de lui demander de ne plus jamais faire ça, mais elle allait simplement se venger la prochaine fois en payant en avance pour eux deux, de sorte qu’il se retrouve bredouille en tentant sa galanterie à deux balles qui datait du siècle dernier.

-Oui, exactement, avoue-t-elle simplement en haussant les épaules, parce que c’était la pure vérité, et se levant pour rejoindre la porte. C’est étouffant, trop chaud… les gâteaux sont géniaux, mais à refaire, je propose qu’on vienne les chercher en commande pour emporter et qu’on les mange dehors en pique-nique? Lorsqu’il fera assez beau dehors pour se le permettre, ça peut se faire, lance-t-elle pour détourner un peu la conversation, le temps qu’ils mettent les pieds dehors.

Ce qui fut un terrible soulagement. Une bonne partie des couples là-dedans avaient délaissés tasses de thé et gâteaux pour s’embrasser suavement de façon très inappropriée en public. Genre, allez-vous prendre une chambre? Sheireen sentit qu’elle respirait mieux dès qu’elle entra en contact avec l’air frais du dehors. La nuit était magnifique, fraîche juste comme il le fallait et le ciel dégagé permettait de voir les étoiles. La bibliothécaire adorait les regarder, elle avait particulièrement aimé ses cours d’Astronomie à l’époque où elle était élève, et continuait d’étudier le sujet adulte pour le simple plaisir de la chose. Du coup, elle marchait les bras débordés de livres, la tête relevée pour regarder le ciel, sans vraiment porter attention à ce qui l’entourait, ce qui était magnifiquement propice à cause un autre accident, mais elle n’y songeait même pas.

-Et aussi le fait qu’on pourrait passer pour un couple si on continue de fréquenter cet endroit, continue-t-elle sur le même sujet comme si elle ne s’était pas interrompue pendant quelques minutes, en regardant toujours le ciel. Surtout si tu continues de payer à ma place, tu n’as pas peur de t’attirer des problèmes avec ta petite amie à te comporter comme ça avec une autre dame? demande-t-elle simplement sans même le regarder, innocemment, un brin curieuse.

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Au moins Hulrick ne semblait pas plus tenté qu’elle de remettre les pieds dans cet endroit, bien que possiblement pas pour les mêmes raisons que Sheireen, cela faisait bien l’affaire de la jeune femme. S’ils avaient à nouveau envie de mélanger gâteaux et littérature, ils le feraient ailleurs, en emportant les petites merveilles du Salon de Thé à l’extérieur, ce qui était bien plus agréable, car combinez tout ce bonheur au plein air et vous obtenez la parfaite soirée littéraire.

Inattentive à son compagnon de marche, Lestrange est surprise lorsqu’il la libère encore galamment de ses bouquins en trop, avant de lui reprocher de ne pas regarder où elle allait. La remarque la fait rougir un peu de honte alors que Schwartz fait clairement allusion à leur rencontre fracassante quelques heures plus tôt, bien qu’il ait le tact de le faire avec humour. Sachant qu’il ne veut pas l’entendre s’excuse une millième fois et qu’il ne fait que la taquiner, la bibliothécaire hésite un peu avant de répondre en forçant un sourire en coin, comme pour embarquer dans sa blague, mais avec peu d’assurance.

-Dire que je comptais sur toi pour nous diriger!

Tant mieux si la petite amie d’Hulrick (dont Sheireen ne savait toujours rien d’autre que le nom, et c’était probablement simplement un surnom car personne ne s’appelait « Cal » dans la vie…) n’était pas du genre jalouse, mais ça n’empêchait pas que elle n’aimait pas trop qu’on chuchote à son passage, elle devait bien le reconnaître. Du coup, la discrétion lui plaisait plus… Pas étonnant qu’elle ait vécu presque comme une ermite pendant les cinq dernières années. Lorsqu’il mentionna son geste galant comme un moyen de la remercier, la bibliothécaire ne put se retenir de rouler des yeux vers le ciel (bon elle le regardait déjà, alors les rouler dans leur orbite!) et soupirer.

-Sauf que je t'avais déjà dit que je n’avais nul besoin d’être remerciée d’aucune façon que ce soit, maugrée-t-elle légèrement en haussant les épaules, n’ayant visiblement pas le « merci » aussi facile que le « désolée »! Ton amitié vaut tous les paiements du monde.

Puis, d’une façon totalement inattendue, elle glousse lorsqu’il lui dit qu’elle n’aura qu’à payer la prochaine fois. Eh oui, faites une croix sur votre calendrier, Sheireen a gloussé, il faut le garder dans les annales.

-C’est bien ce que j’avais l’intention de faire, de toute façon!

Lestrange cesse finalement de regarder le ciel pour se tourner vers Schwartz, un air amusé qui ne lui ressemble vraiment pas faisant briller ses yeux encore plus que les étoiles.

-Ah, vraiment? Je croyais que c’était disparu depuis longtemps, pourtant... Quelque part entre cro-magnon et la découverte du feu!

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-Mais je n’ai jamais suggéré de me prendre la main! s’oppose-t-elle vivement en oubliant qu’il s’agissait d’humour.

Tout comme elle avait sciemment évité de répondre à son commentaire précédent, parce qu’elle était incapable d’entrer dans ce genre d’humour là. Mais voilà, il l’avait embarrassée de nouveau, et maintenant elle saisissait tout le reste de travers.

-Plutôt d’être mes yeux et me prévenir si la voie n’est pas libre, maugrée-t-elle entre ses dents, mais depuis elle avait cessé de regarder le ciel… Elle aurait d’autres occasions.

Bon, il semblait qu’ils n’allaient pas arriver à s’entendre au sujet de la galanterie. Tant pis, c’était sa petite copine à lui qui risquait de poser problème, étant toujours célibataire, Sheireen n’avait que les mauvaises langues à se préoccuper, pas de risques de jalousie sous-jacents. La bibliothécaire haussa un sourcil légèrement contrarié lorsqu’Hulrick suggéra qu’elle était toute aussi têtue que lui. La nuance était plutôt qu’elle était habituée à la solitude, et ne pas avoir à s’expliquer ou dépendre de qui que ce soit, et cela n’était pas près de changer du jour au lendemain. Mais pour ne pas lui donner raison, elle n’argumenta pas, ça ne l’aurait que conforté dans son opinion, si bien qu’elle se contenta d’hausser les épaules, et détourner l’attention vers une exagération de l’élimination sociale de la galanterie.

-Je vérifierai dans les livres d’Histoire si tu veux, mais je ne suis pas certaine que ça a été répertorié, précise-t-elle d’un ton trop neutre, son humour déjà légèrement évaporé. Ça ne durait jamais bien longtemps avec elle. Ah, tu vois, ça je ne vais pas te contredire là-dessus, trouve-t-elle tout de même le moyen de se moquer avec un demi-sourire lorsqu’il avoue être capable d’avoir ses mauvais jours.

Comme cette fois très brève où ils s’étaient croisés et qu’il avait grommelé que les femmes du personnel de Poudlard étaient trop bruyante et dérangeaient les autres usagers de la Tête de Sanglier. Disons qu’il n’avait fait bonne impression à personne ce jour-là, encore moins à Sheireen, d’où ses nombreuses excuses plus tôt et sa crainte qu’il lui en veuille beaucoup plus que ce dont il avait fait preuve au final.

-Hum… si tu penses avoir le temps d’en lire plus d’un, sers-toi, suggère-t-elle simplement en tendant la pile, la plupart des bouquins ayant la couverture vers le bas. Tiens, vas-y au hasard, on appelle ça un « Rendez-vous à l’aveugle avec un livre », et comme ceux avec les gens, c’est parfois horrible, parfois génial… Mais ça ne risque pas d’être si pénible, puisque tous ces bouquins, je les ai adorés. Et tu sais, Monsieur Cro-Magnon galant, je suis très bien capable de ramener tous ses livres au château toute seule, on appelle ça être une sorcière, je l’ai bien réussi pour venir, et sans rentrer dans qui que ce soit! feint-elle de se venter avec fierté, juste avant de murmurer une formule magique qui fit léviter tous les ouvrages dans les airs autour d’elle, mais sa vue bien dégagée. Tu vois? En fait je ne les portais depuis tout à l’heure que pour le plaisir du réconfort qu’ils me procurent quand ils sont dans mes bras!

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-Oh oh! contre-t-elle en riant lorsqu’il accuse son groupe de collègues d’avoir foutu un boucan la dernière fois. Je suis innocente dans tout ça moi, faut pas commencer à généraliser non plus, on ne criait pas toutes… en fait, il y avait probablement juste Amy et… ah, peut-être Lizbeth, elle peut être vraiment dérangeante quand elle veut celle là…

Pour ne pas dire qu’elle pouvait être particulièrement « chiante », jamais Lestrange ne se serait laissée aller à ce genre de propos. En plus du fait qu’elle était la pire entremetteuse de l’histoire de Poudlard, mais ça n’avait pas vraiment rapport avec la conversation, du coup. Si seulement Montgomery apprenait ce qui s’était passé ce soir au Salon de Thé… BORDEL! Sheireen en entendrait parler pendant des semaines, Lizbeth ne la laisserait jamais filer avec ça!

Est-ce qu’il allait finir par arrêter de l’appeler Dom Juan un jour? Si seulement il savait à quel point c’était peu représentatif d’elle… En fait, probablement qu’il s’en doutait, et que c’était justement pourquoi il la surnommait ainsi, mais enfin, c’était un peu embarrassant, humour ou pas. Hulrick se servit donc des livres sans regarder, avant que Sheireen ne se mette à faire voler le reste autour d’elle. Puis, elle se prit une nouvelle moquerie sur sa maladresse, mais parvint à sourire à celle-là en hochant la tête de droite à gauche.

-Ce n’est pas un miracle, c’était calculé, seuls les idiots commettent deux fois la même erreur, réplique-t-elle du tac au tac en prenant le chemin vers l’école.

Et sincèrement, elle n’allait pas trop se plaindre d’être laissée seule maintenant. Certes, elle devait reconnaître que cette soirée avait été amusante, même si elle avait beaucoup trop stressé pour rien, sauf qu’il n’y avait rien qui plaisait davantage à Sheireen que la solitude. Dans le silence, elle pouvait mieux « entendre » ses pensées, et donc réfléchir convenablement. Elle n’était pas bibliothécaire pour rien, après tout! Lestrange lui envoya la main et un sourire avant de se détourner, notant quand même mentalement la promesse de leur prochaine rencontre, le mardi suivant… La Tête du Sanglier les attendrait, eux et leurs livres.

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