À toi pour toujours | Deryn (Terminé)

Bon, évidemment les folles idées de Nayla pour s’enfuir avec Deryn n’avaient aucunes chances de réussir, ce n’était que les élucubrations d’un esprit fatiguée et un peu désespéré. Du coup, plutôt que de la laisser s’égarer dans ses folies, la Serpentard avait ramené le sujet sur la réalité, moins amusante, mais plus importante. Partir plutôt que de se battre allait certainement décevoir les Slughorn, même si selon la Poufsouffle, elle avait déjà foiré de toute façon. Drew soupira en fermant les yeux. Elle ne savait pas si elle serait capable d’affronter ses potentiels beaux-parents à nouveau. Mais n’était-ce pas un peu tôt pour baisser les bras?

-Et tu vas m’aider? demande-t-elle presque suppliante. Le problème, c’est qu’ils confondent ambition et leadership, et je ne sais pas comment leur expliquer! Ce n’est pas parce que je ne veux pas être une vedette qui change le monde que je suis sans ambition, non? Il faut de l’ambition pour réussir, quel que soit le domaine, même les plus… discrets, il me semble. Bien sûr que je veux avoir un bon métier et même exceller dedans, la botanique ma pass… je n’ai pas besoin de te le dire, à toi, tu le sais pourtant, Deryn. Ce n’est pas assez ambitieux, ça? Botaniste, chercheuse?

Sauf qu’elle ne se voyait pas prétendre qu’elle voulait être la meilleure dans son domaine, avec une renommée mondiale… Elle n’était tout simplement pas prétentieuse à ce point-là. La seule chose pour laquelle Nayla voulait vraiment être la meilleure… c’était une femme pour Deryn. Mais ça, elle n’allait quand même pas le dire tout haut, hein? Juste dans sa tête, la pensée était déjà assez embarrassante.

-Est-ce qu’on… peut remettre ça à demain? J’ai juste envie de dormir maintenant… marmonne-t-elle en jetant des coups d’œil dans la chambre, sur le mobilier… exempt de « lit d’invité », avant de rougir. Je… je vais aller chercher mon pyjama, bredouille-t-elle en se séparant finalement de Deryn pour fouiller dans ses bagages, portés là elle ne savait trop quand et par qui, mais cela ne l’importait plus, à cette heure.

Concentrer son esprit sur autre chose l’aiderait à reprendre contenance, juste un peu. Jusqu’à ce qu’elle réalise que, maintenant qu’elle avait sa robe de nuit en main, il lui fallait se dévêtir. Mais où? Ce qui était étrange, c'est qu'elle n'avait jamais été embarrassée de se changer devant ses collègues de dortoir, toutes des filles de sa maison et de son âge, ça lui avait toujours semblé normal, après avoir grandit avec autant de soeurs, elle n'avait pas vraiment connu l'intimité dans sa jeunesse. Ces filles, elle les considéraient un peu comme ses soeurs aussi! Mais devant Deryn... ça lui semblait terriblement différent, même si ça aurait dû être la même chose.

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La reformulation des intentions parentales par Deryn vint à rassurer légèrement Nayla, quand bien même elle n’était pas convaincue d’y arriver, elle se dit qu’elle pouvait encore y réfléchir une fois la tête reposée. Maintenant, il fallait dormir, mais un problème de taille se présentait. Encore une fois, ce fut la Serpentard qui vint à son secours en appelant son elfe de maison pour lui demander où se trouvait le lit d’invité. Du coup, il sembla que les cadets jumeaux avaient voulu faire une blague aux adolescentes en les privant de la disponibilité de matelas supplémentaire, ce qui ne devait pourtant pas manquer dans ce manoir, mais il était impossible pour la pauvre Classeuse d’en rapporter un. Comment faisait d’ailleurs ce petit être pour plier autant sans perdre l’équilibre, se surprit Drew à penser avec une pointe de découragement devant l’épouvantable soumission de la créature.

Au final, il fut convenu que les deux adolescentes dormiraient dans le même lit. Nayla se détourna pour cacher son visage rougit de gêne, prétextant vouloir allez se changer, pour se retrouver encore plus embarrassée en constatant qu’elle préférait le faire plus discrètement.

-Hum… oh, ça ne me dér… commença-t-elle à répondre, voulant affirmer qu’elle n’était pas dérangée à l’idée de partager le lit de Deryn, mais étant incapable de mentir. J’imagine bien que ça peut aller, oui… bredouilla-t-elle faute de mieux, en jouant avec le tissus de sa robe de nuit de manière un peu absente.

Remarquant enfin son malaise, Deryn suggéra de rappeler Classeuse pour que celle-ci lui rapporte un paravent afin de se changer en toute discrétion, mais Nayla était profondément mal à l’aise avec cela aussi. Elle n’aimait pas rajouter des tâches sur les épaules frêles de ces pauvres elfes de maison, qui en avaient déjà bien assez à gérer.

-Oh, non non, ça ira, ne la dérange pas pour si peu, s’oppose-t-elle vivement en secouant la tête. Je veux dire… elle en a déjà plein les bras à me trouver un lit, et puis… je n’ai qu’à te tourner le dos, voilà, affirme-t-elle avec un peu d’hésitation en s’exécutant, et en rougissant de partout, visiblement. D’ailleurs, tu devras te changer aussi, donc si on se tourne toutes les deux, et qu’on attend la permission avant de se retourner, et que… bredouillait-elle de façon de plus en plus hasardeuse, sans penser une seule seconde à simplement se rendre au cabinet de toilette le plus proche, ce qui lui aurait grandement simplifié la tâche, mais être logique n’était pas dans ses capacités actuelles, visiblement.

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Ah, éteindre la lumière, ce n’était pas bête, ça. Nayla se sentait incroyablement stupide de ne pas être, pour un instant, capable de trouver une solution simple à un problème qui l’était tout autant et qui n’aurait même pas dû lui causer autant de tracas. Enfin, le dos toujours tourné, Drew hocha la tête en attendant que Deryn éteigne, justement, s’attend presque, l’espace d’une seconde, à entendre le cliquetis caractéristique d’un interrupteur… Avant de se souvenir que ce genre de choses n’existaient pas ici.

D’ailleurs, l’adolescente n’y avait pas particulièrement porté attention encore, d’où venait exactement la fichue lumière dans cette pièce, jusqu’à ce que sa copine apparaisse à l’extrémité de son champ de vision, ayant récupéré sur son bureau ce qui ressemblait vaguement à une boule à neige. Équipée de celle-ci, Slughorn contourna prudemment Drew, comme si cette dernière risquait de prendre feu d’un moment à l’autre (ce qui n’était pas improbable vu comment elle était rouge) pour récupérer des vêtements afin de se changer elle aussi. Immobile, Nayla hocha à nouveau simplement du chef, et surveilla la boule magique au signal de Deryn, intriguée de voir comment le machin fonctionnait.

Soudainement, elles furent plongées dans le noir alors que la sang pur tournait la petite boule à l’envers, n’eut ce été de la faible lueur dorée qui émanait de celle-ci… et qui était absolument mignonne. En fait, la née-moldue était quelque peu hypnotisée par celle-ci, terrible amatrice de paillettes, oubliant un instant qu’elle était supposée en profiter pour se déshabiller, ce qu’elle finit par exécuter en vitesse dès que la mémoire lui revint. Sa robe de nuit enfilée, ne voyant rien d’autre autour d’elle, Nayla marcha jusqu’à la boule lumineuse que Deryn avait dû déposer pour se changer elle aussi, et s’en empara doucement, l’air clairement émerveillé. Un sourire doux aux lèvres, ses prunelles brillant certainement autant que l’étrange capteur de lumière, la Poufsouffle attendit que la Serpentard lui signale qu’elle avait terminé pour faire revenir la clarté en l’imitant, simplement en retournant la boule dans l’autre sens, et se mit à rire devant cette magie sans doute terriblement enfantine pour Slughorn, mais qui l’émerveillait elle.

-C’est trop mignon. Est-ce qu’on peut le laisser comme ça? demande-t-elle en le retournant aussitôt pour ramener la noirceur et les paillettes dans la boule magique, éclatant de rire comme une enfant de deux ans qui découvre comment fonctionnent les interrupteurs, la rallumant et l’éteignant à quelques reprises avant de se décider qu’elle préférait les paillettes dans le noir. Est-ce qu’il restera comme ça toute la nuit?

Tout en parlant, Nayla avait marché avec la boule pailletée dans ses mains et était allée prendre place dans le grand lit qu’elle allait partager avec Deryn, visiblement, mais soudainement, ça ne lui dérangeait plus tellement. Comment quoi que ce soit pouvait-il mal aller de toute façon? Elles allaient dormir, et demain, elles s’amuseraient comme des folles, et tant pis pour ce qu’en penseraient ses parents. Drew était bien décidée maintenant, à ne plus se laisser abattre dans les prochains jours, elle avait même hâte au matin, pour irradier la cuisine Slughorn de sa propre bonne humeur, plus lumineuse que cette petite « boule à neige » magique.

-J’ai à la fois très envie de me retrouver déjà demain, et pas du tout envie de m’endormir tout de suite. Et toi? demanda-t-elle les yeux toujours rivés sur les paillettes dorées.

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Assise de son côté du lit, Nayla eut à peine conscience de Deryn qui s’était allongée à ses côtés, jusqu’à ce que celle-ci lui réponde sur un ton qu’elle ne lui connaissait pas vraiment… « Calme » ne suffisait pas à le décrire, ce n’était pas encore ça. Il y avait quelque chose de rêveur dans son expression, comme si elle était loin, très loin dans sa tête. Un peu surprise, Drew perdit sa fascination pour la boule à neige afin d’observer un peu plus Slughorn. À cause des paillettes de l’instrument à lumière, les prunelles déjà vives de la Serpentard pétillaient aussi, reflétant la magie douce qui s’échappait de la sphère. À son tour, la Poufsouffle s’allongea sur le côté pour les observer de plus près, gardant toujours l’objet entre ses mains, mais regardant désormais les paillettes dans les prunelles vertes de sa petite amie, en se demandant si les siennes aussi étaient si jolies à cet instant.

-Si on dort tout de suite, la magie va s’arrêter… chuchote-t-elle comme au ton de la confidence, et j’aime beaucoup la regarder, là, maintenant, ajoute-t-elle avec un sourire en coin. Mais si on ne dort pas, tes parents vont croire que je suis une très vilaine fille qui garde leur parfaite enfant éveillée toute la nuit quand ils verront nos cernes, et pour quoi est-ce que je passerai alors? demande-t-elle avec un air un peu moqueur, sachant que la moindre possible allusion à des « nuits bien remplies » suffisait généralement à faire rougir son amoureuse jusqu’aux oreilles.

Puis, elle se détourne une seconde, le temps de poser la boule à neige sur la table de chevet à son côté, d’où elle émet encore assez de lueur pailletée pour faire toujours briller le regard de Deryn de la plus magnifique façon.

-Tu as l’air… pensive? À quoi tu songes?

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Bon, Deryn n’avait pas accroché à sa boutade, mais ce n’était pas grave, Nayla trouverait bien le moyen de se reprendre, rien que pour le plaisir de la voir rougir encore. Clairement, Slughorn était simplement trop perdue dans ses pensées pour avoir saisi le sous-entendu de Drew. D’ailleurs, lorsque la Serpentard lui dit ce à quoi elle pensait, la Poufsouffle fronça un peu les sourcils, surprises certes, mais ne comprenant pas vraiment ce qu’on pouvait lui envier à elle. Se redressant légèrement sur son coude, la tête appuyée dans la paume de sa main, comme pour se montrer particulièrement attentive, elle attendit simplement que son amoureuse éclaircisse sa pensée, car elle ne voyait pas du tout ce qu’elle voulait dire.

Du coup, ce fut à elle de rougir un peu, pas que ce soit particulièrement évident à la simple lueur dorée de la boule à neige. Nayla ne s’était vraiment pas attendu à une telle réflexion de la part de Deryn, et en était un peu secouée. Le mot « fascines » était vraisemblablement à la base de son trouble, mais le fait que son amoureuse pensait ne pas être aussi heureuse que Drew la dérangeait davantage.

-Pourquoi penses-tu l’avoir perdu? murmure-t-elle sans vraiment y songer, alors qu’elle aurait probablement dû la rassurer en lui disant qu’elle la trouvait aussi fantastique. Qu’est-ce qui te donne l’impression que je puisse être plus heureuse que toi? Ce n’est pas plutôt un gros défaut, de tout prendre de façon trop légère, justement, et d’être aussi… insouciante que je le suis? Je suis certaine que c’est l’opinion que tes…

Elle avait failli dire « que tes parents auraient », mais elle s’était retenue. Elles avaient suffisamment parlé de Monsieur et Madame Slughorn, et Nayla n’avait aucune envie qu’ils soient le sujet de conversation dans leur lit. Heu, dans le lit de Deryn, bien sûr!

-Je croyais que je devais justement être moins spontanée et plus réfléchie pour mieux te plaire? hésite-t-elle la mine un peu basse, mais utilisant sa main libre pour aller cueillir les doigts de Slughorn.

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Justement, un jour, Nayla aurait des responsabilités… cela voudrait-il dire qu’alors, elle cesserait d’être heureuse? Ce n’était pas une vision qui l’enchantait. Sauf qu’à ce moment et à cette heure, elle n’avait pas la moindre envie de philosopher de cette façon sur la vie et le droit ou non d’être spontanée, elle trouvait seulement Deryn mignonne à la façon qu’elle avait de l’admirer. C’était presque difficile à croire… Deryn, qui l’admirait, elle? Pas dans un sens amoureux, mais bien une sorte d’envie envers des traits de caractère qu’elle n’avait pas? Avaient-elles soudainement changé de dimension?

Drew s’étira pour récupérer la boule à neige qu’elle avait posée derrière elle et la rendre à Slughorn, suite à la demande silencieuse de celle-ci, et fut surprise de l’entendre poser la question… à laquelle elle n’avait définitivement pas de réponse. Se contentant d’hausser les épaules au départ, signe que ce n’était pas le genre de truc auquel elle-même aurait réfléchi, elle dû se résoudre à y penser puisque Deryn attendait vraisemblablement que Nayla lui donne une réponse à ce qui ressemblait à une question rhétorique.

-Parce que la signification du bonhomme avec le doigt sur la bouche est que… euh… bien il faut faire silence, car c’est l’heure de dormir? suggère-t-elle bêtement en pensant à une réponse logique. Et la neige car c’est… apaisant? Ça t’aide à dormir?

Ni l’un ni l’autre. Parce qu’elle en avait eu envie, un point c’est tout. Car un jour, Deryn avait été spontanée, elle aussi, et n’avait pas systématiquement réfléchit à chacune de ses décisions. Nayla sourit à la réponse de son amoureuse.

-C’est une raison tout à fait valable, souffla-t-elle dans un petit rire légèrement fatigué.

Comme Deryn semblait regretter, en cet instant, avoir perdu la spontanéité de sa jeunesse, alors qu’elle-même l’avait gardé, Nayla s’empressa de secouer la tête de gauche à droite, en signe de négation, et d’attraper les deux mains de son amoureuse pour les blottir conter son cœur. Et pourtant, elle se souvenait de façon limpide de lui avoir reproché cette rigidité, le jour même, dans le train. Maintenant, ça n’avait plus d’importance, au contraire.

-Mais il faut bien y en avoir une de nous deux, dans ce couple, qui est capable de réfléchir un peu, si on veut éviter de foncer dans un mur. Si tu n’étais pas là pour me rappeler à l’ordre à l’occasion, ma spontanéité m’aurait certainement fait viré de Poudlard depuis belle lurette, tu ne crois pas? demande-t-elle avec l’ombre d’un sourire moqueur, pensant qu’elle exagérait peut-être un peu, mais assurément elle n’aurait pas le même succès scolaire. Et puis c’est comme ça que je t’aime. J’ai beau trouvé ça… agaçant, parfois, mais je ne voudrais pas vraiment que tu changes. Je serai toujours là pour remplir notre future maison de babioles rigolotes sans raisons valables, juste parce que ça me plait, ne t’en fait pas, ça ne va pas manquer chez nous! essaie-t-elle de la rassurer, incertaine si elle ne fait pas juste retourner le couteau dans la plaie.

Prise d'un bâillement soudain qu'elle ne parvint à cacher qu'à moitié, Nayla songea que la journée avait définitivement été bien remplie, et qu'elle n'était pas au bout de ses efforts dans les prochains jours. Sans demander... de façon totalement spontanée, ironiquement... l'adolescente s'était simplement blottie contre Deryn, posant la tête sur son épaule, dans le creux de son cou, avant de fermer les yeux.

-J'ai déjà hâte qu'on soit chez moi... continue-t-elle à marmonner malgré tout, d'une voix remplie de fatigue. Tu vas les aimer... elles sont toutes très... spontanées. Mais j'ai un tout petit lit. Carrément minuscule, comparé à celui-ci. J'ai bien peur de prendre trop goût à dormir avec toi, ici, pour être capable de supporter de dormir seule ensuite.

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Faute de réponse de la part de Deryn, Nayla en déduisit qu’elle avait réussi à la rassurer un peu, peut-être, et fermait maintenant les yeux, confortablement blottie contre son amoureuse. Par conséquent, elle ne remarqua pas le moindre du monde le malaise dans le regard de Slughorn, ni sa rougeur. Ce fut toutefois le changement dans sa voix, alors qu’elle était si calme l’instant plus tôt, qui attira l’attention de Drew. Redressant simplement la tête pour la regarder, la Poufsouffle lui sourit, avant d’hocher la tête à la négative.

-Non rien du tout, ça va, très bien, merci, répond-elle simplement sans réellement relever l’embarras pourtant évident de Deryn. À moins que, toi, tu ne sois pas confortable comme ça? ajoute-t-elle juste avant de reprendre sa place sur l’épaule de la Serpentard. Moi je crois… que je suis bien capable de m’habituer à ça, un peu trop peut-être… souffle-t-elle alors qu’un sourire se dessine sur ses lèvres.

Un bruit très léger se fait alors entendre, que Drew fini par reconnaître comme étant un ronronnement. Une petit boule chaude s’écrase alors à ses pieds, tâtonnant un peu pour se faire un trou confortable dans le matelas. À ce point-ci, Nayla en avait presque oublié son familier, Kero, qui s’était endormi sur son bagage lorsqu’elles étaient arrivées à la résidence Slughorn. Classeuse l’avait probablement emmené ici avec tout le reste, et leurs babillages incessants avaient fini par réveiller le félin. Mais comme tout bon chat, il s’était automatiquement rendormi. Franchement, il ne faisait pas grands choses d’autre de sa vie.

-Tiens, on a de la compagnie… chuchote-t-elle à moitié endormie. Il est capable d'être plus encombrant que moi dans le lit, j'te préviens... marmonne-t-elle encore de façon plus ou moins intelligible.

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Cette robe était une véritable horreur, une honte à la mode, de la souffrance pour ses yeux. Et que dire de ce chapeau? Incroyable! Mais elle n’allait quand même pas lui dire comme ça, hein? Surtout qu’elles n’avaient trouvé aucun sujet de discorde dans les derniers jours, qui s’étaient merveilleusement bien passés. Enfin, Nayla en avait eu l’impression, n’ayant plus été harcelée par les parents, et très peu importunées par les cadets (qui, de toute façon, en avaient fait les frais par Deryn lorsqu’ils avaient essayé). Alors comment lui répondre sans la froisser et se moquer encore de son manque de connaissances des moldus, même si c’était elle-même qui abordait le sujet? Et surtout… comment le faire sans rire?

-Heu… tu sais que j’aime beaucoup les couleurs vives et les paillettes, je ne le nie pas, mais… Je ne sais pas, sur toi? Je ne suis pas certaine, il me semble que les vêtements plus… heu… classiques… te vont mieux… bredouille-t-elle maladroitement à force de se mordre la lèvre inférieure pour ne pas rire. En fait, ça attirera trop l’attention sur toi, et on cherche l’effet contraire, pas vrai? Peut-être simplement un jeans et un t-shirt? Oh, mais si tu tiens à mettre une robe, alors…

Hésitante, Nayla se met à regarder dans la penderie de Deryn, où elle découvre des tenues magnifiques, du genre qui seraient parfaitement adaptés dans un bal de la haute société, et qui ne tâcherait pas en compagnie de la Reine. D’un autre côté, il y avait aussi des vêtements complètement ridicules, probablement de ceux qui faisaient partie de la catégorie « déguisements », que les sorciers avaient cette vilaine manie de porter en présence de moldu en croyant qu’ils se fondraient dans la masse, mais en devenaient simplement encore plus faciles à remarquer. Heureusement que la plupart maîtrisaient les enchantements causant aux non-sorciers l’incapacité de les remarquer, comme celui qui entourait Poudlard.

-Bien, ça. Oui, avec ça tu seras très jolie! déclare-t-elle avec une vague d’enthousiasme en extirpant enfin une petite robe plutôt simple, qui n’était pas trop tape à l’œil (je te laisse la décrire lol). Pas que tu aies besoin d’une robe spéciale pour être jolie, bien sûr, tu l’es tout le temps, ajoute-t-elle avec une petite œillade accompagnée d’un sourire en coin, surtout destinés à l’amadouer afin qu’elle ne se considère pas lésée dans ses choix vestimentaires douteux.

Assez chic en son genre, mais pas de façon extrême, de sorte que les personnes qui la verraient penseraient simplement qu’elle se rendrait à un dîner de Noël… et c’était le cas. Sauf que la Reine ne serait pas à leur tablée. Quant à Nayla, elle allait enfiler une des jolies créations que sa sœur couturière (ce qu’elle avait hâte de la revoir!) lui avait offertes pour son anniversaire, elle était un peu plus voyante avec ses rubans roses, mais collait bien à la personnalité plus extravertie de Drew, de toute façon!

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Définitivement, il ne semblait y avoir aucun bon choix dans la garde-robe de Deryn! Nayla prit une note mentale de l’emmener faire des courses dans des boutiques moldues un de ces jours. Bon, peut-être pas pendant le congé de Noël puisque les centres commerciaux allaient être bondés et qu’elle risquerait de souffrir d’une crise d’agoraphobie aigüe, mais peut-être pendant l’été? Cela étant si leurs parents leur donnait la permission de se revoir, bien entendu, mais ce n’était plus quelque chose qui inquiétait autant Drew à ce point-ci.

Donc, la robe à l’allure banale s’allumait magiquement lorsque portée par une sorcière, bien sûr, donc ce n’était pas valide ça non plus. Après la surprise et un brin d’exaspération, la Poufsouffle avait fini par en rire, car mieux valait en rire qu’en pleurer. Et bien franchement, elle trouvait cette robe encore plus géniale maintenant.

-Alors ça… c’est très cool, mais effectivement, ça ne fera pas. Du moins, pas pour la gare, mais j’aimerais vraimentque tu l’apportes quand même dans ton bagage pour chez moi, mes soeurs vont adorer ton style! Mais tu n’as donc pas le moindre vêtement ordinaire? Pas un jean, pas un t-shirt? Holala… Bon, après tout, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, hein?

Bon, après, la suggestion d’adapter l’une des robes de Nayla pour qu’elle fasse à Deryn n’était pas bête du tout. Certes, la Poufsouffle aimait beaucoup ses créations originales toutes offertes par sa sœur couturière, mais elle les aimerait tout autant si sa petite copine les portait, au fond. Et il ne risquait pas d’y avoir une tonne d’ajustements à faire, Drew n’étant qu’un brin plus courte que Slughorn, et puis pour le tour de buste il n’y avait pas vraiment de diffé… Clignant des yeux à plusieurs reprises, Nayla rougit en constatant que ce n’était pas tout à fait vrai, et alterna à quelques reprises entre son propre buste et celui de Deryn. Il faut dire qu’elle n’avait encore jamais vraiment porté une grande attention… Et maintenant qu’elle la fixa avec insistance, la née-moldue s’empourpra en cherchant les yeux de son amoureuse pour se distraire de ce constat, bégayant comme une gamine prise la main dans le sac de friandises.

-Oui, t’tu as raison, faisons c’cela! Maeve sera c’certainement ravie de t’te voir p’porter une de ses robes. Ça ne sera p’pas trop comp’pliqué à modifier… Heu, en revanche j’ai surtout du rose et jaune, ça ne colle pas trop à ton teint… articule-t-elle le plus rapidement possible, pour cacher son embarras, en se jetant sur sa valise pour y chercher quelque chose qui ne jurerait pas terriblement avec la chevelure extraordinairement verte de Deryn. Ah, voilà qui fera l’affaire! Oui! Tu seras parfaite.

Peut-être pas tout à fait dans le genre sobre apprécié par Slughorn, parce que les goûts vestimentaires de Drew avaient toujours été plus excentriques, mais au moins terriblement moldu. Avec son tissus bleu sombre et ses paillettes argentées, le patern rappelait un joli ciel étoilé. Si on avait un peu d’imagination, il était possible d’identifier quelques constellations. Le haut sans manches nécessiterait qu’elle se couvre dans le froid de l’hiver, et sa jupe longue derrière mais courte devant lui gèlerait aussi les genoux, mais bon… elles n’allaient quand même pas marcher dans la neige jusqu’à la maison, pas vrai?

-Je vais vraiment devoir t’emmener faire des courses… marmonne-t-elle quand même en tendant sa robe à Deryn. Tu l'essaie? Oh, je ne regarde pas! s'exclame-t-elle en lui tournant le dos, comme elles avaient simplement pris l'habitude de le faire ces derniers jours.


La résidence Drew en était une parmi tant d’autres, semblable à toutes ces voisines. Une maison de pierre à l’allure aussi chaleureuse à l’extérieur qu’elle l’était réellement à l’intérieur. Aux dimensions modestes et n’occupant que deux étages, elle ne se démarquait des autres que l’été, lorsque le luxuriant jardin, dont prenait grands soins Nayla, éclipsait en beauté ceux de tout le quartier. Mais avec la fine couche de neige de début décembre qui recouvrait toute la ville, cette grande fierté qu’avait l’adolescente ne pouvait être que vaguement devinée.

Entrer subtilement dans la demeure sans créer d’éclat allait bien entendu être impossible. Déjà, de l’allée menant à la porte d’entrée, Nayla avait pu voir les petits yeux curieux d’une de ses nièces dépasser d’un bord de fenêtre. Elles étaient annoncées avant même d’entrer. Tout le monde allait assurément les attendre dans le salon. Et « tout le monde », ça ne faisait pas mal de gens, parce qu’avec sept sœurs aînées, la Poufsouffle avait maintenant trois beaux-frères, une belle-sœur et était quatre fois « tatie », avec un neveu et trois nièces… Ça remplissait assez facilement le salon familial aux dimensions pourtant respectables, mais qui semblait minuscule considérant le nombre de fauteuil qu’il avait fallu y entasser pour que tout ce beau monde puisse poser ses fesses quelque part.

-Prête? demande-t-elle en se tournant vers Deryn, dont elle n’avait pas lâché la main alors qu’elles remontaient l’allée de pierre bordée de fleurs endormies pour l’hiver.

Son autre main posée sur la poignée, Nayla sourit en songeant qu’elle pouvait presque entendre quelques-unes de ses sœurs retenir leur respiration de l’autre côté de la porte. Après tout, c’était la première fois qu’elle ramenait à la maison « quelqu’un de l’école »!

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Nayla était sur le point d’ouvrir la porte quand elle sentit les doigts de Deryn se serrer contre les siens et celle-ci lui avouer qu’elle ne se sentait pas vraiment prête. Avec ce seul sourire qui savait illuminer même la nuit la plus sombre, la Poufsouffle se retourna vers sa petite amie et porta sa main à ses lèvres. Rapidement, elle l’embrassa, alors que de son autre main elle ouvrait la porte qui dévoila la moitié de sa famille (l'autre moitié devait s'atteler aux fourneaux dans la cuisine juste à côté) attendant impatiemment, coincé les uns contre les autres dans le salon trop petit pour tous les accueillir, de voir qui accompagnait la dernière-née des Drew.

Deux de ses nièces se jetèrent aussitôt (simultanément!) dans ses bras après avoir crié « TATIE NAY! », si bien que l’adolescente dû abandonner la main de son amoureuse pour attraper les deux enfants et les soutenir. Séparée une seule seconde de Deryn fut tout ce qu’il fallut à trois de ses sœurs aînées pour entourer Slughorn en la bombardant affectueusement d’un flot de paroles soutenu, passant de « Bienvenue chez nous » à « On avait si hâte de te rencontrer » puis quelques « Wow, t’es cheveux sont trop cool ! Cette couleur, c’est naturel? » et enfin un « Mais c’est ma robe! Elle te va à ravir. »

Certes, rien de bien méchant, mais Nayla savait qu’elle devait venir au secours de sa petite amie, parce que celle-ci n’avait simplement pas l’habitude d’être entourée d’une famille si nombreuse. Elle embrassa donc doucement la tête des deux enfants et se faufila dans la masse pour libérer Deryn de l’attention de ses sœurs et s’emparer aussitôt de sa main à nouveau.

-Vous êtes trop affectueuses, leur reprocha-t-elle en riant, mais je crois que Deryn manque d’air!

Quelque part derrière elles, Nayla reconnu la voix d’un de ses beaux-frères affirmant que c’était plaisant de voir quelqu’un d’autre subir le très fameux « accueil Drew », ce qui fit rire les deux autres conjoints qui étaient eux aussi passé par là.

-Viens, on va aller déposer nos bagages dans ma chambre, ça leur donnera le temps de redescendre un peu sur terre… Je crois qu’elles t’aiment bien, ajoute-t-elle à l’attention de Deryn en la tirant dans le couloir.

Il n’y avait que trois chambres dans cette petite maison, une pour leur mère et… elles s’étaient partagées les deux autres à huit, pendant de nombreuses années. Mais maintenant que la majorité de la fraterie avait convolé en juste noces ou avait quitté la région pour leurs études universitaires, il ne restait que deux filles mineures résidant chez leur mère, ayant chacune leur chambre, donc.

Quand on regardait la pièce où dormait Nayla, il fallait faire preuve de beaucoup d’imagination pour penser que quatre fillettes c’étaient autrefois partagé ce petit espace. Oh, elles n’avaient pas grands choses, mais elles étaient heureuses ensemble, c’était ce qui comptait. Maintenant, la pièce ne comportait plus qu’un lit simple, une commande, une bibliothèque et un bureau. Par terre, un matelas d’invité avait été posé. Drew rougit en pensant au fait qu’elle n’était pas équipée pour recevoir… et aussi parce qu’elle regrettait aussi les jours qu’elles avaient passées dans le même lit.

-Heu… je vais prendre le matelas par terre, ça ne me dérange pas, je te laisse mon lit… marmonne-t-elle un peu gênée.

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Bien sûr, ça n’aurait pas gêné Nayla le moindre du monde d’être « obligée de se coller » à Deryn dans ce tout petit lit, mais elle savait que cette idée aurait embarrassée son amoureuse au plus haut point, alors elle ne l’avait même pas suggéré, préférant offrir son lit à son invitée de marque et dormir sur le sol. Ça ne la dérangeait pas, d’ailleurs, ça ferait comme du camping, c’était rigolo! Et puis, Slughorn était assez déstabilisée comme ça, elle n’allait pas lui en rajouter sur les épaules, pas vrai? Drew ne se souvenait pas l’avoir déjà vu trembler de la sorte, encore moins sembler si perdue.

Elle l’avait vue chercher sa baguette un peu plus tôt, qu’elle avait précautionneusement rangée dans sa valise et non sa manche, ça en disait assez long sur le stress qu’elle ressentait à se retrouver dans le « monde » des moldus. Nayla songea à cet instant qu’elles allaient peut-être prendre plus de temps qu’elle ne l’avait escompté avant de sortir de sa chambre, le temps que son amoureuse se calme un peu. Et tant pis pour ce qu’allait s’imaginer ses sœurs, hein… même si ça signifiait qu’elles allaient peut-être écoper de quelques remarques qui rendraient Deryn mal à l’aise au repas!

-Non, juste les Drew! lui répond-t-elle d’un ton qu’elle veut léger en la rejoignant sur le lit, ayant également laissée sa valise près de la porte. Je t’avais prévenue, elles sont… affectueuses.

C’était un faible mot pour décrire la fratrie féminine de Nayla, mais c’était le mieux qu’elle pouvait faire en les circonstances. « Excessives » aurait été plus juste, mais sévère selon elle, qui était habituée à ce type d’attention venant de ses sœurs. Drew fronça les sourcils lorsque Deryn parla de couvre-feu et de danger dans les rues, se demandant où est-ce que Slughorn s’imaginait être tombée. Certes, la famille Drew ne résidait pas dans les quartiers les plus primés du pays, mais ce n’était pas un ghetto non plus.

-Ah, mais non, elles partiront toutes avant la nuit pour rentrer chez elles, avec leur petite famille, il n’y a pas de place pour tout ce monde ici, et puis, elles ne vivent pas loin. Je ne suis… pas certaine à quel couvre-feu tu fais allusion? C’est un petit quartier très tranquille ici, tu sais, il ne se passe pas grands choses d’inquiétant, je n’ai jamais vu le moindre crime se dérouler en ces rues. Ça t’inquiète à ce point? Les moldus ne sont pas tous des monstres, tu sais… pas plus que les sorciers en tout cas, précise-t-elle avec un sourire en coin, signifiant qu’il y avait eu autant de « mauvaise graine » dans l’histoire sorcière que dans celle des moldus, les gens comme Voldemort et Hitler étant, heureusement, des exceptions à la règle générale! Je dirais même que je crois fortement que la plupart sont gentils, et que les vilains ne sont qu'une poignée rare, tout comme chez les Sorciers... Ou, enfin, elle souhaitait y croire, que le monde était plein de bonne personne, d’un monde ou l’autre.

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Nayla se doutait qu’elle n’avait pas entièrement convaincu Deryn au sujet de la sécurité de son quartier, mais ce n’était pas un sujet sur lequel insister ce soir, elles auraient tous le temps de faire une petite balade dans les rues au cours des prochains jours, afin d’essayer de désensibiliser la pauvre sorcière sur ce qu’elle appelait le « monde des moldus ». En attendant, Slughorn s’étonna de l’absence de lit supplémentaire, ce à quoi Drew répondit en haussant simplement des épaules.

-Oh, il y en avait huit, avant, c’est vrai. Superposés, bien sûr, donc maman a dû les vendre au fur et à mesure que mes aînées déménageaient, on n’avait pas l’espace pour les entreposer, et comme ça elle a pu nous en racheter des individuels pour moi et ma seule sœur qui vit encore ici, Nadia. Mais ça ne m’embête pas de dormir au sol, ne t’en fait pas pour moi!

Le corps de Nayla avait répondu de lui-même à la réaction physique de Deryn. Sans même s’en rendre compte, la Poufsouffle avait serré les doigts de son amie dans les siens, par réflexe davantage que pour la rassurer, alors que c’était probablement ce que cherchait la Serpentard, même si elle ne l’aurait jamais admis. Son pied droit avait aussi trouvé le gauche de sa voisine, frottant leur jambe l’une contre l’autre, continuant la conversation comme si de rien n’était. À ce point-ci, Drew n’avait pas encore constaté que Slughorn parlait de tout et n’importe quoi simplement pour éterniser son temps à l’écart du reste de la famille, mais l’entendre discuter décoration intrigua tant la née-moldue qu’elle n’allait certainement pas tarder à comprendre.

-Oh, faute de temps, tout simplement, lui explique-t-elle alors que ses grands yeux verts s’emplissent de surprise en lien avec le sujet choisis. Quand on partageait encore la chambre à quatre, il n’y avait pas de place pour la décoration, et j’étais déjà élève à Poudlard lorsqu’elle est devenue la mienne à moi toute seule… Alors, comme je ne vis que deux mois par année ici, et que je les passe essentiellement dans le jardin, je ne me suis pas vraiment donnée la peine de décorer. Enfin, si, l’été, j’y mets plein de fleurs pour la rafraîchir un peu, mais à la rentrée je les ramène dans la maison pour que maman n’oublie pas de les arroser! précise-t-elle en faisant mine de se lever comme pour aller lui montrer où reposaient lesdits végétaux pendant l’hiver, constatant toutefois que Deryn ne semblait pas presser de bouger de là. Hum… tu… tu sais qu’il faudra éventuellement se lever et retrouver tout le monde, pas vrai? Sans quoi, elles vont se demander ce qui nous retient si longtemps, et je doute que tu sois capable de survivre à leurs commentaires grivois pendant le dîner, ajoute-t-elle avec un petit sourire amusé, elle-même habituée à en entendre des vertes et des pas mures, mais les petites oreilles chastes de Deryn allaient s’empourprer assez vite si elles laissaient ses aînées croire n’importe quoi!

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Nayla s’était attendu à ce que Deryn soit gênée, rougisse comme s’habitude à la simple allusion des rapports intimes auxquels les deux adolescentes ne s’étaient jamais adonné, bien sûr. Au lieu de cela, elle la surprit en se levant à son tour, sûre d’elle, un brin menaçante en affirmant qu’elle les attendait, les commentaires grivois, et qu’elle leur rappellerait c’était quoi être une sorcière si elles osaient se frotter à elle. Les grands yeux verts de Drew s’écarquillèrent encore davantage, devenant presque aussi ronds et immenses que des soucoupes, et son cœur manqua un battement… ou deux.

-Je… mais… bredouille-t-elle, soudainement troublée alors qu’elle était de si bonne humeur l’instant d’avant.

Slughorn continue sur sa lancée, avec un air de celle qui veut rassurer son amoureuse, mais qui ne fait finalement qu’en rajouter une couche et inquiéter profondément la née-moldue. Elle avait beau dire qu’il ne s’agissait pas de menaces, ça ressemblait drôlement à ça! Nayla déglutit difficilement en essayant de rassembler ses pensées, serrant la main de Deryn comme si elle s’accrochait à elle pour… enfin… pour la ramener sur terre quoi.

-Ce n’est pas… Deryn, on ne menace pas des moldus pour de l’humour. Mes sœurs ont de l’humour grivois, je ne peux pas les en empêcher, mais je ne peux pas non plus te laisser leur faire savoir qu’il leur en cuira lourdement! insiste-t-elle en tentant d’imiter le ton menaçant que venait d’utiliser Slughorn. Elles me taquinent tout le temps de la sorte, c’est… c’est ce que font les grandes sœurs, enfin, dans ma famille quoi, tu ne dois surtout pas prendre cela personnel… ni…

L’adolescente soupira en fermant les yeux. Avoir de la répartie lors des taquineries des aînées Drew, c’était essentiel, oui, mais pas de la façon que Slughorn l’entendait, malheureusement.

-Bien sûr que tu peux répondre, mais « avoir de la répartie », précise-t-elle en mimant des guillemets en l’air avec une seule main, chez nous, c’est plutôt être capable d’embarquer dans leur jeu, dans leur blague, de rire de soi-même... et non essayer de… faire peur.

Et s’il y en avait bien une, dans la famille Drew, qui avait un peu peur en ce moment… Eh bien c’était la petite Poufsouffle.

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