À toi pour toujours | Deryn (Terminé)

Lorsqu’elle expire, Nayla peut voir le nuage créé par son souffle. Il fait froid, ses joues et son nez ont déjà commencé à rougir, mais elle attend dehors quand même. Elle avait donné rendez-vous à Deryn sur ce banc du parc après leur dernier cours de la journée, et comme sa professeure de divination les avaient libérés plus tôt, elle avait eu du temps pour se calmer et se préparer à un « Au revoir » plus difficile que les années dernières. C’est qu’aujourd’hui n’était pas n’importe quelle journée : demain matin, ils partiraient pour les vacances de Noël. Comme les derniers mois, depuis Halloween, avaient été lourdes à Poudlard, cette petite pause était grandement méritée.

Entre ses mains, elle tenait une petite boîte contenant le présent qu’elle avait eu trop la trouille d’offrir à Slughorn pour son anniversaire, et qu’elle avait, par conséquent, eut le temps « d’améliorer » entre temps en l’enchantant. Maintenant, elle était plutôt fière de son cadeau, elle espérait seulement que Deryn le serait autant. Hors de question qu’elle se contente de le lui envoyer par hibou le 25 décembre, elle voulait le lui donner en personne. Lorsque la préfète arriva dans la cours, ses livres d’études des runes toujours dans les bras, Nayla devint pourtant nerveuse. Elle essaya quand même de le cacher derrière un grand sourire, mais ses doigts ne cessaient de s’agiter sur la boîte verte, fermée d’un joli ruban argenté.

-Joyeux Noël en avance, Deryn, l’accueillit-elle en un souffle de vapeur. Viens, assis toi!

Puis, se repliant sur elle-même, les jambes sous ses fesses pour les réchauffer, Drew se tasse pour laisser une place sur le banc à la Serpentard. Elles allaient encore se voir dans le train qui les ramèneraient à Londres pour les vacances, mais il lui semblait plus naturel de se dire tout ce qu’elles avaient à se partager maintenant, pendant qu’elles seraient encore seules. Qui savait si elles n’auraient pas de la compagnie dans leur compartiment du Poudlard Express?

-Je n’étais pas capable d’attendre jusqu’à Noël… avoua-t-elle en se mordant les lèvres, puis en lui tendant la boîte.

Puis, elle sorti du col de sa robe de sorcière une chaîne d’argent qu’elle y avait cachée, jumelle à celle que Deryn découvrirait sous peu en déballant son cadeau. Sauf que les pendentifs étaient différents : le sien représentait une étoile, alors que l’autre avait la forme d’un croissant de lune. Ils avaient toutefois été conçus de façon à s’enchâsser l’un dans l’autre, et une fois unis, on pouvait lire les mots « Forever yours » qui se formaient (séparément, ils ne portaient respectivement que la moitié des lettres de chaque mot). Nerveuse, Nayla serait le sien si fort entre ses doigts que les pointes de l’étoile lui piquaient la main.

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Et si elle détestait son cadeau? Deryn allait-elle deviner par elle-même que ce n’était qu’un banal bijou moldu? Du moins, à la base, bien sûr, Nayla l’avait un peu amélioré, mais au final l’idée était les colliers d’amitiés que les adolescentes non sorcières aimaient bien s’offrir l’une à l’autre. Si Slughorn découvrait leur véritable origine, trouverait-elle ça stupide? Au moins, il ne s’agissait pas du traditionnel demi-cœur trop « fleur bleu » pour plaire à la Préfète des Serpentard.

Au moment où Deryn recevait la boîte contenant le pendentif, elle lui tendit à son tour quelque chose qu’elle avait apparemment « trouvé ». Quelque chose dans son attitude beaucoup trop désinvolte fit toutefois tiquer Nayla. Ça avait l’air beaucoup trop planifié et tombant à point pour que ce soit un hasard, mais elle décida de ne pas relever, et sourit en fermant les doigts sur les graines offertes par Slughorn.

-Chaque fois que je regarderai ces fleurs, je penserai à toi! promit-elle en songeant que la Serpentard lui cachait certainement une surprise, mais elle allait accepter de se laisser surprendre et ne pas poser davantage de question. Bien sûr que tu dois l’ouvrir maintenant, sinon tu ne comprendras rien!

Et bien sûr, comme elle l’avait anticipé, Deryn ne comprit pas tout de suite. « Ver Urs » ne signifiait effectivement rien. Tout sourire, Nayla lui montra le pendentif qu’elle portait elle-même autours du coup et l’enchâssa, bien fière, dans celui en croissant de lune de son amoureuse, pour qu’elle comprenne où étaient les lettres manquantes.

-Comme ça, ils ne sont vraiment complets que lorsque nous sommes ensemble, comme… s’interrompant soudainement, Nayla rougit jusqu’aux oreilles, ce qui n’avait rien d’extraordinaire vu le froid extérieur. Comme moi. Je ne suis vraiment complète qu’avec toi, ajouta-t-elle dans un murmure, aveu timide qu’elle chassa rapidement avec une suite d’explications débitées à grande vitesse pour cacher son trouble. Mais ce n’est pas tout. Puisque tu vas terriblement me manquer pendant les vacances, je voulais trouver un moyen de communiquer plus rapidement qu’avec des lettres… c’est si long les attendre! Et comme tu n’as pas le téléphone, et que je doutes que tu aurais apprécié que je t’en offres un…

Bon, en vérité, Drew y avait bel et bien songé, mais elle n’avait tout simplement pas les moyens de lui en procurer un, payer pour les frais mensuels, et tout le tralala. De toute façon, Slughorn n’aurait pas su s’en servir! Et ça aurait probablement fait paniquer toute sa famille d’entendre la sonnerie dans leur majestueux château probablement digne du moyen âge.

-J’ai essayé d’appliquer un sortilège de communication dessus, mais je n’ai pas encore tout à fait réussi. Je vais continuer à travailler dessus pendant les vacances, je devrais y arriver j’ai juste… manqué de temps. Je suis quand même parvenue à un petit quelque chose… regarde!

Sortant sa baguette de la poche de sa robe, Nayla récupéra sa moitié du pendentif et toucha doucement l’endos, où apparurent les lettres formant le prénom de son amoureuse. Adressant un clin d’œil à Deryn, elle lui indiqua d’un geste à tourner le bijou pour regarder en arrière. L’instant auparavant, il n’y avait aucune gravure à cet endroit, mais maintenant, son prénom y paraissait. Au bout de quelques secondes, il disparut.

-Je voulais qu’on puisse s’en servir pour communiquer, même si ce n’est que quelques petits mots à la fois, ce serait déjà bien. Sauf que voilà, je n’ai pas encore réussi à activer le sortilège qui t’avertirait lorsque j’écris quelque chose, et vice versa, et comme ça disparaît après quelques secondes… tu risques de le manquer! Je voulais qu’il vibre doucement, ou qu’il se réchauffe, je ne sais trop, mais je n’y suis pas arrivée. Je ne désespère pas, par contre, je travaille encore là-dessus, je suis certaine que c’est possible, je l’ai trouvé dans un livre! Il paraît que notre Ministre l’a déjà utilisé lorsqu’elle avait notre âge, je ne suis certes pas aussi brillante qu’elle, mais ça devrait être de mon niveau, non?

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L’intérêt de Deryn en ce qui concernait le perfectionnement du sortilège apposé par Nayla ne surprit pas outre mesure celle-ci, elle s’attendait à ce que son amie veuille réfléchir à une meilleure application, et ça lui faisait plaisir de savoir que son cadeau était apprécié… Sauf qu’elle tenait absolument à parvenir seule à rendre son présent parfait, même si ça devait lui prendre des mois de travail. Assurément, ça n’allait pas être facile de convaincre Slughorn de s’écarter du projet et la laisser le mener à terme seule, mais Drew allait définitivement essayer, parce que c’était son défi. En fait, c’était même devenu une affaire personnelle entre elle et les colliers, une bataille de puissance qu’il lui fallait remporter seule juste pour se prouver qu’elle était capable! Ou était-ce à quelqu’un d’autre qu’elle essayait de se prouver?

Retenant un gloussement à la mention de fil télégraphique par la Serpentard, la Poufsouffle chercha à se cacher derrière sa meilleure expression neutre, sans toutefois parvenir à complètement cacher son sourire. De toute façon, Deryn n’avait pas complètement tort. Même la toute nouvelle 5G ne pourrait pas fonctionner en présence de magie, alors ce n’était pas nécessaire de corriger les connaissances technologiques de sa meilleure amie pour finalement lui donner raison sur le fond!

-Oui! Bonne idée… Disons entre sept et huit heures, matin et soir? Au levé et avant le coucher, en bref, ce sont les moments où je serai le plus susceptible de penser à toi, en tout cas, précisa-t-elle en essayant de changer sa moue amusée pour une expression plus sérieuse. En tout cas, je suis rassurée que ça te plaise, j’avais peur que tu trouves ça trop mol… heu banal.

Revint sur la table le sujet des vacances passées à la maison. Deryn semblait de plus en plus déterminée à rester à Poudlard cette année, et n’avait pas manqué d’occasions pour essayer de convaincre Nayla de faire de même. Affichant une moue ennuyée, Drew hocha la tête à la négative.

-Ce n’est pas compliqué du tout, Deryn. Je pourrais, si je le voulais. Mais Noël, c’est avant tout une tradition familiale, et maintenant que la majorité de mes sœurs ont quitté le foyer, c’est la seule occasion pour laquelle on se réuni toutes simultanément. C’est juste… important pour moi, tu comprends?

Que voulait-elle dire exactement en insinuant que les choses auraient pu être intéressantes si elles avaient été ensemble au château pendant les vacances? Même en fixant Deryn dans les yeux pour essayer de deviner si elle se moquait d’elle ou si elle était sérieuse, Nayla ne savait pas trop comment prendre ce commentaire.

-Et qu’aurions-nous fait de si extraordinaire qui diffère de notre routine d’études intensives pour les BUSE? Allez, éclaire ma lanterne! Quand même pas passer les heures dans la Salle sur demande? demande-t-elle en chuchotant et en jetant des coups d’œil à la ronde pour s’assurer que personne ne pouvait les entendre. Pourquoi tenir à ce point à ne pas vouloir allez dans ta famille d’ailleurs? Si tu restes à Poudlard, c’est certain qu’on ne se verra pas, tu ne pourras pas quitter le territoire, mais de chez toi, rien ne nous empêcherait de se faire une visite l’une à l’autre… et alors qui sait quelles aventures intéressantes nous attendraient?

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La froideur toute soudaine de Deryn avait radicalement refroidi Nayla, et pourtant elle gelait déjà avec la température extérieure, mais c’était maintenant un froid intérieur, dans l’âme, plutôt que du corps. Pourquoi avait-elle l’impression soudaine d’avoir dit ou fait quelque chose qui avait déplut à sa meilleure amie? Mais Drew avait beau essayer de se rappeler les paroles qu’elle venait tout juste de prononcer, elle ne voyait absolument pas le problème.

C’est pourquoi elle fronça les sourcils lorsque Slughorn lui répondit sèchement qu’elle n’arriverait pas à s’introduire par infraction dans sa maison si parfaitement magiquement protégée. Comme si elle avait envie de lui rappeler à quel point sa famille sorcière était si supérieur aux Drew. Nayla eu un léger mouvement de recul, son visage exprimant l’incompréhension. Pourtant, elle n’avait parlé que de se rendre visite l’une à l’autre… pas de le faire en cachette de leurs parents!

-Je… n’ai jamais même pensé à… en fait… je pensais que je serais simplement capable d’entrer en frappant à la porte d’entrée comme toute personne civilisée… chuchota-t-elle d’une toute petite voix coincée par le trouble. Mais puisque tu ne veux vraisemblablement pas de moi chez toi, peut-être que c’est en effet mieux que tu restes à Poudlard. Tu n’es pas encore prête à me présenter à ta famille, c’est ça?

Voilà que maintenant, elle pensait comprendre ce qui irritait autant Deryn. Même si celle-ci avait prétendu que ce ne serait pas un problème la dernière fois que cette conversation était venue sur le tapis, Nayla commençait à penser que son amoureuse avait dit cela seulement pour qu’elle lâche le morceau. Mais peut-être bien, finalement, que leurs différences d’origines étaient trop fortes pour que leur relation soit acceptable? Du moins, chez les Slughorn.

Alors que la Poufsouffle avait tenté de tirer de l’amusement de sa meilleure amie en parlant de la salle sur demande, la Seprentard était restée aussi froide et fermée, précisant que ça ne servait à rien de rêver à ce qui aurait pu se produire puisque ça n’allait pas arrivé de toute façon. Ce ne fut pas tant les mots de Deryn qui blessèrent Nayla, mais son attitude générale, son ton, sa façon de la repousser comme si Drew avait commis la pire trahison en rentrant chez elle pour Noël (tel que le faisait la très grande majorité des élèves de Poudlard chaque année). Slughorn serrant son présent dans sa main avec les nerfs visiblement prêts lâcher, l’adolescente se leva, l’air triste, mordant instinctivement l’intérieur de sa lèvre pour s’empêcher de pleurer.

-Qu’est-ce qui te prends au juste? Qu’est-ce que j’ai encore dit ou fait de travers cette fois-ci pour engendrer une telle réaction de ta part?

Ce n’était que de petites vacances, après tout, et elles les avaient toujours fait de façon séparées, auparavant, même celles d’été…

Mais auparavant… elles n’étaient pas un couple.

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Serrant les poings pour concentrer sa peine ailleurs et s’éviter de pleurer, Nayla sent ses ongles lui meurtrir la chair tendre de ses paumes. Elle aura probablement quelques marques après coup. Elle n’arrivait juste pas à comprendre ce qu’elle avait fait de mal pour s’attirer une telle réaction de la part de Deryn. Toutefois, après qu’elle lui eut demandé, celle-ci garda un temps de silence, avant de déclarer qu’elle avait été stupide. Serrant encore plus fort les poings, Drew s’interpose immédiatement alors que Slughorn se lève pour lui faire face à nouveau.

-Tu n’es pas stupide! proteste-t-elle avec plus de force qu’elle ne l’aurait voulu.

Même si la Serpentard ramena la conversation sur la façon dont la Poufsouffle aurait pu simplement se présenter aux Slughorn de la façon la plus banale qui soit, Nayla continuait de se demander quelle mouche l’avait piquée. Certes, Deryn c’était maintenant un peu calmée, mais elle n’avait toujours pas répondu à sa question, et même en essayant de retracer le fil de leur conversation, elle n’arrivait pas à comprendre à quel moment elle avait dit quelque chose de travers. C’était parfois si difficile de comprendre sa petite amie, alors qu’à d’autres moments elle semblaient parfaitement connectées? S’en était étourdissant.

-Tu oublies qu’en me présentant, je leur aurais tendu des fleurs, ou des friandises maisons, tu sais, ce que les bons moldus civilisés offrent à leur hôte lorsqu’ils sont en visite, ajoute-t-elle quand même en s’efforçant de sourire, mais sans arriver à se sortir de la tête qu’elle avait fait une gaffe quelque part et qu’elle ne parvenait pas à l’identifier.

Effectivement, c’était tout simple, mais Deryn aimait compliquer les choses, elle avait toujours été comme ça, ne pas voir le chemin facile lorsqu’il est accessible. C’est peut-être une question d’entêtement des sangs purs? Seule une née-moldue serait donc capable de considérer frapper à la porte pour entrer quelque part? Plus elle en savait sur le monde des sorciers, et plus il l’abrutissait. Ils ne pouvaient jamais rien faire simplement, ces gens!

Comme là, justement, plutôt que de simplement songer qu’elle pourrait aussi frapper chez elle pour la visiter, Deryn parlait de faire une demande pour connecter la cheminée (imaginaire) de Nayla pour pouvoir la visiter grâce à de la poudre de cheminette. Encore une fois, Drew du se mordre l’intérieur de la lèvre, mais pour se retenir de rire et non de pleurer. Si elle continuait comme ça, elle allait sérieusement se blesser. En se raclant la gorge de manière innocente, l’adolescente fit semblant de se gratter le nez seulement pour cacher son sourire.

-Oui, tout ça… ou alors tu peux juste frapper à la porte, ça marche chez moi aussi, précise-t-elle en toussotant pour masquer son rire. Et prendre le train pour te rendre. Puisqu’on a le chauffage électrique, tu vois… Mais attends… Ta maison est protégée par un secret? Dis-moi Deryn, m’aurais-tu caché que les Slughorn sont une genre de famille super royale top secrète? glousse-t-elle en se demandant si c’était commun chez les sangs purs. Et est-ce que tu es en train de me dire que tu remets en question tes plans de rester au château? Ajoute-t-elle en chuchotant avant de venir cueillir la main de Deryn, celle qui tenait le pendentif, dans la sienne, et caresser doucement ses doigts.

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Étonnement, ce que Nayla retenait le plus de toute cette histoire, ce n’était pas le fait qu’il devait y avoir une quantité incroyable de bâtiments cachés aux yeux des moldus pour abriter toute la communauté sorcière. Non, ce qu’elle gardait en tête, c’était la façon plus ou moins détournée qu’un jour, elle pourrait visiter Deryn chez elle. Ne venait-elle pas juste d’affirmer qu’elle irait la chercher pour lui permettre de trouver la maison, le cas échéant? Elles venaient donc passer de l’impossible à l’hypothétique, il ne restait qu’à concrétiser tout ça. Du coup, à cet instant, il semblait à Drew que rien ne pourrait décoller son sourire de son visage ni gâcher son bonheur. Ça ne la dérangeait plus que Slughorn tente maladroitement de contrôler ses faits et gestes lorsqu’elle rencontrerait sa famille, parce que même si elle avait évité de répondre à sa question concernant l’endroit où elle passerait ses vacances de Noël, la Serpentard avait indirectement confirmé qu’elles se verraient, et c’était la seule chose qui comptait.

-Peut-être que j’arriverai avec les deux… chuchota Nayla, le regard espiègle, en attirant Deryn vers elle pour l’embrasser et la faire taire un peu.

Sauf qu’on ne faisait pas taire Slughorn aussi facilement lorsqu’elle était sur sa lancée! Obsédée par la planification, elle ne cessait de parler, du comment elle pourrait trouver sa maison moldue, rejetant clairement l’idée du train, ce qui ne surprenait guère Drew. Sa question sur la « classe » de sa famille jeta toutefois de la confusion dans l’expression de Nayla. D’abord parce qu’elle avait utilisé le mot « parents », ce qui était probablement un accident banal dû à la simple maladresse, Deryn sachant pertinemment qu’elle vivait seulement avec sa mère et quelques-unes de ses sœurs… mais aussi parce qu’elle ne lui avait jamais caché qu’ils n’avaient pas d’argent. Pour être claire, sa famille se situait sous la barre de la moyenne, et de beaucoup. C’est ce qui arrive quand on fait huit enfants! Depuis que les aînées avaient quitté la maison et travaillaient, leur mère parvenait mieux à boucler les fins de mois, mais elles ne roulaient tout de même pas sur l’or.

-Heu… ça n’a pas vraiment d’importance, aux yeux de ma mère, ne t’inquiète pas. Vise la simplicité… ou, en fait, sois juste toi-même. Elle t’aimera juste parce que je t’aime, c’est aussi facile que ça avec elle. Elle voudra savoir qui tu es vraiment, et chez les Drew c’est l’intérieur qui compte et non l’extérieur, bref ce que tu as dans le cœur et non comment tu t’habille.

Tout sourire, Nayla avait lâché la main de Deryn pour glisser ses doigts dans ses cheveux verts et ainsi approcher son visage du sien.

-Et moi je sais ce qu’il y a dans ton cœur, maman pourra juste t’aimer, chuchota-t-elle à nouveau avant d’embrasser légèrement sa petite amie. Alors c’est un rendez-vous? demanda-t-elle tout de même, un peu insistante, remplie d’espoirs.

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C’est vrai qu’elles étaient à la veille du départ pour les vacances et qu’elles n’avaient pas encore demandé à leurs parents la permission pour se visiter l’une l’autre, du coup c’était plutôt dernière minute comme organisation, Deryn marquait certainement son point. Mais Nayla était juste trop sur son nuage de bonheur pour s’arrêter aux complications. Elle était déterminée à rendre ces rendez-vous possibles et rien n’allait lui faire lâcher le morceau. Tout sourire, elle ne se laissa donc nullement démonter par l’once de pessimisme de Slughorn, haussant simplement les épaules de cet air décontracté qui la caractérisait si bien, dans toute sa naïveté. Si elle ne voyait pas de problèmes, c’était qu’il n’y en avait pas.

-On a encore le temps d’envoyer des hiboux ce soir à tes parents et à ma mère, les lettres arriveront avant nous, du coup ils seront déjà au courant avant notre arrivée et ça nous facilitera de mettre le sujet sur la table et d’enclencher les démarches!

Pas qu’elle doutait que sa mère dirait oui, de toute façon, elle serait juste trop heureuse d’apprendre les changements dans la vie de sa petite sorcière de fille pour s’opposer à ce que celle-ci ne se lie d’avantage à sa nouvelle communauté. Nayla gloussa alors que Deryn lui avouait qu’elle ne l’aurait pas laissée partir si elle l’avait pu.

-Tu m’aimes bien trop pour me rendre triste, Deryn, je te connais. Et je t’aime trop pour te rendre triste aussi, on trouvera un moyen, ça va fonctionner!

Et sinon… ce n’était que deux petites semaines, après tout, pas tout l’été! Mais Drew se refusait d’être négative, ça ne risquait d’attirer que du mauvais karma.

-Déjà, pour l’organisation, on a nos colliers pour les communications rapides, et on s’enverra le gros des détails par hiboux! Mais justement, parlant de détails, penses-tu qu’on devrait commencer par chez toi ou chez moi? Je sais que ce sera facile chez moi, tu n’as pas à être nerveuse de rencontrer ma mère, tout se passera à merveille… Mais y a-t’il des chances que tes parents t’empêchent de venir dans ma famille sans m’avoir rencontrée au préalable? Si non… je préférerais vraiment qu’on commence chez moi… ça va… m’aider à dissiper l’angoisse.

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Organiser. En voilà un mot qui était sorti plusieurs fois de la bouche de Deryn au cours des dernières minutes. Organisation. C’était typique de la Serpentard. Même si c’était parfois un point dans la personnalité de Slughorn qui pouvait l’agacer, parce que Nayla était une fille plutôt spontanée, elle savait que c’était aussi l’une des plus grandes qualités de son amoureuse… Et que sans toute cette orchestration de sa part, Drew n’aurait certainement pas réussi à passer au travers de ses cinq premières années d’école. Elle était comme un électron libre lorsqu’elle s’y mettait. Trop rêveuse, trop impulsive, définitivement naïve.

Sauf que là, c’était une de ces journées où Nayla n’arrivait pas à apprécier le tempérament méthodique de Deryn. Bêtement, elle avait espéré que, comme au primaire, prévenir ses parents qu’elle allait dormir chez une amie suffirait, dans un sens comme dans l’autre. Toutes les spécificités entre le monde de la magie et celui des moldus ne l’avaient aps inquiétée… En fait, en entendant Slughorn parler, elle n’arrivait pas vraiment à comprendre pourquoi ça devait être si compliqué. On s’appelle et on se rejoint au point de rendez-vous, c’était pourtant si simple!

-Tu n’as pas vraiment répondu à ma question… soupira Nayla, une moue un peu découragée réduisant au néant sa bonne humeur.

Pourtant, la Poufsouffle ne lui avait pas demandé quelque chose de compliqué, non? Quelle visite fallait-il organiser en premier, et laquelle en seconde? Drew commençait à se demander si Slughorn n’essayait pas juste d’esquiver la question. En rejouant leur conversation dans sa tête depuis le début, Nayla se rendit compte qu’elle était responsable d’avoir amené l’idée de se voir en dehors de l’école pendant les vacances… Et si Deryn n’en avait pas vraiment envie, et cherchait un moyen pour l’en décourager? Probablement qu’elle avait encore trop précipité les choses.

-J’ai trop insisté, c’est ça? Je t'ai donné l'impression que tu étais obligée de dire oui alors que tu n'en avais pas envie? demanda-t-elle sans parvenir à totalement empêcher ses lèvres de trembler. Si c'est le cas j'en suis désolée. Mais je crois que ce n’est pas si compliqué que ça, en vrai, seulement, pour une raison que je ne m’explique pas vraiment, tu veux me convaincre que ça l’est… Si c’est juste trop tôt, tu peux me le dire simplement, tu sais. Quand est-ce que je t’ai tenue rigueur de m’avoir parlé honnêtement?... Oui, je sais, c’est arrivé souvent, mais ça n’a jamais duré longtemps, non?

Sa dernière remarque l’avait fait sourire. En cinq ans, les deux adolescentes avaient eu bon nombre d’accrochages, justement à cause de la très grande honnêteté de Deryn sur des sujets qui blessaient Nayla, mais elles s’étaient toujours retrouvées. Cette fois-ci n’allait pas être l’exception à la règle.

-Moi, je te suis chez toi demain matin s’il le faut, je n’ai pas peur. Mais si ça t’effraie à ce point, on en reparlera pour l’été, on aura amplement le temps d’organiser, lança-t-elle en insistant sur le dernier mot, puisque c’était justement le frein que semblait vouloir lui imposer Deryn. Ou l’année prochaine, comme tu veux, parvint-elle difficilement à articuler sans que la tristesse paraisse dans sa voix.

Elle avait osé se permettre de croire qu’elle pouvait être un peu rêveuse, spontanée, impulsive… Mais ça ne semblait pas pouvoir fonctionner avec Deryn. Noël allait lui sembler bien austère cette année.

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Nayla était tellement certaine que Deryn allait se dégonfler qu’elle sursauta (carrément!) lorsqu’elle lui dit plutôt que c’était une bonne idée qu’elle la rejoigne chez elle dès demain. Les yeux écarquillés de surprise, Drew la dévisageait comme si elle avait un truc vulgaire dessiné en plein front. Bien sûr, elle était sincère en disant qu’elle n’avait pas peur et était prête à faire le premier pas, mais elle avait été tellement persuadée que Slughorn voulait remettre sa présentation à sa famille à plus tard, qu’elle n’avait pas vraiment réfléchi aux conséquences de cette proposition.

Deryn était… d’accord?! Ça c’était un événement qui resterait éternellement gravé dans la mémoire de Nayla! Son amoureuse se contredisait! D’abord, il fallait s’organiser pour se visiter, et ensuite c’était tout simple, elles n’avaient qu’à partir ensemble en descendant du train le lendemain. Drew déglutit en réalisant qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps pour prévenir sa mère de ne pas allez la chercher comme prévu à la gare demain.

-T’es… t’es certaine?! Tu… tu vas bien Deryn, tu?... Ce n’est pas dans tes habitudes d’être d’accord avec mes idées folles… Réponds moi sincèrement, parce que si tu m’emmène vraiment chez toi demain, on cours tout de suite à la Volière, sinon maman fera le chemin pour rien jusqu’à Londres.

En quoi est-ce que répondre à des questions devait inquiéter Nayla? C’était un genre d’examen pour voir si elle avait des bonnes notes à Poudlard? Ça ne devrait pas être trop inquiétant, ses cours se passaient plutôt bien depuis quelques temps… En fait, réalisait-elle maintenant, elle s’était grandement améliorée depuis que Deryn n’était plus seulement sa « meilleure amie »!

-Pas de problème, tu auras tout le temps de me faire étudier dans le train, là on doit courir à la Volière si je veux que maman ait le hibou avant notre arrivée à la gare demain!

Et c’est toute excitée, sans attendre vraiment la réponse de Slughorn, que Drew lui agrippa la main et l’entraîna à sa suite dans le château, quittant la cour silencieuse et froide pour se précipiter en direction de la chaude et bruyante tour où résidaient les hiboux du château, puisqu’elle-même n’en possédait pas un.

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Bizarrement, Deryn n’avait pas pipé mot de tout le trajet. Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes… mais Nayla était beaucoup trop excitée pour s’en soucier! Et pressée aussi. Dès qu’elle débarqua à la Volière, elle extirpa parchemin, plume et encre de son sac pour rédiger en vitesse un mot pour sa mère. Elle se pressait tellement que son écriture en payait le prix, mais c’était encore lisible. Se contentant de lui dire que sa meilleure amie l’avait invitée chez elle pour passer les premiers jours de vacances et lui jurant qu’elle lui donnerait des nouvelles chaque jour, l’adolescente s’excusa de l’avis de dernière minute et lui promis d’être à la maison pour le dîner familial. Mais peut-être pas seule… Ça restait à vérifier!

N’ayant pas elle-même de hibou, Nayla jeta un œil à la ronde. Heureusement, les oiseaux commençaient à se réveiller, avec le soleil qui tombait, elle n’eut donc aucun mal à trouver un volontaire pour livrer son message, Petit gratouillis sur la tête et des mots doux pour le remercier, et la bête s’envola pour sa mission. Au même moment, Deryn passait un commentaire sur la possibilité de recevoir une beuglante. Drew déglutit. Son message était envoyé, maintenant… si Slughorn avait maintenant des doutes, il était trop tard! Mais non, précisa rapidement celle-ci, c’était, selon elle, toujours la meilleure solution.

Les yeux brillants d’expectative, Nayla s’approcha de Deryn, pris son visage entre ses mains un peu tremblantes de toute l’excitation des dernières minutes, et se mit à rire sans pouvoir s’en empêcher. Un rire nerveux, certes, mais très heureux.

-Allons vite au lit maintenant, on aura une longue route demain, et apparemment, j’aurai beaucoup d’étude aussi? Sur quels sujets tes parents vont m’interroger au juste? J’espère que ce sera la botanique… Comme ça je vais leur plaire, non? Allez, tu viens?

Puis, elle s’empressa de l’embrasser, avant de l’empoigner à nouveau pour l’attirer dans les escaliers et redescendre ces innombrables marches qui les mèneraient à leur salle commune.

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Même si Deryn avait tout dit à Nayla, cette dernière n’aurait pas mieux dormi. Elle avait eu un mal fou à trouver le sommeil, se tournant et retournant sous sa couverture, essayant de s’imaginer comment la prochaine soirée allait se dérouler. Puis, lorsqu’elle fini par sombrer dans le sommeil, ce ne fut que pour rêver qu’elle arrivait les mains vides chez les Slughorn, la frappant d’une honte si forte qu’elle s’éveilla en sursaut, en sueurs même, comme si elle venait de faire un terrible cauchemar.

Les gâteaux! Elle avait dit à Deryn qu’elle arriverait avec un cadeau, bien sûr, parce qu’elle était une bonne petite fille polie. Ayant mis de côté les fleurs, elles s’étaient entendues sur de délicieuses pâtisseries… maison. Mais elle ne rentrait pas à la maison, elle se rendait directement chez les Slughorn… LES MAINS VIDES! C’était complètement insensé, du moins dans la tête de Nayla, qui s’était donc sauvée de son lit en vitesse. Le soleil n’était pas encore levé, mais il ne tarderait plus. Certes, le couvre-feu n’était pas encore levé, mais elle avait seulement besoin de se rendre aux cuisines, ce qui n’était qu’à quelques pas… Le risque de se faire prendre était plutôt maigre.

Enfilant en vitesse sa robe de la veille, Drew se précipita dans la cuisine où les Elfes de maison commençaient déjà à préparer le petit déjeuner hâtif qui serait servi juste avant le départ pour la gare de Londres. La reconnaissant pour le repas d’anniversaire qu’elle avait préparé deux mois plutôt pour Deryn, Nayla fut plutôt bien accueillie, malgré qu’elle n’aurait pas dû se trouver là à une telle heure. Expliquant son problème, elle fut autorisée à nouveau à se servir d’un bout de comptoir et des fours… et se mit rapidement au travail.

Épuisée, elle sorti deux heures plus tard, une simple boîte blanche dans les mains… mais le sourire aux lèvres. En courant, elle retourna dans la Salle commune où l’agitation était-elle qu’on n’avait pas remarqué son absence. Précautionneusement, elle posa le cadeau dans ses bagages de telle façon qu’il ne risquait pas d’être chahuté pendant le voyage.

S’empressant ensuite de manger une bouchée rapide (elle avait quand même grignoté un peu en cuisinant, il faut bien goûter!) dans la Grande Salle, Nayla était étonnement prête lorsqu’elle rejoignit Deryn pour prendre le train. En plus, elle n’avait même pas l’air cernée, malgré sa nuit trop courte. Essayant de ne pas paraître épuisée par une matinée plus mouvementée qu’elle était prête à l’avouer, Drew sourit innocemment à Slughorn en la suivant dans les wagons à la recherche d’un compartiment vide. Puisque ce n’était pas toute l’école qui rentrait à la maison en cette période de l’année, elles en trouvèrent heureusement un où elles n’auraient pas de compagnie.

Son excitation avorta dans l’œuf alors que Deryn lui spécifiait finalement que les questions dont elle avait fait allusion la veille n’auraient rien à voir avec ses performances académiques. Nayla déglutit en la dévisageant. Elles avaient pourtant réglé la question concernant son ascendance moldue, non? Quoi d’autre pouvait poser problème?

-Quel… genre de questions? Je comprends que ce sera à propos de moi mais… à quel sujet. S’il-te-plait, prépare-moi, tu sais que je suis incapable de mentir, et de toute façon, même si je le pouvais, je ne me permettrais pas devant ta famille, je te respecte beaucoup trop pour ça.

En effet, s’il y avait quelque chose sur elle que les parents de Deryn risquaient de ne pas aimer… elle n’arriverait tout simplement pas à le cacher. Le cas échéant, vaudrait-il mieux se taire et espérer que sa copine règle tout?

Bien sûr, le rappel concernant sa jeune fratrie n’inquiéta guère Nayla… elle connaissait déjà les jumeaux, enfin de réputation, elle savait qu’ils ne seraient probablement pas chauds à sa cause. Elle ferait tout en son pouvoir pour se tenir loin d’eux, tout comme elle le faisait au quotidien, à Poudlard. Ça ne devrait pas être si difficile ? Deryn n’avait-elle pas dit vivre dans un grand château? Il y aurait de la place pour les éviter.

-Attends… Tu? Tu veux dire? Les elfes de maison ne sont pas à tes parents? Deryn… as-tu un elfe de maison à toi? l’interrogea-t-elle, les yeux écarquillés.

Disons qu’elle ne portait pas vraiment dans son cœur cette manie qu’avaient les sorciers de se servir des elfes comme serviteurs, voir esclaves.

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La banalité avec laquelle les sorciers parlaient de leurs minuscules esclaves comme de la pluie et du beau temps allait toujours surprendre Nayla. Particulièrement parce qu’elle aimait beaucoup les Elfes, elle les trouvait à la fois adorable et trop gentils, ça lui faisait toujours mal de constater qu’ils n’étaient pas près de devenir les égaux des Sorciers, malgré leur potentiel, et malgré les efforts de la Ministre actuelle en ce sens. Sachant que le jour n’était pas optimal pour ouvrir un débat sur la situation de ces êtres vivants qui méritaient mieux, Drew fit abstraction de la légèreté de Deryn à ce sujet. Aujourd’hui n’était pas le jour où elle changerait le monde, de toute façon, encore moins la façon de penser de son amoureuse. Ça viendrait avec le temps, les années. Elle pouvait être patiente, et se taire, du moins pour tout de suite.

D’ailleurs, elle ne tiqua même pas sur l’impossibilité de mentir, ne réalisant pas vraiment ce que cela pouvait bien sous-entendre. Ce n’est pas comme si elle aurait essayé de toute façon. Et ce qui l’intéressait vraiment était de savoir à quoi elle devait s’attendre lorsqu’elle serait assise en présence de Monsieur et Madame Slughorn. Bizarrement, alors que cela semblait déranger, voir inquiéter Deryn… le fait qu’on lui poserait simplement des questions sur qui elle était avait de quoi rassurer Nayla. Souriante, elle se fit une remarque à voix haute, un peu naïve, terriblement fausse sans qu’elle le sache.

-Ah, bien ça ira ça, ce n’est pas comme si je pouvais donner une mauvaise réponse à ça et avoir l’air stupide.

Alors qu’elle s’était inquiétée de se tromper sur de la matière, voilà que les seules questions qu’on lui poseraient… elle était la seule personne à connaître les réponses! Bien sûr, elle avait tort de croire qu’il pouvait y avoir de « mauvaises réponses » à « Qu’est-ce que tu veux faire dans la vie », songeant bêtement que dire la vérité à ce sujet ne pouvait être que suffisant.

-Tu as raison, on va se concentrer sur ça. Tiens, joue le rôle de tes parents! Questionne-moi comme tu crois qu’ils vont le faire, on va pratiquer, d’accord?

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Essayant de rester sérieuse dans la situation, Nayla avait quand même du mal à s’empêcher de sourire alors que Deryn jouait les actrices et tentait d’incarner le rôle de ses parents. Elle avait même pris une pause pour bien entrer dans son personnage, c’était mignon à croquer, et Drew avait envie de l’embrasser… Mais… Elle ne pouvait quand même pas faire ça à son futur beau-père, non?

-Nayla Drew, c’est un plaisir de vous rencontrer Monsieur et Madame Slughorn, salua-t-elle avec un sourire adorable en tendant la main vers Deryn comme la bonne jeune demoiselle polie qu’elle était. Oui, c’est cela! « Ceux de Poufsouffle aiment travailler, Et leur patience… ». Oh, mais pas autant que votre fille, Deryn est un exemple de resp… hen?

Suivant le rythme de la conversation imposé par Slughorn, elle tenta de répondre coup sur coup à toutes les questions, mais la Serpentard les déversait avec une telle aisance que ça ne lui donnait pas vraiment le temps de réfléchir à ce qu’elle devait dire, et parfois, elle ne pouvait terminer ses phrases. Alors qu’elle trouvait la mise en scène plutôt amusante au début, son sourire la quitta assez vite à mesure qu’elle réalisait qu’elle allait probablement subir pire plus tard. Au moins, elle aurait pratique.

-Co… comment j’ai… convaincu? se raclant nerveusement la gorge, Nayla dévisagea Deryn, le regard plein d’interrogations, sortant l’espace d’un instant de la pratique. J’imagine que ce n’est pas à ce moment-ci que je déballe que c’est parce que je suis ta petite amie et qu’on ne pouvait pas se passer l’une de l’autre pour deux semaines? Ouais, c’est ce que je pensais…

Finalement, elle avait peut-être eu tort en affirmant qu'il n'y avait pas de mauvaises réponses. Comment pouvait-elle répondre à cela, sans mentir, au juste? Drew était du genre à toujours déballer toute la vérité, mais visiblement, à la façon dont Slughorn posait les questions, elle n’avait clairement pas encore avisé ses parents que son invitée était son amoureuse. Était-elle au courant, au moins, que ses frangins le savaient, dû à leur exposition à Halloween, et qu’elle ne pourrait pas garder cela secret plus de deux minutes?

-Pour dire vrai Monsieur, j’ai simplement proposé. J’avais envie de connaître la famille de Deryn, on se connaît depuis la première année, et on se parle tous les jours depuis!

Au moins, de cette façon, elle s’en tenait à une part de vérité, ce qui n’était pas trop mal. Ensuite Deryn-Père lui assura que ses questions n’étaient que pure curiosité et qu’elle était la bienvenue, tout en lui lançant une question sous-jacente sur ses intentions dans le futur. Au moins, à ça, elle avait déjà réfléchit dans le passé, elle avait une réponse plus ou moins préparée.

-Déjà, pour commencer, j’espère pouvoir poursuivre mes études au-delà des ASPICs, j’ai la chance de faire partie de cette génération qui a accès à un programme universitaire à Poudlard, je ne vais pas la laisser passer! Je pense m’orienter dans la botanique et les potions, comme chercheuse possiblement.

Elle se retint de préciser qu’elle était aussi intéressée par les Créatures magiques et que c’était un autre domaine qui l’attirait, elle ne voulait pas paraître égarée et ne sachant pas quelle orientation l’intéressait vraiment… ce qui était la pure vérité.

-Moi, réfréner Deryn? Je ne crois pas que quoi que ce soit puisse l’arrêter, gloussa-t-elle en adressant un clin d’œil à sa copine, oubliant de prétendre qu’elle était supposée s’adresser à Monsieur Slughorn.

Nayla sourit. Oui, elle était nerveuse. Oui, elle doutait de survivre au véritable interrogatoire des Slughorn, car celui prétendu par Deryn n’arriverait probablement pas à la cheville de celui de ses parents. Pourtant, la dernière question posée l’avait fait sourire. Elle aurait dû l’inquiéter, la faire réfléchir longtemps. Mais la réponse était plutôt simple… elle n’avait pas besoin d’être une solide alliée pour que sa copine devienne quelqu’un d’important. Elle pouvait rester toute petite dans le monde des sorciers et son amoureuse s’en sortirait quand même sans elle, ça ne faisait pas le moindre doute. Deryn n’avait pas besoin d’aide pour être grande. Sans se départir de son sourire, si doux, si tendre, Nayla pris une main de la verte entre les siennes, et fixa son regard dans le sien.

-Je vais simplement toujours être là pour elle, à ses côtés, quoi qu’elle ait besoin, tant qu’elle voudra de moi. Je ferais tout pour que Deryn soit la meilleure version d’elle-même, aujourd’hui et dans dix ans.

Les Poufsouffle sont surtout reconnus pour leur loyauté après tout…

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