À toi pour toujours | Deryn (Terminé)

Même lorsqu’elle dérogeait au sérieux de la scène pour poser des questions directement à Deryn, celle-ci ne sortait pas de son personnage et continuait de l’interroger comme si elle n’avait pas entendu ce qu’elle disait, sauf ce qui était adressé à Monsieur et Madame Slughorn. par moment, Nayla se demandait si les parents de sa petite amie parlaient vraiment toujours d’elle en la montant sur un piédestal de la sorte, ou si elle n’exagérait pas un petit peu. Trop souvent confuse par l’avalanche de questions, Drew se demandait souvent si les questions n’étaient pas un peu rhétoriques, parce qu’elle ne sentait pas particulièrement l’utilité de répondre, la réponse se trouvant déjà dans les questions.

-Oui, dans le train, on s’est retrouvée dans le même… heu… Peut-être? Mais, je ne vois pas bien qui pourrait vouloir profiter de… Je… Plutôt médicinale je crois… Arrête Deryn tu me donnes le tournis… soupira Nayla en parvenant à peine à répondre à une question avant qu’elle ne la bombarde avec la suivante. Probablement, oui, ça serait génial de voir le monde, mais qu’est-ce que ça pourrait bien leur faire à tes parents, ça? Attends je ne suis pas certaine de bien comprendre cette question-là, Deryn, la meilleure version de toi-même sera celle que tu souhaites, ce n’est pas à moi de le décider!

Disons qu’elle avait vu sa réponse plutôt comme une manière de dire qu’elle la soutiendrait dans tout ce qu’elle entreprendrait, ça ne suffisait donc pas? Secouant la tête de surprise, Nayla dévisageant Deryn lorsqu’elle parla d’enfants. Mais de quels enfants? Sa petite fratrie? Des hypothétiques enfants de l’une ou de l’autre? Drew s’empourpra. Elles n’avaient que quinze ans, pourquoi ses parents penseraient-ils qu’elles en sont à ce stade à considérer des enfants? Sa question n’impliquait-elle donc pas en plus que Monsieur et Madame Slughorn serait au courant de leur relation à ce point-là? Elle qui avait cru comprendre qu’elle devait se taire à ce sujet et attendre que sa copine en parle?

-Qu… quels enfants? bredouilla-t-elle, visiblement confuse, espérant que Deryn éclaire sa lanterne pour une fois et l’assure qu’elle se trompait sur le véritable aspect de sa question.

Nayla ne retint pas son soupir de soulagement lorsque Deryn sorti enfin de son rôle pour lui répondre, en lui faisant savoir que ses parents allaient découvrir leur relation d’une manière ou d’une autre. Franchement, dans la tête de Drew, elle pensait que cela devait être déjà fait vu leur exposition au Bal d’Halloween et toutes les semaines qui ont suivies ensuite. D’ailleurs, quand son amoureuse lui avait dit ce soir-là qu’elle n’avait aucune envie qu’elles se cachent, la Poufsouffle avait été persuadée qu’elle avait d’emblée informé sa famille, ce dont elle doutait maintenant.

-Comment je t’ai séduite? demanda Nayla en l’interrogeant du regard. Pourquoi est-ce qu’ils ne croiraient pas que c’est toi qui m’a séduite d’abord? ajoute-t-elle avec un léger sourire en coin en touchant son pied avec le sien. « Deryn en a beaucoup, de l’ambition » se mit elle à imiter en riant, essayant de prendre une voix d’homme sans grand succès. Comment croiraient-ils que je puisse te manipuler à m'aimer alors qu'ils semblent te tenir en si haute estime? Et puis c’est toi qui m’a charmée la première, je te signale. Quoi que… peut-être que c’était simultané?

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Finalement, il semblait bien que l’entretient était terminé. Enfin, non… la pratique. Parce que le vrai combat n’était pas encore commencé, et vu sa prestation avec Deryn, Nayla craignait de se planter complètement et perdre tous ses moyens face à ses « beaux-parents » s’ils étaient vraiment aussi insistants et manipulateurs que sa copine voulait bien lui faire croire.

Enfin, Slughorn fini par lui donner des explications à quelques unes de ses questions, non sans la flatter un peu en lui précisant qu’elle avait gagné des points sur quelques réponses. Enfin, ce qui rassurait Drew, c’était qu’à aucun moment elle n’avait eu à mentir… peut-être un peu à éviter certaines vérités, mais ce n’était pas un mensonge, ça. Elle pensait sincèrement qu’elle n’avait rien fait de particulier pour séduire Deryn… il semblait peut-être qu’elles étaient simplement faites pour se trouver de cette façon? Un peu fleur bleue, Nayla avait la vilaine manie terriblement moldue de croire au destin, même si ses compétences en Divination la rendait inapte à le deviner.

Donc, certaines questions n’auraient pas d’autres buts que de la noyer dans l’avalanche afin de la forcer à commettre une erreur? Voilà qui était une tactique un peu fourbe à son avis. Allait-elle pouvoir compter sur son amoureuse pour être sa bouée et la soutenir dans l’interrogatoire, ou devrait-elle l’affronter toute seule? Le cas échéant, elle n’était pas certaine d’en être capable…

-Et comment exactement est-ce que je me suis contredite? C’est vrai que je veux que tu sois la meilleure version de toi-même, mais c’est aussi toi qui doit déterminer qu’elle est cette bonne version, je ne suis pas dans ta tête. S’ils me bombardent pour si peu, je vais assurément mettre complètement les pieds dans les plats… Viendras-tu alors à mon secours? demanda-t-elle, presque suppliante, visiblement inquiète.

Alors qu’elle était assise face à Deryn depuis le début du trajet pour faciliter la conversation, Nayla se leva pour prendre place à ses côtés, se blottissant volontairement contre elle à la recherche de réconfort. Elle n’était plus du tout certaine d’être capable de se montrer à la hauteur des espérances Slughorn. Pourquoi avait-il fallu qu’elle tombe amoureuse d’une héritière de grande famille et se compliquer ainsi la vie? Le cœur a ses raisons il paraît…

Appuyant sa tête contre l’épaule de la Serpentard, la Poufsouffle sourit. Deryn venait de dire qu’elle l’avait probablement séduite sans même s’en rendre compte. Même si elle ne pensait pas que ce soit vrai, Nayla aimait bien l’entendre dire à quel point elle lui plaisait. Surtout que ça faisait rougir son amoureuse de cette façon adorable qui la faisait craquer.

-Dans ce cas, on n’a pas à s’inquiéter de l’interrogatoire. Je suis peut-être partiellement vélane sans le savoir? glousse-t-elle avec humour. Si je séduis involontairement, tes parents aussi vont tomber sous mon charme indéniable, non?

Plus sérieuse, elle se redressa, fixant Deryn dans les yeux tout en restant très près d’elle. Quelque chose que son amoureuse avait dit venait de lui donner une idée.

-S’ils me demandent vraiment « comment j’ai fait pour te séduire », je leur dirai la vérité… Que ça n’avait pas été mon intention, pas au début. Que tu étais, et que tu es toujours, ma meilleure amie, même si nos rapports ont changé. Qu’on est juste tombées toutes les deux amoureuses l’une de l’autre sans réellement se rendre compte de quand nos sentiments ont pris un tel tournant, mais qu’on a décidé de ne pas le combattre.

Plutôt fière d’elle, Nayla se pencha vers Deryn pour l’embrasser, parce que ça l’aidait à se détendre. Est-ce qu’elles pourraient s’adonner à des câlins jusqu’à ce qu’elles arrivent à la gare maintenant que l’interrogatoire était terminé? Comme ça, elle n’aurait plus à s’inquiéter d’échouer à impressionner les Slughorn, et simplement profiter de ce temps supplémentaire qu’elles pouvaient passer ensemble. Sauf qu’une autre idée vint troubler la petite paix intérieur dans le cœur de Drew, et elle rompit leur étreinte pour regarder à nouveau sa vis-à-vis.

-Quand tu as parlé d’enfants… tu parlais… hypothétiquement des nôtres? C’est la seule de mes questions que tu as évitée…

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Au moins, selon Deryn, elle n’allait pas être la seule à subir l’avalanche de questions des Slughorn, leur propre fille allait assurément en faire les frais, par conséquent, Nayla aurait peut-être quelques moments de répits… Et puis, si elle était chanceuse, ils commenceraient par leur fille, et elle répondrait à tout sans exception, assurant ainsi que Drew n’ait rien de plus à ajouter outre hocher la tête… Enfin, c’était beau de rêver!

De moins en moins inquiète en se disant qu’elle pourrait toujours appeler Deryn au secours si la pression était trop lourde pour elle, Nayla recommença à se détendre. Chose facile lorsqu’elle était blottie contre son amoureuse, ce qui lui faisait oublier tous les soucis du monde. Elle n’était peut-être pas vélane, ne pourrait certainement pas charmer personne chez les Slughorn, mais au moins, elle ne serait pas seule, et le sourire de la Serpentard lui suffirait à tenir le coup.

-Et quand ça? se redressa soudainement Nayla en interrogeant Deryn du regard, l’air curieux. Ah non! Je ne vais pas te laisser éviter cette question-là! Dis-le moi allez! insiste-t-elle en riant et en la bousculant doucement.

La remarque suivante de Slughorn dérangea vraiment Drew. Elle ne s’était jamais vraiment questionnée sur un futur avec des enfants. D’abord parce qu’elle en était encore une elle-même, en quelques sortes. Les adolescents, ce ne sont que des grands gamins au final. Et ensuite, parce que sa terrible nervosité face aux garçons ne lui avait jamais permis de s’imaginer vivre avec quelqu’un… C’était avant qu’elle réalise qu’elle pouvait vivre avec quelqu’unE. Cela rendait peut-être la chose un peu plus compliquée, mais absolument pas impossible. La vraie question était donc : est-ce qu’elle voulait en avoir? Fondamentalement, elle savait que oui… elle avait quand même grandit dans une famille de huit, elle ne supporterait jamais de vivre dans une maison vide de jeunesse… Mais qu’en pensait donc Deryn, justement?

Celle-ci en profita pour sortir de son trouble face à la question des enfants en fuyant leur compartiment pour leur acheter quelques gourmandises du chariot. Nayla sourit devant la gêne de son amoureuse. Il est vrai que leur relation avait évoluée si vite, qu’aborder de tels sujets maintenant allait nécessairement entraîner de l’embarras. Mais ne valait-il mieux pas s’assurer qu’elles étaient sur la même longueur d’ondes pour l’avenir tout de suite? Quels que soit les aspects? Afin d’éviter d’être déçue plus tard? La Poufsouffle s’installa confortablement sur la banquette, les jambes repliés vers son ventre, genoux sous le menton, sachant que sa copine allait prendre son temps, afin de retrouver son calme. Et elle allait probablement aussi en profiter pour remplir ses responsabilités de préfète et surveiller leur wagon.

Lorsqu’elle revint, au bout de quelques minutes, les mains pleines de friandises, Nayla tendit les mains vers une chocogrenouille. Il lui en manquait encore une pour compléter la dernière édition de sa collection. Ces cartes l’avaient rendue accro.

-J’espère que c’est Remus Lupin, depuis le temps que je le… arh… encore Rowena Serdaigle, j’en ai sept de celle-là, lança-t-elle sur un ton anodin, comme si elle avait déjà oublié la conversation précédente, seulement pour revenir à la charge lorsque Deryn eut baissé sa garde. Ce n’est pas tes parents qui voudront savoir comment je compte gérer l’aspect enfants, c’est plutôt toi, je crois? Dois-je comprendre que c’est parce que tu t’ai déjà posé la question? Enfin, si t’es parents me le demandaient vraiment, ce qui m’étonnerait, je leur dirais qu’à quinze ans, je n’ai pas encore fait toute ma tête à ce sujet-là, que pour l’instant je me concentre sur mes études, puis sur une potentielle carrière, pas sur une famille, pas tout de suite du moins… Mais que si c’était ce que nous désirions, même les moldus ont trouvé la solution à ce « problème » de façon médicale, alors il y a assurément une version sorcière quelque part. Et sinon, l’adoption existe aussi, il n’y a pas que chez les moldus que les orphelins existent. Est-ce que ça répond à ta question? demanda-t-elle avec un sourire assez fier, prenant volontairement un positionnement neutre à ce sujet pour ne pas avoir l’air d’imposer son choix à Deryn.

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« Depuis que je le sais ». Nayla soupira en secouant la tête, devant cette réponse terriblement évidente. D’accord, peut-être qu’elle ne le saurait jamais. Ce n’était pas si grave, au fond, elle était curieuse en effet, mais ça n’allait pas l’empêcher de dormir. De toute façon, elle ne pouvait pas davantage répondre à la question, parce qu’elle n’avait pas la moindre idée de quand le changement s’était opéré chez elle. Lorsqu’elle pensait aux dernières années passées avec Deryn, il lui semblait qu’elle l’avait toujours aimée de la sorte, comme si ses émotions d’aujourd’hui altéraient ses souvenirs de jadis. Ou parce que c’était la pure vérité? Impossible à savoir.

À son retour dans l’habitacle, alors que Drew grignotait ses friandises, Slughorn évitait encore les questions de sa copine, que celle-ci trouvait pourtant pertinentes. D’ailleurs, elle ne lui donna pas non plus son opinion sur la réponse qu’elle avait formulée « à l’intention de Monsieur et Madame Slughorn », s’étant contentée d’avoir l’air embarrassée en affirmant que ça n’avait pas vraiment d’importance à ce point-ci de leur vie. Tout ce que Nayle retenait vraiment de ce moment, c’était que Deryn voyait assez loin dans le futur, et qu’elles étaient toujours ensemble dans cet avenir hypothétique. Donc, malgré les mots évasifs de son amoureuse, la Poufsouffle sourit.

-J’espère qu’elle goûte vraiment la myrtille, et non un truc douteux genre la nourriture pour chien, commente Drew avec un sourire lorsque Slughorn engouffre une dragée bleue, et lui en piquant une rose au passage, priant pour qu’elle ne goûte pas le poisson ou le foie.

Déterminée à gérer la conversation, la Serpentard songea qu’il leur faudrait penser à comment organiser leur voyage chez les Drew, évoquant son ennui de ne pouvoir transplaner déjà. Nayla se contenta d’hausser les épaules, se disant que la solution était pourtant bien simple à ses yeux, et qu’elle ne comprenait pas ce qui rebutait tant Deryn. Puis elle sourit. Parce que sa dragée goûtait la fraise. Quel soulagement…

-Tu dis ça comme si tu étais certaine que t’es parents allaient te donner leur bénédiction pour passer quelques jours dans une famille moldue, tu crois vraiment que je vais les impressionner à ce point? Et comme je disais déjà hier, prendre le train, c’est tout simple.

D’un geste de la main, elle désigna le compartiment dans lequel elles se trouvaient. Deryn était plus qu’à l’aise dans le Poudlard Express, comment différent pouvait-elle imaginer que les trains moldus étaient?

-Je veux bien croire que transplaner est génial, mais on en a encore pour deux ans, alors en attendant j’ai bien peur que tu devras te rabattre sur une technique plus conventionnelle. On prendra le train de chez toi, maman nous attendra à la gare chez moi, et nous ramènera à la maison en voiture. Facile.

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Sans se douter de quoi que ce soit, Nayla piocha une deuxième dragée dans la boîte tenue par Deryn, n’ayant pas la moindre idée que sa générosité cachait une simple probabilité mathématique. Sa couleur brune n’avait peut-être rien de ragoûtante au premier regard, mais il restait toujours l’espoir qu’il s’agisse de chocolat, ou bien café au lait!

Toutefois, elle ne l’a mis pas tout de suite dans sa bouche, trop occupée à écouter les réponses de Slughorn et réagir à celles-ci. En fait, elle avait un peu oublié le bonbon entre ses doigts, sa main un peu en l’air pas trop loin de son visage devenue immobile. Elle eut un petit rire très léger lorsque sa copine s’inquiéta des risques du voyage en voiture.

-Tu sais Deryn, j’ai pris le bus et la voiture comme moyen de transport presque quotidiennement jusqu’à mes onze ans, et encore maintenant, comment penses-tu que je me déplace pendant les vacances? Je n’ai jamais eu d’accidents! Comment je me rends à la gare au début septembre? Certainement pas par transplanage. D’ailleurs, de ce que j’ai entendu, ça c’est risqué, y a pas des gens qui ont perdus des membres, laissés derrière pour avoir manqué de concentration?

Un frisson de dégoût le secoua, alors qu’elle songeait avec un peu de nostalgie que l’odeur de la voiture lui manquait, ce mélange de cuir et de petits parfums d’ambiance terriblement artificiel, mais qui lui rappelait sa mère… Bon, bien sûr, c’était sans compté le fait que son père avait justement péri au volant, mais ce n’était pas nécessaire de partager ce détail avec Slughorn, pas vrai?

Puis, soudain, Nayla éclata de rire à la question de Deryn. Elle n’avait pas pu s’en empêcher, la situation lui semblait tellement absurde qu’elle se demandait si ce n’était pas une blague, mais à voir l’air sérieux (et un peu offusqué, visiblement, que Drew ait rigolé) de Slughorn, elle réalisa que sa question était vraiment légitime. L’air penaude, l’adolescente se calla contre le dossier de sa banquette et se pinça l’arrête du nez, comme elle le faisait lorsqu’elle voulait se calmer ou chasser un mal de tête.

-Je pense que vous avez vraiment besoin d’un nouveau professeur d’études des moldus, j’ai l’impression qu’il vous raconte des âneries. J’aurais du choisir la matière juste pour surveiller ses paroles… Mais, hé, ça aurait été bizarre hein? Une née moldue dans un cours pour comprendre les moldus? On commence tous à apprendre à lire, à écrire, et à compter vers cinq ou 6 ans… En fait, si ma mémoire est bonne, c’est même obligatoire. L’école est obligatoire chez les moldus. Oui, ma mère sait lire. Très bien même, elle m’a lu des histoires depuis ma plus tendre enfance.

Secouant la tête, Nayla allait mettre sa friandise dans sa bouche, mais se ravisa. Parce qu’elle venait de réaliser que Deryn n’en avait pas mangé depuis quelques minutes, et même qu’elle avait un peu insisté pour qu’elle en prenne une sans faire pareil. Un sourire amusé naquit alors sur le visage de la Poufsouffle.

-Tu as la trouille! Tu n’en prends pas car tu as peur de tomber sur une saveur infecte! Allez, on y va en même temps ou on n’y va pas du tout.

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Voilà, maintenant Nayla était convaincue que Deryn avait besoin d’un vrai cours sur les moldus, pas donné par un professeur qui n’y connaissait visiblement rien. Et elle en avait besoin TOUT DE SUITE! Elle ne pouvait quand même pas laisser sa copine rencontrer sa famille alors qu’elle avait des connaissances aussi arriérées sur la vie des moldus, elle allait se ridiculiser, et jamais Drew ne voudrait faire vivre une telle honte à Slughorn. Il faudrait qu’elles y travaillent tous les jours jusqu’à la fin de sa petite escapade chez sa famille sorcière, probablement l’y préparer doucement en soirée, avant de se coucher, pour qu’elle dorme là-dessus.

Nayla grinça des dents quand elle entendit le nom de l’auteur cité par Deryn. Elle en avait entendu parler… pas étonnant que les sorciers de sang pur considéraient les moldus comme une espèce inférieure avec de tels auteurs pour leur raconter des âneries pareilles. Une moue désolée sur le visage, Drew secoua la tête.

-Je crois que tu devrais lire un peu moins de Worsnever et te fier un peu plus à ta petite copine née-moldue pour nous comprendre, Deryn… Et c’est une très mauvaise idée de cadeau pour ma mère. Elle sera bien assez intelligente pour comprendre, ne t’y confonds pas. Et elle va le prendre comme une insulte. Je ne veux pas que ma mère te déteste, tu comprends? osa-t-elle avec un sourire comme pour amortir ses paroles.

D’accord, c’est vrai que Nayla était plus gourmande que Deryn, c’était l’évidence même, sauf que les dragées surprises de Bertie Crochue n’étaient pas des friandises ordinaires, c’étaient des surprises. Il s’agissait presque d’un jeu, et c’en était un qui se jouait à deux, sinon, ce n’était pas aussi drôle!

-Oh, si, j’en veux encore, mais tant que tu en manges en même temps, sinon ce n’est pas marrant. Allez, tu en prends une, et brune également, ce sont celles qui ont l'air les plus louches! Je compte jusqu’à trois et on y va !

Deryn n’allait quand même pas se dégonfler, quand même? Bon, en vrai, ça expliquerait pourquoi elle n’était pas allée chez Gryffondor.

-Un... commença-t-elle lentement, l'air malicieux, portant la dragée à sa bouche dans une geste de défi. Deux... trois!

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L’expression sur le visage de Nayla témoigne de sa confusion. Elle ne savait pas exactement à quoi elle s’attendait en mangeant sa dragée, mais certainement pas à ça. En tout cas, elle pouvait dire avec certitude que ce n’était ni chocolat, ni café, car elle aurait reconnu ces deux saveurs, pas plus que ça ne goûtait… une autre chose marron qu’on appellera « engrais » pour les besoins de la cause. Elle eut besoin de réfléchir un instant pour identifier la saveur, qui n’était ni particulièrement bonne, ni particulièrement mauvaise. Pendant ce temps, elle n’avait pas remarqué si Deryn avait bien mangé sa propre friandise, trop concentrée sur la sienne. Ce ne fut que lorsque cellle-ci lui annonça que pour elle « ça allait » et lui demandait comment était la sienne que Drew revint à elle.

-Heu… je ne suis pas certaine je t’avoue… Ce n’est pas complètement dégoûtant, mais… je suis un peu déçue. Y a un petit relent de poisson, mais ça goûte aussi la tomate et… euh… les oignons… Oh! C’est à la Bouillabaisse! réalisa-t-elle soudain dans un éclair de génie. Enfin, je crois. Mais toi? Tu as dis « ça va », tu ne m’as pas dit ce que ça goûtait exactement? Tu dois bien être capable d’identifié une saveur non? Je peux en prendre un autre? demande-t-elle sans vraiment attendre de réponse en s’en resservant une rouge, songeant qu’elle mérite bien un dessert après avoir tout mangé son souper!

Qu’elle engloutie aussitôt. Tiens, était-ce déjà la civilisation qui se pointait à l’horizon? Le voyage s’était déroulé drôlement vite! Encore une heure, tout au plus, à jouer à la Roulette Russe avec la boîte de dragées, et elles seraient à Londres. Brr… angoissant…

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Lorsque Deryn lui répondit, Nayla la dévisagea quelques instants, étonnée de l’hésitation furtive qu’elle avait remarquée chez sa copine avant que celle-ci n’élude le sujet de sa dragée à saveur de « boulette de viande » et se mit à parler de sécurité. Clignant des yeux à plusieurs reprises pour marquer son incompréhension, Drew essaya de se remémorer cette conversation qu’elles avaient eu, quelques mois plus tôt, sur les mensonges, en tentant de se souvenir la statique que lui avait dire Slughorn à ce moment-là sur la probabilité qu’elle lui raconte des histoires. C’était autour de deux sur dix si sa mémoire ne la trompait pas. Est-ce que ce chiffre allait aller en augmentant ou en descendant en devenant sa petite amie?

-La sécu… ? Vraiment? T’es pas marrante, dit-elle d’un ton plus triste qu’accusatrice. Déçue, en faite. Ma dernière dragée goûtait le homard, mais je me doute que ça ne t’intéresse pas vraiment…

En tout cas, son amoureuse n’avait pas un très grand sens de l’humour, pour ne plus vouloir s’amuser comme n’importe quelle adolescente à risquer ses papilles gustatives sur des dragées jusqu’à ce qu’elles finissent la boîte. Nayla haussa les épaules en refusant d’un geste la boîte que lui tendait toujours Deryn. C’était moins drôle toute seule. Elle se mit donc à regarder dehors, caressant distraitement son chat, lequel s’était éveillé et était sorti de son bagage pour quérir de l’affection. Drew tomba rapidement dans ses pensées. Prendre ses risques stupides pour des friandises lui avait fait oublier son angoisse, l’espace d’un instant, et maintenant elle revenait, parce qu’elle n’avait rien pour la divertir. Slughorn avait fui quand elle avait proposé de passer le temps l’une contre l’autre, et n’avait pas embarqué dans son jeu par la suite.

-On est si proches de la gare, mais j’ai l’impression que le reste du trajet sera très long, marmonna Nayla un peu pour elle-même.

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Nayla savait bien qu’elle allait s’en vouloir si elle se mettait à « bouder » et reprochait à son amoureuse de ne pas être amusante, mais c’était sorti quand même. Et maintenant, elle se sentait mal, parce que Deryn était repliée sur elle-même, elle aussi, et marmonnait que c’était vrai qu’elle n’avait rien de drôle. Drew savait aussi qu’elle aurait dû s’excuser, et reprendre la conversation sur un ton badin, mais elle n’était pas trop certaine comment s’y prendre, alors elle continua simplement de caresser son chat de manière absente alors que Slughorn se perdait dans le paysage dehors.

Le silence qui s’étirait augmentait son malaise, sauf que la Poufsouffle ne savait pas comment en sortir maintenant, puisque c’était sa faute. C’était toujours plus facile lorsque la Serpentard était responsable de leurs accrochages, elle n’avait alors qu’à aller la voir pour lui dire qu’elle lui pardonnait… Pour Nayla, c’était plus facile de pardonner que de s’excuser. Elle pouvait fermer les yeux sur les écarts des autres, mais ne parvenait pas très bien à admettre ses propres erreurs. Elles lui faisaient trop honte.

Un geste de Deryn attira alors son attention. Sa copine avait posé la main sur sa poitrine. Il fallut quelques instants à Nayla avant de saisir de quoi il s’agissait, mais comme elle-même portait aussi son pendentif à l’intérieur de sa robe, simplement parce qu’elle aimait que ce genre de petits secrets restent bien cachés, elle finit par comprendre. Juste à temps, car les mots disparurent à la seconde où elle les lut. L’instant d’après, elle se mit à pleurer, ne sachant faire mieux.

-Non, c’est… c’est moi qui est désolée… chuchota-t-elle difficilement d’une voix tremblotante, s’efforçant clairement pour ne pas sangloter comme une gamine. Je n’aurais pas dû dire ça.

S’essuyant les yeux du revers de sa manche, Drew repoussa doucement Kero, qui s’était blotti sur ses genoux, mais hésita à se lever pour rejoindre Slughorn sur sa banquette. Quand elle l’avait fait, plus tôt, et s’était collée contre elle, Deryn avait trouvé une excuse pour s’éclipser.

-Je penses que.. que je suis trop nerveuse, c’est tout. Est-ce que… est-ce qu’on peut… rester dans les bras l’une de l’autre jusqu’à ce qu’on arrive? S’il-te-plait?

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La Poufsouffle se jeta dans les bras de sa copine, cachant ses yeux plein de larmes dans le cou de celle-ci, toute confortablement blottie contre elle. Sans sortir de sa cachette, Nayla hocha la tête de gauche à droite dans un refus catégorique, lorsque Deryn lui dit qu’elle n’était pas supposée d’excuser si elle disait la vérité. En effet, la Serpentard n’avait jamais été très humoristique, mais ce n’était pas pour un mensonge que Drew s’était excusée… C’était pour le ton qu’elle avait utilisé pour le dire, ou pour l’avoir dit tout court, comme un reproche. Ça avait été méchant, et elle s’en voulait, parce qu’elle aimait Slughorn, et on ne traitait pas les gens qu’on aimait de la sorte.

Mais elle n’ajouta rien de plus, parce que c’était inutile, et le reste du trajet se passa dans un silence un peu lourd au début pour Nayla, mais qui finit par être doux, agréable, chaleureux. Elle ne vit même pas les minutes passer, et fut donc surprise lorsque Deryn se détacha lentement d’elle pour lui dire qu’elle devait faire une dernière ronde et aider à gérer la sortie des élèves, puisqu’ils étaient arrivés à destination. Surprise que ce soit déjà terminé, Drew la laissa partir sans un mot, un baiser sur sa joue comme simple promesse de la revoir sous peu. Puis, elle prit son temps pour sortir, regardant sa valise en se demandant si elle ne devait pas se changer. Normalement, elle le faisait toujours avant d’arriver à la gare, pour ne pas se balader dans le Londres moldu en robe sorcière, mais puisqu’elle ne rentrait pas chez elle, mais chez les Slughorn, ceux-ci apprécieriaient probablement davantage son uniforme d’école? Se disant qu’il était trop tard de toute façon, elle récupéra Kero et le posa dans le capuchon de sa robe, où il se roula en boule pour dormir, et sorti finalement du compartiment, sa valise à la main, suivant le troupeau d’étudiants qui rentraient pour les fêtes.

Deryn l’avait attendu près de la sortie du train, et elles descendirent en se tenant la main, ce qui infusa un peu de courage à Nayla. Là où plusieurs parents serraient et embrassaient leurs progéniture en les revoyant après ses presque quatre mois sans se voir, les Slughorn restèrent de marbre, attendant simplement. Avant que qui que ce soit ait le temps d’ouvrir la bouche, Deryn salua ses parents en leur annonçant, sans essayer de tourner autour du pot, qu’elle avait emmené sa petite amie. Un peu surprise de cette entrée en la matière plutôt rapide, Drew battit des paupières rapidement plusieurs fois, regardant en alternance les parents et la fille, comme si elle n’était pas trop certaine si elle pouvait s’en mêler ou non. Puis elle sourit, fière, et tendit courtoisement la main vers ses « beaux-parents ».

-Monsieur et Madame Slughorn, lança-t-elle en écrasant mentalement sa timidité derrière un sourire étincelant. Je suis tellement contente de vous rencontrer enfin, merci de m’accueillir chez vous à la dernière minute, comme ça, je promets de ne pas vous déranger.

Ils n’auraient jamais eu une invitée aussi sage et tranquille… elle ne voudrait quand même pas attirer leurs foudres dès le départ! Est-ce que ça allait être plus facile que ce qu'elle s'était imaginé?

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De rouge d’embarras, Nayla était vite passée à blanche livide. Déjà, en une seule phrase, la mère Slughorn l’avait identifiée par son sang et non par son nom, comme si ça semblait la définir, mais elle avait aussi insinué que Deryn parlait toujours d’elle, ce qui la rendait très mal à l’aise. Le mot « obsession » acheva de lui faire perdre toutes couleurs. Heureusement que ce n’était pas à elle de répondre, parce qu’elle n’en aurait certainement pas été capable, elle avait l’impression que sa langue s’était transformée en plomb, et n’eut été de la fermeté de la poigne de sa copine sur sa main, elle aurait probablement perdu pied. Achevant avec un terrible coup de grâce, sa « belle-mère » l’appela « mignonne », comme on dirait à un chiot. D’accord, ce n’était pas faux que Drew avait encore un peu une bouille de gamine, mais ce n’était pas la peine de lui parler comme si elle en était une!

-Heu… mm… furent les seuls sons qui sortirent de sa bouche, sa confiance envolée en fumée.

Elle savait qu’elle aurait dû dire quelque chose, genre « merci », même si elle ne le pensait pas du tout, sauf qu’elle n’avait plus le cerveau pour le faire. Définitivement, elle allait se ridiculiser devant les Slughorn dans les prochains jours. Deryn sera-t-elle capable de lui pardonner ça? Elles avaient certainement trop précipité la chose, ne laissant pas suffisamment de temps à Nayla pour se préparer mentalement au genre de trucs qui risquaient de lui tomber sur la tête.

Mais Deryn n’avait pas l’intention de laisser Nayla sans défense, et elle répliqua à sa mère qu’elle était « super » et douée en botanique, une remarque de Drew apprécia surtout parce qu’elle n’était plus réduite à n’être qu’une « née-moldue à croquer ». La Poufsouffle retrouvant enfin un peu de couleurs, lança un sourire complice à la Serpentard, le regard plein d’étoiles. Sa petite amie prenait son parti, et c’était tout ce qui comptait, elle n’allait pas la laisser couler.

-Je vous ai apporté une petite surprise d’ailleurs! s’exclama-t-elle soudain, redevenue joviale, surprenant certainement Deryn qui ne pouvait pas s’être imaginé qu’elle avait eu le temps de préparer quoi que ce soit. Ce n’est pas grands choses, mais j’espère que ça vous plaira. En fait, c'était une idée de Deryn, ajouta-t-elle, ce qui ne concordait pas vraiment avec l'étonnement de leur fille.

C’est ce moment que choisi le père Slughorn pour leur rappeler qu’ils avaient un transport à prendre. Sans avoir jamais lâché la main de Deryn, Nayla traîna son bagage derrière elle, son chat toujours dans sa cape, et ils s’éloignèrent de la gare, avant de s’arrêter devant… Était-ce un crâne de licorne? Confuse, la Poufsouffle hésita à mettre la main dessus comme elle était supposé faire. Ce n’était quand même pas un vrai, si? Embêtée mais sachant qu’elle n’avait pas trop le choix, Drew lâcha la main de Slughorn, ferma les yeux et s’exécuta. Elle n’avait jamais voyagé par Portoloin, mais ce doutait que c’était ce qu’ils utiliseraient comme « moyen de transport », et on lui avait déjà dit que ça pouvait étourdir quand on n’était pas habitués, du coup elle garda les yeux clos jusqu’à ce que ce soit fini, et qu’elle sente tout le monde s’éloigner.

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle vit que les cinq sorciers avaient déjà pris la direction du cimetière devant lequel ils avaient « atterrit ». Cherchant encore à retrouver l’équilibre maintenant que le sol avait cessé de tanguer sous ses pieds, Nayla suivit plus lentement que le reste, regardant partout autour d’elle d’un air peu assuré. Voyons toutefois que les autres gagnaient du terrain sur elle et que si elle ne se pressait pas davantage, on allait l’oublier, Drew se mit à trotter un peu maladroitement, comme si elle avait le mal de mer.

-Où est-ce qu’on est exactement? chuchota-t-elle à la seule intention de Deryn, une fois qu’elle l’eut rattrapée. On aura un long moment à marcher avant d'arriver? s'inquiéta-t-elle simplement en pensant que les gâteaux dans son bagage n'allaient pas avoir une superbe mine si elle continuait de les trimballer longtemps de la sorte.

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