À toi pour toujours | Deryn (Terminé)

Il semblait bien que la crise avait été désamorcée, la bombe n’exploserait pas. Enfin, pas maintenant, pas tout de suite, et si elle avait de la chance, pas aujourd’hui. Nayla savait que ce serait toujours un combat à mener, qu’il lui faudrait être prête à réagir au quart de tour, mais au fond… elle avait cherché cela, pas vrai? Elle avait toujours connu les risques en invitant Deryn chez elle. La victoire n’allait peut-être pas durer, mais pour l’instant, Drew se permis de respirer en serrant les doigts de son amoureuse entre les siens.

Et une seule bataille à la fois… Ça ne valait pas la peine de soulever le « vous être compliqués » comme si les moldus étaient une race toute autre, ce serait un combat pour un autre jour. Tout ce qui comptait, c’était que Slughorn avait promis. Certes, avec beaucoup de mauvaise volonté, mais elle l’avait fait tout de même. La Poufsouffle fit un pas dans sa direction, comblant la faible distance qui les séparait, et frotta doucement son nez contre celui de la Serpentard.

-Ça va aller, répondit-elle, bien que ce n’était pas trop clair si elle adressait cela à Deryn ou si elle essayait de s’encourager elle-même, faisant volontairement fit des guillemets invisibles que son amoureuse avait tracé dans les airs avec un brin de sarcasme. Un geste qu’elle-même avait fait un peu plus tôt. Je sais de toute façon que tu ne ferais jamais rien, du moins volontairement, pour me causer du tort… à moi ou à ceux que j’aime, ajoute-t-elle doucement en effleurant les lèvres de Slughron des siennes.

D’accord, c’était de la manipulation à l’état pur, mais comme ça avait tendance à marcher et qu’elle était vraiment inquiète de ce qui pouvait se produire au dîner de ce soir, il n’y avait pas de mauvaise stratégie. N’avait-elle pas appris la ruse de la meilleure Serpentard qui soit, d’ailleurs?

Et puis, intérieurement, elle espérait aussi que son affirmation était bel et bien vraie…


-Comment ça, je ne t’ai jamais parlé de la journée annuelle au centre de ski des Drew? Bien sûr que j’ai du le faire, à un moment ou à un autre! Non? Ah… ben… maintenant tu le sais…

Trop peu trop tard? Si Slughorn avait su qu’elle allait être toujours chez les Drew lorsqu’ils partiraient à la montagne pour passer une journée à descendre les pentes, elle se serait assurément organisée pour retourner chez elle avant. Est-ce que cela avait été un plan diabolique de Nayla pour obliger Deryn à pratiquer un sport moldu en la mettant devant le fait accompli, ou était-ce vraiment un oubli de sa part? Quiconque connaissait la née-moldue savait qu’elle n’était pas assez manipulatrice pour organiser ce genre de choses, sauf que… c’était tout un hasard que Nadia venait justement de s’acheter de nouveaux ski, et que ceux de la benjamine lui allaient encore, de sortes qu’ils avaient une paire d’extra.

-Enfin quoi! Tu as survécu à toute la famille, plusieurs repas familiaux en fait, sans commettre de faux pas. D’accord, sans commettre de trop gros faux pas… Il n’y a pas encore de guerre entre nos familles, du coup tu as assuré non? Comment peux-tu donc avoir peur de deux petits skis? feint-elle d’être surprise en tendant lesdits objets en direction de son amoureuse, qui semblait dédaigner ne serait-ce qu’à y toucher. Allez… supplia-t-elle en tressautant presque sur place. Ce sera amusant, je t’assure! Tu ne me fais donc pas confiance?

Qui a dit que Nayla ne savait pas manipuler Deryn, encore?

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Nayla savait déjà que Deryn finirait pas céder, même si elle allait se plaindre toute la journée contre tout et rien, simplement parce qu’elle n’aimait pas se faire traiter de froussarde, même de façon indirect. Et puis, parce qu’elle était assez intelligente pour finir par entendre raison devant des arguments aussi solides que ceux de la petite née-moldue : le ski n’était absolument pas dangereux. De toute façon, Slughorn ne supporterait pas de rester derrière sans surveiller Drew, pas vrai? Et il était hors de question que la benjamine rate cette sortie annuelle, alors…

-Ce n’est pas si dangereux que ça! proteste donc Nayla avec un petit sourire charmeur au coin des lèvres. Après tout, il n’y a aucun boulet hyper-lourd qui nous fonce dessus à vitesse faramineuse dans le but de nous désarçonner, juste quelques petits obstacles à éviter. Bref, rien que tu n’es pas capable de réussir, je te rassure… insiste-t-elle en voulant la rassurer, Deryn aimant habituellement se faire dire qu’elle était à la hauteur de tout! On commencera par les pentes plus douces, le temps que tu prennes le rythme de tes skis, celles qui n’ont aucuns obstacles, et quand tu auras plus confiance, si tu le veux, on augmentera le degré de difficulté. D’accord?

Cela voulait dire qu’elles allaient commencer leurs descentes… entourées d’enfants de autre ou cinq ans, et qu’elles allaient certainement être doublées par la nièce de Nayla, mais ce n’était pas nécessaire de le dire tout de suite! Lorsque Deryn le verrait, elle s’empresserait d’apprendre pour pouvoir changer de pente, et ce serait pour le mieux! On ne pourra tout simplement pas se briser le cou dans les pentes pour débutants, c’est… physiquement impossible.

Mais Deryn possédait-elle la moindre notion de physique ? Cela restait à vérifier. En attendant, elle lui lança des vêtements chauds, parce que même si on ne gelait pas complètement dehors, à la montagne, ce serait différent, valait mieux bien se couvrir. Parlant de montagne…

-Un monstre?! s’exclama Nayla qui avait blêmit un brin. J… je crois que c’est faux. D… de toute façon, on… il faut s’équiper, se préparer, pour ce genre d’escapades en nature! bredouille-t-elle, cherchant surtout une excuse pour ne pas partir dans une aventure aussi folle sans passer pour la froussarde… qu’elle était. Poufsouffle dans l’âme. On… pourrait planifier ça pour les vacances d’été?

En plus, en été, le soleil se couchait plus tard, ce qui voulait dire plus d’heures de soleil, et, conséquemment, moins de temps dans le noir dans un environnement hostile. Et puis, d'ici là, Deryn aurait le temps d'oublier.

-Allez, habille toi! Avec ou sans toi, je ne raterai pas le ski, la menace-t-elle en enfilant son manteau et se précipitant vers la voiture de sa mère, le reste de la sororie se rendant par leurs propres moyens.

Nadia avait piqué la place passager à côté de leur mère, si bien que Nayla et Deryn devraient se contenter de la banquette arrière, ce qui n’était pas plus mal, car elles seraient ensemble. La nouvelle berline maternelle était plus luxueuse que son ancienne caravane, nécessaire pour trimballer toute la marmaille Drew à l’époque où elles étaient plusieurs sous le même toit, mais qui avait perdu de son intérêt ces dernières années.

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L’allusion de Deryn a un monstre dans la montagne avait rendu Nayla terriblement nerveuse. Elle qui aimait tant le ski, elle allait maintenant être incapable de cesser de penser qu’il y avait un danger là-haut, qui peut-être les épiait alors qu’elles glissaient sur les pentes! Sacrée Serpentard! La Poufsouffle était, sans le moindre doute, très impressionnable, elle croyait facilement aux histoires farfelues, et ne pouvait écouter un film d’horreur sans faire des cauchemars. Et comme si ça ne suffisait pas qu’elle lui ait fichu la frousse, Slughorn insista qu’elles devraient tenter d’aller à la montagne pendant ce périple, puisqu’en été la supposée créature se trouvait apparemment dans un lac profond d’Écosse. Drew frissonna en remontant la fermeture éclair de son manteau.

-S… M… bredouilla Nayla, à court d’arguments… Et si elle est dangereuse, cette créature? On ne peut pas utiliser la magie hors Poudlard, je te rappelle! souligne-t-elle soudainement, soulagée de trouver un argument valide. Du coup… y a pas le choix, faudra attendre deux ans, minimum.

Ce qui donnait amplement le temps à Deryn d’oublier, du moins… l’espérait-elle. Et ça lui donnait le temps à elle de trouver de meilleures raisons pour ne pas y aller!

Bientôt, elles furent assises ensemble à l’arrière de la voiture maternelle… et à la grande surprise de Drew, Slughorn n’avait émit aucune protestation à l’idée d’utiliser ce « genre de moyen de transport très dangereux », s’étant simplement installée près de son amoureuse avec une aisance épatante. La Poufsouffle eut un sourire tendre en jetant un regard à la Serpentard, mais s’abstint de commenter… N’empêche qu’elle trouvait terriblement charmant que Deryn commence à s’acclimater à son monde, finalement. Du moins, le croyait-elle!

Arrivées au terrain de ski, la famille Drew se réunit pour quelques embrassades, puis se séparèrent en petits groupes. Nayla allait suivre ses aînées, celles qui avaient des enfants en bas âge, pour indiquer à Deryn les pentes les plus douces, mais celle-ci se dirigeait déjà vers les plus ardues, comme si elle avait fait ça toute sa vie.

-Heu… Deryn… Tu sais, même moi qui glisse depuis… ben… depuis que je sais marcher quoi… heu… comment dire… Je les trouve difficiles, celles-là. Viens plutôt par ici, je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose. Enfin, je veux bien reconnaître que j’admire ta détermination à vouloir t’adapter au mode de vie Mol… heu, je veux dire, Drew… se corrigea-t-elle en jetant un regard à la ronde pour s’assurer que personne ne les écoutait. Mais ce n’est pas une raison pour jouer les casse-cou!

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Pourquoi fallait-il toujours que Deryn fasse exactement le contraire de ce qui était suggéré? Voulait-elle à ce point montrer qu’elle était plus forte que tous en tout temps, dans tous les domaines? Ah, oui, justement, c’était exactement ce qu’elle tentait toujours de faire. Nayla soupira, pinçant l’arrête de son nez avec un geste découragé, alors que la Serpentard s’opposait à changer ses plans. Elle voulait absolument s’attaquer aux pistes les plus difficiles, même si elle se plaignait un peu plus tôt que les sports moldus étaient dangereux, lorsque la Poufsouffle l’avait « invitée » (traînée de force) à participer à l’activité familiale.

Et le pire, c’était qu’elle ne comprenait pas le danger, avec une insouciance qui était habituellement propre à Drew! Mais lorsqu’il fut question d’infirmerie, Nayla sourit et su exactement sur quel fil tirer pour convaincre Deryn de pratiquer sur des pentes plus douces.

-Eh bien, il n’y a pas vraiment d’infirmerie ici, mais oui, j’imagine que si tu te blesse gravement, quelqu’un appellera une ambulance, qui t’emmènera dans un Hôpital moldu, où des Docteurs tout aussi moldus te soigneront avec la médecine moldue. C’est vrai qu’il n’y a aucun risque… fit-elle mine de réfléchir en prenant naturellement le chemin des pistes difficiles que Slughorn visait en premier. À quoi bon alors pratiquer un peu sur des pentes moins dangereuses quand se faire soigner est si amusant?

Oui, elle était un brin sarcastique, mais s’il y avait bien une chose que la Poufsouffle était sûre à cent pour cent, c’était que sa copine ne voudrait surtout psa aboutir dans un hôpital moldu. Depuis quand les rôles étaient-ils inversés de la sorte et que c'était la Poufsouffle qui devait jouer les rabat-joie et faire des rappelles à la prudence? Définitivement, elle n'aimait pas beaucoup devoir être la "responsable" des deux!

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C’était drôlement facile de mettre Deryn de mauvaise humeur… Non, en fait, « drôlement » n’est pas le mot. Plutôt « ridiculement ». Trop facile, au point que ça en devenait souvent plutôt lourd… Nayla avait souvent l’impression de marcher sur des œufs avec son amoureuse. Elle qui n’était pas une habile manipulatrice, elle pensait enfin avoir le moyen de la convaincre de quelque chose, et se rendait compte qu’elle ne faisait que la froisser. Drew soupira. Ce n’était définitivement pas encore gagné pour les pistes de ski! Mais ce n’était pas perdu non plus. En effet, toute à son indignation, Slughorn avait au moins cessé de s’approcher des pistes avancées. Restait-il encore de l’espoir?

Certes, la Poufsouffle était bien agacée de voir encore les connaissances moldues être rabaissées par la pensée étroite de son amie Serpentard, mais elle était assez habituée aux manies de sa copine pour ne pas rétorquer que la médecine moldue était tout à fait sécuritaire… C’était une énergie qu’il valait mieux ne pas dépenser maintenant. Elle roula donc plutôt sa langue dans sa bouche sept fois avant de prendre sa propre défense, dans un haussement d’épaules innocent.

-Comment pourrais-je te faire emmener dans un hôpital dont je ne connais pas la localisation? Je n’ai pas la moindre idée d’où se trouve Sainte-Mangouste, utilisa-t-elle comme argument pour justifier ses propos précédents, puisque c’était la stricte vérité. Du coup, elle évitait aussi d’affirmer qu’elle l’aurait, sans l’ombre d’une hésitation, laissée se faire soigner par des docteurs moldus. Toutefois, Deryn n’en avait pas fini.

-Alors, raison de plus pour ne pas attirer l’attention sur nous en te cassant le cou! affirma Nayla en roulant des yeux vers le ciel. Bon, assez discuté, j’ai envie de descendre des pistes moi et on perd un temps précieux pendant lequel on pourrait s’amuser plutôt que de se disputer, tiens. À moins que c’était ton plan? s’inquiéta-t-elle avec une moue boudeuse, soudain inquiète. Essayer de t’en sauver le plus longtemps possible?

Ça ne l’aurait surpris qu’à moitié, après tout, les Serpentard pouvaient être tellement retords lorsqu’ils s’y mettaient. L’air un peu abattue, Nayla se détourna de la direction qu’avait choisie Deryn plus tôt, soit celle des pistes les plus avancées et dangereuses. Même elle n’était pas assez à l’aise pour s’y risquer, enfin pas si tôt dans la saison, alors qu’elle n’était même pas échauffée. Du coup, elle pris sa décision et repris sa progression… dans la direction opposée.

-Quoi que tu en penses, moi je préfère aller par là. Si tu décides de venir avec moi, ce sera plus amusant, tout simplement. La piste sera si calme qu’on pourra même la descendre en se tenant la main, si t’en as envie… Pas que je prétende que tu en aie besoin, simplement que ça peut être romantique… mais si tu tiens absolument à prendre des risques inutiles, on se rejoint en bas de nos pistes respectives? conclut-elle banalement alors qu’elle s’éloignait déjà, comme si la décision que prendrait Deryn en lui importait pas, bien qu’elle ait le cœur sacrément lourd de la planter de la sorte.

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C’était bien vrai, elle était un peu vexée… Si bien qu’il lui était impossible de se défendre en prétendant le contraire, toujours incapable de mentir. Nayla aurait bien préféré que Deryn accepte d’entendre raison et d’être sage, mais à la place, il avait fallu la convaincre par la force d’arguments… sentimentaux. Ça avait fonctionné, même si cette perte de temps agaçait profondément Drew…

Elles avaient fini par bien s’amuser. La Poufsouffle pardonnait facilement à la Serpentard lorsque celle-ci maugréait que ses chutes étaient causées par son équipement et non son inexpérience. C’était totalement faux, mais après leur dernière friction, Nayla n’avait nulle envie de chercher querelle, et s’assurait de ne pas rigoler des bévues de son amie sorcière. Par la fin de la journée, Deryn était capable de faire une descente normalement sans représenter un danger pour qui que ce soit, affirmant même que c’était facile, et reconnaissant (FINALEMENT!) que ce n’était surtout pas dangereux.

La nuit s’apprêtait à tomber et leurs joues étaient rouges de froid, mais surtout de plaisir du côté de la petite Drew. Celle-ci tenait la main de son amoureuse en la traînant vers la voiture pour rentrer, lorsque sa copine promis de l’accompagner à nouveau « si elle insistait ». Les yeux de Nayla se mirent à pétiller de bonheur. Elle le savait, au fond, que Deryn avait aimé son expérience et espérait secrètement revenir, même si elle ne l’avouerait jamais. Puis, alors qu’elles atteignaient la voiture, Slughorn ne put s’empêcher de préciser qu’il faudrait quand même voir pour ce fameux monstre, et plutôt que de rouler les yeux vers le ciel ou maugréer… la Poufsouffle éclata de rire et embrassa la joue gelée de sa petite amie.

-Bien sûr! Voilà qui occupera nos prochaines soirées à la bibliothèque de l’école, faire des recherches sur ce monstre mystérieux! lança-t-elle, un brin ironique, pensant surtout qu’elles ne trouveraient rien et prouveraient donc… que celui-ci n’existait pas. Enfin, si on n’est pas trop débordées par nos études de BUSEs, évidemment, s’empressa-t-elle d’ajouter, au cas où, sachant comment sa copine prenait ces évaluations terriblement au sérieux.

Ah, Poudlard… Ça lui manquait déjà, alors qu’elles ne l’avaient quitté que pour de courtes vacances. Vivement qu’elles y retournent y vivre tant de merveilleuses aventures entre les murs de ce château magnifique. Les jours de congé qui lui restaient avant le grand retour en classe lui semblaient maintenant péniblement longs, même si elle savait que le reste de son année ne serait pas de tout repos, il lui tardait de s’y remettre.

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