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descriptionLes dangers du savoir | Sheireen (Terminé) EmptyLes dangers du savoir | Sheireen (Terminé)

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Prise le livre dans la jupe !


Un long soupire lui échappa, alors qu'elle refermait le livre qu'elle avait emprunté. Bien trop facile, se disait-elle, tout en se faisant la réflexion qu'elle avait finalement réussi en six années à faire le tour des livres de sorts, sortilèges et autres enchantements disponibles dans cette immense bibliothèque. Mary était frustrée. Cela signifiait qu'elle allait stagner dans ce domaine qui lui plaisait tellement et l'idée lui déplaisait profondément. Elle se savait en avance sur le programme des cours de Sortilèges, matière qu'elle aimait plus que de raison depuis sa toute première année, mais elle n'avait jamais vraiment réalisé à quel point... jusqu'à aujourd'hui. Le programme de sixième année n'avait plus aucun secret pour elle, et elle avait déjà commencé à sérieusement s'entraîner pour maîtriser chacun des sorts qu'elle était censée apprendre au cours de l'année. Elle avait sérieusement commencé également à entamer le programme de septième année dans cette matière. Elle était bien entendu loin de tout maîtriser, mais elle connaissait ses bases techniques... et plus que de savoir lancer le sort, c'était de comprendre comment il fonctionnait qui l'intéressait. Hors, sur ce point, elle avait la sensation d'avoir fait le tour de ce que la bibliothèque pouvait lui apporter.

Alors, son regard glissa vers la porte de la réserve. Oh, elle savait que derrière cette porte se cachaient des ouvrages dont elle n'osait qu'à peine rêver. Elle se voyait déjà saisir le livre de magie la plus avancée possible et se repaitre de ce savoir qu'on ne voulait pas encore lui inculquer en cours. Mais, bien sûr, elle n'avait pas l'autorisation de se rendre dans cette réserve. Elle n'avait même pas essayé de la demander, tant elle avait entendu d'histoires sur la difficulté à obtenir ce saint graal de l'apprentissage. Elle fronça un peu le nez en tirant sur la manche orange de son sweat, avant de finir par l'enlever, redevenant une Serdaigle parmis les Serdaigle, les couleurs de sa maison épinglées sur son uniforme. Mais, au moins, elle n'attirait pas l’œil. Et, la discrétion, c'était justement ce dont elle avait fondamentalement besoin à cet instant. Aussi discrètement que possible, elle se faufila entre les rangées de livres, jusqu'à la porte de la réserve. Oh, si elle se faisait prendre dès le début de l'année à faire une chose interdite... ! L'idée manqua de la faire pouffer, mais sa curiosité lui intima de rester sérieuse. Un Alohomora à peine formulé plus tard et la porte s'ouvrit sur cette caverne d'Ali Baba. Et, avec toutes les précautions du monde, Mary referma la porte derrière elle.

Des livres à ne plus savoir qu'en faire, voilà ce qu'elle voyait. Des rangées de livres qui se dressaient devant elle... Mary essaya de quadriller mentalement la zone pour être la plus efficace possible dans ses recherches. Ce fut lorsque ses doigts se refermèrent sur un ouvrage à la couverture rouge, sur laquelle les lettres "Sortilèges de Magie Noire Avancée" se mouvaient à l'image de serpents, qu'elle entendit la porte de la réserve s'ouvrir. Et, plutôt que de reposer le livre et de se cacher, son premier réflexe spontané fut d'essayer de cacher sa trouvaille sous sa jupe, coincé entre ses cuisses, la forçant à rester parfaitement statique pour ne pas le faire tomber. Elle ne voulait pas repartir de la bibliothèque sans ce livre !

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Scrutoscope


Étant assise derrière son bureau et concentrée sur son travail, Sheireen n’avait rien remarqué du petit manège d’une des élèves pour se faufiler dans la section dite interdite. Mais ça n’avait guère d’importance, puisqu’elle fut dérangée par le scrutoscope posé sagement sur son bureau. L’objet magique avait été trafiqué non plus pour s’agiter lorsqu’en présence d’un mage noir, mais plutôt pour s’énerver dès que le passage menant aux documents restreints était forcé par quelqu’un qui ne faisait pas partie du personnel. Claquant la langue et roulant les yeux vers le ciel, la bibliothécaire posa calmement sa plume, s’empara de sa baguette, calma le détecteur magique d'un petit sortilège, et marcha de son pas de plume vers la porte qui attirait tant de curieux.

-C’est encore tôt dans l’année pour de telles intrusions… marmonna-t-elle pour elle-même tout en marchant.

Ce n’était absolument pas rare que Lestrange ait besoin d’intervenir pour un élève récalcitrant, mais généralement, ça arrivait beaucoup plus tard dans l’année, lorsque les plus jeunes s’étaient butés à quelques refus de la part de leurs professeurs pour obtenir la permission d’accès. En périodes d’examens, lorsque les plus stressés se cherchaient une astuce pour réussir leurs devoirs avec le moindre d’efforts possibles, le scrutoscope pouvait bien s’agiter d’une à deux fois par semaine, si ce n’était pas plus!

Bien sûr, il aurait été plus sécuritaire d’enfiler une tonne de charmes de protection plus complexes que seuls des experts en sortilèges et en défense magique auraient pu relever, mais depuis que l’école possédait un programme universitaire, les étudiants de celui-ci avaient tendance à obtenir plus souvent des permissions que leurs comparses de jeune âge. Après tout, c’étaient des adultes matures et aptes au jugement (normalement!). Du coup, cela aurait signifié que la pauvre Sheireen aurait passé ses journées à défaire et refaire les sortilèges pour laisser passer ceux possédant la permission. Il avait donc été convenu d’instaurer un système plus simple… L’entrée n’était pas difficile d’accès… mais la sortie, elle…

-Humhum…

Sheireen s’était raclé la gorge pour attirer l’attention de la serdaigle qui lui tournait le dos. Elle n’avait absolument rien manqué du petit manège de l’adolescente pour cacher un bouquin sous sa jupe, et s’était permis un petit sourire amusé à cette attention particulière. Elle adorait voir les étudiants faire cela… Parce que lorsqu’elle leur demandait ensuite de les suivre, ils devenaient tout de suite bien embêtés à essayer de marcher normalement sans avoir l’air d’un pingouin constipé. Aussi, fit-elle semblant de n’avoir rien vu, jouant même le jeu de l’innocence en tendant la main vers l’élève, sachant que celle-ci était beaucoup trop loin d’elle pour y déposer quoi que ce soit sans faire quelques pas.

-Mademoiselle, j’imagine que vous avez votre permission d’accès et avez simplement omis de me la remettre avant de venir accéder à la collection restreinte, n’est-ce pas? demanda-t-elle innocemment en gardant la paume tendue, en l’attente du parchemin qu’elle savait que la jeune demoiselle n’avait pas.

Sur le coup, il fallut un moment à Sheireen pour reconnaître l’élève. Même si elle n’avait généralement aucune mémoire des noms et des visages, seulement des chiffres et de l’ordre, il lui arrivait à l’occasion de retenir ceux des élèves de son ancienne maison. Par pur préférence. Pourtant, le nom de celle-ci lui échappa un instant et elle s’étonna de ne l’avoir jamais vu, avant que soudain, son esprit s’éclaire.

-Oh, mademoiselle Lindell? Vous êtes méconnaissable sans votre pull. Une jeune élève brillante comme vous devrait pourtant savoir que vous devez toujours être accompagnée d’un adulte dans la réserve, tant que vous n’êtes pas vous-même majeure, non?

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Marchandage et vérité


Elle s'était fait piéger comme une débutante. Non pas qu'elle avait spécialement l'habitude de s'introduire dans des endroits qui lui étaient interdits... mais Mary se pensait souvent bien plus maligne qu'elle ne l'était réellement. Et le petit raclement de gorge de la bibliothécaire lui fit rentrer la tête dans les épaules, presque imperceptiblement, pendant qu'elle réfléchissait au meilleur moyen de se retourner vers l'adulte sans faire tomber le livre, dont les mots mouvants du titre lui chatouillaient les cuisses. Elle tenta un premier petit pas, mais le livre glissa et elle s'arrêta, essayant machinalement de se faire la plus petite possible. C'était complètement inconscient, elle savait pourtant parfaitement qu'elle était largement repérée. Mais, sur un malentendu, peut-être pouvait-elle réussir à disparaitre si elle parvenait à se ratatiner assez sur elle-même ? Lestrange qui s'adressait à elle lui prouva que non, et Mary lâcha un discret soupire, avant de récupérer le livre mal caché pour le serrer contre sa poitrine et se retourner vers la bibliothécaire.

"Je n'ai pas de permission d'accès." maugréa la petite blonde, en serrant un peu plus sa trouvaille contre elle, le visage baissé pour ne pas avoir à lire la désapprobation sur le visage d'un adulte. Elle n'aimait pas l'idée de décevoir quelqu'un qui détenait l'autorité, en dépit même du fait qu'elle n'était pas la dernière à contourner certaines parties du règlement. "Mais..." commença-t-elle, pour essayer de se défendre. Elle avait bien conscience de tout ce que lui disait son interlocutrice, et sa petite mâchoire se serra de frustration. Elle se sentait stupide et elle ne savait même pas quoi dire pour sa défense. Elle se rapprocha finalement de la bibliothécaire. "Je sais que je serai collée pour m'être introduite dans la réserve..." dit-elle, bien consciente que toutes les excuses du monde ne lui éviteraient pas un aller simple pour quelques longues heures de retenue. "Mais est-ce que je peux quand même emprunter ce livre, s'il vous plait ?" Elle tendit finalement sa trouvaille, à contre-cœur, pour montrer sur quel livre interdit elle avait bien pu mettre la main.

"Je n'en ferai pas un mauvais usage, c'est promis, et j'ai toujours rapporté mes livres en temps et en heure. Je veux juste pouvoir étudier les sorts qu'il contient et comprendre les mécanismes magiques des maléfices. Les ouvrages accessibles à tous ne font que survoler le sujet, et mes cours de Défense contre les Forces du Mal ne l'approfondissent pas assez, ou pas de la façon dont je le voudrais. Si je peux étudier de vrais sorts de magie noire, ce sera plus facile pour moi de comprendre comment les contrer... Et... Et puis je viens de finir le dernier livre de sorts réservé aux septième année, déjà..." Puisqu'elle savait que le mensonge ne la sortirait pas de cette situation, elle avait décidé de tout simplement opter pour la vérité.

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Dans le mesure de la légalité


Sheireen n’avait pas montré le moindre signe de surprise lorsque l’élève récupéra le livre de sous sa jupe ou n’avoua ne pas posséder de permission d’accès. Tout au plus eut-elle l’air déçue, et c’était précisément ce qui blessait le plus souvent les étudiants : personne n’aimait voir cette expression si triste sur le visage avenant et doux de la bibliothécaire. Mais la vrai raison de sa déception, c’était qu’elle n’aurait pas le plaisir d’une bonne hilarité devant ce qu’elle appelait désormais avec amusement «la marche de la honte», chaque fois qu’un fautif essayait quand même de se sauver avec un bouquin entre les jambes. Mary était visiblement plus maligne que cela et savait qu’elle ne s’en sortirait pas, tant mieux pour elle!

Pourtant, la jeune Serdaigle ne semblait pas davantage prête à céder sa trouvaille, bien que la main de la bibliothécaire soit toujours tendue en sa direction dans l’attente de le récupérer, faute d’obtenir la permission d’accès. Et oui, Mary allait effectivement être collée pour s’être introduite par infraction là où elle n’avait pas la permission, pourtant, elle tenta quand même le tout pour le tout en espérant obtenir le livre malgré tout. Forces était à Sheireen de reconnaître qu’elle avait un sale culot, et il lui fallut beaucoup d’efforts pour ne pas sourire en récupérant le livre tendu de mauvaise foi par Mary. Si c’était seulement d’elle, Lestrange aurait certainement flanché, parce qu’elle ne pouvait que comprendre cette soif de persévérance. D’ailleurs, Lindell failli l’avoir avec son discours, son petit cœur un peu trop guimauve s’était ramolli, l’espace d’un instant, et la bibliothécaire avait hésité… pour finalement hocher la tête avec un air désolée et remettre le livre interdit à sa place.

-Malheureusement Mademoiselle Lindell… chuchota-t-elle en essayant de ne pas montrer qu’elle regrettait sincèrement son geste. Accorder ce genre de permission n’est pas de mon ressort, et je n’ai pas suffisamment d’autorité pour contourner ce règlement. Comprenez-moi bien, si cela ne dépendait que de moi… Soupirant, Sheireen se mordit les lèvres, puis décida de ne pas finir sa phrase, la balayant d’un geste de la main. L’an prochain, vous serez majeure, ce sera différent, mais en attendant…

D’un autre geste de la main, elle lui indiqua la porte, mais surtout, elle lui colla aux talons afin que, non seulement elles quittent la réserve, mais aussi qu’elle la guide jusqu’à son bureau, où elle lui fit un nouveau signe de s’asseoir. Oui, dans seulement une petite année, Mary serait majeure, et alors les enseignants seront plus enclins à lui accorder des permissions d’accès pour assouvir sa soif de connaissance. En attendant… peut-être Sheireen pouvait-elle lui proposer un plan B, même s’il ne répondrait pas à toutes ses attentes. S’asseyant à son tour derrière son bureau pour faire face à l’élève prise en flagrant délit, la bibliothécaire l’observa un moment en silence, l’air songeuse, à se demander si elle avait envie d’entreprendre des démarches pour l’aider ou si elle oubliait tout simplement cette histoire. Prenant une note mentale d’en discuter avec ses professeurs de Sortilèges et de Défense contre les forces du mal à la moindre occasion, Lestrange se jeta à l’eau.

-Me permettez-vous de vous proposer une autre alternative, mademoiselle Lindell? demanda Sheireen bien que la question était plutôt rhétorique. Disons que, dans sa situation, la jeune Serdaigle n’avait pas vraiment «de choix». Il est vrai qu’au-delà de la septième année, les livres de sortilèges plus avancés se font rares dans la section régulière de la bibliothèque, et que les étudiants du Cursus Universitaire n’ont pas le choix de se référer aux spécimens de la réserve interdite. Lesquels regorgent, comme vous le savez, de maléfices qui ne sont pas adaptés… à votre niveau d’étude ni à votre âge.

Elle savait qu’elle allait la décevoir, mais surtout, risquer que l’adolescente tente d’autres subterfuges pour récupérer le bouquin tant désiré. Heureusement, la bibliothécaire n’était pas là pour brimer les élèves, loin de là, surtout ceux qui se montraient curieux et souhaitaient seulement se surpasser. Après tout, elle était bien placée pour comprendre cela, étant elle-même une dévoreuse de connaissances.

-Mais, au cours des deux derniers années, des spécialistes en éducation magique du Ministère ont, enfin dois-je le dire, publiés des ouvrages sur des sortilèges particulièrement plus avancés, et qui ne se trouvent pas dans la réserve, car ils ne concernent pas la magie noire, seulement de la magie qui va au-delà des compétences habituelles des élèves du programme régulier de Poudlard. Je n’en ai pas encore acquis plusieurs exemplaires, mais nous en avons bien quelques-uns, dont les étudiants universitaires s’arrachent… et l’un d’entre eux m’est revenu ce matin-même.

Sheireen laissa couler quelques secondes de silence à observer les réactions de Mary, simplement pour s’assurer que l’intérêt de celle-ci était réellement lié au dépassement de soi, et non seulement vers un intérêt quelconque pour les arts noirs. Puis, elle se leva lentement, fit le tour de son bureau et récupéra un livre presque neuf qui trônait sur son chariot à retours, mais le garda fermement serré contre sa poitrine, comme Lindell l’avait fait avec l’ouvrage interdit un peu plus tôt.

-Je pourrais vous mettre sur la liste d’attente des autres livres de ce niveau, Mademoiselle Lindell, bien que ce soit une mesure inhabituelle, ces ouvrages étant prisés par vos comparses plus âgés. Cela voudra aussi dire que je pourrais vous contacter en tout temps pour reprendre possession de votre livre, qu’importe la réelle date prévue de retour, dans le cas où un élève du cursus de Sort et Magie avancée en aurait un besoin immédiat… et que vous serez tenue de me le ramener immédiatement, puisque ceux-ci sont prioritaires sur leur emprunt. Considérant ces conditions, souhaitez-vous jeter un œil à celui-ci?

Aux oubliettes le cliché de la bibliothécaire sévère qui garde précieusement ses livres tel un dragon devant son trésor, Sheireen n’était pas comme ça, et sa valeur première était le partage de connaissance… dans le mesure de la légalité, bien entendu.

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Une solution rêvée


La déception sur le visage d'un adulte était l'une des rares choses qui donnait à Mary envie de fondre en larmes. Elle n'en fit rien, bien sûr. Les actes avaient des conséquences, et elle vivait la conséquence de son imprudence et de son culot; elle n'avait aucune légitimité à se mettre à pleurer, dans ces conditions. Se retenir de pleurer fut néanmoins bien moins difficile que de laisser le livre à la bibliothécaire. Les petits doigts de Mary s'accrochaient encore un peu à l'ouvrage quand il lui fut arraché, et elle le regarda retourner à sa place avec une vraie tristesse dans le regard. Elle n'avait même pas eu le temps de l'ouvrir... Son regard baissé vers le sol, Mary tritura ses doigts, comme une gamine prise en faute et qu'on venait en prime de punir de doudou. "Je comprends, Madame Lestrange." dit-elle, même si les mots lui arrachaient la gorge au passage. Tête toujours baissée, elle avait l'impression d'être une prisonnière coincée dans le couloir de la mort alors qu'elle repartait de la réserve dépossédée de ce qu'elle était venue y chercher.

Et, puisqu'elle avait les mains libres, elle profita du trajet jusqu'au bureau de la bibliothécaire pour sortir son sweat de son sac et le remettre, en luttant contre elle-même pour ne pas se cacher la tête avec sa capuche. Cette vieille pièce de tissu orange était une sorte de protection inconsciente pour Mary. Elle faisait partie intégrante de sa personnalité et elle avait du mal à s'imaginer faire face à la fois à sa déception et aux conséquences de son écart au règlement sans l'avoir sur le dos. Ce fut en ramenant les manches sur ses mains qu'elle s'installa en face de l'adulte, derrière le bureau, en évitant soigneusement de croiser son regard. Du moins, jusqu'à ce que des mots attirent son attention et qu'elle ne relève des yeux brillants d'une petite lueur de curiosité, qui trahissait son vif intérêt pour la solution qu'avait à lui proposer l'adulte. Sans réussir à retenir une petite moue, Mary acquiesça. Les mots de Sheireen était la source même de toutes ses frustrations et elle peinait à comprendre que l'accès à la connaissance puisse être ainsi restreint alors que son avance en Sortilèges n'était un secret pour personne. La Serdaigle garda le silence, cependant, pendue aux lèvres de Lestrange. Et elle se redressa machinalement à l'évocation d'un certain livre qui était revenu ce matin à la bibliothèque.

Ce n'était pas l'envie de braver le règlement qui avait animé la petite balade interdite de Mary. Ce n'était pas non plus un quelconque attrait particulier envers la magie noire, d'ailleurs, bien que la Serdaigle ne pouvait nier une certaine fascination quant aux mécanismes des maléfices. Une fascination qui venait plus particulièrement du fait qu'il était plus difficile de briser un maléfice qu'un sortilège; c'était donc un défi supplémentaire. Non, ce qui avait motivé Mary à contourner les règles était cette envie, ce besoin même, de mieux comprendre les choses qui la passionnaient, de progresser dans ce domaine où elle excellait déjà. Et elle posa un regard avide sur le livre que Lestrange serrait contre sa poitrine. "Oui !" s'exclama Mary à la seconde même où la bibliothécaire avait fini de parler, chevauchant presque ses mots aux siens dans sa précipitation. "Vous êtes un ange, Madame Lestrange ! Je vous promets de le rapporter dès que vous m'en ferez la demande ! D'en prendre soin ! Je noterai les sorts pour pouvoir les étudier à mon rythme ! Je ne l'emprunterai pas longtemps, c'est promis ! J'attendrais mon tour avec patience, même si je ne suis pas prioritaire !" Elle aurait sincèrement pu en sautiller sur sa chaise, oubliant totalement la déception de Lestrange ou la menace d'une heure de colle. Son regard était braqué sur le livre et son attention était braquée sur la possibilité qu'on lui offrait de pouvoir étudier de la magie plus poussée que ce qu'on lui apprenait en sixième année.

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Favoritisme


Voilà que Mary était redevenue elle-même, avec son chandail orange dont elle ne se séparait jamais et qui lui avait déjà valu des punitions d’enseignants pour avoir osé briser l’uniforme en classe. De son côté, Sheireen trouvait le vêtement plutôt mignon, même s’il aurait besoin d’un petit rafraîchissement bien sûr, et ne s’en formalisait pas, ne collant elle-même de toute façon que rarement à la robe sorcière noire qui était habituelle à Poudlard.

Ça ne lui faisait pourtant pas plus plaisir de voir l’air abattu que Lindell affichait et tentait de cacher sous le capuchon de son pull. Le but de Lestrange était d’étancher la soif de connaissance de tous les élèves de l’école, pas d’essayer de les en priver. Même si elle devait souvent le faire pour respecter les règles de l’établissement. La magie noire, entre les mains de mineurs, s’étaient trop dangereux. Ceux-ci avaient tendance à croire qu’ils pouvaient y résister et simplement s’instruire en consultant «sagement» les ouvrages de la section interdite, mais c’était parce qu’ils ignoraient que certains de ces bouquins étaient davantage que des écrits. Beaucoup possédaient une volonté propre, et pouvaient influer sur un sorcier moins expérimenté. L’interdit n’existait pas seulement pour restreindre… mais pour protéger!

La réaction de la jeune Serdaigle lui plut donc nécessairement, et malgré qu’elle s’était presque fait interrompre dans sa dernière phrase, Sheireen ne put contenir son sourire. D’abattue, Mary était devenue illuminée, enthousiaste et curieuse, juste comme la bibliothécaire aimait voir ses élèves lorsqu’il était question de lecture. La façon qu’eut Lindell de la remercier lui sembla un peu exagéré à son avis, et Lestrange eut besoin de lever les mains en l’air pour l’inciter à baisser un peu le ton de sa voix, dans le respect de la lecture des autres élèves, mais sommes toute, elle était plutôt satisfaite d’elle-même. Au moins, cela voulait dire qu’elle se sauverait probablement de surprendre cette jeune fille à briser les règles pour au moins quelques mois.

-On se calme, mademoiselle Lindell, je vous en prie… lui chuchota la bibliothécaire en lui tendant le livre tant désiré avec un grand sourire malgré tout. Et étouffez un peu votre enthousiasme, je ne suis pas un ange, juste déterminée à bien faire mon travail. D’ailleurs, vous allez me trouver moins sympathique pendant votre retenue… marmonna-t-elle un peu malgré elle alors qu’elle sortait d’un tiroir un parchemin vide.

Remplissant attentivement celui-ci de mauvaise grâce, Sheireen était bel et bien dans l’obligation de faire savoir au Professeur McGonagall qu’elle collait Mary Lindell, et pour quelles raisons, ne serait-ce que pour que ce soit ajouté à son dossier. Même si une petite partie d’elle voulait toujours protéger les élèves de son ancienne maison, la bibliothécaire était obligée d’être juste et de faire dans les règles, après tout. Même s’il lui arrivait quand même de faire preuve de favoritisme.

-Je vais peut-être juste oublier dans glisser un mot à votre directeur de maison, ce serait dommage de perdre des points aussi bêtement juste par… curiosité, ce qui est l’une des valeurs des Serdaigle de toute façon, précisa-t-elle avec un petit sourire en coin, avant de tendre une copie de son avis de retenue à Mary. Mais je vous attends malgré tout ici tout de suite après le dîner, vous devrez accomplir du travail pour moi jusqu’à l’heure du couvre-feu, et ce ne sera pas de la lecture tranquille, ne soyez pas trop enthousiaste, précisa-t-elle alors qu’elle se doutait que, pour bien des Serdaigle, être collés à la bibliothèque n’était pas vraiment une punition en soi.

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